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Les principaux outils et dispositifs de réflexion et d’action

Annexe 2 • Stratégie touristique des acteurs régionaux en Alsace

4. Les jeux d’acteurs : de nouvelles règles qui se cherchent

4.1. Les principaux outils et dispositifs de réflexion et d’action

La Bretagne est bien outillée pour créer des lieux de concertation et de propositions d’actions. Nous exposerons ces différents outils, qui tendent depuis peu à se conjuguer à la faveur de la mise en place du premier schéma de développement du tourisme (cf. Encadré 6).

Encadré 6

Le premier schéma de développement régional du tourisme

Bien que prévu par les textes réglementaires de 1987 et 1992, ce schéma est le premier en Bretagne. Son processus de construction vient de s’engager pour une période d’un an. Afin de lancer ce schéma, il a été demandé à l’Observatoire régional du tourisme de Bretagne un état des lieux du tourisme en Bretagne accompagné d’une réflexion sur les principales problématiques du secteur. Il associe tous les acteurs institutionnels et professionnels. Le calendrier que ce schéma s’est donné doit aboutir à la production d’un diagnostic pour septembre 2006 et à l’esquisse d’orientation du schéma politique pour novembre 2006. 13 groupes focus sont mis en place : huit correspondent à des filières professionnelles ; un pour les élus ; un pour les institutionnels ; un pour les habitants ; et un pour l’inter-régional.

Ce schéma, piloté par le service économique du tourisme du Conseil Régional, donne lieu à une collaboration avec le GREF de Bretagne et l’ORTB pour ce qui concerne le diagnostic emploi et la réalisation par le GREF d’un cahier sectoriel dans le cadre du contrat d’objectif. Cet emboîtement entre dispositifs et initiatives institutionnelles, qui en partie semble devoir au hasard des calendriers..., se retrouve dans la mise en place des groupes associés au GFE 17 « hôtellerie-restauration-tourisme-loisirs » qui rassemble les professionnels (cf. Encadré 5).

4.1.1. Le Contrat d’objectif tourisme : un processus inachevé qui engage peu.

Il est issu de la politique volontariste de la Région et de l’Etat qui a cherché avec ce contrat à structurer un champs qui ne l’était pas et à faire en sorte que les professionnels se donnent les moyens d’anticiper leurs besoins. Après un démarrage difficile, le contrat d'objectif, signé à l'origine par la fédération des pays d'accueil, a eu pour effet de responsabiliser les professionnels et de créer une culture commune sur les questions emploi-formation. Ce processus initié en 1999 a abouti à la création de l’Union des acteurs du tourisme (UAT) en 2002. Cette structure regroupe plus d'une trentaine de fédérations professionnels, du secteur marchand comme du secteur associatif. Il s'agit là d'une configuration originale. Tout d’abord, notons que le plus souvent un contrat d’objectif n’est conclu et mis en place que si un secteur dispose d’une représentation professionnel régional déjà constitué. Ici, la Région et l’ Etat se sont mis d’accord pour inverser la logique et faire en sorte que ce soit le contrat d’objectif qui « produise » l’unification de la représentativité de ce champ professionnel très hétérogène. Cette situation n’est d’ailleurs pas sans tension, puisque, à côté de ce contrat d’objectif tourisme, existe deux autres contrats d’objectif : sur le secteur HCR et sur le secteur de l’animation.

Une autre singularité a été que ce contrat d’objectif ait pu financer, dans le cadre du contrat de plan Etat-Région, une chargée de mission pendant plusieurs année qui a élaboré un référentiel des métiers et une évaluation des besoins en compétence des secteurs qui composent le champ du tourisme.

Pour accélérer le processus enclencher par le contrat d'objectif, ce sont mis en place à l’initiative de l’UAT quatre groupes de travail. Ces groupes ont pour finalité d’avancer sur un diagnostic emploi/formation du

champ du tourisme, sur une réflexion sur les métiers et les cursus liés au tourisme, sur la saisonnalité en vue notamment de construire une démarche de professionnalisation des travailleurs saisonniers, et enfin une réflexion sur les modes d'accompagnement nécessaires pour favoriser l’intégration et le maintien dans les métiers du tourisme.

