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Les signes diacritiques

1. Quelques spécificités de la langue arabe

1.3 Le système graphique de l’arabe

1.3.2 Les signes diacritiques

Ce sont le sukûn, le waßla, le madda, le shadda et le tanwîn. Le sukûn est considéré comme un signe vocalique; le waßla et le madda comme signes syllabiques, le shadda et le tanwîn comme des signes consonantiques.

Le sukûn se figure comme un petit cercle ° qui se met au-dessus des lettres terminant les syllabes. Il indique que la consonne n’est pas suivie de voyelle. En fait, le terme ‘sukûn’ signifie littéralement "quiescence" et note l’absence de /a/, de /i/ et de /u/. Il a été désigné comme "voyelle zéro" ou tout simplement "marque d’implosion" puisqu’il marque un arrêt où le locuteur s’arrête de prononcer. Par exemple, (MNرأ) /arnab/ "un lapin", (ب #آ) /kita˘b/ "un livre".

Le wasla : le signe orthographique و qui se figue ainsi (ٓ ) s’écrit sur un "alif orthographique" qui est le support d’un hamza amuï, généralement prothétique205 et donc en début de mot. Il indique que ce Alif doit s’élider en prononciation et que la consonne qui le suit s’unit avec la dernière lettre du mot précédent. Par exempleو G ا

ء Q ا//alqamar wassama// (la lune et le ciel) pour //alqamar wa /assama˘//.

205Prothétique ou prosthétique: syllabe d’appui permettant de rendre prononçable un mot commençant par deux consonnes.

Le signe madda réalisé (ۤ ) se place seulement sur un alif. Il note la syllabe //a˘/ située généralement dans une position initiale et médiane. Par exemple, &R /a˘ja/ "miracle", نR/qUr/a˘n/ "Coran".

Le Shadda (ة ;) ou tachdîd ( & ) noté (ّ), placé généralement au-dessus des graphèmes consonnes, signifie renforcement, redoublement. Il note l’allongement d’une consonne qui est perçu comme une séquence de deux consonnes identiques CC, l’une "quiescente, implosive" et l’autre "mue, explosive" (Roman, 1974). Ainsi, le mot ّ  /dadd/ "grand père" s’écrit avec un seul /d/ surmonté avec un shadda. Il est à noter que le shadda est important en arabe et que son omission dans l’arabe usuelle engendre des ambiguïtés sémantiques. À titre d’exemple, deux verbes différents comme /kataba/ M#آ (il a écrit) et /kattaba/ Mّ#آ (il a fait écrire) sont parfois réalisés en une seule forme confondue M#آ .

Le tanwîn ou nounation est un signe consonantique mais la consonne qu’il note est un morphème206. Autrement dit, les suffixes {+an}, {+ n}, {+in} ne sont pas notés par un graphème consonne /n/. Le tanwîn est donc transcrit par le redoublement de la voyelle finale raboutée aux formes comme l’illustrent les exemples suivants : /bintun/ > /bint/=une fille (forme pausale du nominatif), /bintin/> /bint/=une fille (forme pausale du génitif), /bintan/> /bint/ = une fille (forme pausale du nominatif).

Kouloughli explicite mieux la notion de nounation et la définit ainsi:

“Le terme tanwîn est en arabe le nom verbal associé au verbe nawwana, littéralement "ajouter une lettre nûn, nouner, et il est donc assez bien rendu par le terme de "nounation" qui le traduit souvent chez les arabisants de langue française. Dans le métalangage grammatical arabe, il désigne, plutôt que le processus même de nounation", son résultat, à savoir le morphème suffixal /+n/ dont la majorité des noms sont en principe dotés s’ils ne sont ni précédés de l’article défini / (a)l +/ ni spécifiés par un complément de nom en état d’annexion (iÍâfa).” (2007:94)

206Kouloughli traite de la valeur de la nounation dans un article récent qui se résume comme suit : "Le

tanwîn est fondamentalement la marque d’une opération d’extraction dont les modalités particulières, et donc l’interprétation, dépendent de la nature de l’unité lexicale sur laquelle porte ce marqueur. Lorsqu’il s’applique à une notion nominale discrète il construit une instance de l’entité à laquelle réfère cette notion et qui sera donc interprétée comme un individu (ou un groupe d’individus si la base nominale est pluralisée). Lorsqu’il s’applique à une notion nominale dense il construit un prélèvement sur l’entité à laquelle réfère cette notion, qui sera interprétée comme "une partie". Enfin, lorsqu’il s’applique à une notion nominale compacte il construit une instance intensionnelle de l’entité à laquelle réfère cette notion, instance qui sera interprétée comme une propriété ou un faisceau de propriétés." (2007: 130-131)

Comme nous le remarquons, la graphie qui note les suffixes casuels consiste en une réduplication ou simplement redoublement de la voyelle casuelle marquant une séquence /Vn/, représentée dans le tableau (6):

Tableau 6. Les graphèmes tanwîn en arabe

Tableau 7. Les graphèmes voyelles brèves de l’arabe

Toutes les représentations graphiques mentionnées précédemment sont en grande partie des signes diacritiques non vocalisés. Cependant, d’autres graphèmes sont fondamentalement vocalisés. Dans une conception occidentale de l’écriture, les voyelles et les consonnes ont le même statut. Dans le mot "mer", par exemple, la syllabe fermée est constituée de trois lettres m, e et r. Dans une conception arabe, seules les consonnes sont toutefois réalisées comme lettres auxquelles d’autres signes diacritiques viennent surajouter. Donc, les consonnes (ب) /b/, (م) /m/ et (ع) /÷/ des premières syllabes graphiques dans  /ba˙r/ "mer", "! /mUhr/ "poulain" et (C /÷idZl/ "veau" servent de support aux voyelles fatha, damma, kasra. Elles s’écrivent َ M , ُ ! , ِِ.

Nous constatons alors que le système graphique de l’arabe est en parfaite correspondance avec le système phonologique. En effet, le système d’écriture arabe est très simple comparé à celui du français dont la correspondance phonie-graphie est marquée de maintes irrégularités. Outre, cette variation orthographique pose de véritables problèmes aux apprenants arabophones en raison des différences au niveau des représentations phonologiques des voyelles et des consonnes et des représentations graphiques.

1.5 Classification des parlers arabes: d’une typologie linguistique vers une