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Les pays méditerranéens partagent certaines caractéristiques communes par rapport aux habitudes et au régime de consommation alimentaire (modèle méditerranéen de « Crète ») Cependant, cet espace géographique est aussi marqué par plusieurs spécificités tant des industries agroalimentaires et de l’ouverture commerciale que des stratégies des firmes alimentaires multinationales (Ayadi et al, 2006). D’autre part, de fortes disparités existent sur le plan des performances de ces industries ou de l’attractivité sectorielle des investissements directs à l’étranger, aussi bien entre les trois sous ensembles (Nord, Est et Sud de la Méditerranée) qu’à l’intérieur de chacun d’entre eux (Cheriet, Tozanli, 2007).

Après avoir décrit l’hétérogénéité des situations macroéconomiques et de l’attractivité des IDE du secteur des IAA dans les pays méditerranéens, l’objet de cette section est de présenter les caractéristiques des IAA en Méditerranée à travers l’examen des données récentes sur les performances sectorielles et les opérations de restructuration et d’alliances menées par les FMN-A dans cet espace. Les données présentées dans cette section proviennent principalement des bases statistiques des institutions internationales (Onudi, Cnuced) ou encore de la base de données Agrodata du Ciheam60 Montpellier, consacrée de manière plus spécifique aux grandes firmes multinationales agroalimentaires.

3.1. Situations des Industries Agroalimentaires en Méditerranée

Les industries agroalimentaires emploient 23 millions de salariés dans le monde à travers près de 450 000 entreprises pour une production totale avoisinant les 2400 milliards de $ en 1998. Près des deux tiers de cette production est concentrée en Europe et en Amérique du Nord avec respectivement 41% et 24% du total. Cependant, plus de la moitié des entreprises et un salarié sur deux de ces industries se trouvent en Asie.

Tableau 23. : Caractéristiques de l’industrie agroalimentaire mondiale en 1998

Estimations Production (Y) Mds US$ Y (%) Valeur Ajoutée (VA) Mds US$ VA (%) Effectifs (E) (Milliers) E (%) Nombre d’entreprises Amérique du Nord 584 24,4 251 29,7 1 818 8,0 30 477 Amérique Latine 168 7,0 67 7,9 1 782 7,8 48 692 Europe 982 41,2 313 37 7 036 30,8 169 741 Asie 564 23,7 187 22,1 10 899 47,7 180 501 Afrique 46 1,9 14 1,65 1 069 4,7 20 490 Océanie 39 1,6 14 1,65 238 1,0 6 496 Total Monde 2383 100 846 100 22 842 100 456 397 Méditerranée 328 84 1 814 / % Médit / Monde 13,8 % 9,9 % 7,9 % /

Source : Estimations d’après les données ONUDI, Banque Mondiale (2002), in Agri Med, (2004), Agriculture, pêche, alimentation et développement rural durable dans la région méditerranéenne, rapport annuel, Ciheam- IAM Montpellier, p. 252.

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CIHEAM : Le Centre International des Hautes Etudes Agronomiques Méditerranéennes est une organisation intergouvernementale créée en 1962, de formation, d’expertise, de recherche et de coopération. Elle compte actuellement 13 pays membres du bassin méditerranéen. Le CIHEAM se structure autour de quatre Instituts Agronomiques Méditerranéens (IAM), localisés à Bari (Italie), Chania (Grèce), Montpellier (France) et Saragosse (Espagne), et d'un Secrétariat Général situé à Paris

En termes de valeur ajoutée, les disparités sont encore plus importantes : La valeur ajoutée agroalimentaire créée en Europe dépasse celle créée en Asie, en Amérique Latine, en Afrique et en Océanie réunies. La part de la région méditerranéenne représente 14% de la production agroalimentaire mondiale, 10% de la valeur ajoutée et près de 8 % de l’emploi dans ce secteur. Même si ces agrégats dénotent d’une importance relative de la région, ils masquent de nombreuses disparités régionales.