Mais ce contrat d’objectif, comme beaucoup d’autres, n’est pas réellement un contrat d’engagement. S’il permet en principe de structurer un champ professionnel, de favoriser la concertation, de réaliser des expertises et de partager certains diagnostics, il ne débouche pas encore sur des décisions et un plan d’action qui engageraient durablement les acteurs. Sans doute faut-il concevoir une nouvelle génération de contrat d’objectif où cette volonté d’action soit clairement affichée et lie durablement les acteurs. Dans le cadre de la SREF, le Conseil Régional souhaite faire évoluer dans ce sens ces contrats pour en faire des outils véritablement dynamique, réactifs, prenant en compte la longue durée et capable notamment d’appréhender les besoins en reconversion professionnelle.

De plus, et selon toute logique, et suivant en cela les points de vue exprimés par certains interlocuteurs institutionnels, il ne devrait demeurer à termes dans le champs du tourisme qu’un seul contrat d’objectif : celui …du tourisme. Ceux de l’Hôtellerie et de l’animation venant se fondre dans cet unique contrat révélant ainsi le sens et l’intérêt bien compris de l’intégration effective des activités touristiques. Mais pour cela il faut vaincre les résistances culturelles de certains acteurs encore peu sensibilisés à une appréhension globale du domaine, dépasser divers cloisonnements qui concernent autant les professionnels que les services de l’administration publique, notamment au sein du Conseil régional.

En effet, sur ce dernier aspect, les découpages actuels des services du Conseil Régional n’encourage pas les réflexions et les actions transversales qui permettraient pourtant d’articuler les questions économiques et celles relatives à l’emploi et à la formation, et de mieux inclure dans la prospective économique des préoccupations sur l’évolution des métiers et des formations que génèrent les choix politiques.

C’est ainsi que le rapprochement du schéma régional du tourisme et de celui des formations est souhaitable.

Mais il devra passer par la mise en place de nouvelles configurations d’acteurs pour un nouveau mode d’administration de projets reposant sur une réelle dimension partenariale. Au stade actuel, bien qu’une prise de conscience semble aller dans ce sens, poussée en particulier par les élus politiques, il demeure une grande négligence sur toutes les questions d’emploi et de formation dans le projet de schéma régional du développement du tourisme. Le service économique de la région qui a du mal à reconnaître la nécessité d’associer étroitement l’UAT, seul aujourd’hui a avoir un ensemble cohérent de propositions sur les questions d’emploi et de formation. Aujourd’hui, ces questions qui sont pourtant au cœur des contrats d’objectif de formation, paraissent peu présentes dans les dispositifs d’orientation économique de la Région, dont les services gardent comme interlocuteurs principaux, voire exclusifs, sur le champ du tourisme quelques branches marchandes, et notamment l’UMHI, et le CRT, avec par ailleurs un recours massif à la capacité d’expertise de l’ORTB sur des objets économiques et commerciaux. L’UAT paraît être dans ce contexte, pour l’instant, un interlocuteur de second rang.

4.1.2. L’UAT et ses propositions ambitieuses pour l’emploi et la formation dans le tourisme.

La structuration du champs professionnel du tourisme a été une des premières raisons du lancement du contrat d’objectif. Sur ce champ existait une grande variété d’acteurs et de représentants, dont L’UMHI, qui disposait déjà par ailleurs d’une cadre spécifique d’observation et de réflexion avec son propre contrat d’objectif. Les services de l’Etat, en particulier la DRT et la DRTEFP, ont œuvrer en collaboration avec le Conseil Régional pour que ce contrat d’objectif tourisme voit le jour à côté du secteur HCR, démontrant ainsi une vision où le tourisme ne se réduit à l’hébergement. Désormais les services de l’Etat et de la Région disposent officiellement d’un interlocuteur unique : l’UAT (Union des acteurs du tourisme). Toutefois, il semble que cette Union ne soit pas toujours investie de la complète légitimité de représentation de l’ensemble du champ, ni être de ce fait l’interlocuteur privilégié de certaine actions publiques. La co-existence des deux contrats d’objectifs favorise sans doute cette confusion. Maintenu pour ménager des susceptibilités corporatistes, cette pluralité crée une division de fait entre les acteurs du champs.

L’UMHI, fort de son poids économique dans le domaine du tourisme, semble développer sa propre stratégie, et n’accorder qu’une importance secondaire au cadre qu’offre l’UAT pour élaborer des propositions communes. Ainsi, la volonté de décloisonnement qui anime l’UAT, tant sur le plan de son propre

fonctionnement institutionnel, que sur celui des propositions en matière de politique d’emploi, de construction des filières métiers, d’organisation de parcours professionnels, de construction de référentiels de compétences transversales (cf. Encadré 7), paraît peu partager par les acteurs des branches de l’Hôtellerie, de la restauration et des cafetiers, où dominent encore des approches de métiers fortement segmentés. La faiblesse des moyens propres de l’UAT, pour ne pas dire leur inexistence, est révélatrice de cette situation marquée par l’hégémonie des branches de l’HCR. La difficulté qu’à l’UMIH à reconnaître le rôle des activités non-marchandes, que celle-ci relèvent du secteur associatif ou des collectivités locales, dans la dynamique d’ensemble du domaine touristique, corrobore ce constat.

