• Aucun résultat trouvé

Points de vue sur la relation formation-emploi

Annexe 2 • Stratégie touristique des acteurs régionaux en Alsace

3. La formation professionnelle initiale et continue

3.3. Points de vue sur la relation formation-emploi

D’une manière générale, les flux de formés paraissent suffisants lorsque l’on ajoute les formations initiales et les formations continue dans le cadre du PRS (Programme Régional des Stages). Il semble toutefois se manifester une relative pénurie de main d’ œuvre au niveau V, notamment dans la restauration. Celle-ci n’est pas dû seulement à de moindres entrées en formation, en particulier pour les formations en apprentissage (cf. Tableau 2), mais aussi aux départs de ce secteur, nombreux et qu’il faut compenser. L’offre de formation paraît insuffisante pour les CAP « restaurant » et « cuisine ».

Tableau 2

Evolution des effectifs (flux d'entrée) « Tourisme et loisirs-Hôtellerie et restauration »

Statut scolaire Apprentissage Effectif total Juin

Les professionnels considèrent souvent que les formations ne sont pas adaptés à leurs besoins, (en particulier sur l’exemple du Cap restauration), alors même que ces diplômes sont définis au niveau national par les CPC où siègent les représentants des employeurs. Mais ces derniers considèrent que leurs représentants dans ces instances nationales ne sont pas toujours ceux les plus au fait de ces questions...

Pour tenir compte des attentes des professionnels, de l’évolution des métiers, des compétences nouvelles nécessaires à leur exercice, l’inspection académique, et notamment la direction à l’enseignement technique,

bénéficie de nombreux partenariats (comme celui avec le groupe Accord). De plus, cette direction s’appuie sur des études de branche mis à sa disposition, notamment pour les branches HCR. Enfin, les enseignants qui forment aux métiers considérés consacrent plusieurs jours par an à une réflexion sur leurs secteurs et les débouchés.

Mais, nombreux sont ceux qui considèrent que la question de l’insertion professionnelle est souvent mal posée si on recherche simplement une correspondance stricte entre la spécialité de formation et l’emploi occupé 3 ou 6 mois après la sortie de l’école. Il semble bien que si le Conseil Régional a gelé une partie des stages de son PRS sur les métiers du tourisme, c’est en partie pour ce motif d’une inadéquation observée.

C’est ce que nous diront plusieurs interlocuteurs. Mais nombreux aussi sont les exemples d’insertions sur des emplois en apparence éloignés de la formation et qui donneront lieu au bout de quelques années à des retours vers des emplois plus en rapport avec le métier préparé. Par ailleurs, certains métiers occupés après la formation, bien qu’éloignés de ceux auxquels le jeune se préparait, permettent de réinvestir utilement une partie ce qui aura été appris en formation, montrant ainsi toutes les limites d’une logique adéquationiste. Il conviendrait donc, nous sera t-il déclaré, de disposer de données sur l’insertion à 2 ans, voire 4 ans.

Sur l’ouverture et la fermeture de sections

Les besoins sont variables selon les secteurs et les niveaux. Il semble que les besoins les plus importants se situent au niveau V et IV (bac professionnel). A ce niveau, le dispositif de formation tel qu’il existe complète les filières CAP-BEP par des MC et des FCIL.

Les mentions complémentaires sont des diplômes nationaux venant compléter un diplôme de même rang dans une spécialité donnée « exemples : cuisinier en desserts de restaurant, cuisine allégée, sommellerie, organisateur de réception.).Elles sont conçues dans un soucis d’insertion professionnelle spécialisée. Quatre de ces mentions complémentaires existent en Bretagne qui concernent environ 80 élèves.

Les formations complémentaires d’initiative locale, plus spécifiques encore, ne donnent pas lieu à délivrance d’un diplôme, mais seulement à une attestation. Elles sont de niveau V et porte en Bretagne sur les métiers de la restauration (Restauration de la clientèle anglophone, restauration des produits de la mer, cuisine de Thalassothérapie). Une trentaine d’élèves sont concernés.

Les ouvertures et fermetures de sections reposent sur plusieurs critères, ou indices, qui, croisés avec des études de branches, des études du haut Comité Éducation Economie, ou encore des visites des bassins éducatifs… sont supposés permettre d’approcher la réalité des offres et des demandes. Parmi ces critères figurent notamment : les places vacantes à la dernière rentrée (taux de remplissage), des indicateurs d’attractivité et de sélection, la démographie des élèves, les difficultés d’insertion. Ensuite jouent des critères d’équilibre spatiale dans la répartition des sections, ou bien encore dans le partage public-privé.

Le cas des BTS tourisme

Nombreux interlocuteurs laissent entendre que les deux BTS, AGTL et VPT, ne seraient plus adaptés aux besoins, allant parfois jusqu’à affirmer que ce sont des formations qui préparent…au chômage. La demande sociale des familles reste pourtant très forte pour s’inscrire dans ces formations, dont les taux d’attractivité sont parmi les plus élevés (cf. Tableau 2). Par ailleurs, il est fait souvent mention que les emplois sur lesquels les jeunes titulaires de ces diplômes devraient s’insérer, sont en réalité pourvus préférentiellement par des BTS Commerce ou « technique de vente.

