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3.1. La vidéo-leçon (capsules vidéos dans une perpective hybride)

Confucius: «Je vois et j’oublie; j’entends et je retiens, je fais et je comprends »

Cette étude a pour but de démontrer les avantages de l’utilisation de la vidéo-leçon (ou capsule vidéo) interactive comme base d’un cours dans une perpective hybride en français langue étrangère. Une centaine d’étudiants ont participé à ce projet dans le cadre d’un apprentissage en immersion à la Maison de Ste Claire, centre pour l’apprentissage de la langue et de la culture française en Nouvelle Galles du sud en Australie. Tous les apprenants venaient de lycées australiens pour préparer leur baccalauréat (High School Certificate) en fin de première ou en terminale. Un petit groupe d’adultes a aussi participé à ce projet (Niveau faux-débutants). La programmation à la Maison de Ste Claire est toujours très intense:

Journée typique à la Maison de Ste Claire

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Matinée: 2 heures en ligne sur une plateforme avec vidéos-leçons, posters pédagogiques et exercices, quiz, 2 heures de cours en présentiel, activités, jeux de rôles, projets, révision, exercices répétitifs (drills).

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Après-midi: activités: cuisine, lecture, jardinage, jeux de société, jeux de piste.

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Soirée: films français (sous-titrés en français).

3.1.1. Développer une certaine autonomie

Emmanuel Kant36 affirme « ce que l’on apprend le plus solidement et que l’on retient le mieux, c’est

ce que l’on apprend en quelque sorte par soi-même ». Nous avons déjà abordé la question de l’autonomie dans les chapitres précédent, mais il convient d’y revenir pour ancrer ce concept dans l’approche soutenue par une vidéo-leçon ou capsule vidéo. Apprendre par soi-même est devenue une valeur pédagogique importante. A l’évidence, cela se situe dans la logique de la centration sur le processus apprendre. La prise en charge de l’apprentissage par l’apprenant est l’une des idées centrales d’un modèle portée par une logique de type humaniste. Dans cette optique, la finalité est de redonner un véritable pouvoir de décision à l’apprenant (G Holtzer, 1995). L’autonomie de l’apprenant est devenue un thème central dans la didactique des langues depuis quelques année. On

parle aussi d’apprentissage par expérience. Mais autonomie de veut pas dire autodidaxie ou indépendance. Cette capacité d’autonomie n’est pas innée, elle doit s’acquérir; nous l’avons déjà expliqué dans les chapitres précédent. Il faut d’abord que l’apprenant accepte la responsabilité de son propre apprentissage. L’autonomie peut être définie comme « une capacité à apprendre » (Henri Holec et Marie-José Barbot) dont le développement doit être soutenu par le dispositif pédagogique. Nous pouvons certainement ajouter «une volonté à apprendre».

Holec définit le concept d’«autonomie» ainsi: « la capacité de prendre en charge son propre apprentissage. »37. Mais autonomie ne veut pas dire apprentissage sans enseignant.

Little a élargi la définition de Henri Holec ( 1979: 32) en l’adaptant au contexte scolaire. Selon lui, il y a une relation entre l’apprenant et le contenu de son apprentissage ainsi que le processus de son apprentissage.

L’autonomie est essentiellement la capacité d’être détaché, de réflexion critique, de prendre des décisions and d’une action indépendante. Cela présuppose que l’apprenant peut développer une relation psychologique particulière sur le processus et le contenu de son apprentissage. La capacité d’autonomie sera démontrée dans la façon dont l’apprenant apprend ainsi que la façon dont il/elle est capable de transférer ce qui a été appris dans un contexte plus large.38

Quant à nous, et dans notre contexte, nous définirons l’autonomie ainsi: la capacité de prendre la

responsabilité de son propre apprentissage ainsi que la capacité à apprendre et savoir comment apprendre.

