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L’évolution du phonétisme de la langue arabe

1. Quelques spécificités de la langue arabe

1.2. L’évolution du phonétisme de la langue arabe

Les recherches sur l’évolution de la langue arabe peuvent mener à éclairer les diverses fluctuations qui ont affecté son système phonologique par rapport, d’une part ; à une langue dite protosémitique et en relation, d’autre part, à sa bifurcation en divers parlers arabes modernes, marqués par des systèmes consonantiques et vocaliques distincts.

En effet, l’arabe a été connu de sont rôle de la langue la plus archaïque et de fait la plus proche du protosémitique. Néanmoins, maintes études ont montré que la langue arabe a beaucoup évolué tant sur le plan morphologique que sur le plan phonologique. Petráček181 a considéré que:

“Mais en général, l’opinion courante admet que l’arabe représente un système sémitique innovateur, non seulement en morphologie, mais aussi en phonologie. Cette langue appartenait au centre des langues sémitique. Cette appréciation se reflète aussi dans la classification des langues sémitiques, l’arabe trouve sa position parmi les langues centrales.” (1981:162)

Les travaux qui ont étudié le système phonologique arabe suivant une perspective diachronique ont accordé une attention toute particulière au consonantisme en raison peut être de la prépondérance des consonnes en langues sémitiques en général et en langue arabe en particulier. En fait, les langues sémitiques présentent des consonnes dites emphatiques desquelles l’arabe n’a conservé que quatre consonnes pharyngalisées ou vélarisées /ˇÍ ßÎ/ correspondantes respectivement aux sons consonantiques /tTsD/, et une occlusive uvulaire /q/ pour /k'/ (Martinet, 1953 ; Bomhard, 1995)182.

181 PETRÁČEK, K. (1981), Le système de l’arabe dans une perspective diachronique, Arabica 28 (2/3),

Numéro spécial double, Études de linguistique arabe, 162-177.

182 MARTINET, A. (1953), Remarques sur le consonantisme sémitique, Bulletin de la Société de

Linguistique de Paris 49 (1), 67-78.

Roman (1981) a préconisé que les langues sémitiques, et plus particulièrement l’arabe, ont une tendance à utiliser une constriction pharyngale afin de distinguer les consonnes glottalisées sourdes de l’Afro-asiatique. Ces consonnes glottalisées ont, semble t-il, perdu leur glottalisation à l’issue d’un processus de voisement, résultant une bémolisation du deuxième formant. Cela signifie que le système consonantique a évolué, influençant ainsi son organisation prosodique; comme l’indiquait A. Roman:

“La combinatoire de consonnes sur laquelle sont constituées les langues sémitiques semble être née d’un stéréotype laryngal antérieur, présémitique, caractérisé par des voyelles préglottalisées:[/V]. Et c’est l’instabilité des voyelles préglottalisées après consonnes sonores qui aurait produit le système syllabique ainsi conditionné phonétiquement, S = {CV, CVC), qui est le système syllabique typique des langues sémitiques et que la langue arabe a conservé. Un tel système syllabique détermine une disjonction de l’ensemble des consonnes, {C}, et de l’ensemble des voyelles, (V) S = (CV, CVC}⇔ (C) ∩ {V} = Ø. Cette disjonction, dès lors que les consonnes et les voyelles peuvent être utilisées indépendamment les une des autres, permet l’attribution systématique de tâches différentes aux consonnes et aux voyelles.” (1990:6-7)

Ce changement a fait que ces emphatiques ont perdu leur trait de consonnes éjectives, se réalisant alors comme consonnes pharyngales et pharyngalisées en arabe. Versteegh a considéré que cette évolution n’est qu’un changement secondaire en arabe (2001:20). Dans une tentative de valider cette hypothèse, l’auteur a mis en contraste les consonnes pharyngalisées ou vélarisées de l’arabe avec les consonnes glottalisées de l’Éthiopien.

