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Chapitre 2. Qu’est-ce donc que la Ticéitude alors?

2.12. Le savoir apprendre en Ticéitude

Ce n’est pas parce que les choses sont difficiles que nous n’osons pas; c’est parce que nous n’osons pas que les choses sont difficiles! (Sénèque)

Vis comme si tu devais mourir demain. Apprends comme si tu devais vivre toujours (Gandhi)

2.12.1. Qu’est-ce qu’apprendre?

D’abord, considérons la question: qu’est-ce qu’apprendre? «Apprendre» vient du latin apprehendere qui veut dire « prendre », « saisir », « attraper ». Il y a donc une forme d’appropriation, de prise de possession. C’est donc aussi faire sienne la connaissance. Apprendre est un processus individuel; c’est construire et organiser ses connaissances par son action propre (approche constructiviste). Apprendre est une construction du savoir où les attitudes et les représentations des apprenants jouent un rôle fondamental. Mais, c’est aussi interagir avec son environnement dans un milieu social et culturel (Nicole Poteaux, 2003). Savoir apprendre, c’est être autonome. Il faut changer pour apprendre et on change en apprenant. Dans une démarche d’apprentissage, on est co-responsable et co- constructeur de son apprentissage. Pour reprendre Monique Linard (2002): «l’apprenant est de loin son meilleur pilote». L’intelligence n’est pas fixée une fois pour toute et donc elle peut être dynamisée par l’action, la médiation et la métacognition. L’apprenant perçoit puis agit et c’est cela qui est fondateur du vivant. C’est donc dans l’interdépendance de la perception et de l’action que s’enracine la connaissance. Il faut donc oser apprendre et quand nous osons, nous développons notre croyance

en notre capacité de réussir (Bandura). Pour oser, il faut bien entendu être motivé, mais on constate qu’une certaine habitude langagière nous amène à conjuguer le verbe «motiver» à la voie passive. Du point de vue de l’apprenant, on réfère ici au «je ne suis pas motivé». Cela place la responsabilité de l’apprentissage ailleurs qu’en soi-même. Mais la motivation est un processus dynamique et intentionnel. Pour apprendre, il faut être conscient de ses perceptions internes et de ces perceptions externes (Environnement d’apprentissage, contexte d’enseignement). Mais il y a plus car il faut aimer apprendre. Pour paraphraser Confucius: «Celui qui aime apprendre est bien près du savoir». Pour apprendre, il faut aussi tolérer les incertitudes.

Toute situation d’apprentissage met en jeu deux processus distincts:

1. un processus d’acquisition: une internalisation des savoirs et des savoir-faire; c’est un processus cognitif, interne, non-conscient et involontaire;

2. un processus d’apprentissage proprement dit qui est observable, conscient et volontaire; autrement dit des instruments mis au service de l’acquisition.

L’apprentissage est une succession plus ou moins longue d’actes ou d’activités et donc de comportements spécifiques. Savoir apprendre c’est donc se définir des actes d’apprentissage et les évaluer, savoir aussi organiser leur accomplissement au coup par coup et dans leur succession. Mais surtout, savoir apprendre, c’est se donner des objectifs d’acquisition et savoir analyser les besoins langagier, c’est-à-dire les raisons que l’on a de se lancer dans l’apprentissage d’une langue par exemple. Ajoutons que toutes les raisons sont bonnes. Il faut donc savoir se donner les moyens d’atteindre ces objectifs et savoir évaluer les résultats obtenus. L’apprenant doit savoir développer une conscience langagière, l’acquisition d’une nouvelle culture langagière avec des objectifs et des moyens pour y parvenir.

2.12.2. Apprendre à apprendre en Ticéitude

Les TIC accentuent cette idée que les connaissances existent complètement par elles-mêmes, à l’extérieur des individus comme un paysage à parcourir et à visiter, plutôt que comme des processus dynamiques à construire dans la tête des apprenants (Aubé, 1996). Chaque technologie fait évoluer l’écosystème social, relationnel ou pédagogique dans lequel elle s’insère. Il n’y a pas d’acquis sans perte, mais il n’est pas de technique qui ne nécessite pas l’évolution et la participation du vivant (Seraphin Alava).34

Est-ce que sur l’autoroute électronique, les voyages forment la jeunesse?

En Ticéitude, l’action est dynamisée; on aborde les contenus d’une autre manière: 1. cela favorise la métacognition;

2. cela favorise la personnalisation de l’apprentissage; 3. il y a un aspect ludique avec les TIC;

4. il y a une implication accrue de l’utilisateur;

5. l’apprenant a un regard immédiat et discret sur son parcours.

Dans les situations traditionnelles, on constate une prééminence de l’enseignement sur l’apprentissage où la gestion du temps ne s’adapte pas aux besoins individuels.

