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2.3 La construction identitaire et les échelles d’appartenance

2.3.3 Schéma d’identification : les catégories identitaires retenues par les jeunes

La dernière partie du questionnaire cherchait à appréhender les groupes ou les catégories d’appartenances collectives importantes dans la définition de leur identité. Dans cette question, je demandais aux jeunes de construire un schéma ou une représentation graphique de leurs diverses appartenances. Ici, différentes formes de schémas sont apparues : certains ont réalisé un diagramme à secteurs, d’autres un diagramme à barres, dans lequel ils hiérarchisaient les divers groupes auxquels ils se sentent appartenir (étudiant, Québécois, Canadien, membre d’une équipe sportive, etc.). Cependant, la plupart des jeunes ont utilisé un type de graphique « à bulles », dans lequel des cercles, contenant différents groupes, étaient disposés autour et reliés à un cercle central identifié « Moi ».

ils ont été nombreux à indiquer des caractéristiques personnelles, des valeurs ou des passe- temps à partir desquels ils se définissent, mais qui ne correspondent pas à des appartenances collectives. Par exemple, certains ont construit leur schéma à partir de catégories telles que le sport, la bouffe et la musique, alors qu’il aurait été plus approprié de dire qu’ils éprouvaient des sentiments d’appartenance envers l’équipe sportive dans laquelle ils évoluent ou la communauté hip hop de Québec, par exemple. Selon moi, cette mésinterprétation est due à la formulation de la question, qui se lisait comme suit : « Utilisez votre imagination pour construire un schéma ou un graphique qui montre les différents groupes ou communautés qui sont importants dans la définition de votre identité ». Malgré que j’aie expliqué aux jeunes, lors de mon passage dans les classes, qu’il s’agissait bien de définir les groupes auxquels ils appartiennent, la notion d’« appartenance » n’est pas explicitement mentionnée dans la question. C’est ce qui a amené certains jeunes à inclure des catégories comme « parents » ou « professeurs » dans leur schéma. J’ose croire que ces jeunes ne s’identifient pourtant pas comme appartenant aux groupes des professeurs ou des parents. Cependant, ils jugent que, d’une manière ou d’une autre, ces groupes sont importants dans la définition, dans la formation de leur identité. Ceci étant dit, malgré cette légère imprécision, les réponses soumises par les répondants demeurent utiles et pertinentes afin d’obtenir des indications sur la manière dont les jeunes se projettent en tant qu’individu et se représentent leur manière d’être au monde.

De manière générale, ce que l’on peut relever de l’analyse des graphiques et des schémas soumis par les jeunes, c’est que ceux-ci se définissent, d’abord et avant tout, à partir de leurs différents centres d’intérêt. En effet, parmi les catégories qui sont les plus souvent retenues par les jeunes dans leur définition d’eux-mêmes, les loisirs pratiqués par chacun occupent une très grande place. Le sport et la musique apparaissent comme les principaux déterminants personnels. Plusieurs soulignent qu’ils appartiennent au groupe des « sportifs », de façon générique, tandis que d’autres vont insister sur leur « appartenance » à une discipline en particulier, que ce soit le karaté, le hockey ou l’escalade, pour ne nommer que ceux-là. Au niveau de la musique, il apparaît que ce sont surtout les amateurs de heavy métal qui se définissent en fonction de leur appartenance à une sous-culture musicale. Cette importance du loisir dans la définition de l’identité de chacun est la première constatation que l’on peut tirer des schémas d’identification réalisés par les jeunes.

