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La loi du Costa Rica n° 7575 de 1996 sur les forêts, instituant légalement les paiements pour services environnementaux, a défini les services environnementaux comme étant les services fournis par les forêts et les plantations forestières, qui ont une incidence sur la protection et l’amélioration de l’environnement. Sont reconnus à ce titre : l’atténuation des émissions de gaz à effet de serre (fixage, réduction, séquestration, stockage et absorption) ; la protection de l’eau pour exploitation urbaine, rurale ou hydroélectrique ; la protection de la biodiversité en vue d’une exploitation durable et à des fins scientifiques et pharmaceutiques ; l’étude des ressources génétiques et leur mise en valeur ; la préservation des écosystèmes, des formes de vie et de la beauté des paysages naturels pour le tourisme et à des fins scientifiques67.

Les services environnementaux ne constituent ainsi qu’une partie des services écosystémiques selon une classification faite par la FAO : les services de régulation et les services culturels, services qui sont considérés comme des externalités, mais positives68. Les externalités appelées aussi effets externes sont des effets non prévus par le marché et qui peuvent influencer le comportement des agents économiques. Elles peuvent être positives quand l'action d'un agent a des conséquences bénéfiques sur le bien-être des autres agents, ou négatives dans la situation inverse. Elles interviennent surtout lorsque les droits de propriétés sont peu ou mal définis (Lévêque, 1998).

Selon Aznar (2002), quatre critères permettent de qualifier explicitement si un service déterminé peut être qualifié de service environnemental :

• le premier concerne le bien support sur lequel est produit le service environnemental : ce bien support fait partie de l’espace naturel ;

• le deuxième représente l’acte technique, c’est-à-dire la modification du bien support ;

• le troisième caractérise le service comme un acte volontaire, c’est-à-dire intentionnel ;

• le dernier critère concerne la visée collective du service. Le service environnemental est donc un bien public au sens économique. Pour le prestataire, il existe une compensation par rapport au service rendu, le plus souvent sous forme monétaire. Mais ce n’est pas toujours le cas quand les prestataires sont des bénévoles, regroupés ou non en association.

Les services environnementaux, universels, sont de ce fait des biens publics au sens de la théorie économique, en opposition aux biens privés qui peuvent faire l’objet d’un échange sur le marché. Ils ne peuvent alors faire l'objet d'une appropriation. La consommation du bien par

67 Loi sur les forêts du Costa Rica (loi forestière n°7575 du 16 avril 1996, article 3, clause k) (Rosa et al., 2004). 68

un agent n'empêche pas sa consommation par un autre (non-rivalité69), et qu’il n’est pas possible d’empêcher un agent de consommer ce bien (non-exclusion)

Exclusion possible Exclusion impossible

Rivalité Biens privés Biens communs

Non-rivalité Biens de club Biens publics

Les biens privés sont les biens qui peuvent faire l'objet d'une consommation individuelle, privant les autres consommateurs de la possibilité de les consommer (par exemple, les aliments, etc.). Ils peuvent être opposés aux biens publics, consommés en quantité et en qualité égales par une communauté (l'air, etc.). Sa consommation par une personne supplémentaire n'affecte donc en rien les coûts de sa production.

Les biens de club peuvent faire l'objet ou non d'exclusion. L'avantage qu'un utilisateur retire d'un réseau est ainsi d'autant plus important que le nombre d'utilisateurs est important. L'usage d'un matériel commun à une communauté peut en être l'exemple. Si quelques personnes s'achètent un matériel déterminé et s'arrangent entre eux pour son utilisation, il n'y aurait pas encombrement. Néanmoins, ce bien reste privé étant donné qu'aucune autre personne ne peut l'utiliser, sous peine de diminuer le bien-être de chacun.

Les biens communs sont des biens qui appartiennent à tous et à personne. Chaque personne peut en consommer et en récolter. Mais une fois qu'un individu s'en est emparé, il prive les autres consommateurs potentiels. En puisant dans la ressource, chaque individu peut alors créer un dommage aux autres et à lui-même.

Comme tout bien public, les personnes ne sont donc pas incitées à contribuer au financement des biens publics et à leur maintien puisqu’elles savent ne pas être exclues de leur utilisation. Il en résulte la stratégie de "free rider" adoptée par certains. Cette stratégie consiste en une posture comme quoi l'individu s'engage personnellement dans l'action collective en espérant que l'action des autres lui permettra d'avoir satisfaction sans qu'il ait eu à payer. Le risque couru en est la situation de "tragédie des communaux", étant donné que la dégradation de ces biens n’est supportée par personne du point de vue économique.

Le problème de dégradation de ces services environnementaux, considérés comme des biens publics et communs, peut être attribué à la gratuité et liberté de leur utilisation.

Les services environnementaux n'ont pas été auparavant évoqués dans le cadre de la protection de l'environnement alors qu'ils ont des rôles importants ne serait-ce que dans la régulation du climat mondial. La notion de services environnementaux s'est ainsi développée avec la prise de conscience, au niveau international, de leur importance. Elle a depuis quelques décennies pris de l'ampleur dans le domaine de la protection de l'environnement.

69 La non-rivalité correspond au fait que les agents ne sont pas en rivalité, en concurrence pour l'usage de ce bien