Nos observations portent à nuancer fortement ces affirmations. Tout d’abord, il convient de rappeler que le BTS tourisme a été modifié il y a quatre ans, afin précisément d’y accentuer la partie commerciale de la formation. Il paraît cependant que le profil de vendeur des BTS VPT ne serait déjà plus adapté du fait du développement d’Internet et que désormais les professionnels rechercheraient moins des vendeurs que des concepteurs…

Les différences d’insertion sont très marquées pour ces jeunes BTS suivant la nature de l’établissement. Il existe pour cette formation un grand nombre d’établissements privés hors contrat. Ces établissements continuent d’attirer des élèves séduits par ces formations à des métiers dont l’image ne correspond plus à la réalité, et qui, compte tenu des taux de remplissage dans les établissements de l’éducation nationale( ou dans

les établissements privés sous contrat), récupèrent sans véritablement les préparer à ces métiers des jeunes qui seront très vite en échec.

Les données qui nous ont été fournies par deux établissements (un public et un privé sous contrat) sur les trois dernières promotions de sortants, montrent que l’insertion se fait plutôt dans de bonnes conditions. Pour ceux qui ne sont pas en poursuite d’étude (pour préparer une licence ou un diplôme de langue, ou bien encore en voyage d’étude à l’étranger) et qui représentent en moyenne un tiers des sortants la première année, l’insertion à deux ans se fait deux fois sur trois dans les métiers préparés et les secteurs du tourisme.

Au total, le taux d’ « évaporation » hors secteur après le BTS serait inférieur à 40 %. Ce taux est tout à fait comparable à ce que l’on trouve dans de nombreuses spécialités, en particuliers pour les métiers correspondant aux familles professionnelles du secteur HCR.

Il y aurait donc un décalage entre la réalité d’insertion pour ces BTS issus de Lycées reconnus, qui reste satisfaisante en termes d’accès à l’emploi, et une tendance chez les professionnels à considérer ce BTS comme inadapté. La difficulté croissante des élèves de BTS à trouver un stage confirmerait plus cette mauvaise opinion des professionnels sur ces diplômes qu’une véritable inadaptation de ces formations à l’emploi.

Encadré 4

Exemple d’un Lycée labellisé « Lycée métiers » du tourisme

Ce lycée a obtenu le label « Lycée des métiers » pour les formations au tourisme (le seul en Bretagne).

Ce label est attribué lorsque la Région reconnaît qu’une démarche qualité a été engagée et valide l’existence de partenariats économiques, un dispositif de suivi des étudiants, une démarche d’orientation auprès des collégiens, l’organisation de formation continue, un cursus complet jusqu’au BTS.

Les métiers de l’animation socioculturelle et sportive

Ces métiers, qui représenteraient aujourd’hui près de 7000 emplois en Bretagne, se sont fortement développés depuis 15 ans, puisqu’on estime que leurs effectifs ont doublé sur cette période. Ils ont du mal à être reconnus comme constitutifs du tourisme. Les professionnels sont d’ailleurs réticents à cette reconnaissance qui considèrent à quelques exceptions près - comme dans tourisme équestre - que leur fonction principale n’a pas de lien direct avec le tourisme, et que ces animateurs sont avant tout des éducateurs. Il y aurait donc une certaine dérive à considérer que le secteur de l’animation et de l’éducation populaire serait dédié en grande partie au tourisme. Cependant, l’évolution même du tourisme vers un tourisme culturel, que l’on pourrait aussi qualifier de tourisme éducateur, conduit de plus en plus, aussi bien dans le domaine sportif que culturel, à associer ces professions au développement des activités touristiques.

Il s’en suit aussi un besoin de professionnalisation important. A ce sujet, il est souvent mentionné que des recrutements d’animateurs qui se limiteraient aux niveaux V et IV, alors que les niveaux III sont indispensables pour un encadrement de qualité, nuiraient fortement à cette professionnalisation. Notons enfin qu’à cette résistance venant de l’intérieur à être assimilé au tourisme, répondent symétriquement les professionnels du tourisme qui ont du mal à considérer les animateurs comme des partenaires à part entière pouvant être associés dans le montage de projets destinés à une clientèle touristique.

Les métiers de l’accueil.

Une fraction seulement des 3400 personnes travaillant dans ces métiers de l’accueil est occupée dans le tourisme. Ces métiers concentrent une forte proportion de non-diplomés notamment dans les activités de standardistes ou chez les hôtesses d’accueil. On y trouve aussi, plus qu’ailleurs, des activités à temps partiel et des statuts précaires.

Il est très difficile d’associer à des métiers précis cette fonction de l’accueil, qui traverse en réalité de nombreuses professions, concernées peu ou prou par le service rendu au touriste. Si ce service de l’accueil présente des spécificités, en exigeant des compétences particulières, clairement identifiées, celles-ci ne se cantonnent pas à ce qu’il est convenu couramment d’appeler le savoir être, et qui renverrait notamment à des dispositions psychologiques, à la manifestation d’une certaine sociabilité, à une « bonne éducation »… : être poli, sourire, bien présenter….

L’accueil semble avant tout renvoyer dans ce champ à des capacités relationnelles, communicationnelles (où l’on retrouve la question des langues), et à fournir la bonne information au bon moment. De ce point de vue, il concerne tous les acteurs, marchands et non-marchands, qui sont en contact avec les touristes, jusqu’aux bénévoles, et plus largement aux populations locales. La question de la sensibilisation et de la formation de ces populations est alors posée. Des expériences ont déjà été engagées dans ce sens. L’espace du territoire, comme celui des pays d’accueil, semble particulièrement pertinent pour donner toute son épaisseur et son sens à de telles actions. Mais l’accueil, c’est aussi la disposition à recevoir qui ne renvoie pas qu’aux personnes, mais aussi aux équipements : horaires d’ouvertures des infrastructures d’hébergement et d’animation, des commerces (sur des périodes de forte fréquentation comme sur des périodes creuses).

4. LES JEUX D’ACTEURS : DE NOUVELLES RÈGLES QUI SE