De plus, certains services de l’Etat portent un regard nuancé sur l'efficacité de cette Union des acteurs du tourisme, qu'ils considèrent sans véritable vision stratégique sur ce qu’il faudrait faire dans l’avenir. De même, mais sur une autre registre, il semble qu’une partie du secteur HCR, pourtant membre de l’UAT, attache peu d’importance au contrat d’objectif tourisme, et considère que les activités dites touristiques, minoritaires au regard du poids économique du HCR, avaient un besoin légitime d’être reconnues, et comptaient pour cela sur l’effet d’entraînement et la caution de l’activité principale de ce secteur qu’est l’hôtellerie…

Encadré 7

L’UAT : propositions pour l’emploi

Les actions à mener pour pourvoir les emplois vacants, assurer le renouvellement des entreprises de tourisme et faciliter l'intégration des jeunes en recherche d'emploi et des personnes en voie de reconversion doivent prendre en compte les spécificités de l'activité touristique :

• Le tourisme est, pour un territoire, une activité structurante. Une destination qui accueille des touristes doit pouvoir faire vivre cette activité en harmonie avec les autres activités du secteur - voire les utiliser comme élément de son offre. Elle doit pouvoir concevoir et mettre en oeuvre des projets associant différents acteurs territoriaux ( hébergeurs, transporteurs, animateurs, vendeurs...) et les représentants des collectivités.

• Le tourisme est une activité exercée, sur un territoire, par des professionnels dont c'est le métier mais aussi par des personnes pour qui cette activité n'est qu'accessoire. Pour autant, la qualité de l'accueil concerne l'ensemble de ces acteurs qui doivent disposer d'une culture commune dans ce domaine. L'UAT propose que l'on définisse les contours de cette "culture" et qu'elle soit largement diffusée dans les territoires.

• La saisonnalité est, en Bretagne, une donnée incontournable de l'activité touristique. Cette caractéristique fait partie intégrante des métiers du tourisme mais ne doit pas être considérée comme une fatalité, pour autant que l'on se donne les moyens de l'utiliser positivement : recherche d'activités complémentaires ou en alternance, sur place ou déplacées, formation programmée dans les temps de non -travail, pluriactivité dans le cadre d'une même entreprise ou dans celui de regroupements professionnels, qui peuvent prendre des formes diverses (associations, GIE, groupements d'employeurs...).

• Les différents métiers du tourisme restent très indépendants les uns des autres dans leur fonctionnement et les formations qui y conduisent. Il s'ensuit une faible visibilité des opportunités offertes par l'ensemble de la profession et donc une perte d'opportunités en termes de carrière dans le secteur. L'UAT cherche, dans le cadre du Contrat d'Objectifs à faire avancer l'idée de la création d'une grande filière des métiers du tourisme qui permette des itinéraires d'emploi et de formation de nature à favoriser des parcours professionnels individualisés. Cette orientation conduira à remettre en cause l'ensemble du dispositif de formation continue en privilégiant des formations modulaires appuyées sur des dispositifs d'accompagnement et de financement plus souples.

• Les métiers du tourisme sont mal connus. Les attentes des étudiants sont parfois déçues, ce qui conduit à des réorientations coûteuses. A l'inverse, les opportunités qu'offre le secteur sont souvent ignorées. Un effort est nécessaire pour faire mieux connaître ces métiers, améliorer les relations entre le monde éducatif et celui de l'entreprise ainsi que l'accueil et l'accompagnement (tutorat) des entrants dans le monde du travail.

• Les métiers du tourisme peuvent constituer, au niveau des différents territoires, une opportunité, pour les jeunes et les demandeurs d'emploi, d'entrer ou de revenir dans le monde du travail. Le caractère transversal de l'activité touristique conduisant à inscrire les actions individuelles dans le cadre de projets communs, l'intégration dans le territoire et la migration vers d'autres activités peuvent s'en trouver également facilitées.

L'importance de la formation continue "tout au long de la vie" trouve, dans cette démarche, toute sa signification.

Source : UAT.