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Saussure, Benveniste et Bakhtine au service d’un enseignement de l’écriture repensé

Chapitre 3 : Saussure, Benveniste et Bakhtine, des regards complémentaires

1) Saussure, Benveniste et Bakhtine au service d’un enseignement de l’écriture repensé

1. 1. Le mot : une oscillation permanente entre une langue singulière, subjective et une langue externe ?

Le mot dans le Cours de linguistique générale, est obtenu par décomposition de la phrase (unité de parole) en deux chaines : phonique et conceptuelle. La comparaison de l’unité dans d’autres emplois valide ou non l’appartenance à la langue. Si le même concept coïncide avec la même chaîne phonique, l’entité considérée est une unité linguistique. Le mot, est une unité de la parole du sujet qui en l’énonçant la met à l’épreuve de la langue. Les rapports associatifs créés entre les mots constituant alors « ce trésor intérieur qui constitue la langue chez chaque individu. » (Cours de linguistique générale, 1984 : 171).

Ainsi compris, le mot associé mentalement à d’autres revêt un sens singulier. Chaque individu selon son histoire, sa position sociale, sa culture a un répertoire linguistique différent et ne procédera pas aux mêmes associations. Si un individu ne dispose que de l’opposition gentil/ méchant, elle n’aura pas le même sens que s’il dispose à la fois de gentil/ méchant, et dangereux/inoffensif. Se créent ainsi des sortes de constellations sémantiques.

Dans les Écrits de linguistique générale (pages 82 et 83), Saussure donne trois autres définitions du mot mot :

- il peut se définir comme extérieur à l’individu voire même à la communauté pour devenir cette entité couchée dans le dictionnaire. Sa signification dans ce cas est « un attribut du mot » ;

- par la deuxième définition « le mot lui-même est indubitablement hors de nous, mais […] son sens est en nous ; […] il y a une chose matérielle, physique, qui est le mot, et une chose immatérielle, spirituelle qui est son sens » ;

- par la troisième, « le mot pas plus que son sens n’existe hors de la conscience que nous en avons, ou que nous voulons bien en prendre à chaque moment ».

Par cette première acception du mot, la langue est extérieure à l’individu, à la communauté même : elle est le lien social entre tous (Cours de linguistique Générale, 1984 : 30) dont les composants, les mots sont déposés dans les dictionnaires et dont le fonctionnement, nous le supposons, est décrit dans les grammaires. Sorte de langue insaisissable, « art du bien dire et du bien écrire » auquel personne n’accède vraiment parce qu’éminemment riche, trop riche

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pour qu’un seul individu puise l’appréhender dans toute sa complexité. Cette définition est déjà présente dans le Cours « la langue n’est complète dans aucun, elle n’existe parfaitement que dans la masse » (1984 : 30).

La deuxième définition rend compte d’une entité clivée : elle n’a en premier d’existence que par son sens, sa matérialité ou mise en forme n’intervenant qu’après. Le mot est entité signifiante avant un dire possible. Par la troisième, le mot ne peut être en dehors de la conscience des sujets :

Ainsi le lieu du mot, la sphère où il acquiert une réalité, est purement l’ESPRIT, qui est aussi le seul lieu où il ait son sens : on peut après cela discuter pour savoir si la conscience que nous avons du mot diffère de la conscience que nous avons de son sens (Écrits de Linguistique Générale, 2002 : 83)

Si le mot prend sa source dans le signe de la langue, une fois assimilé et intégré aux autres mots déjà présents en mémoire, il participe à la constitution d’une langue interne, intime et à ce point intime que le mot n’est plus qu’en conscience. La langue se situe dans cet intervalle : d’un côté une langue inatteignable dans sa complexité totale, une entité hors usage pour le sujet qui ne peut en avoir conscience que par bribes et de l’autre une langue intime (à tel point que la question de savoir si c’est encore une langue et pas un langage est posée). Saussure nous semble poser les bases d’une réflexion à mener sur la langue, réflexion à la limite du linguistique.

