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1.3 Contexte de la recherche

1.4.4 Analyse des données

L’approche analytique préconisée se fonde sur une analyse de contenu du discours des jeunes, à partir des réponses qu’ils ont fournies au questionnaire. Suivant Paillé et Mucchielli (2008 : 162), j’estime que l’analyse de contenu a deux fonctions principales : « une fonction de repérage et une fonction de documentation ». Il s’agit d’une méthode d’analyse qui tente principale- ment de mettre en évidence les représentations sociales ou les jugements des locuteurs à partir d’un examen attentif de certains éléments constitutifs de leur discours. « Le choix des termes utilisés, leur fréquence et leur mode d’agencement, la construction du “discours” et son dé- veloppement constituent des sources d’information à partir desquelles le chercheur tente de construire une connaissance » (Van Campenhoudt et Quivy, 2011 : 206). En procédant à un dépouillement systématique du contenu de chacune des réponses à chacune des questions, j’ai donc été en mesure de comparer les discours et de les classer selon les thématiques que les jeunes ont eux-mêmes fait émerger. Cette méthode m’a ainsi permis de traiter une grande quantité d’informations de manière structurée, rigoureuse et réflexive. Pour Van Campen- houdt et Quivy (2011 : 210), l’analyse de contenu comporte plusieurs avantages : elle permet d’étudier l’implicite, elle force le chercheur à prendre du recul par rapport à ses propres inter- prétations, et elle est méthodiquement rigoureuse, sans que cela ne nuise à la profondeur de l’analyse.

Cette systématicité propre à l’analyse de contenu et le recul critique qu’offre cette méthode m’a permis de demeurer alerte face aux dangers inhérents de la surinterprétation, qui guettent tout chercheur en sciences sociales. De cette façon, j’ai été en mesure d’accéder à un certain degré de généralisation, mais en restant toujours collé de très près à ce que les répondants eux-mêmes ont dit. Et malgré que la procédure d’échantillonnage adoptée ne me permette pas de prétendre à la représentativité statistique, elle m’a tout de même permis d’entrer en contact avec un nombre important de jeunes issus d’horizons très variés. En définitive, considérant le caractère relativement uniforme des réponses qui m’ont été fournies, je suis amené à penser que le contenu de mon corpus est tout de même représentatif d’une part importante de la population des jeunes de la ville de Québec.

Chapitre 2

Présentation des résultats

La présentation des résultats de l’enquête procède en explorant tour à tour les trois grandes facettes du cosmopolitisme évaluées dans le cadre du questionnaire, à savoir : 1. le rapport des jeunes à la diversification et les attitudes relatives à la diversité culturelle ; 2. le rapport au politique et 3. la construction identitaire et les échelles d’appartenance. Pour chacune de ces facettes, je présente les discours que les jeunes ont tenus en les organisant autour des catégories ayant émergées au cours de l’analyse thématique. Par souci de rigueur et de lisibilité, j’ai choisi d’extraire des citations directement des questionnaires et de les présenter telles quelles afin de réellement demeurer au plus près de ce que les jeunes ont dit. Les seules modifications apportées concernent la correction des erreurs d’orthographes et il subsiste donc certaines erreurs grammaticales en lien, notamment, avec la formulation des phrases. Ces erreurs n’ont pas été corrigées dans le but de conserver l’authenticité des citations et de transmettre une certaine part de l’émotion que l’on est en mesure de distinguer à travers le choix des mots et de leur agencement.

2.1

Rapport à la diversification et attitudes relatives à la

diversité culturelle

Dans un premier temps, j’ai tenté d’appréhender le degré de cosmopolitisme des jeunes de Québec à partir de leur rapport à la diversité culturelle. Pour la plupart des auteurs qui travaillent sur la question, une attitude d’ouverture vis-à-vis de la diversité constitue, en effet, la principale caractéristique permettant de reconnaître un individu cosmopolite. Selon Hannerz (1990), par exemple, le cosmopolitisme est d’abord et avant tout une volonté consciente de s’engager auprès de ce qui est étranger : « it is a search for contrast rather than uniformity » (1990 : 239). Ainsi, tandis que les « localistes » vont valoriser leur patrimoine et leur identité locale, les cosmopolites vont chercher à établir des ponts entre les différentes cultures. Dans cette optique, je me suis donc demandé quel type de regard les jeunes de la ville de Québec portent sur la diversité : la recherchent-ils ; la craignent-ils ; s’en accommodent-ils comme

quelque chose qui va de soi, mais qui ne suscite pas d’inclinations particulières ?

Afin de saisir au mieux l’éventail des positions que les jeunes adoptent par rapport à la diversité culturelle, j’ai choisi de formuler la question de manière à ce qu’ils aient à se prononcer sur l’impression qu’ils ont des transformations qui touchent leur propre société. En évitant une question générale du type : « que pensez-vous de la diversité culturelle ? », je souhaitais être en mesure de dépasser la simple rectitude politique. Nous y reviendrons un peu plus loin, mais tel que le soulignent Fridman et Ollivier (2004), la plupart des secteurs de la société présentent habituellement la diversification comme ce vers quoi on devrait tendre, comme un gage de succès. Cela fait en sorte que l’ouverture à la diversité, par un ensemble de dispositifs discursifs, en vient à constituer la « culture légitime » et il est dès lors difficile de se positionner contre la vertu. En attirant l’attention des jeunes sur la diversification de leur propre milieu de vie, je souhaitais ainsi faire résonner une corde sensible chez mes répondants ; cette même corde dont la vibration a fait s’agiter le Québec lors de ce que l’on a convenu d’appeler la crise des accommodements raisonnables.

À la première question, je demandais aux répondants d’expliquer de quelle manière ils perce- vaient la diversité culturelle croissante au sein de la société québécoise et comment ils envisa- geaient l’avenir par rapport à cette situation. Par la seconde question, je cherchais à obtenir le même type d’information, mais en empruntant un autre chemin, un peu plus évasif : je deman- dais aux répondants s’ils croyaient qu’il était préférable de vivre dans une société diversifiée ou homogène sur le plan culturel, et pourquoi.

De manière générale, commençons par souligner que, d’après les données que j’ai pu récolter, les attitudes des jeunes par rapport à la diversité culturelle sont extrêmement partagées et qu’il serait vraiment très périlleux de tenter de parler de la « jeunesse québécoise » dans une perspective qui se voudrait uniforme et englobante. En effet, les opinions et les positions exprimées dans les questionnaires s’inscrivent sur un continuum qui s’étend du très ouvert au très fermé avec, entre les deux, une série de positions mitoyennes, réclamant un degré plus ou moins grand d’ouverture à la diversité au sein de la société québécoise. Je commencerai par présenter les attitudes favorables à la diversification de la société québécoise, ainsi que les raisons qui amènent les jeunes à se montrer enthousiastes face à la diversité, avant d’explorer, dans un deuxième temps, les positions plus conservatrices.