Alors que les IAA représentent la plus grande industrie en termes d’emplois (23 millions selon Rastoin 2004 b), leur part dans les échanges internationaux reste faible au niveau mondial (8,8 % selon Ghersi 2003). Au niveau de la production industrielle en Méditerranée, les IAA représentent en moyenne 11% (Ghersi 2003). Les données concernant les taux d’ouverture du « complexe de production agro-industrielle » (Rastoin 2004 b) montrent des différences très prononcées entre les sous ensembles. Le tableau suivant présente ces données pour 13 des pays méditerranéens, ainsi que les variations globales entre 1991 et 2000 et les moyennes spécifiques (importations et exportations agroalimentaires) en 2001 afin d’apprécier les degrés d’ouverture commerciale extérieure des pays concernés.

Tableau 24. : Ouverture du système alimentaire de 13 pays Méditerranéens (en %)

Rang Pays (Xa+Ma)/VA cpai

Moyenne 1999-2001 (1) Variation 1991-2000 (2) Xa/ VA cpai Moyenne 1999-2001 (3) Ma/ VA cpai Moyenne 1999-2001 (4) 1 Jordanie 312 73 83 229 2 Chypre 147 8 50 97 3 Malte 140 7 22 119 4 France 99 18 57 42 5 Espagne 86 / 45 41 6 Italie 73 25 30 42 7 Grèce 53 / 22 31 8 Maroc 43 42 22 21 9 Algérie 43 12 1 14 10 Tunisie 38 5 17 42 11 Syrie 22 -16 8 21 12 Egypte 22 -44 2 20 13 Turquie 22 27 15 7

(1) Rapport entre la somme des échanges internationaux (exportations Xa et importations Ma) de produits agricoles et agroalimentaires et la valeur ajoutée créée par le complexe de production agro-industrielle. (2) Variation du ratio (Xa+Ma)/ VA cpai entre les moyennes triennales 1990-1992 et 1999-2001.

(3) Ouverture internationale à l’exportation (4) Ouverture international à l’importation

Source : Données Agrodata, Ciheam-IAMM, UMR MOISA, Montpellier (2002). In Agri Med, (2004), Agriculture, pêche, alimentation et développement rural durable dans la région méditerranéenne, rapport annuel, Ciheam- IAM Montpellier, p. 221.

Les taux d’ouverture sont calculés sur la base des agrégats d’importation, d’exportation et de valeur ajoutée du secteur agroalimentaire. Certains biais peuvent exister quant à la « qualité » de certaines de ces données, tant les différences peuvent exister dans les systèmes de collecte et d’agrégation des informations sectorielles.

De manière générale, la tendance est à l’ouverture de l’industrie agroalimentaire méditerranéenne par rapport aux échanges internationaux. Les taux d’ouverture sont cependant très contrastés et relativement élevés pour les petits pays (Jordanie) ou certains Etats insulaires (Chypre et Malte).

Les taux d’ouverture commerciale dans le secteur dépassent en moyenne 50% pour les pays de la Méditerranée du Nord et atteignent en moyenne 30% pour le Sud et l’Est de la région. Lorsqu’on distingue les taux d’importation et d’exportation de produits agroalimentaires par rapport à la valeur ajoutée créée par le secteur, nous pouvons constater que des dépendances commerciales existent notamment par rapport aux importations dans les pays du Sud et les petits pays de l’Est de la Méditerranée. Dans ces cas, les taux d’ouverture à l’importation sont systématiquement supérieurs à ceux d’ouverture à l’exportation agroalimentaire.

L’examen de l’origine et la destination des échanges peut renforcer l’analyse en termes de dépendance commerciale : L’UE représente 60 à 70% du commerce international des PSEM alors que ces derniers ne représentent que 5% de celui de l’UE. Par rapport au commerce international des produits agricoles, la région méditerranéenne ne représente que 3,8% des importations et 2% des exportations mondiales s’élevant à 468 milliards de $ en 2002 (OMC, 2002). En termes de solde des balances commerciales, la région est déficitaire depuis 1975. Son déficit est passé de 2,4 à 8,9 milliards $ en 1995 avant de se stabiliser autour de 8,5 milliards $ entre 2000 et 2003 (Hatem 2005, p. 45).

Les dépendances alimentaires des pays du Sud et de l’Est de la Méditerranée sont très contrastées: des pays exportateurs nets (Turquie et Maroc) côtoient des pays fortement importateurs comme l’Egypte et l’Algérie. De manière générale, la dépendance commerciale des PSEM est très forte vis à vis de l’UE. En 2001, 53 % des exportations des PSEM étaient à destination de l’UE et 50 % des importations en provenaient. Pour certains pays, cette situation est problématique : ainsi, 89 % des exportations et 78 % des importations tunisiennes se font avec l’UE.