Benveniste lecteur du Cours poursuit cette réflexion de son aîné (sans évidemment avoir eu connaissance des Écrits de linguistique générale) en mettant l’accent sur l’intentionnalité de l’énoncé productrice de sens et par là expression de la subjectivité.

Pour Benveniste, du côté du locuteur à l’origine est l’intenté, à l’arrivée des mots : Ce n’est pas une addition de signes qui produit le sens, c’est au contraire le sens (« l’intenté ») conçu globalement, qui se réalise et se divise en « signes » particuliers, qui sont les MOTS. (Problèmes de linguistique générale, 1974, tome 2 : 64)

Le locuteur convoque ce qu’il veut dire, ce qu’il a à l’esprit ou ce qu’il pense c’est-à-dire « un contenu de pensée, fort difficile à définir en soi, sinon par des caractères d’intentionnalité ou comme structure psychique, etc. » (Benveniste, 1966, tome 1 : 63). L’activité du locuteur est de la sorte placée au cœur de la dimension sémantique. La difficulté est que ce contenu de pensée « reçoit forme quand il est énoncé et seulement ainsi. Il reçoit forme de la langue et dans la langue, qui est le moule de toute expression possible ; il ne peut s’en dissocier et il ne

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peut la transcender » (Ibid. : 63 et 64). La langue devient ainsi « la condition de la réalisation de la pensée » (Ibid. : 64). Par ailleurs,

le locuteur part du « sens » qu’il veut communiquer et va vers le son – auquel il ne prête aucune attention. Le sens dans une langue se réalise en sons hors de la volonté du locuteur. Il peut bafouiller, bredouiller – il n’en pas moins dit ce qu’il voulait dire (Benveniste cité par Fenoglio, 2016 : 190).

Si le mot de Benveniste, est l’unité sémantique par contraste avec l’unité sémiotique de la langue, il porte le sens singulier non plus uniquement par les signes de la langue assimilés mais par l’intention qui provoque l’énonciation d’un tout. L’énoncé est conçu par le locuteur dans une globalité énonciatrice de sens. De fait, pour ce linguiste la langue n’est pas qu’un instrument ou un outil dont userait l’individu.

Parler d’instrument, c’est mettre en opposition l’homme et la nature. La pioche, la flèche, la roue ne sont pas dans la nature. Ce sont des fabrications. Le langage est dans la nature de l’homme, qui ne l’a pas fabriqué. Nous sommes enclins à cette imagination naïve d’une période originelle où un homme complet se découvrirait un semblable, également complet, et entre eux, peu à peu, le langage s’élaborerait. C’est là pure fiction. Nous n’atteignons jamais l’homme séparé du langage et nous ne le voyons jamais l’inventant. Nous n’atteignons jamais l’homme réduit à lui-même et s’ingéniant à concevoir l’existence de l’autre. C’est un homme parlant que nous trouvons dans le monde, un homme parlant à un autre homme, et le langage enseigne la définition même de l’homme. (Problèmes de linguistique générale, 1966, tome 1 : 259)

Il n‘y a pas d’un côté le mot social et de l’autre le mot individuel, subjectif. Dans la suite de cet article de 1958, Benveniste rend compte de l’inscription linguistique du sujet dans son discours, par l’usage du pronom personnel « je ». La subjectivité, même lorsque le « je » est utilisé se réfère toujours à un autre présent ou non par un « tu » :

Le langage n’est possible que parce que chaque locuteur se pose comme sujet, en renvoyant à lui-même comme je dans son discours. De ce fait, je pose une autre personne, celle qui, tout extérieure qu’elle est à « moi » devient mon écho auquel je dis tu et qui me dis tu. (Ibid. : 260).