La seconde catégorie qui est le plus souvent retenue dans la définition de l’identité des jeunes concerne leur statut d’étudiant ou, pour certain, leur travail. Autrement dit, un grand nombre de mes jeunes répondant se définissent via leur occupation. Dans la majorité des cas, c’est simplement le fait d’être étudiant qui est mis en évidence et qui constitue la base sur laquelle on s’identifie à d’autres individus avec qui on partage plus ou moins la même réalité. D’autres sont plus spécifiques quant à leur affiliation et se revendiquent davantage d’un programme d’étude en particulier. Parmi eux, les étudiants en sciences de la nature et les étudiants en musique sont les plus nombreux. Finalement, quelques-uns se définissent aussi en fonction de

l’emploi qu’ils occupent ou de l’emploi qu’ils souhaitent occuper, par exemple en tant que « futur travailleur de la santé » (135-SF-2) ou « future psycho-éducatrice » (150-SF-3)

La troisième constatation que je tire de mes observations relève du fait que l’appartenance nationale, particulièrement l’appartenance au Québec, correspond également à une catégorie identitaire importante pour les jeunes. En effet, tel que cela a également été le cas à la section 2.4.2, ils sont passablement nombreux à inclure une appartenance nationale dans leur schéma d’identification. Dans une large mesure, c’est le Québec qui constitue la plus vaste échelle d’identification, même si plusieurs vont préférer s’identifier au Canada et que d’autres vont revendiquer une appartenance plus régionale, qu’elle soit, par exemple, beauceronne ou aca- dienne. Certains sont même beaucoup plus spécifiques (ou génériques, selon la perspective) et vont s’identifier comme « un gars de la Rive-Sud » (107-SF-2) ou « une fille de la campagne » (135-SF-2). Enfin, quelques-uns vont souligner qu’ils appartiennent au groupe des « franco- phones », mais on peut se douter qu’il ne s’agit pas nécessairement d’un attachement à la francophonie mondiale, plutôt qu’une manière d’affirmer son appartenance à la nation québé- coise qui, nous l’avons vu, se définit beaucoup à travers la langue française et en opposition au Canada anglophone. Toutefois, ce qui apparaît évident, c’est que les jeunes ne sont pas très nombreux à étendre leurs sentiments d’appartenance au-delà des frontières de la nation et à se revendiquer, par exemple, d’une appartenance au genre humain ou à une forme de citoyenneté globale ou cosmopolitique. Il y en a, certes, quelques-uns, mais ils ne représentent pas un segment significatif de l’échantillon.

Il est intéressant de noter que du côté des jeunes qui ont immigré au Québec ou dont les parents sont immigrants, la quasi-totalité des répondants soulignent, dans leur définition d’eux-mêmes, leur appartenance à plusieurs groupes culturels distincts, même si la force de ces appartenances semble très variable. Évidemment, certains ne s’identifient que comme immigrants ou alors, uniquement comme Québécois (ce qui est surtout vrai pour ceux et celles qui ont été adoptés à un très jeune âge). Mais de manière générale, la plupart affirment puiser, dans chacune des cultures, des éléments servant à leur autodéfinition. À ce sujet, la réponse de 081-SF-1 est révélatrice. Lui-même est né à Port-au-Prince et retient la culture haïtienne, transmise par ses parents, comme étant constitutive de son identité. Arrivé au Québec il y a 8 ans, il ne s’identifie pas comme Québécois, mais affirme être tributaire de la culture occidentale, principalement en ce qui a trait à sa « vie sociale » et à son mode de vie. Au confluent de ces deux sources culturelles, haïtienne et occidentale, on retrouve son « moi », son identité qui, nous dit-il, relève d’un choix conscient : « Je choisis les éléments de culture qui m’intéressent ». Cet exemple montre bien les amalgames et les constructions identitaires complexes évoquées par K. A. Appiah (2005)9 et, surtout, le caractère choisi des identités, dont la mise en valeur varie selon les circonstances.

