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1.3 Contexte de la recherche

1.4.2 Précisions sur les lieux et la population d’enquête

Cette étude, s’appuie sur un corpus constitué de 169 questionnaires à réponses ouvertes (voir Annexe D) recueillis à Québec entre novembre 2012 et janvier 2013. Afin d’obtenir un maxi- mum de diversité dans les points de vue et de dresser un portrait global de la situation, j’ai rencontré six groupes de jeunes dans les trois principaux cégeps publics de la ville de Québec, soit le cégep de Limoilou, le cégep de Sainte-Foy et le collège François-Xavier-Garneau. Il aurait été intéressant d’avoir accès à des étudiants issus du Collège Champlain St Lawrence, seul établissement d’enseignement anglophone à Québec, mais malgré des démarches actives et répétées auprès de la direction et des professeurs, ceux-ci se sont, malheureusement, montrés assez peu enthousiastes par rapport au projet. Évidemment, cette enquête ne prétend pas à la représentativité statistique de l’ensemble de la population des jeunes de Québec, compte tenu de la méthode d’échantillonnage non probabiliste et de la taille relativement faible de l’échantillon (169 répondants). Cependant, considérant que le taux de participation aux études postsecondaires des jeunes âgés de 18 à 20 ans n’a cessé d’augmenter pour atteindre 79% en décembre 2005 (Statistiques Canada, 2006), il y a lieu de penser qu’en 2012, le réseau des cégeps aura tout de même permis d’avoir accés à un éventail assez large de la population des jeunes de Québec.

Le choix de passer par le réseau d’enseignement collégial de la région de Québec a été condi- tionné par le fait qu’il permettait de rejoindre des milieux variés, tant sur le plan socioécono- mique que sur le plan des profils personnels des jeunes. Car bien que tous les établissements offrent des programmes communs de formation générale et technique, chacun d’eux tente de

développer une niche particulière afin d’attirer une clientèle ayant des intérêts plus spécifiques. Ainsi, le Collège François-Xavier-Garneau est le seul à offrir le programme de baccalauréat international tandis que le cégep de Limoilou a développé des programmes de techniques des métiers d’art, telles que la lutherie, la céramique et l’ébénisterie artisanale. Chacun des établissements répond donc à des besoins particuliers, en même temps qu’il dessert une popu- lation locale dont le choix du cégep relève davantage de considérations telles que la proximité géographique avec le lieu de résidence.

Les cours de philosophie représentaient un contexte particuliérement bien adapté pour mener la recherche, en regard des questions que je souhaitais aborder avec les jeunes. En effet, d’après la définition qu’en donne le Ministère de l’Éducation des Loisirs et des Sports du Québec [ci- après MELS] « l’enseignement de la philosophie a pour objet la formation de la personne pour elle-même et en tant que citoyen ou citoyenne ayant un rôle politique, social et professionnel à jouer. Il forme à la réflexion critique et méthodique sur des questions qui préoccupent les êtres humains dans leur quête de sens ou de vérité » (2009a). Plus spécifiquement, en ce qui a trait au cours éthique et politique, celui-ci vise à amener l’étudiant à « porter un jugement sur des problèmes éthiques de la société contemporaine » (MELS, 2009b). Notons cependant qu’au-delà des thématiques abordées, l’intérêt de mener l’étude à l’intérieur du cadre offert par ce cours reposait également, et dans une plus large mesure, sur le fait qu’il soit fréquenté par l’ensemble de la communauté étudiante. Ainsi, contrairement aux cours d’anthropologie ou d’histoire, qui auraient très bien pu fournir des cadres intéressants à la recherche, les cours de philosophie ne sont pas uniquement dispensés à des étudiants du programme de sciences humaines. Il s’agit de cours obligatoire que les étudiants de tous les programmes, autant préuniversitaires que techniques, doivent suivre pour compléter leur formation.