Il y a réversibilité des rôles et par conséquent réversibilité de l’usage des pronoms personnels : « je » devient « tu » et vice versa ; ils sont des « formes linguistiques, indiquant « la personne » » (Ibid. : 261). Benveniste et Bakhtine se rejoignent en partie : « aucun des deux termes ne se conçoit l’un sans l’autre » (Ibid. : 260). Le raisonnement du linguiste français place l’autre, le « tu » comme intrinsèquement présent dans tout procès de

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communication pas simplement par l’emploi d’un pronom mais par quintessence même du langage :

La conscience de soi n’est possible que si elle s’éprouve par contraste. […] La polarité des personnes, telle est dans le langage la condition fondamentale, dont le procès de communication, dont nous sommes parti, n’est qu’une conséquence toute pragmatique. Polarité d’ailleurs très singulière en soi, et qui présente un type d’opposition dont on ne rencontre nulle part, hors du langage, l’équivalent. Cette polarité ne signifie pas égalité ni symétrie : « ego » a toujours une position de transcendance à l’égard de tu ; néanmoins, aucun des deux termes ne se conçoit sans l’autre ; ils sont complémentaires, mais selon une opposition « intérieur/extérieur », et en même temps ils sont réversibles. Qu’on cherche à cela un parallèle ; on n’en trouve pas. Unique est la condition de l’homme dans le langage.

Ainsi tombent les vieilles antinomies du « moi » et de l’« autre », de l’individu et de la société. (Ibid. : 260)

« Une langue sans expression de la personne ne se conçoit pas. » (Ibid. : 261) et cette expression même inclut l’autre présent ou non, signifié linguistiquement ou non. La subjectivité est ce qui fonde le langage, à tel point que Benveniste se demande « si, autrement construit, il pourrait encore fonctionner et s’appeler langage. » (Ibid. : 261). Le langage n’est pas instrument de la subjectivité mais expression même de cette subjectivité :

il est donc la possibilité de la subjectivité, du fait qu’il contient toujours les formes linguistiques appropriées à son expression, et le discours provoque l’émergence de la subjectivité, du fait qu’il consiste en instances discrètes. Le langage propose en quelque sorte des formes « vides » que chaque locuteur en exercice de discours s’approprie et qu’il rapporte à sa « personne », définissant en même temps lui-même comme je et un partenaire comme tu. L’instance de discours est ainsi constitutive de toutes les coordonnées qui définissent le sujet et dont nous n’avons désigné sommairement que les plus apparentes. » (Ibid. : 263)

La langue est l’expression de la subjectivité qui par contraste instaure l’autre.

L’individu n’instrumentalise pas la langue, pour y inscrire sa subjectivité, elle y est de fait inscrite lorsqu’il s’en empare. Instaurant un sujet « je », elle instaure aussi l’autre.

Cet autre par l’acte même de communiquer est intrinsèquement toujours présent, consciemment ou non, linguistiquement marqué ou non. Pour saisir l’énoncé émis, il convient donc d’étudier la situation d’énonciation, notamment ses marques formelles.

Pour Bakhtine les marques formelles de l’énonciation ne suffisent pas à constituer l’instance de discours. Cette dernière excède le cadre de ce qui est strictement énoncé pour s’inscrire dans une épaisseur énonciative, dans un volume en lien avec l’assimilation des genres premiers. Bakhtine met l’accent sur « les formes types de structuration du genre de

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l’achèvement » (Esthétique de la création verbale, 1984 : 283), formes stables « de structuration d’un tout » qui appartiennent à des genres de discours oraux et écrits. Ces formes types sont assimilées au même titre que les formes de la langue (signes et canevas syntaxiques) :

Les formes de la langue et les formes types d’énoncés, c’est-à-dire les genres du discours, s’introduisent dans notre expérience et dans notre conscience conjointement et sans que leur corrélation soit rompue. Apprendre à parler c’est apprendre à structurer des énoncés (parce que nous parlons par énoncés et non par propositions isolées et, encore moins, bien entendu, par mots isolés). Les genres de discours organisent notre parole de la même façon que l’organisent les formes grammaticales (syntaxiques). Nous apprenons à mouler notre parole dans les formes du genre et, entendant la parole d’autrui, nous avons d’emblée, aux tout premiers mots, en pressentir le genre, en deviner le volume (la longueur approximative d’un tout discursif), la structure compositionnelle donnée, en prévoir la fin, autrement dit, dès le début, nous sommes sensibles au tout discursif qui, ensuite dans le processus de la parole dévidera ses différenciations. (1984 : 285).

