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La saisonnalité : une difficulté qui pousse à innover

Annexe 2 • Stratégie touristique des acteurs régionaux en Alsace

2. L’emploi tourisque en Bretagne

2.2. La saisonnalité : une difficulté qui pousse à innover

L’emploi varie très fortement en fonction des saisons avec un point culminant en été. Toutefois, toutes les activités ne sont pas touchées de la même façon. Plus on s’éloigne du cœur des activités touristiques, plus les variations saisonnières enregistrées au cours d’une année donnée sont faibles. Ainsi sur les activités à 100 % touristique, on observe un différentiel de 84 % entre le 1er janvier et le 31 juillet. Pour l’ensemble des activités caractéristiques du tourisme, lorsque l’on y retranche les activités à 100 % touristique, ce différentiel n’est plus que de 59 %. Les activités d’exploitation de campings et les autres hébergements touristiques sont les plus soumises aux fluctuations de l’emploi.

Si la saisonnalité est difficile à quantifier de façon précise, il ne semble guère plus aisé d’en avoir une explication mono causale. Ce phénomène, en effet, n’est pas uniquement lié à la variabilité dans le temps des déplacements des touristes, mais aussi, pour partie, produite par certains offreurs eux-mêmes, notamment en matière d’hébergement, qui rationnent volontairement leur capacité en fermant leurs établissements en dehors de la haute saison, alors qu’une demande existe à d’autres moments de l’année. Dans le même ordre d’idée, l’absence d’activités d’animation et la fermeture de nombreuses infrastructures de loisirs en période creuse auraient un effet « désincitatif » à la venue de touristes. Il y a sur ce versant économique une réflexion déjà engagée, qui devra aboutir à revoir des comportements d’entreprises touristiques qui amplifient le clivage entre saisons. La désaisonnalisation passe d’abord par la mise en place d’une offre d’hébergement et d’animation renouvelée sur cette période, au delà des initiatives prises déjà pour favoriser une demande touristique sur la période d’hiver, en vantant, par exemple, les charmes de la Bretagne à Noël dans le froid, la pluie et le vent….

Graphique 4

Variation saisonnière de l’emploi salarié Indice base 100 au 1er janvier

80 100 120 140 160 180 200

Janvier Février M ars A vril M ai Juin Juillet A o ût Septembre Octo bre No vembre Décembre

Activités 100% touristique

Activités caractéristiques du tourisme hors activités 100% touristiques

Activités caractéristiques du tourisme et des loisirs hors actvités caractéristiques du tourisme Ensemble des activités bretonnes (hors agriculture et fonction publique)

Source : INSEE DADS.Traitement : GREF Bretagne.

c’est la saison longue, correspondant à 6-8 mois de l’année entre avril et octobre, qui semble faire l’objet d’attention particulière avec un déficit tant quantitatif que qualitatif. Des profils de comportements sont distingués pour cette catégorie de saisonniers, opposant notamment deux catégories bien définies : les

« vrais » saisonniers, mobiles géographiquement, jeunes, célibataires ; et les saisonniers sédentaires, plus âgés, en famille, mieux formés aux métiers du tourisme, et cherchant une activité à l’année.

Résoudre les contraintes de la saisonnalité peut se faire de différentes façon. Deux voies sont explorer en Bretagne à titre principal, et de façon plus ou moins expérimentale, qui supposent d’agir aussi bien sur la complémentarité des activités économiques, qu’en termes de fidélisation-professionnalisation des actifs :

• La première voie passe par une mobilité géographique permettant d’enchaîner deux saisons sur des territoires différents, mais à partir d’une même qualification. La complémentarité est ici géographique, construite le plus souvent au sein d’un même secteur ayant à faire face sur deux régions différentes à des saisons décalées. (cf. Encadré 3).

• L’autre, qui se limite à une quinzaine de cas en Bretagne, vise à construire une mobilité professionnelle entre deux activés différentes, et/ou deux métiers différents, l’un pouvant être exercé l’été, l’autre l’hivers (cuisinier-chauffagiste, accueil camping-entretien, restauration-ostréiculture,….). Cette dernière solution permet une certaine sédentarisation des saisonniers sur un territoire. Elle butte cependant sur la nécessité pour les personnes de posséder une double qualification. Or, acquérir un seconde qualification suppose d’en posséder une première, ce qui est loin d’être généralisable à l’ensemble des saisonniers. Concevoir alors des formations bi-qualifiantes est un enjeu de taille qui reste pour le moment en attente.

Encadré 3 Les emplois saisonniers

Les expériences menées sur la zone d’emploi d’Auray

La zone d’emploi du pays d’Auray regroupe 26 % des emplois salariés de la totalité du champ touristique breton en haute saison (13 % le reste de l’année). Cette caractéristique a conduit de nombreux acteurs professionnels et institutionnels de la zone à réfléchir à des dispositifs innovants, en mesure d’améliorer la situation des saisonniers et de contribuer à stabiliser ceux-ci sur le territoire. Initiés alors que la mission Le Pors* venait de rendre son rapport au Ministre de l’emploi et de la solidarité et au secrétariat d’Etat au Tourisme, ces dispositifs s’inspireront pour une grande part des propositions contenues dans ce rapport.