Au-delà des disparités macroéconomiques et industrielles globales, les différences en termes de performances dans le secteur agroalimentaires en Méditerranée peuvent expliquer certains résultats en termes d’échanges internationaux et de dépendances alimentaires dans cette région. Le tableau suivant présente un score de performance des IAA dans les pays méditerranéens basé sur trois ratios industriels61 : la productivité du travail dans le secteur, le taux de valeur ajoutée et la capacité productive62. Le tableau nous permet d’apprécier le classement de 16 pays méditerranéens63 ainsi que les moyennes régionales.

En termes de performances sectorielles, la productivité du travail en Méditerranée se situe au delà de la moyenne mondiale (181 000 contre 104 000 $ respectivement). Cependant ce ratio est très différent pour les 1,9 millions de salariés du secteur selon leur pays d’appartenance. La moyenne dans les pays méditerranéens appartenant à l’UE en 1998 est de 250 000 $, près de 4 fois plus que la moyenne des pays de l’Est et du Sud. Hormis la France, l’Italie et l’Espagne, l’ensemble des pays méditerranéens est en dessous de la moyenne de la productivité régionale, même si la Grèce et Israël s’en rapprochent sensiblement.

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Pour le mode de calcul du score de performance des IAA dans la Méditerranée, cf AgriMed, (2004). Aucune pondération des ratios n’est retenue. Les données font référence à 1998.

62 La capacité productive des IAA est mesurée par le ratio production IAA d’un pays / population totale.

63 Même si nous n’avons pas retenu le Portugal dans notre échantillon de pays méditerranéens, il a été intégré par

Tableau 25. : Performance des IAA des pays méditerranéens en 1998

Rang Pays Productivité du travail (Y/ w) 10³ $ Taux de valeur ajoutée (VA/ Y) en % Capacité productive (Y / Pop) $ Dynamisme Croissance 95-98 du taux de VA % Score* 1 France 267 28 2 026 - 1 5,1 2 Italie 333 22 1 564 3 4,7 Moyenne PM UE 250 26 1 616 -26 4,4 3 Espagne 210 28 1 528 37 4,2 4 Israël 140 26 1 159 11 3,2 Moyenne PM 181 26 793 -23 3 5 Chypre 69 36 702 11 2,7 6 Grèce 122 30 566 1 2,6 7 Portugal 109 16 948 -10 2,4 8 Malte 80 29 615 8 2,4 9 Liban 100 23 429 5 2 10 Turquie 96 26 195 -14 1,8 11 Tunisie 91 16 328 -8 1,5 Moyenne P.P.M 62 24 175 -7 1,5 12 Syrie 75 22 111 11 1,4 13 Algérie 33 27 99 -15 1,4 14 Maroc 50 21 154 5 1,3 15 Jordanie 34 22 112 16 1,2 16 Egypte 30 20 88 3 1,1

* Indice synthétique obtenu à partir des quatre variables précédentes

Y : Production, w : Travail, VA : Valeur ajoutée, Pop : Population, PM UE: Pays méditerranéen de l’UE en 1998, PM : Ensemble pays méditerranéens; P.P.M: pays partenaires méditerranéens (PSEM)

Source : D’après les données Ciheam (2001) in Rastoin et al. (2004). Les moyennes sont situées dans le classement des pays afin de déterminer leurs positions respectives. Le classement se réfère au score.

Les écarts sont encore plus importants entre les pays du Nord et du Sud ou de l’Est de la Méditerranée : Ainsi, un salarié Italien du secteur des IAA produit en moyenne 10 fois plus qu’un salarié Jordanien, Algérien, ou Egyptien. Les écarts sont importants entre des pays appartenant au même sous ensemble, notamment dans le cas de l’Est et du Sud, alors que la productivité est plus homogène au Nord de la Méditerranée. Ainsi, la productivité est trois fois supérieure en Tunisie ou en Turquie qu’en Algérie ou en Jordanie.