La sonorité de la consonne /q/ a suscité plusieurs questions dans diverses études. Cantineau (1936, 1937, 1938)183 a fait remarquer que la sonorité du qaf n’a été attestée dans aucune langue sémitique, elle est néanmoins un trait particulier à certains dialectes arabes. L’auteur a émis l’hypothèse de l’influence du substrat linguistique et donc le qaf arabe serait d’origine araméenne. Cependant, Cohen (1962)184 et Martinet (1953) ne semblent pas partager ce point de vue et ont expliqué que la koinè poético-coranique de l’arabe avait au VIIème siècle un correspondant sourd du qaf. Cela peut également

183CANTINEAU, J. (1936), Études sur quelques parlers de nomades arabes d'orient (I), AIEO (2), 1-118. CANTINEAU, J. (1937), Les parlers arabes du département d'Alger", Revue Africaine (81), 703-11. CANTINEAU, J. (1938), Les parlers arabes du département de Constantine", 4ème Congrès de la Fédération des Sociétés Savantes de l'Afrique du Nord, Société Historique Algérienne (2), 849-63. CANTINEAU, J. (1950), Racines et schèmes, In Mélanges William Marçais, Maisonneuve et Cie, Paris, 119-124.

expliquer l’existence du /q/ dans certains parlers arabes citadins modernes. Selon ces

études, le qaf semble suivre le schéma évolutif suivant: k'>g > kJ > q. (Martinet, 1953). Par ailleurs, la nature du qaf en arabe ancien (consonne sourde ou sonore) a

continu à être un sujet de controverses. Martinet (1953) a émis l’hypothèse indiquant soit l’origine sémitique de cette consonne, soit l’origine couchitique en raison d’une correspondance existant entre les emphatiques arabes et les éjectives éthiopiennes. Néanmoins, Ghazeli (1977)185 a écarté l’explication de Martinet, prétendant une préglottalisation de l’éjective /k’/>/g'/, mais s’accordait avec lui pour ce qui est de l’évolution /k'/>/q/. L’auteur a posé comme postulat la disparition de l’aspiration qui sous-tendait pour certains locuteurs le voisement de cette consonne et ainsi l’émergence du /g/ dans les parlers bédouins arabes.

Roman (1987)186 a pu remarquer un déséquilibre dans le système consonantique de l’arabe ancien et a expliqué ce phénomène naturel de "drift" comme suit:

“Tout système phonologique, d’abord, se développe en occupant toujours davantage, en ordonnant toujours davantage l’espace phonologique délimité par ses phonèmes extrêmes. "Ainsi se constitue un système dans lequel la part de désordre, c’est-à-dire l’entropie qui est la sienne, va se réduisant jusqu’à un certain point. Sur le même espace phonologique, l’hébreu a vingt-trois consonnes; l’arabe, vingt-huit consonnes. Néanmoins, dans chacun de ses états anciens qui ont pu être reconstitués, le système phonologique de l’arabe comprend des cases vides qui ont suscité un mouvement général vers l’avant de l’occupation de l’espace phonologique.” (1987:135)

Pour ce qui est du qaf de l’arabe, il a énoncé :

“Un seul exemple aujourd’hui, /g/ se substituant à /q/, a été reformé comme le partenaire sonore, qui manque, de /k/, dans les parlers du Sud tunisien et ailleurs. André Martinet a observé excellemment: "l’arabe classique révèle une structure qui aurait laissé attendre un affaiblissement généralisé de l’articulation consonantique: il combine en effet un accent faible et de fréquentes géminées. Or, on y trouve bien des traces d’affaiblissement, surtout dans la série sourde «à glotte ouverte" où la labiale, par exemple, s’est relâchée en [f]. Mais le système morphologico-lexical de la langue, fondé sur la permanence des racines et des schèmes, est tel qu’un laisser-aller articulatoire aurait vite eu des conséquences linguistiques trop révolutionnaires pour ne pas être stoppé.”(Roman ibid:136)

185 GHAZELI, S. (1977), Back Consonants and Backing Coarticulation in Arabic, Ph.D. Dissertation, University of Texas, Austin.

186ROMAN, A. (1987), Des causes de l’évolution des langues,: l’exemple de l’évolution de la langue arabe, Arabica (34), 129-146.