Retenons :

La maison de la saisonnalité. Mis en place en 1999, ce dispositif s’efforce d’accompagner la mobilité professionnelle des saisonniers qualifiés de l’hôtellerie restauration, en particulier en les mettant en relation, par l’intermédiaire d’un réseau (Missions Locales, Maisons de la saisonnalité ou des saisonniers… ) ou directement, avec des employeurs de zones de montagne afin qu’ils puissent compléter leur saison d’été sur le pays d’Auray par une saison d’hiver. Deux régions sont partenaires, la Bretagne et la Savoie. L’originalité de la formule repose notamment sur le rôle de l’entreprise qui sert d’intermédiaire et qui produit son propre CV d’entreprise. Les saisonniers ont deux contrats de travail couvrant environ 8 mois de l’année avec les congés. En moyenne, ils sont présents au total environ 10 saisons, soit 5 ans, avant de chercher à s’installer de façon durable sur le territoire. Ce dispositif propose également un service pour le logement des saisonniers en relation avec les communes et les offices de tourisme du Pays d’Auray - les hébergeurs potentiels sont sollicités afin qu’il puissent louer leurs logements aux saisonniers professionnels du tourisme, les bénéficiaires étant accompagnés pour le montage des dossiers d’allocations logements auprès de la CAF. Enfin, ce dispositif qui est géré par la Mission Locale d’Auray, sert de base d’expérimentation pour des projet sur la pluriactivité.

Une bourse à l’emploi saisonnier. Depuis 1998, tous les ans en mars, la mission locale d’Auray, aux côtés de l’ANPE, organise à Carnac une Bourse à l’emploi saisonnier qui réunit employeurs et demandeurs d’emploi. Depuis deux ans, elle est également ouverte aux débutants souhaitant travailler pour une saison ou plus dans ce secteur.

Le Guide du saisonnier. Disponible dans les offices du tourisme de Carnac, Quiberon, Locmariaquer, Belle-Ile, point Neptune, ce guide, réalisé en 2005, fournit des informations sur le transport, sur la Maison de la Saisonnalité, des numéros utiles, les camping accordant des tarifs préférentiels pour les saisonniers, les activités culturelles et loisirs… Il doit donner le sentiment aux salariés saisonniers d’être accueillis et faciliter leur arrivée sur le pays.

Le multi-accueil des P’tits Loups. Le multi-accueil est un nouveau concept qui se substitue aux modes d’accueil classiques de jeunes enfants : La famille choisit les créneaux horaires dont elle a besoin, les jours d’accueil, la durée et le type de contrat (qui peut s’adapter par des créneaux ponctuels si l’activité des parents justifie plus de présence au travail). Ce dispositif doit permettre une meilleure conciliation des activités professionnelles et de la vie personnelle des saisonniers.

* Anicet LE PORS. Propositions pour l’amélioration de la situation sociale et professionnelle des travailleurs saisonnier du tourisme.

Janvier 1999

Différentes solutions pratiques (dont certaines seulement sont aujourd’hui mises en œuvre) se proposent de compléter ces dispositifs, et de réguler plus largement le problème de recrutement des saisonniers : les groupements professionnels capable de proposer plusieurs activités à l’année sous un même contrat de travail, les groupements d’employeurs et le rapprochement des entreprises touristiques avec d’autres secteurs. Sur un plan plus qualitatif, en vue d’ajuster les compétences aux besoins, la construction d’un engagement de développement de la formation (EDDF) sur les emplois saisonniers est en projet. A ces solutions, il convient d’ajouter des mesures complémentaires qui font l’objet de réflexion actuellement, et qui visent une meilleure gestion des temps par l’annualisation du temps de travail, en faisant en sorte que le développement, par ailleurs jugé nécessaire, de la professionnalisation des personnels donne lieu à des actions de formations sur les temps disponibles hors travail. D’autres mesures d’accompagnement reprennent

les propositions faites plus généralement pour retenir de la main d’œuvre de faible niveau de qualification : aide au logement, moyen de transport…

De nouvelles propositions venant des professionnels sont présentés actuellement dans le cadre de l’élaboration du schéma de développement touristique. Sont notamment préconisés : la mise en place d’outils visant l’amélioration de l’attractivité de la région et la fidélisation des saisonniers par l’organisation de formation qualifiante et par la mise en place de services favorisant l’installation sur un territoire ; l’information et de communication ciblées sur les saisonniers à partir d’un modèle de « guide » fournissant un ensemble d’informations pratiques ; ou bien encore la généralisation des Maisons de la saisonnalité.

D’autres propositions sont plus ciblées sur les saisonniers de très courte durée, propres à la période de haute saison, constitués principalement d’étudiants qu’il s’agirait de former quelques jours sur un métier qui les intéresse, garantissant ainsi un minimum de compétence à l’employeur, et une fidélisation à l’étudiant qui pourraient cumuler par ailleurs formations et expériences sur plusieurs années qui seraient consignées dans un véritable un passeport.