L’examen de la capacité productive agroalimentaire (rapport de la production du secteur à la population nationale) révèle des écarts encore plus importants. La moyenne méditerranéenne atteint 793 $ par habitant avec des valeurs dépassant 2000 $ en France et n’atteignant pas 100 $ en Egypte ou en Algérie. Dans certains cas, cette capacité productive pour le seul secteur des IAA dans les pays du Nord, dépassent les PNB par habitant de certains pays du Sud ou de l’Est de la région (cf Tableau 15. supra). Si les écarts sont importants en termes de productivité du travail et de capacité productive des IAA dans les pays méditerranéens, la part de valeur ajoutée est plus homogène. La moyenne méditerranéenne est de 26%. Cette part s’élève à 24% dans les pays du Sud et de l’Est de la Méditerranée. Dans l’ensemble, cette part a fortement reculé (-23%) entre 1995 et 1998.

Le classement des pays méditerranéens obtenu à partir de ces trois critères de performance sectorielle permet de distinguer 4 pays (3 du Nord de la Méditerranée et Israël) au-delà de la moyenne de la région. Les 12 autres pays, se classent en deçà. Les pays du Sud de la

Méditerranée obtiennent des performances encore en dessous de la moyenne des pays tiers Méditerranéens. Ces écarts de productivité et de capacité de production dépendent notamment des principales caractéristiques des industries agroalimentaires dans ces pays (cf Tableaux 7 et 8 en annexe 3).

Tableau 26. : Caractéristiques des industries agroalimentaires en Méditerranée 1994-1996 et 2002-2004

Nombre d'entreprises Effectif total VA (millions $ US) Production (millions $ US)

Pays 1994- 1996 2002- 2004 Evolut en % 1994-1996 2002-2004 Evolut en % 1994- 1996 2002- 2004 Evolut en % 1994-1996 2002- 2004 Evolut en % Med Est 19 981 28 640 +43,34 363 468 363 724 +0,07 8 909 7 906 -11,26 32 580 20 500 -37,08 % Est / Med 14,82 13,37 24,87 18,81 15,55 8,70 14,51 5,70 Med Sud 15 612 17 071 +9,34 413 713 397 977 -3,80 3 777 4 974 +31,69 17 174 17 951 +4,52 % Sud/ Med 11,58 7,97 28,31 20,59 7,44 5,47 7,65 4,99 Med Nord* 99 191 168 552 / 684 279 1 171 600 / 38 074 78 013 / 174 769 321 371 / % Nord/ Med 73,56 78,67 46,82 60,60 75,01 85,83 77,84 89,31 Total Med* 134 784 214 263 +58,97 1 461 460 1 933 301 +32,28 50 760 90 893 +79,06 224 523 359 822 +60,26 UE-27 248 898 291 580 +17,15 3 227 266 4 194 325 +29,97 107 138 199 161 +85,89 568 824 785 110 +38,02 UE-Med* 86 003 171 016 +98,85 539 715 1 205 246 +123,3 36 156 75 416 +108,6 164 883 308 895 +87,34 Autres Med 48 781 43 247 -11,3% 921 745 728 055 -21% 14 604 15 477 +5,98% 59 640 50 927 -14,6% Monde 418 841 / / 16 864 480 / / 382 888 / 1 428 096 / /

* Données manquantes : France (1994-1996) et Grèce (2002-2004)

Source : Calculs de l’auteur sur la base des données 1994- 1998 INDSTAT3 CD Rom ONUDI et des données 2002-2004 : Industrial Statistics Yearbooks, 2007. ONUDI

Le classement obtenu à partir du tableau 25 est tiré de l’exploitation des données de 1998 concernant les performances sectorielles dans l’industrie agroalimentaire des pays méditerranées. Les tableaux 26 et 27 nous permettent de confirmer les principales tendances grâce à l’examen de ces performances et de leurs évolutions dans les trois sous ensembles géographiques de notre région d’étude. Ainsi, nous pouvons observer que dans son ensemble, la région méditerranéenne enregistre de fortes progressions entre 1994 et 2004 du nombre de ses entreprises agroalimentaires (+ 59%), des effectifs dans les IAA (+32%), de la production du secteur (+60%) ainsi que la valeur ajoutée (+80%).