Concernant le système vocalique, il a été communément admis que l’arabe classique exhibe un système triangulaire simple comparé à celui du protosémitique. En se basant sur des correspondances établies entre le vocalisme des parlers arabes d’Asie centrale et de l’arabe classique, Cowan187 a constaté que là où les parlers asiatiques ont un /ō/, comme dans les mots [kitōb], [mōt] et [ramōd], l’arabe classique oppose la voyelle /ā/. L’hypothèse émise ici révèle que le proto-arabe avait le phonème /ō/, dérivé d’un même phonème existant en protosémitique. En fait, le proto-arabe semblerait caractérisé par un système vocalique plus dense que celui attesté actuellement, un système comportant trois voyelles brèves /i,a,U/ avec cinq voyelles longues. Une autre hypothèse semblerait explicative de cet état d’évolution en l’occurrence l’influence du substrat araméen qui se manifestait surtout dans le parler syrien d’où l’évolution /ā/→ /ō/.

L’idée de la densité vocalique en protoarabe se trouve justifiée dans la reconstruction du phonème /ē/ posée par Rabin188. Les données mentionnées précédemment ont mené certains auteurs, entre autres Rabin et Cowan, à confirmer que le système vocalique du proto-arabe comme celui du protosémitique comportait huit voyelles, les trois brèves /i,U,a/ et les cinq longues /ī, ū, ē, ō, ā/. Quant aux timbres, il parait que le système protosémitique serait plus proche de celui des parlers arabes d’Orient et non pas à celui de l’arabe classique.

Ehret (1995)189 a défendu également cette thèse de densité vocalique qui montrait que le proto-afroasiatique a connu cinq timbres vocaliques enrichi par une opposition de quantité. Roman (1987), lui aussi, a abordé la question des timbres vocaliques :

“Pour ce qui est des voyelles, il peut être avancé que l’organisation générale des langues sémitiques a pris son origine dans un fait phonétique qui aurait été, jadis, une caractéristique particulière du système de ses sons: la préglottalisation de ses voyelles. Cependant, une réalisation de /V/ comme [/V] ne semble pouvoir se maintenir après consonne sonore, [Ç], que par le moyen d’un assourdissement sur la fin de la consonne. Et, par là, elle est instable. Dans l’hypothèse présentée, lorsque [/V] du proto-sémitique a perdu sa préglottalisation après consonne sonore [Ç], la séquence [Ç/V] devenant [ÇV], la séquence [Ç/V] d’une consonne

187 COWAN, W. (1960), Arabic evidence for protosemitic /awa/ and /о/, Language 36 (1), 60-62.

188 RABIN, C. (1955), Ancient West-Arabian, Londres, Taylors Foreign Press.

189 EHRET, C. (1995), Reconstructing Proto-Afro-Asiatic (Proto-Afrasian): vowels, tone, consonants and

sourde, [Ç], d’une voyelle préglottalisée, [/V], est apparue comme la séquence d’une consonne postglottalisée, [C/], et d’une voyelle simple, [V]. L’ensemble des phonèmes s’est alors constitué avec des voyelles simples d’une part et, d’autre part, avec des consonnes sonores et des consonnes sourdes simples s’opposant à des consonnes sourdes postglottalisées, les consonnes emphatiques des langues sémitiques dans leur premier état.” (Roman op.cit: 136)

Embarki (2008a)190 a traité l’idée de l’évolution de la langue arabe en adoptant une perspective à objectif double : l’auteur visait, d’une part, la comparaison du consonantisme de l’arabe classique avec celui du protosémitique et décrivait, d’autre part ; le schéma évolutif de certaines consonnes entre l’arabe classique et l’arabe moderne. Pour se faire, une description articulatoire de quatre sons consonantiques (les deux sibilantes /s/ et /S/, la latérale fricative /Í/ et la consonne postalvéolaire /dZ/)191 a été présentée selon deux conceptions phonétiques différentes, celle des grammairiens arabes et celle des linguistes contemporains.