Le dessein discursif ou vouloir-dire (toujours tout imprégné de soi et de l’autre) conditionne la forme de l’énoncé qui en fonction de la sphère d’échange prendra tel ou tel genre, tel ou tel canevas discursif.

Le mot, synonyme pour nous désormais d’intenté au sens où l’entend Benveniste, se place strictement du côté du locuteur et se comprend comme sens oscillant dans un intervalle des possibles entre la conscience que le sujet en a et la langue de la communauté voire au langage de cette communauté. Ce mot peut revêtir certes des formes linguistiques mais pas seulement. Il peut être bredouillé, ânonné, il n’en constitue pas moins un tout le caractérisant comme énoncé, instaurant la subjectivité dans son rapport à l’autre.

Ainsi, à une analyse intralinguistique, articulant le signe au discours, Benveniste adjoint la nécessité d’une analyse translinguistique inscrite dans la communication vivante par une énonciation spécifique dont le sens est toujours le centre. Cette translinguistique de l’énoncé place le locuteur au centre de l’acte de communiquer par son intention du dire prenant pour forme le mot. Celle de Bakhtine, tout en plaçant le locuteur au centre également déplace le point de vue vers le volume du mot, vers son épaisseur générique instaurant un rapport singulier du sujet avec sa langue par son rapport à l’autre.

La conception de la langue peut ainsi se concevoir sous deux angles complémentaires, indissociables l’un de l’autre :

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la langue, ensemble de signes formels, dégagés par des procédures rigoureuses, étagés en classes, combinés en structures et en systèmes, de l’autre, la manifestation de la langue dans la communication vivante. (Problèmes de linguistique générale, 1966, tome 1 : 130).

Cependant à ces deux conceptions s’ajoute celle d’une langue inscrite dialogiquement dans le rapport à l’autre. La langue dont s’empare l’individu, par l’usage qu’il en fait, instaure l’autre dans une relation de plus ou moins grande proximité, fonction de son dessein discursif. Si Benveniste prolonge la réflexion saussurienne, la théorie bakhtinienne déplace le point de vue sans pour autant empêcher une approche strictement linguistique.

À noter que la (re)lecture des linguistes français et du formaliste russe rend compte de l’extrême richesse des réflexions menées qui étudiant le langage dont la langue s’intéressent au sujet locuteur et au sujet anthropologique.

1. 2. Une « volonté » de dire, un « intenté » ou « vouloir-dire » qui s’écrit

Dans le Cours de linguistique générale, la langue est comparée à une feuille de papier : la pensée est le recto et le son le verso ; on ne peut découper le recto sans découper en même temps le verso ; de même dans la langue, on ne saurait isoler ni le son de la pensée, ni la pensée du son (page 157).

La langue se conçoit alors comme « intermédiaire » entre la pensée et le son, « intermédiaire » par lequel « chaque terme linguistique est un petit membre, un articulus où une idée se fixe dans un son et où un son devient le signe d’une idée ». (Ibid. : 156). Cette langue se matérialise en sons ou en écriture mais « Langue et écriture sont deux systèmes de signes distincts ; l’unique raison d’être du second est de représenter le premier ; l’objet linguistique n’est pas défini par la combinaison du mot écrit et du mot parlé ; ce dernier constitue à lui seul cet objet ». (Ibid. : 45). Saussure en conclut que la « langue est indépendante de l’écriture ».31

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Cette conception de l’écriture indépendante de la langue, de la parole serait à mettre en perspective avec ce que le linguiste énonce dans les Écrits de linguistique générale : « D’une manière plus générale il me semble que, soit dans le champ de l’effet individuel (= sémiologique) soit dans la perspective historique, les faits relatifs à l’écriture présentent peut-être pour tous les faits sans exception qui sont dans le langage une mine d’observations intéressantes, et de faits non seulement analogues mais complètement homologues, d’un bout à l’autre, à ceux qu’on peut discerner dans le langage parlé. Pour l’écriture, le sens est représenté par le son,

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Benveniste dans les Dernières leçons s’appuie sur les propos du Cours pour discuter cette relation. Deux aspects sont questionnés : que pouvons-nous entendre par écriture ? Y a-t-il dépendance ou indépendance entre l’écriture et la parole ?

