• Aucun résultat trouvé

CHAPITRE 4- RÉSULTATS ET INTERPRÉTATIONS

4.5 Les facteurs d’influence sur le développement du soutien social

4.5.3 Le sentiment d’appartenance

Le besoin d’appartenance est un besoin fondamental comblé par l’émergence d’un sentiment d’appartenance dans un groupe (Berteau, 2006). Le but étant que le groupe développe un sens profond de communauté et une grande solidarité autour d’un terrain commun (Moyse Steinberg, 2008). Ce sentiment de « tous et toutes dans le même bateau » est un facteur permettant l’émergence d’une dynamique d’aide mutuelle et par le fait même d’entraide entre les membres. Plusieurs participants et participantes des cuisines collectives ont développé ce sentiment d’appartenance au groupe et sont fiers de faire partie de la communauté des cuisines collectives.

À la journée nationale des cuisines […] cette journée-là, on était deux tables de huit personnes qui étaient handicapés visuels. On s’est fait remarquer là-bas parce qu’ils voyaient que même si on avait un handicap, on est capable de faire la cuisine aussi. Ça a fait jaser pas mal. Johanne

Le déclic s’est fait immédiatement à la première rencontre. Je me suis senti accueilli, parce que c’était déjà commencé depuis 3 semaines quand j’ai réussi à avoir ma place. Robert

Le sentiment d’appartenance est souvent relié au « sentiment du nous », on peut alors envisager le groupe comme un tout. Des auteurs associent ce sentiment à la cohésion du groupe (Berteau, 2016; Turcotte et Lindsay, 2008). Lorsque le groupe est soudé, les membres prennent à cœur leur implication et mettent de l’avant les intérêts du groupe au détriment des intérêts personnels. Ce sentiment d’appartenance devient alors un facteur de rétention des membres en cuisine. Certaines amitiés peuvent alors se développer puisque les participants peuvent s’identifier aux autres et partager leurs

114

expériences. Le sentiment de faire partie d’un groupe de soutien mutuel ayant des intérêts communs serait un facteur facilitant pour la création d’un lien durable (Lee et al., 2010). L’appartenance pour certains est si fort que le groupe est présenté comme une famille.

Je vous dis que pour la majorité de notre groupe, ça prend une raison majeure, maladie ou examens médicaux, ou des choses comme ça pour ne pas venir. Les gens sont très fidèles. Robert

J'étais en réunion un moment donné puis on parlait [la responsable] et moi. On parlait de la cuisine, j'ai dit : « Il ne faut pas que tu oublies [le nom de la responsable]. » Elle a dit : « Quoi? » J'ai dit : « Les cuisines collectives c'est une grande famille, une belle famille. » […] Elle a dit : « Ça, c'est beau à mes oreilles. C'est vrai. Tu as raison, on est une vraie grande famille. » Albert

Ce fort sentiment d’appartenance au groupe et par conséquent à la collectivité est un déterminant majeur de santé mentale positive. L’émergence de ce sentiment d’appartenance à cette communauté des cuisines est non négligeable puisque : « [Nos] résultats indiquent que bien que certaines dimensions de la santé mentale positive puissent varier en fonction de l’emplacement géographique, de l’âge, du sexe, de la culture, du revenu ou de la formation, la présence de soutien affectif et social et d’un fort sentiment d’appartenance à la collectivité [est] toujours associée à des résultats élevés au chapitre de la santé mentale positive, peu importe la méthode utilisée pour la mesurer » (ICIS, 2011, p.8).

115 CONCLUSION

Dans ce mémoire, nous avons présupposé que les cuisines collectives avaient le potentiel de promouvoir la santé mentale positive, soit le bien-être psychologique des individus par l’amélioration du soutien social et par le fait même l’amélioration des facteurs de protection en santé. L’absence de certains facteurs de protection en santé mentale ou la présence cumulative des facteurs de risque peuvent entrainer une diminution du bien-être chez une population d’âge adulte et particulièrement chez une clientèle en situation de précarité (INSPQ, 2008). Malheureusement, peu de mesures d’intervention sont mises en place et encore moins évaluées, afin de travailler sur la promotion de la santé mentale et sur la prévention des troubles mentaux. Ce mémoire avait donc pour objectifs de décrire l’expérience personnelle des participants engagés dans un groupe de cuisine collective; de déterminer et de décrire les types de soutien social perçus qui se sont produits dans le cadre de la participation à un groupe de cuisine collective, et finalement de vérifier l’existence de liens entre le soutien social perçu, les apprentissages dans le groupe et la perception du bien- être. Par l’analyse des entrevues individuelles et des observations, il a été possible de mettre en évidence l’importance des relations dans un groupe de cuisine, et ce, tant avec les membres qu’avec les responsables. Par la diminution du sentiment d’isolement et l’augmentation de la qualité de leur réseau social, les cuisines ont démontré leur potentiel pour renforcer la santé mentale des individus. Comme énoncé par Fleury et Grenier (2012), l’appartenance à un réseau social de qualité contribue à donner un sens à la vie et par le fait même à améliorer la santé mentale. Pour la majorité des membres engagés dans un groupe de cuisine collective, la participation a contribué au développement de leur bien-être émotionnel. Nos résultats démontrent que les différentes formes de soutien développées dans le cadre des groupes de cuisine ont une importance considérable pour la santé mentale et la qualité de vie des personnes (Caron et Guay, 2005b). Notre recherche avance aussi que les cuisines ont des effets positifs sur plusieurs autres facteurs de protection pour la santé mentale et qu’il est difficile de segmenter le soutien social vu l’intersectionnalité des éléments de notre modèle conceptuel.

116

Enfin, en conclusion de ce dernier chapitre, nous présentons trois sections : 1) des suggestions pour l’amélioration de la pratique dans les groupes de cuisine collective; 2) des suggestions pour la recherche future et certaines limites de notre recherche et enfin 3) les principales conclusions de notre étude.