Même si ces évolutions semblent davantage tirées par les performances des IAA dans les pays méditerranéens appartenant à l’Union Européenne64, il apparaît que la situation est plus nuancée entre les pays de l’Est et du Sud. Ces derniers ont connu durant la période examinée des évolutions positives notamment en termes de production (+4,5%) et de valeur ajoutée (+32%), alors que les pays de l’Est ont globalement connu de fortes diminutions65. Ces changements enregistrés dans les principales caractéristiques des IAA renseignent aussi sur les pertes et les gains plus ou moins importants, dans chaque sous ensemble géographique, par rapport aux ratios de productivité du travail et de la part de la valeur ajoutée d’une part, et ceux relatifs à la production moyenne des entreprises agroalimentaires d’autre part.

64 Les pays « Autres Med » du tableau enregistrent des évolutions négatives pour les 4 agrégats examinés, alors

que ceux de la Méditerranée « Européenne » connaissent dans le même temps de fortes progressions.

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Tableau 27. : Performances et productivités comparées des industries agroalimentaires en Méditerranée entre 1994-1996 et 2002-2004

Production/ Effectif (en milliers US$)

VA**/ Production En %

VA**/ Effectif (en milliers $ US)

Production / entreprise (en milliers $ US)

Pays 1994- 1996 2002- 2004 Evolution en % 1994- 1996 2002- 2004 Evolution en % 1994- 1996 2002- 2004 Evolution en % 1994- 1996 2002- 2004 Evolution en % Med Est 89,64 56,36 -37,13 27,34 38,56 +41,04 24,51 21,74 -11,3 1630,55 715,78 -56,1 Med Sud 41,51 45,10 +8,65 21,99 27,71 +26,01 9,13 12,5 +36,91 1100,1 1051,56 -4,41 Med Nord* 255,41 274,30 +7,39 21,78 24,27 +11,43 55,64 66,59 +10,95 1761,94 1907 +8,23 Total Med* 153,62 186,12 +21,6 22,61 25,26 +11,72 34,73 45,6 +31,29 1665,8 1679,3 +0,81 UE-27 176,26 187,18 +6,20 18,84 25,37 +34,68 33,20 47,48 +43,03 2285,37 2692,61 +17,82 UE-Med* 305,5 256,29 -16,1 21,98 24,41 +2,43 66,99 62,57 -6,6 1916,6 1806,23 -5,76 Autres Med 64,70 69,95 +8,11 24,49 30,39 +24,09 15,84 21,26 +34,21 1222,61 1177,58 -3,68 Monde 84,68 / / 26,81 / / 22,70 / / 3409,64 / /

* Données manquantes : France (1994-1996) et Grèce (2002-2004) et certains pays de l’Ex Yougoslavie. ** VA : Valeur ajoutée

Source : Calculs de l’auteur sur la base des données 1994- 1998 INDSTAT3 CD Rom ONUDI et des données 2002-2004 : Industrial Statistics Yearbooks, 2007. ONUDI

L’examen des données concernant la productivité du travail et la part de la valeur ajoutée dans les industries agroalimentaires fait ressortir deux tendances : D’abord, les améliorations enregistrées en Méditerranée pour les quatre ratios examinés entre 1994 et 2004 ont surtout été réalisées par les pays méditerranéens n’appartenant pas à l’espace européen. Ensuite, parmi ces pays méditerranéens non européens, ceux de la Méditerranée du Sud connaissent de fortes performances comparées à celles réalisées par les pays de l’Est. Les gains de productivité du travail dans le secteur des IAA montrent de fortes pertes à l’Est (- 37%) contre des gains de l’ordre de 8% au Sud et au Nord de la Méditerranée.

Cependant, les écarts demeurent très importants entre les trois sous ensembles, notamment en termes de productivité. Ainsi, un salarié du secteur d’un pays du Nord produit en moyenne jusqu’à six fois plus qu’un travailleur des IAA dans le Sud ou l’Est du pays. Au-delà de ces écarts de performances entre les trois sous ensembles, il existe des écarts parmi les pays de chaque sous ensemble. Cela est particulièrement le cas pour la région de l’Est de la Méditerranée, où Israël présente des performances sectorielles proches des pays du Nord et au dessus de la moyenne de sa région d’appartenance (cf Tableau 8 en annexe 3).

