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La sécurité ; une démarche à intégrer dans les projets de rénovation urbaine :

CHAPITRE IV : L’IMPORTANCE DE LA GESTION URBAINE DE PROXIMITE

IV.2. La rénovation urbaine : un processus résultant des déficits de la Gestion Urbaine

IV.2.2. La sécurité ; une démarche à intégrer dans les projets de rénovation urbaine :

Lorsqu‟on parle de qualité urbaine, on évoque le plus souvent un endroit où il fait bon vivre et tranquille286. De ce fait, l‟intégration d‟une étude de sécurité au projet se veut nécessaire pour parvenir à aborder dans sa globalité spatiale et sociale la question de l‟insécurité, du désarroi ou de l‟abandon, qui constituent le cœur de la problématique des espaces intermédiaires dans le logement collectif.

283 En France, l‟agence nationale pour la rénovation urbaine (ANRU) est un établissement public industriel et commercial créé par l‟article 10 de la loi d'orientation et de programmation pour la ville et la rénovation urbaine du 1er août 2003, afin d'assurer la mise en œuvre et le financement du programme national de rénovation urbaine (PNRU).Elle est placée sous la tutelle du ministre chargé de la politique de la ville qui fixe les orientations générales de son action.

284 http://fr.wikipedia.org/wiki/Renouvellement_urbain

285 http://fr.wikipedia.org/wiki/Op%C3%A9ration_de_r%C3%A9novation_urbaine

286 Magali Volkwein, sécurité et rénovation urbaine pour une intégration des qualités d’usage au projet urbain, Étude n°20.06.05, IAURIF, 2006, p07

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Si l‟insécurité dans les quartiers sensibles (ZUS, ZRU, ZFU) est un problème latent et généralement fluctuant, il est cependant rare qu‟elle soit à l‟origine du lancement d‟une opération de rénovation urbaine287. Bien qu‟il est possible de recenser en matière de rénovation urbaine deux attitudes caractéristiques : La conception de l‟espace ; la Gestion et les Usages de l‟espace.

IV.2.2.1. La conception de l’espace :

L‟ensemble des délits commis par les délinquants est abordé par le contexte dans lequel il est produit. L‟auteur du délit ne passe à l‟acte que si des opportunités sont offertes à travers la situation et le contexte spatial, (architectural et urbain). Ce dernier influence et alimente de façon plus évidente le sentiment d‟insécurité. C‟est dans ce cadre que l‟aménagement de l‟espace agit sur la volonté du délinquant à passer à l‟acte. Il s‟agit donc de démotiver le délinquant et de rassurer l‟usager. Mais ce qu‟il faut noter c‟est que la qualité d‟un espace relève aussi du taux de sa fréquentation et des activités qui s‟y exercent.

Pour l‟aménageur l‟objectif est de déterminer les caractéristiques environnementales qui influent sur la décision d‟une personne à agir de façon délinquante ou incivile et sur la perception de la sécurité d‟un usager. L‟action est donc « préventive » - anticiper des risques potentiels - ou « curative » - réagir à une situation existante288.

IV.2.2.1.1. Les lieux de l’insécurité au sein des ensembles d’habitation :

Le logement proprement dit est rarement vécu comme un lieu d‟insécurité. Alors que les espaces communs et intermédiaires cristallisent l‟inquiétude. Mais parmi les espaces polarisant une bonne partie des problèmes, on relève les caves et les parkings.