Parmi les autres catégories identitaires fréquemment évoquées, notons que les appartenances

à caractère politique apparaissent importantes pour plusieurs répondants. Ces appartenances prennent la forme d’une adhésion soit à une idéologie ou à un courant particulier, soit à un parti ou à une organisation militante. Ainsi, plusieurs jeunes se définissent en fonction de leurs tendances anarchistes, écologistes, féministes, pacifistes ou, plus généralement, à la gauche politique. Certains se disent libertaires, de droite ou se définissent simplement en tant que contribuables, payeurs de taxes. En ce qui a trait aux organisations auxquelles les jeunes souscrivent (et s’identifient), celles-ci vont du parti politique à l’association étudiante, en passant par divers comités scolaires ou organisations citoyennes. Dans le même ordre d’idée, bien que cela ne relève pas d’appartenances politiques à proprement parler, ni d’organisations dans le sens strict du terme, il faut tout de même souligner, pour ces quelques jeunes qui placent la religion au centre de leur identité, l’importance que revêt leur appartenance à une communauté de croyants, puisse-t-elle être, dans le cadre de mon échantillon, musulmane, mormone ou catholique.

Il faut également noter que la catégorie du « genre » est assez fréquemment évoquée parmi les groupes auxquels les jeunes sentent qu’ils appartiennent. Cependant, cet attachement à une identité sexuée est nettement plus présent chez les femmes, qui sont nombreuses à se re- vendiquer de la communauté féminine. Certains répondants masculins utilisent aussi le genre pour affirmer qu’ils s’identifient, globalement, en tant qu’hommes, mais leur proportion est de beaucoup inférieure à celle des femmes. Toujours en lien avec une identité sexuée, il faut souligner que les membres de la communauté gaie utilisent de manière plus accentuée l’orien- tation sexuelle en tant que marqueur identitaire, ce qui n’empêche toutefois pas un répondant (109-SF-1) de se définir comme « hétérosexuel masculin ».

Finalement, la dernière catégorie à laquelle les répondants s’identifient, le dernier groupe pour lequel ils affirment éprouver un sentiment d’appartenance est leur génération. Cette appartenance s’exprime différemment selon chacun, mais ils sont tout de même passablement nombreux à se définir en tant que « jeunes », en tant que « jeunes du Québec », en tant que « jeunes d’aujourd’hui », etc. Nous avons vu, dans la section 2.3.1.2, que plusieurs de ces jeunes, dans leurs conceptions du politique, ont une conscience aiguisée de ce qui les distingue des générations précédentes et semblent vouloir mettre de l’avant cette distinction afin de marquer une coupure avec un système ou, du moins, avec une certaine manière de faire les choses (politiquement et socialement) qu’ils critiquent et qui, dans leur optique, est le fruit de la génération précédente, jugée responsable des désastres globaux actuels. Cette insistance sur les sentiments d’appartenance à leur génération, je pense, confirme ainsi les observations faites plus haut quant à la volonté des jeunes d’aujourd’hui de se démarquer et de se voir comme la nouvelle force politique.

Chapitre 3

Les jeunes de Québec : plus localistes

que cosmopolites

3.1

Rappel des catégories d’analyse et limites inhérentes aux

choix méthodologiques

L’objectif de cette recherche était de déterminer dans quelle mesure les jeunes de la ville de Québec peuvent, ou non, être considérés comme des cosmopolites. Dans un contexte global marqué par la circulation incessante d’informations, de personnes et de biens, de même que par la cohabitation croissante d’éléments ethnoculturels divers au sein des ensembles urbains de la planète, nous aurions pu nous attendre à ce que les jeunes Québécois portent sur le monde un regard empreint de cosmopolitisme. Pourtant, tel que l’a révélé l’exploration systématique de leurs discours sur la question, force est d’admettre que les jeunes participants à cette étude se rangent davantage dans la catégorie « localistes » que dans celle de « cosmopolites », du moins à plusieurs égards.