En effet, il a été posé que le protosémitique avait trois sibilantes, une médio-palatale /č/ (/tS/ dans la transcription adoptée dans cette recherche), une post-alvéolaire /S/ et une alvéolaire /s/. Sur la base des comparaisons entre certaines langues sémitiques, Beeston192 est arrivé à la conclusion que l’articulation des sibilantes ‘sin’ (س) et ‘šin’ (ش) a changé en arabe (par exemple les mots /nafs/ "âme", /÷aSara/ "dix" avaient pour correspondants en protosémitique /÷tSr/, /nfS/, respectivement). L’auteur a montré que /s/ et /S/ ont donné /S/ en arabe classique alors que la sibilante /tS/ a été maintenue pour un certain temps. Un glissement, touchant les deux sibilantes /S/ et /tS/, s’est produit ensuite donnant lieu à /s/ et /S/ en arabe classique. Cette hypothèse postulant l’existence d’une articulation postérieure des sibilantes /s/ et /S/ se trouve démontrée dans plusieurs études : Cantineau (1934)193 , et Cowan (1960) qui a comparé des mots provenant de l’arabe, l’hébreu, l’accadien, le syriaque, l’éthiopien et le protosémitique (illustration dans le tableau 3). Ces évidences s’accordaient sur la fait que les sibilantes ont subi l’évolution suivante: /tS/ > /tS/ > / S /, / S / > /S/ > /s/, /s/> /S / > /s/.

190 EMBARKI, M. (2008a), Les dialectes arabes modernes: état et nouvelles perspectives pour la classification géo-sociologique, Arabica (55), 583-604.

191 Les représentations phonologiques des quatre sons adoptées dans Embarki en sont: /s/, /š/, /L/, /ğ/.

192 BEESTON, A.F.L. (1966), Arabian sibilants, JSS (11), 222-233.

Tableau3. Les correspondants du /s/ de l’arabe dans d’autres langues

Un troisième phonème/graphème qui a fait l’objet des comparaisons interlinguales, c’est la latérale fricative ‘dad’ (ض) dont l’articulation est dentale pharyngalisée /Í/ en arabe moderne selon les descriptions articulatoires des grammairiens arabes. En dépit de leur désaccord sur l’articulation de cette consonne /L/ (ض) (occlusive ou constrictive), Corriente (1978)194 et Al Wer (2003)195 s’accordaient sur la délatéralisation de cette consonne en vue d’une occurrence /l/ ~ /Í / de façon interchangeable. Selon Corriente, /L/ serait d’abord sujet d’un relâchement de l’occlusion, ce qui aurait donné une articulation proche ou identique à la consonne /Í/ de l’arabe classique. Ainsi, les parlers bédouins auraient préservé cette articulation /Í/ alors que les parlers citadins auraient subi les altérations suivantes: /Í / </Î/, /D / < /d/, et /T/ < /t/. Inversement, l’hypothèse de Al Wer (2003) laisse penser que la fricative /L / a perdu sa nature latérale pour ensuite récupérer un mode articulatoire discontinu, d’où l’évolution en /Î/ dans certains parlers arabes. Ces deux stades d’évolution de la consonne /L/ seraient expliqués par l’alternance /l/~/Í/ en arabe classique et les différentes variantes contextuelles attestées dans les parlers bédouins et les parlers citadins arabes. Selon Embarki (2008), l’évidence est tirée d’un grand nombre de mots usant des variantes /l/-/Í/ en arabe moderne [laZZa]/[ÍAZZa] "bruits confus", [÷alaba]/ [÷aÍaba] "couper", [rakala]/[rakaÍa] "donner un coup de pied".

La consonne /dZ/ ج( ) de l’arabe classique présente aussi un exemple intéressent de l’évolution consonantique. En fait, il a été proposé que, de l’arabe ancien à l’arabe moderne, la consonne /dZ/ aurait suivi le schéma évolutif suivant: /g/ > /j/ > /Z /. De ce

194 CORRIENTE, F.C. (1978), "D-L" doublets in classical Arabic as evidence of delateralisation of "dad" and development of its standard reflex, Journal of Semitic Studies 29, 50-55.