Bien souvent et notamment dans les immeubles les plus importants par leur taille, les caves font l‟objet d‟une sorte d‟instrumentalisation au profit d‟une délinquance à la recherche de lieux propices à toute sorte de délits (trafic de stupéfiants, stockages de marchandises recelées, etc….) Quand aux parkings, ils concentrent un taux d‟insécurité et de sentiment d‟insécurité assez important, ce qui suscite de sérieuses interrogations. Selon certaines enquêtes, ceci s‟explique par des infractions dont les résidents en seraient victimes d‟une tentative de vol de leur voiture ou d‟objet à l‟intérieur de celle-ci. Mais les parkings sont plus que cela, ils occupent une surface considérable autour des logements, ils forment des

287 La source Magali Volkwein, sécurité et rénovation urbaine pour une intégration des qualités d’usage au projet urbain, Étude n°20.06.05, IAURIF, 2006, pp10, cite Les quelques opérations spécifiques de prévention de la délinquance qui ont été menées après les premières flambées de violence dans les années 1980 (dans le quartier du Val fourré à Mantes-la-Jolie, par exemple), étaient en effet plus spécifiquement orientées dans le domaine de la prévention sociale.

288 Céline Loudier-Malgouyres, Aménagement et sécurité, Enjeux et éléments de méthode, à l‟usage des acteurs de l‟aménagement, Ed, IAURIF – Novembre 2004, pp23

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espaces ouverts, visibles, ceux par lesquels il faut emprunter chaque jour pour gagner ou quitter son logement. Ils sont fréquemment très proches des entrées d‟immeubles. Le parking est donc omniprésent. Il est le lieu par lequel on peut juger l‟état du quartier. S‟il est Jonché d‟épaves, d‟immondices, de taches d‟huile, le ton est donné : sa laideur intrinsèque, infligée à tous y compris à ceux qui ne possèdent pas de voitures est comme redoublée par les traces permanentes et ostentatoires d‟une insécurité. Il fait plus que la contenir en tant que support, il la montre289.

IV.2.2.1.2. Les heures de l’insécurité au sein des ensembles d’habitation :

Quand on pose la question des heures d‟insécurité au sein des ensembles d‟habitat, la réponse parait comme évidente et le rapport est toujours relié à l‟éclairage. A ce sujet de nombreux débats ont eu lieu sur le rapport éventuel entre l‟intensité de l‟éclairage et l‟exposition au risque. La question principale fut, est ce que l‟amélioration de l‟éclairage pouvait faire diminuer le taux de criminalité dans les zones ou elle était mise en œuvre ? Selon Alice Coleman et Oscar Newman qui font parti du courant de la « prévention situationnelle » la réponse est positive tandis que Sophie Mosser et Jean-Pierre Devars n‟hésitent pas à affirmer que "(…) on ne peut pas prévoir les capacités cognitives, imaginatives qui, à partir de l’appréhension psycho-sensorielle d’un espace physique (statique et dynamique) produisent un sentiment de crainte ou un sentiment de sérénité. Elles demeurent uniques pour chaque individu et restent essentiellement référées aux analyses sémantiques diurnes de chacun."290

Cependant, selon l‟enquêtes IPSOS291 n°39-40, on peut noter que les résidents estiment à une écrasante majorité qu‟elles se déroulent généralement le soir et la nuit (73%) plutôt que le jour (11%).Bien entendu elle doit varier en fonction des caractéristiques des individus : à ce sujet, il est intéressant d‟observer que ceux qui soulignent le plus ce risque nocturne et ces dangers particuliers de la fin de la semaine appartiennent aux tranches d‟âges les plus jeunes. Ce sont par exemple les 15-19 ans qui marquent l‟inquiétude la plus forte quant aux soirs et aux nuits : ils sont 84,4% à estimer (+11% par rapport à la moyenne de l‟échantillon) que les agressions sont généralement commises durant ces laps de temps292.

289 Didier Peyrat, Habiter cohabiter La sécurité dans le logement social, Rapport à Marie-Noëlle Lienemann, secrétaire d‟État au Logement, Paris le 27 juin 2001, pp34

290La source : Didier Peyrat, Habiter cohabiter La sécurité dans le logement social, Rapport à Marie-Noëlle Lienemann, secrétaire d‟État au Logement, Paris le 27 juin 2001, pp35, cite : “Quel droit de cité pour l’éclairage urbain ?” Les annales de la recherche urbaine, Nuits et lumières, n° 87, septembre 2000