D’abord, rappelons sommairement les principaux critères utilisés pour déterminer le degré de cosmopolitisme des jeunes. Ils sont au nombre de quatre et permettent de définir l’idéal- type d’un individu cosmopolite. Dans un premier temps, le cosmopolite est un individu qui a conscience d’appartenir à une société globale ; il est conscient des liens qui unissent les différentes sociétés du monde, de l’interdépendance et de la concomitance des événements et des décisions politiques qui agissent et transforment les communautés humaines de la planète. Dans un deuxième temps, le cosmopolite exprime une volonté délibérée d’entrer en relation avec ce qui est autre ; c’est-à-dire qu’il va volontairement se mettre en situation de rencontre interculturelle. Tel que l’exprime Ulf Hannerz (1990 : 239) « [cosmopolitanism] is a search for contrast, rather than uniformity ». Plus largement, c’est donc aussi un individu qui va se montrer réceptif par rapport aux nouveautés qui sont introduites dans sa société par le biais de l’immigration ou de la diffusion globale de référents culturels. Dans un troisième temps, le

cosmopolite est un individu qui, au-delà des appartenances strictement locales (nationales), va revendiquer son appartenance à l’humanité. Dans cette optique, le cosmopolite est en mesure de s’identifier à des personnes très éloignées de lui sur les plans géographiques ou culturels ; il sait reconnaître, sous la diversité apparente des us et des coutumes, des couleurs de peau, des croyances, des valeurs et des traditions, une nature humaine fondamentale servant de base à un sentiment d’appartenance qui transcende les frontières de la nation. Enfin, le cosmopolite est un individu qui se sent responsable envers l’humanité. Il est conscient que ses actions peuvent avoir des impacts directs et indirects sur la vie d’autres êtres humains dans d’autres sociétés et, surtout, il est enclin à poser des gestes pour améliorer le sort de ses semblables à l’échelle de la planète, même si cela implique qu’il doive lui-même consentir à certains sacrifices, par exemple en donnant de son temps ou en acceptant de réduire sa part des ressources. Reprenant l’étymologie même du terme, le cosmopolite est donc un « citoyen du monde ». Cependant, à partir des caractéristiques énumérées ci-dessus, différents agencements sont possibles, donnant lieu à différents « types » de cosmopolitisme. Tel que je l’ai décrit avec plus amples détails à la section 1.2.71, j’en distingue trois : d’abord, un cosmopolitisme réflexif, qui se subdivise en un cosmopolitisme universaliste et un cosmopolitisme enraciné. Ensuite une « ouverture ostentatoire à la diversité » (ou cosmopolitisme esthétique) et, enfin, un « localisme », qui se traduit par un attachement profond à une communauté et à une identité locale, ainsi que par une tendance à privilégier le bien-être de sa communauté immédiate, parfois au détriment des autres. Cette attitude peut également, mais pas toujours, être jumelée à un rejet plus ou moins marqué des influences extérieures.

La principale limite à ce travail de recherche réside dans le fait que, tout au long du processus d’analyse, il a été très difficile de départager les jeunes qui font preuve d’une véritable ouver- ture par rapport à la diversité de ceux qui se contentent d’une ouverture ostentatoire. Cette difficulté à jauger la sincérité des propos est, bien sûr, inhérente à toute analyse de discours, voire à toute démarche ethnographique puisque, dans ce type d’approche, le répondant dispose d’un degré d’agencéité élevé et peut moduler ses affirmations en fonction de l’image qu’il sou- haite projeter de lui-même. Cependant, dans le cadre de la présente étude, cela a été accentué par le fait que la diversité est, aujourd’hui, largement associée avec le fait d’être « moderne » et d’appartenir à une classe sociale supérieure. Le fait d’être « ouvert » est devenu un critère de distinction sociale et dispose d’un fort capital de désirabilité, ce qui amène plusieurs jeunes à s’approprier les discours sur l’ouverture à la diversité, mais de manière un peu automatique, comme une formule toute faite. Par exemple, le répondant 029-LQ-1 affirme que « la diversité est une bonne chose parce qu’elle nous permet d’être plus ouverts ». Que doit-on comprendre de cet énoncé ? Est-ce que le répondant ne fait que reprendre à son compte les discours hégé- moniques ou exprime-t-il une conscience globale et un intérêt véritable pour le sort des autres humains de la planète ? Le travail de catégorisation s’en est trouvé grandement complexifié, mais de manière générale, le croisement des différentes informations obtenues a permis de