Ces résultats des IAA en Méditerranée obéissent à la fois aux caractéristiques propres des secteurs concernés, mais aussi aux stratégies des acteurs, notamment en termes d’opérations de restructuration et d’options de localisation géographique. Nous examinons dans ce qui suit, les stratégies des principales firmes agroalimentaires multinationales en Méditerranée, à travers leurs opérations de fusions/ acquisitions, de partenariats et d’alliances stratégiques mais aussi de désinvestissements et de restructuration. Pour ce faire, nous nous baserons essentiellement sur les informations fournies par la base de données Agrodata, consacrée depuis trois décennies aux 100 premières firmes agroalimentaires dans le monde.

3.2. Stratégies des firmes multinationales agroalimentaires en Méditerranée

Plusieurs études ont été consacrées à l’analyse des stratégies des firmes multinationales agroalimentaires (Rastoin, 1975 ; Perez 1994, 1996 ; Tozanli, 1996, Bencharif et al, 2002, Ghersi, 2003). Une étude récente de Lynch (2006) avait pour objet d’analyser les stratégies de croissance externe de ces firmes via les acquisitions. L’auteur signalait entre autres, l’importance de l’expérience de la firme, de l’évaluation et de l’intégration de la cible ainsi que l’exploitation des synergies entre les différentes acquisitions dans la réussite de ce processus de croissance et le renforcement du portefeuille de produits, d’implantations, et de métiers existants (Lynch, 2006. p. 615).

Nous tenterons dans ce qui suit de présenter les caractéristiques des principales firmes multinationales agroalimentaires, à travers leurs stratégies de croissance et leurs opérations de restructuration. Nous mettrons l’accent sur les opérations menées par ces firmes dans la région Méditerranéenne en examinant à la fois les opérations de fusions/ acquisitions, les alliances stratégiques et les partenariats, l’implantation des filiales et les opérations de désinvestissements. Le tableau suivant nous donne le classement des principales FMN-A (Top 15) selon leur chiffre d’affaires alimentaires et son évolution entre 1996 et 2005.

Tableau 28. : Le Top 15 des FMNA en 1996 et 2005 (en millions de US $)

1996 2005 Evolution*

Rang

Nom de la firme CAA M$ Nom de la firme CAA M$ 1996-2005

1 Nestlé CH 47 141 Nestlé S.A. CH 68 354 +45%

2 Philip Morris Co.Inc USA 32 011 Cargill Inc. USA 35 000 +39% 3 PepsiCo Inc USA 31 645 Kraft Foods Inc. (Altria) USA 34 113 +7%

4 Unilever NL 25 658 PepsiCo Inc. USA 32 562 +3%

5 Cargill Inc USA 25 200 Unilever plc NL 27 607 +8%

6 Con Agra Inc. USA 24 822 Tyson Foods USA 23 285

7 Coca-Cola Co. USA 18 546 Coca-Cola Co. USA 23 104 +25%

8 Danone Fr 15 236 Bunge Limited USA 21 601 +80%

9 Mars Inc USA 14 000 Archer Daniels Midlands USA 18 286 +37% 10 Grand Metropolitan Plc GB 13 491 Mars Inc. USA 18 000 +29% 11 Archer Daniels Midlands USA 13 314 Danone Fr 16 250 +7%

12 IBP Inc. USA 12 539 ConAgra Inc. USA 14 567 -41%

13 Bunge & Bom Co. Arg. 12 000 Inbev Belg 13 155

14 Eridania Béghin-Say Fr 10 646 Heineken NL 16 450 +29% 15 Anheuser Busch Co.Inc. USA 10 144 Diageo GB 12 249

Total Top 15 306 393 394 658 +27%

* L’évolution se rapporte à la firme du classement de 2005 (certaines évolutions ne sont pas disponibles car la firme en question n’était pas classée dans le top 15 en 1996 ou ne l’était plus en 2005) et ne concerne que le chiffre d’affaires agroalimentaires (CAA).