En Ticéitude, nous avons veillé à ce qu’il ne se produise pas une surcharge cognitive qui peut désorienté l’apprenant. Le professeur choisit les modules sur son calendrier et veille à ce que l’apprenant développe des stratégies métacognitives appropriées. L’apprenant agit (action), c’est-à- dire qu’il s’engage à participer activement; puis il interagit, c’est-à-dire qu’il change (Il faut changer pour apprendre et on change en apprenant) et évolue avec les autres. Il coopère et il partage. L’apprenant développe une réflexion critique de son expérience. Il aura fallu du temps, mais nous pensons que nous sommes arrivés à l’âge de raison technologique. Avec l’usage des TIC, on constate une amplification cognitive; ils renforcent la boucle biologique entre l’action et la perception, représentation et affect, qui fonde notre intelligence. En Ticéitude, on est acteur, co-responsable et co-constructeur de son apprentissage avec les autres et on développe quatre stratégies:

1. se connaître comme apprenant; il est important de se connaître pour engager l’action;

2. réfléchir sur et dans l’action; l’apprenant prend le temps de réfléchir car il sait qu’il peut répéter le module en ligne par exemple; la métacognition consiste à réfléchir sur sa propre façon de penser, d’agir et d’apprendre, d’en évaluer l’efficacité pour l’améliorer (les stratégies métacognitives sont encore plus cruciales dans l’apprentissage avec le multimédia);

3. créer des réseaux et une base de ressources (On n’apprend jamais seul); en cherchant à comprendre et à faire comprendre, on améliore du même coup notre propre compréhension (Valeur altruiste et existentielle);

4. être autonome; notre dispositif en ligne offre en fait une formation autonomisante; l’apprenant devient de plus en plus autonome. Comme nous l’avons déjà mentionné, c’est le «je suis seul mais avec les autres».

La navigation dans l’hypermédia s’apparente à la navigation en haute mer, elle suppose l’acquisition de techniques spécifiques à ce domaine.

Grâce au réseau attaché au dispositif que nous avons mis en place, il se crée très rapidement une émulation et une coopération qui mène à de meilleures performances que d’autres formes d’interactions, telle que la compétition (Pelgrims Ducrey, 1996).

2.12.3. Apprendre à apprendre et la contagion autonomisante en Ticéitude

Education is what survives when what has been learned has been forgotten (B.F. Skinner, 1964) (L’éducation est ce qui survit quand ce qui a été appris a été oublié)

Ce n’est plus un secret pour personne que les technologies augmentent les facultés cognitives des apprenants et aussi leur capacité d’être autonomes.

L’autonomie, c’est construire un projet d’action et gérer la réalisation de ce projet au sein d’une structure qui définit les contraintes globales et apporte une aide lorsqu’elle est nécessaire. Etre autonome, c’est savoir se fixer des objectifs que l’on peut atteindre et gérer son temps et ses activités en fonction de ces objectifs au sein d’un ensemble plus grand qui détermine ce qui est possible et ce qui ne l’est pas (H Portine). L’apprenant en langue étrangère doit développer sa capacité de faire des choix et accepter de pouvoir se tromper. Pour Monique Linard (2003), «apprendre, c’est créer des liens». Nous l’avons déjà mentionné: tisser des liens (TICER). Eh bien, c’est exactement ce que font les apprenants en Ticéitude qui utilisent notre dispositif. En Ticéitude, chaque apprenant a quelque chose à offrir. La classe technologique est riche. Plus l’apprenant devient autonome, plus il a envie d’être autonome. L’autonomie engendre une responsabilité, et, du même coup, renforce la motivation. Les apprenants qui utilisent notre parte-forme deviennent plus autonomes, et, ainsi, le rôle du professeur a changé. Les professeurs de Toowoomba Grammar et de Fairholme à Towoomba (Queensland) sont devenu(e)s des «facilitateurs/ facilitatrices» ou des «coach»; ainsi la relation professeur-apprenant a changé: le processus où les apprenants sont de plus impliqués dans leur apprentissage avec leur professeur, facilite la collaboration et renforce l’estime de soi. Cela renforce également les compétences basiques grâce à des projets en ligne basés sur des tâches authentiques (Préparer ses vacances, préparer un repas en groupe, découvrir la France du vingt-et-unième siècle, etc.). En Ticéitude, il se crée ce que nous appelons une «contagion autonomisante», car quand un apprenant ou un groupe d’apprenants devient plus autonome, il/ ils entraînent les autres dans leur sillage. Cette notion d’entraînement est essentielle en Ticéitude, puisqu’elle renforce la notion de guidage ou d’accompagnement. Une telle perspective se place dans ce que nous appelons un système ou plutôt un environnement «facilitateur d’opportunités». Notre philosophie est simple en fait; nous pouvons la résumer ainsi:

1. L’usage de la technologie avec bon sens et vision pour renforcer tout apprentissage; 2. un engagement de l’apprenant grâce à des contenus riches et diversifiés;

5. le soutien des parents ou tout autres adultes qui veut s’insérer dans la communauté.

Il suffit de lire une statistique qui est parue aux Etats-unis il y a quelques années (Source, USA today: élèves de 6 à 11 ans, US Department of Education, 2000) pour se convaincre que l’apprentissage en ligne est demandé par les apprenants:

A la question: qu’est-ce qui rend une nouvelle matière plus intéressante pour moi?

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Internet 34 %

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TV program 24 %

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Professeur 26 %

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Méthodes ou livres de classe 12 %

«On n’enseigne pratiquement jamais rien en donnant des instructions directe, mais plutôt par la création de paramètres ou plutôt d’un cadre d’apprentissage», John Dewey35 (1932. p 1032). De nos jours, nous avons les moyens de créer des cadres d’apprentissage très puissants grâce à la technologie, et c’est bien ce que nous avons essayer de faire! On peut toujours enseigner comme nous le faisions auparavant, il y a une trentaine d’années, mais si nous pouvons enseigner, apprendre à un jeune en stimulant sa curiosité, il continuera son processus d’apprentissage pour le restant de ses jours. Car, finalement, apprendre, c’est aussi vouloir apprendre en étant curieux, inquisiteur: le vouloir apprendre étant la base de tout apprentissage. Nous terminons ce passage en disant ceci: vivre, c’est apprendre!