surmonter cet obstacle. Il faut également mentionner le fait que ma collecte de données se soit limitée aux questionnaires distribués en classe ; questionnaires qui n’appelaient, sommes toutes, que des réponses assez courtes. Ainsi ai-je dû composer avec ce que les répondants me donnaient, sans possibilité de les relancer sur certaines questions ou d’approfondir quelques points particuliers, comme on peut le faire lors d’entretiens individuels semi-dirigés. De ce point de vue, on peut dire que j’ai opté pour un échantillon beaucoup plus large et une quan- tité de données beaucoup plus vaste que si j’avais procédé par entretiens, mais que le coût d’option de cette méthode fut de disposer de réponses moins nuancées. J’estime néanmoins que ce choix m’a permis d’obtenir un corpus valide et valable et que les analyses que j’ai pu en tirer offrent un bon niveau de représentativité de la population des jeunes de Québec.

Ceci étant dit, je passerai maintenant à l’examen des faits qui m’amènent à conclure que les jeunes de Québec se rangent davantage dans la catégorie « localistes » que dans celle de « cosmopolites ». Je souligne à nouveau que ces deux catégories représentent les extrémités d’un continuum : ils constituent des idéaux-types et, par conséquent, peu de gens présentent en eux-mêmes l’ensemble des caractéristiques propres à l’une ou l’autre des catégories. Cependant, les données obtenues montrent que les attitudes exprimées par les jeunes s’agrègent autour de deux pôles contrastés, ce qui constitue un indice assez solide pour affirmer l’existence de groupes distincts, théoriquement opposables aux fins de la démonstration (Roudometof, 2005). Dans le présent chapitre, j’aborderai tour à tour les trois facettes du cosmopolitisme qui ont été évaluées, en tentant de déterminer, dans chacun des cas, si, à la lumière de ce que les répondants ont révélé, ils peuvent, ou non, être considérés comme des cosmopolites.

3.2

Entre l’ouverture et le repli : le rapport des jeunes de

Québec à la diversité culturelle

Si l’on s’en tient exclusivement à la définition élaborée par Hannerz (1990), les jeunes de Québec ne pourraient pas, d’emblée, être considérés comme des cosmopolites. La raison en est fort simple : ils ne recherchent pas la diversité culturelle en elle-même, comme une fin en soi. Évidemment, ce serait faux de dire qu’ils ne vivent pas la diversité. Mais s’ils sont en contact avec des éléments culturels venus d’ailleurs, et ce, au quotidien, ils vivent cette situation d’une manière détachée, un peu par automatisme : dans l’univers culturel des jeunes d’aujourd’hui, la diversité va de soi, elle fait partie de la vie, au même titre que les voitures, la télévision ou le capitalisme néolibéral. Ils ont grandi dans ce contexte, marqué par la cohabitation d’éléments culturels d’origines diverses. Ces éléments ont pénétré le tissu social pour, finalement, en venir à constituer leur réalité quotidienne. C’est ce qu’Ulrich Beck (2001) décrit comme un

cosmopolitisme banal2, fortement associé aux habitudes de consommation et à l’univers mé-

diatique qui caractérise de l’époque actuelle. Dans ce contexte, les référents culturels circulent et sont appropriés par les individus. Toutefois, de là à dire que les jeunes recherchent la diver- sité, de façon volontaire et consciente, il y a un pas que je ne franchirai pas.

En fait, le rapport que les jeunes entretiennent envers la diversité culturelle est empreint d’un double mouvement à la fois d’ouverture et de repli. D’une part, la majorité des jeunes se montrent curieux face aux nouveaux éléments culturels qui sont introduits dans la société québécoise par l’immigration et la circulation des scapes (Appadurai, 2001). Leurs discours révèlent qu’ils ont envie de connaître, de découvrir et d’apprendre au contact de la différence ; ils ont soif de nouveauté, soif de mouvement. Mais cet intérêt reste superficiel et se limite bien