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SCIENCES ET SPIRITUALITÉ

Dans le document The DART-Europe E-theses Portal (Page 48-51)

Les deux contributions de cette partie remontent à une discussion publique entre le recteur de l’Université de Luxembourg, professeur de physique, et moi-même comme représentant de la religion chrétienne, et plus particulièrement du catholicisme. Il s’agissait de confronter « Dieu et la science ». Ces rencontres avaient été préparées par quelques entretiens personnels qui nous avaient permis de nous familiariser non seulement avec une pensée abstraite, mais avec la personne de l’autre comme quelqu’un qui est en recherche de ce qu’il n’aime peut-être pas nommer la vérité, mais de ce qui fonde le tout et le tient ensemble. Ainsi ces rencontres n’ont pas été marquées par l’agressivité d’un militantisme athée ou catholique, mais par la volonté d’expliquer à l’autre le propre cheminement, ses fondements et ses questions, dans le respect des parcours existentiels respectifs.

1 On a peut-être du mal à le dire, mais l’être humain n’apprend-il pas de ses fautes ? La Bible ne raconte-t-elle pas la chute dans son troisième chapitre ? D’abord elle présente le plan de Dieu, ensuite le fondement de l’éloignement de Dieu. Ainsi il faut connaître le plan de Dieu, sinon on se perd dans les bas-fonds de la nature humaine.

0.5. DIEU ET LA SCIENCE.L’UNITÉ DE LUNIVERS ET LUNITÉ DES SAVOIRS. ESQUISSES POUR UN DIALOGUE

Un des buts de ce texte était de ne pas entrer dans une position simplement stupide qui consis-terait à nier l’apport des sciences naturelles pour la compréhension de la vie, de l’univers, ou à ignorer leur puissance d’explication qui se veut globale, complète au point de ne rien exclure ; il s’agissait en même temps de ne pas réduire le contenu de la Révélation à ce que la science corrobore ou à ce que la science ne saurait expliquer. Si la première approche relève d’une approche du siècle des Lumières qui voit dans la Révélation uniquement l’information antici-pée d’un contenu que l’être humain a pu comprendre plus tard par lui-même, la deuxième réduit Dieu à un bouche-trou à qui on accorde de moins en moins de place. Mais quelle place est la sienne ?

L’article cherche à montrer que le dialogue entre la science et la théologie n’est pas aussi dé-formé qu’on a pu le dire1, que l’interprétation catholique de la Bible ne se réduit pas aux posi-tions fondamentalistes, que le Concile Vatican II a précisément mis en évidence – non sans donner du travail aux théologiens – la juste autonomie des réalités terrestres et qu’il existe déjà depuis des siècles des institutions qui se consacrent au rapport entre foi et science. En fait, un point consiste à éliminer les préjugés que les média aiment en particulier à véhiculer. Ce n’est que lorsque le terrain est préparé que l’on peut penser la rencontre des deux domaines de savoir : ceux-ci se réfèrent à deux cadres de référence indépendants l’un de l’autre ; il s’agit de comprendre d’abord la pertinence et la valeur de chacun d’eux, ensuite il est nécessaire de les agencer2. Le point à approfondir devait donc être celui d’une rencontre entre deux cadres référentiels avec leurs recherches particulières correspondantes. Si le théologien doit penser tout par rapport à Dieu en tenant compte de la Révélation dont Jésus Christ est le centre –

1 Voir également Umberto ECO, « La force du faux », in : id., De la littérature, traduit de l’italien par Myriem Bouzaher, Paris, Grasset, 2003, p. 345-381.

2 En ce qui concerne l’unité du savoir, voir les réflexions de Giuseppe TANZELLA-NITTI, « In Search for the Unity of Knowledge : Building Unity inside the Subject », in : Annales theologici, 20e année, 2006, p. 407-417.

celui par qui le tout acquiert son unité et son intelligibilité – il ne préjugera pas des résultats que les sciences naturelles lui apportent ; le scientifique veillera à dire ce que la science lui permet de saisir : le travail d’interprétation, d’intégration dans une vision globale qui dirait le sens du tout, n’est cependant pas de son ressort. De plus chacune des deux sciences risque de ne voir que ce qui entre dans son propre champs de recherche. Il existe des expériences hu-maines dont et l’un et l’autre devront tenir compte, qui leur feront voir les limites de leurs systèmes de pensée respectifs. Pour le chrétien, il ne s’agit pas de défendre un système, mais bien de penser tout ce qui est dans la relation avec Dieu, tenant compte de ceux qui avant lui ont déjà parcouru ce chemin.

0.5.2 DIEU ET LA SCIENCE.DIALOGOLECTIQUE

Cette deuxième contribution rassemble de façon éclectique des citations, des réflexions et des pensées dont quelques unes ont pris leur forme quand l’auteur a joué avec les mots, en s’imposant la condensation de l’expression au maximum. Un tel « abécédaire incomplet » reflète quelque chose de l’aspect asystématique de toute recherche où certaines idées, parfois certains concepts créent un déclic et réussissent à nous laisser saisir la réalité autrement, à percevoir un ordre ou à remettre en question celui auquel nous tenions. Si la pensée peut pro-céder dans une ligne droite, en zigzagant, en spirale ou tourner en rond, elle fait aussi des sauts déclenchés par quelque effet de ricochet. On connaît le phénomène tant dans le domaine spirituel que dans le domaine des sciences naturelles : on n’a besoin de penser qu’aux mo-ments de conversion où Saint Augustin entend la parole « tolle lege » ou à Saint François qui

« découvre » l’appel du Seigneur à le suivre dans la pauvreté à la lecture d’un passage de la Bible qu’il avait déjà maintes fois entendu auparavant et qui n’avait pas provoqué un boule-versement existentiel. On peut aussi penser à l’allégorie de la pomme qui tombe sur la tête de Newton. D’où ce titre de « dialogolectique », mot-valise composé des termes dialogue et dia-lectique : ce n’est pas seulement la suite logique d’un dialogue qui fait avancer la

connais-sance, mais une phrase, un mot, une perspective, une impression peut déclencher un processus de dépassement d’un niveau de connaissance. Tel est par ailleurs un des aspects les plus im-portants de toute rencontre digne de ce nom, différant donc des échanges linguistiques dont le but principal est la reconnaissance mutuelle des membres de la tribu et l’exclusion des autres.

Dans le document The DART-Europe E-theses Portal (Page 48-51)