Il s’agit de mettre en place des stratégies pour apprendre plus efficacement et cela ne veut pas nécessairement dire que l’apprenant devra travailler dur et complètement seul. Au contraire, l’enseignant doit aider l’apprenant, le guider à devenir autonome. On sait aujourd’hui que l’autonomie accroît également la motivation (Ehrman et Dornyei ,1998), mais on sait aussi que la motivation ne se décrète pas. L’autonomie est à la fois une finalité et un moyen (Barbot, 2001). L’autonomie étant également un moyen, on comprend que ce qui est important dans tout apprentissage, c’est le cheminement pour arriver à une finalité. Par ailleurs, on entend par autonomie la capacité de l’apprenant de prendre des initiatives y compris en contexte scolaire, le contraire étant la dépendance (Germain & Netten : 2004). Il s’agit d’une approche où l’apprenant apprend à apprendre encore une fois! Le vingt-et-unième siècle voit l’émergence d’une nouvelle pédagogie de l’enseignement des langues: on est en train de passer d’une centration sur les professeurs à une centration sur l’apprenant

37Traduction effectuée par nos soins: the ability to take charge of one’s learning.

38Traduction de l’anglais par nos soins: Essentially, autonomy is a capacity – for detachment, critical reflection, decision- making, and independent action. It presupposes, but also entails, that the learner will develop a particular kind of psychological relation to the process and content of his learning. The capacity for autonomy will be displayed both in the way the learner learns and in the way he or she transfers what has been learned to wider contexts.

non seulement grâce aux nouvelles perpectives d’apprentissage (perpective actionnelle) mais également grâce à l’utilisation de plus en plus fréquente des TICE, et, nous pensons que la perpective hybride d’apprentissage va faire évoluer les systèmes éducatifs dans le monde entier. L’heure est venue de sortir de «l’apprentissage à la petite cuillère» (Spoon feeding) dans lequel le professeur est omniprésent et de redonner le «pouvoir» aux apprenants.

Nous avons déjà expliqué que la perspective hybride dans l’enseignement et l’apprentissage des langues est devenue depuis quelques années très populaire non seulement chez les apprenants mais aussi chez les professeurs. Les plateformes qui accueillent des cours hybrides sont très nombreuses dans les universités américaines et ce dans tous les domaines de l’éducation.

D’abord, essayons de donner un sens à cette notion d’hybridation sur notre dispositif: la perspective hybride englobe une série de cours qui sont dispensés à la fois en présentiel et à distance. Le cours hybride se situe à mi-chemin entre le cours à distance proprement dit et un type de leçons où le présentiel et le distanciel se complètent. L’hybridation a aussi pour vocation d’accroître l’autonomie des apprenants et d’aider ceux-ci à «construire» leur apprentissage et de ce point de vue se réclame de l’approche constructiviste et du modèle vigotskien (Vigotsky. L.1998). La langue est un objet social avant d’être un objet de savoir. Mais nous pourrions aussi parler de «classes inversées» dans l’approche que nous avons adoptée car les apprenants suivent les cours sur les capsules vidéos, et ainsi, assimilent les bases qui leur sont nécessaires ou révisent des structures qui n’étaient jusqu’à lors pas ou peu assimilées. L’approche hybride procure également de nombreux avantages, nous l’avons vu, notamment celui d’apporter une grande souplesse au niveau des horaires de travail chez l’apprenant. En ce qui concerne l’apprentissage des langues, l’approche hybride permet de «gagner du temps» grâce à une plateforme où la théorie du cours est dispensée en ligne, ce qui permet aux professeurs de consacrer plus de temps à travailler l’expression orale et écrite. Les apprenants en Australie passent très peu de temps à pratiquer leur expression orale ou écrite (le plus souvent ils rendent seulement un devoir écrit par semaine). Dans l’apprentissage scolaire des langues plusieurs participants entrent en jeu et plusieurs types de processus. L’apprenant fait partie d’une communauté à laquelle participent d’autres apprenants et un enseignant. Nous avons déjà insisté sur la notion de groupe et d’apprentissage collaboratif en Ticéitude. La communauté médiatise le processus d’apprentissage pour elle-même et pour ses membres et opère une répartition spécifique du travail. La plateforme hybride vient en renfort de cette médiatisation qui met en place la progression. La profession de «professeur» a évolué - évolue toujours; nous l’avons dit. On voit de nos jours de plus en plus les termes «facilitateur» ou «instructeur», «coach», voire «accompagnateur pédagogique». Le professeur n’est plus le seul à transmettre le savoir, la connaissance. Par ailleurs,