Écrire est avant tout un acte qui peut se comprendre comme la trace laissée sur un support et comme mise en mots utilisant les signes linguistiques de la communauté auquel le scripteur appartient. Dans la neuvième leçon, Benveniste distingue l’écriture en tant que représentation graphique utilisée pour signifier et l’écriture alphabétique à savoir la « langue sous forme écrite » (2012 : 91).

Quand l'homme primitif « représente » en le dessinant un animal ou une scène, il l'écrit. Son « écriture » alors reproduit la scène elle-même, il écrit la réalité, il n'écrit pas la langue, car pour lui la langue n'existe pas comme « signe ». La langue est elle-même création. On peut dire que l'« écriture » commence par être « signe de la réalité » ou de l'« idée », qu'elle est parallèle à la langue, mais non son décalque. (2012 : 98).

De même les pictogrammes des Esquimaux ou les premiers dessins des enfants décrivent au moyen « d’images », « des événements » et non la langue (Ibid. : 99). Il convient donc bien de distinguer dans l’écriture les représentations graphiques reproduisant des référents à savoir des scènes ou objets du réel, de la langue sous forme écrite. Mais si chez l’enfant les deux modes de représentations ne coexistent pas dans un premier temps, avec l’apprentissage de la langue sous forme écrite, dans un second temps, les deux modes perdurent l’un à côté de l’autre. Benveniste évoque ce point :

Or rien n'empêche d'imaginer un « signe iconique » (ou symbolique […]) qui associerait la pensée à une matérialisation graphique, parallèlement au « signe linguistique » associant la pensée à sa verbalisation idiomatique. La représentation iconique se développerait parallèlement à la représentation linguistique et non en subordination à la forme linguistique. (2012 : 95)

La question est d’importance pour l’école : l’intenté peut revêtir des formes écrites différentes qui pour autant ne s’excluent pas mais au contraire se complètent, se prolongent dans la quête de sens à communiquer du sujet-scripteur. À condition de considérer l’acte d’écrire comme quête de sens inscrite dans sa relation à la pensée. D’ailleurs Benveniste pose l’hypothèse :

pendant que le son est représenté par les traits graphiques ; mais le rapport entre le trait graphique et le son parlé est le même qu’entre le son parlé et l’idée. » (2002 : 49)

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Cette iconisation de la pensée supposerait probablement une relation d'une autre espèce entre la pensée et l'icône qu'entre la pensée et la parole, une relation moins littérale, plus globale. (2012 : 95).

En effet, il s’agit bien de s’interroger sur les manifestations graphiques que peut revêtir l’intenté, à savoir les relations entretenues entre ce vouloir-dire et sa représentation iconique et/ou sa représentation en mots écrits. L’utilisation de flèches, symboles voire de dessins mêlés à des syntagmes ne peut s’entendre, toujours du côté du sujet-scripteur que comme relation à un intenté globalisé. La question dans cette production de sens est de savoir comment segments syntagmatiques, symboles, flèches et dessins entretiennent concomitamment le sens. Dans l’économie de l’acte d’écrire, y a-t-il rupture et/ou continuité ?

1. 3. Un intenté ou vouloir dire que se dit avant de s’écrire ? Ou qui s’écrit sans se dire ?

Dans la huitième leçon (2012 : 91 à 95), la réflexion menée par Benveniste sur le processus d’acquisition de l’écriture par l’enfant lui permet de distinguer deux niveaux d’abstraction nécessaires. Par le premier,

le locuteur doit se dégager de la représentation qu'il a instinctivement du parler comme activité, comme extériorisation de ses pensées, comme communication vivante. Il doit prendre conscience de la langue comme réalité distincte de l'usage