195AL WER, E. (2003), Variability reproduced: a variationist view of the [D]/[d] opposition in modern Arabic dialects, K. Vesteegh, M. Haak & R. de Jong (Eds), Approaches to Arabic dialectology, Brill academic Publishers, Amsterdam, 21-33.

fait, la palatale /j/ aurait suivi la même tendance évolutive de la sibilante /tS/ qui est devenue /S/, mais avec la spirantisation en plus (A. Roman)196. Faber (1984)197 a pu remarqué que les parlers du sémitique occidental ont maintenu la consonne /g/ du protosémitique tandis qu’en arabe moderne elle s’est substituée par la consonne /Z/. Cela signifie que l’évolution /g/→/Z/ et de même la substitution /p/→/f/ qu’ont connue plusieurs langues sémitiques, pourraient s’expliquer par le processus de spirantisation. Une autre hypothèse pose que la spirantisation se révèle dans le double processus /g/ → / F/→ /Z/ puisque l’arabe classique n’a pas connu la consonne /g/.

L’observation des différentes évolutions qu’a connue le consonantisme arabe (l’évolution de la latérale Íad /L/ vers une articulation dentale /Í/, de l’occlusive post palatale /g/ ou /j/ vers une fricative post-alvéolaire /Z/, des sibilantes palatale /tS/ et post-alvéolaire/S/ vers une alvéolaire /S/ et alvéolaire /s/, respectivement) peut permettre la compréhension des différentes altérations qu’ont connues les parlers arabes. Embarki (2008b)198 souligne l’importance de l’approche comparative dans la reconstitution du protoarabique:

“En tout cas, l’évolution du phonétisme arabe est d’autant plus instructive car outre le fait que seules les consonnes palatales ont été concernées par cette nouvelle structuration du système, le chemin de l’évolution s’est fait constamment vers l’avant et jamais vers l’arrière de la cavité. Si l’hypothèse de la recherche de meilleurs percepts visuels pour le décodage de la parole ne peut être écartée, l’antériorisation de ces consonnes est probablement motivée par la recherche d’un meilleur contrôle articulatoire. Au-delà du simple changement de lieu d’articulation, en passant vers une articulation dentale ou alvéolaire, ces consonnes remontent toutes d’une articulation dorsale, moins contrôlée, à une articulation vers la pointe de la langue, plus contrôlée.” (2008b:307)

L’auteur explicite son modèle qui se veut explicatif des effets de l’évolution du consonantisme arabe, en précisant que:

“La recherche de cibles articulatoires mieux contrôlées n’est pas non plus une fin en soi. La coarticulation offre une piste explicative intéressante, un segment plus

196 ROMAN, A. (1977), Les zones d’articulation de la koinè arabe d’après l’enseignement d’AHlīl,

Arabica 24(1), 58-65.

197 FABER, A. (1984), Semitic sibilants in an Afro-asiatic context, Journal of Semitic Studies (29), 189-224.

198EMBARKI, M. (2008b), L’évolution du phonétisme arabe et la résistance coarticulatoire, Actes des 27ème JEP (Journées d’Etudes sur la Parole), Avignon, 305-308.

contrôlé résistant davantage à la coarticulation. Il serait donc utile d’examiner le rôle qu’ont joué dans cette évolution les voyelles de l’AC /i U a/, qui elles n’ont pas évolué. La recherche d’un maximum de résistance coarticulatoire pour les consonnes irait de pair, peut-être serait-elle la résultante de la préservation d’un système vocalique très appauvri mais nécessairement compliant. Ce qui est déjà le cas en AM, chaque voyelle est entourée de plusieurs allophones.”(ibid. Embarki : 308)

Ce que nous pourrions tirer des différentes études portées sur l’évolution du phonétisme arabe est que les voyelles ont montré plus de résistance que les consonnes. Par ailleurs, ce sont les consonnes palatales qui ont subi plus d’altérations soit celles qui ont marqué le passage du protosémitique au proto-arabe, soit celles qui ont accompagné le passage de l’arabe ancien à l’arabe moderne. Or, une approche contrastive pourrait mettre en lumière les caractéristiques phonético-phonologiques de la langue arabe et de ses différents parlers, et se situe au-delà d’un modèle comparatif qui se veut explicatif.