C’est sans réelle surprise que les programmes les plus populaires auprès des jeunes sont les programmes de formation générale préuniversitaire en sciences naturelles (60 répondants) et en sciences humaines (38 répondants). Mais outre ce bloc important, ce sont pas moins de 20 programmes qui sont représentés au sein de l’échantillon, allant des secteurs techniques aux secteurs préuniversitaires, en passant par les programmes enrichis tels que le baccalauréat international. Pour n’en nommer que quelques-uns, mentionnons : la technique en animation 3D ; la technique en assurance et services financiers ; les baccalauréats internationaux en santé, en langue, en gestion de commerce, en sciences et génie ; nommons également la technique en ébénisterie, en éducation à l’enfance, en géomatique et en musique8.

En ce qui a trait à l’âge des répondants, ceux-ci se retrouvent tous entre 17 et 23 ans, avec une forte concentration à 18 ans (52% des jeunes) et une très vaste majorité (90%) entre 18 et 20 ans. Parmi l’ensemble des répondants, 89 sont des filles et 80 sont des garçons. Cette tranche

8. Les autres programmes représentés sont : Arts et lettres, Arts plastiques, Audiovisuel, Commerce et gestion, Comptabilité, Génie mécanique, Informatique, Informatique de gestion, Sciences informatiques et mathématiques, Système électronique.

d’âge particulière a été sélectionnée en raison de l’importance cruciale qu’elle revêt dans la vie personnelle et citoyenne des jeunes Québécois. C’est en effet l’âge auquel les individus atteignent leur majorité et sont considérés comme des adultes par la société. On leur demande dès lors de devenir des citoyens responsables, de réfléchir par eux-mêmes et de prendre seuls les décisions qui concernent leur vie. C’est également l’âge auquel les jeunes obtiennent le droit de vote ; il s’agit de la période durant laquelle une grande majorité d’individus en sont à leurs premiers balbutiements dans la vie politique de leur société. C’est l’époque à partir de laquelle un individu est amené à s’intéresser, ne serait-ce que minimalement, à la chose publique en raison des enjeux qui le concernent de plus en plus directement. Il a donc semblé pertinent de se pencher sur cette génération politique montante qui, lentement, sera amenée à prendre de plus en plus de place dans la vie publique de sa communauté et, surtout, à en influencer le cours. Il est également intéressant de considérer que ces jeunes, nés aprés 1990, n’ont connu d’autres réalités que celle de la globalisation et que, sans conteste, leur manière de percevoir les événements et de faire sens du monde est tributaire de ce contexte particulier et les distingue des générations qui les ont précédés.

Pour ce qui est de la diversité culturelle, la plupart des répondants (89,3%) sont nés au Québec, de parents québécois, mais une proportion d’un peu plus de 10% de l’échantillon est née à l’extérieur du Québec. Il s’agit là d’une donnée importante si l’on considère que les immigrants, dans la ville de Québec, représentent à peine 3,7% de la population totale (Lessard et Echraf, 2009 : 14). Le cégep apparaît ainsi comme un milieu de vie beaucoup plus diversifié que ce que l’on retrouve généralement dans le paysage urbain de la ville de Québec. En ce qui a trait aux pays d’origine, notons que l’ensemble des régions du monde sont représentées. Nous retrouvons, parmi les jeunes nés à l’extérieur du Québec, 4 jeunes provenant du Moyen- Orient et du Maghreb ; 5 jeunes d’origine européenne ; 3 Sud-Américains ; 5 Asiatiques, 3 jeunes d’origine africaine (incluant Haïti) et 2 Canadiens nés hors Québec. Pour l’ensemble de l’échantillon, le français constitue la principale langue parlée à la maison dans une proportion de 95%. Les autres langues sont l’arabe (3 répondants) ; l’espagnol (2 répondants) ; l’anglais (1 répondant) ; l’algonquien (1 répondant) et le portugais (1 répondant).