Les informations contenues dans le tableau précédent et obtenus de la base de données Agrodata66 permettent d’établir certains constats quant à l’évolution des firmes multinationales agroalimentaires. D’abord, l’évolution du chiffre d’affaires des 15 premières firmes a été en moyenne de 27% pour atteindre les 400 milliards de $ en 2005, soit 46% des ventes des 100 premières FMN-A (cf Tableau 28 infra). Ensuite, la forte présence des firmes américaines est constante entre les deux dates : 9 firmes sur 15 en 1996 et en 2005.

Dans ce Top 15 de 2005, aucune FMN-A n’est issue d’un espace autre que les USA ou l’espace Européen67 . Enfin, mis à part quelques nouvelles entrées de firmes non classées en 1996 (notamment les brasseurs ou les firmes de vins et spiritueux, Heineken, Inbev et Diageo), le Top 15 semble reconduire le même groupe de firmes à des positions plus ou moins différentes : Cargill a gagné trois places avec une croissance du CA de 39%, ConAgra en perd six, avec un recul du chiffre d’affaires de 41%. Certaines firmes sont sorties du classement soit parce que leurs résultats des ventes ne leur permet pas un maintien dans le haut du classement (Grand Metropolitan), soit parce qu’elles ont connu des restructurations majeures (Eridiana- Béghin Say). Des écarts de performance existent aussi entre les FMN-A. Ce constat est traduit par les données du tableau ci-dessous et concernant les performances des 100 premières FMN-A en 2005, selon leur nationalité.

Tableau 29. : Performances des 100 premières Firmes Multinationales Agroalimentaires selon la nationalité en 2005 Nationalité Nombre de firmes CAA* (M.$) CAA % Evolution 96-02 CAA moyen (M.$) RN/CA** CA/Effectif (K.$) USA 34 366 819 42,8% 17% 10 789 7,4% 340 Japon 18 95 567 11,2% -9% 5 309 1,9% 839 Suisse 2 71 616 8,4% 40,1% 35 808 8,5% 296 Pays-Bas 7 65 839 7,7% 52,3% 9 406 7,3% 266 G. Bretagne 7 60 614 7,1% -37,0% 8 659 10,6% 302 France 7 42 229 4,9% 1,8% 6 033 5,9% 249 Bermudes 2 27 726 3,0% np 12 863 2,6% 1 209 Danemark 4 25 100 2,9% 221,7% 6 275 3,0% 285 Italie 4 19 499 2,3% 89,2% 4 875 1,2% 427 Canada 4 16 852 2,0% -22,2% 4 213 2,8% 193 Belgique 1 14 521 1,7% 826,1% 14 521 12,0% 189 Mexique 2 14 503 1,7% 7 252 6,8% 96 Allemagne 3 14 022 1,6% 90,5% 4 674 2,4% 423 N. Zélande 1 8 680 1,0% np 8 680 1,8% 467 Irlande 1 5 519 0,6% np 5 519 5,3% 237 Philippines 1 3 796 0,4% 5,9% 3 796 4,0% 156 Australie 1 3 034 0,4% 8,3% 3 3034 23,6% 295 Espagne 1 2 940 0,3% np 2 940 6,6% 704 Top 100 100 856 877 100,0 18,2% 8 569 6,4% 322 * CAA : Chiffre d’affaires agroalimentaires

**Rapport du Résultat Net (RN) au Chiffre d’affaires (CA) np : Non présents dans les classements précédents

Source : Banque de données Agrodata, UMR MOISA, Montpellier, 2007.

66 Agrodata permet de suivre les opérations de restructuration, les filiales et les performances des firmes

agroalimentaires avec un chiffre d’affaires supérieur à un milliard de $ et présente dans au moins deux pays

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Le chiffre d’affaires agroalimentaires moyen des 100 premières FMN-A se situe à près de 9 milliards de $ avec une évolution de 18% entre 1996 et 2002. En termes de productivité du travail, la moyenne de ces firmes (322 mille US $) est supérieure à la moyenne mondiale (85 mille $), européenne (187 mille US $) ou méditerranéenne du nord (255 mille US $) du secteur (cf tableau 26). Les évolutions des ratios de productivité et de rentabilité montrent un certain dynamisme entre 1996 et 2002, avec des gains respectifs de 18% et 6,4%.

En termes de répartition géographique, il faudrait signaler à la fois la prédominance des firmes des pays de l’OCDE68 et des firmes états-uniennes. 43% du chiffre d’affaires