291 IPSOS Société française d'étude et de conseil. Spécialisée dans les sondages d'opinion, elle fut créée en 1975.

292 Didier Peyrat, Habiter cohabiter La sécurité dans le logement social, Rapport à Marie-Noëlle Lienemann, secrétaire d‟État au Logement, Paris le 27 juin 2001, pp35

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Dans l‟ensemble, à condition de raisonner en terme de probabilité et non de mécanisme, il paraît évident qu‟une ambiance floue dans laquelle il est impossible de dévisager et plus difficile d‟anticiper sur les obstacles qui peuvent se présenter et les mouvements qui peuvent se produire autour de soi (du côté des victimes réelles ou potentielles) et facile d‟échapper à une identification (du côté des auteurs) constitue un facteur tangible non seulement d‟inquiétude mais également d‟insécurité. Par ailleurs les résidents estiment également que les actes problématiques se déroulent généralement le week-end à (49%) plutôt qu‟en semaine à (25%). Ici également, les jeunes sont les plus affirmatifs : les 20-24 ans relèvent le plus cette insécurité particulière des fins de semaine : 60,5%.

La question soulevée n‟est pas anodine, c‟est précisément durant ce laps de temps que les services publics de sécurité et de gestion de proximité sont, en général, les moins performants en termes d‟effectifs et d‟horaire d‟ouverture293.

IV.2.2.2. La Gestion et les Usages de l’espace :

Lorsqu‟on vit dans un quartier extrêmement dégradé, il devient très difficile de se projeter dans une amélioration qualitative de l‟espace et de croire en une véritable métamorphose de son lieu de vie. De fait, même si les locataires acceptent de croire à la réalité du projet, leur expérience en matière d‟abandon et de déficit de gestion urbaine de proximité ne peut que rarement les amener à avoir envie de participer à un projet, qui, quelques soient ses qualités intrinsèques, semble vouer au même abandon que le précédent. C‟est dans ce contexte que des mécanismes de prévention ont été mis en ordre afin de réduire les risques d‟insécurité et son sentiment.

IV.2.2.2.1. Les mécanismes organisationnels :

- Gestion, coordination des gestionnaires, qualité de fonctionnement, cohérence de l‟ensemble des interventions sur le site, affirmation des différentes responsabilités, affichage des règlements, anticipation du devenir de l‟espace, etc. ;

- Entretien et maintenance : pour éviter les caractères « dépréciateurs » signifiant une vulnérabilité aux troubles ;

- Présence humaine et « surveillance formelle » des gestionnaires, assurant leur responsabilité en cas de problèmes ;

- Accessibilité des « autorités » et des « intervenants » sur le site, gestionnaires, acteurs sociaux…)294.

293 Didier Peyrat, Habiter cohabiter La sécurité dans le logement social, Rapport à Marie-Noëlle Lienemann, secrétaire d‟État au Logement, Paris le 27 juin 2001, pp35

129 IV.2.2.2.2. Les mécanismes sociaux :

- Surveillance informelle, contrôle social : ou encore surveillance naturelle, Co-veillance (expressions issues des exemples anglo-saxons dont il faut retirer la connotation française de délation, pour préférer celle d‟implication dans la vie collective, dans le « vivre ensemble ») ;

- Fréquentation, animation : entraînant des usages suffisamment nombreux pour générer une vie collective, favorable au mécanisme du contrôle social ;

- Appropriation positive : il s‟agit de sentiment d‟appartenance ou d‟implication dans le bon fonctionnement d‟un espace ;

- Responsabilisation : vis-à-vis de l‟espace considéré mène à un respect de son fonctionnement, de son entretien et de ses règles, se mêle à la notion d‟appropriation295.

IV.2.2.3. La conception et la gestion de l’espace : deux actions de lutte et de prévention contre l’insécurité :

La conception et la gestion des espaces participent à la coproduction de la sécurité en diminuant les conditions propices à l‟insécurité et au sentiment d‟insécurité. Mais plus encore, l‟aménagement de l‟espace peut être directement utile aux politiques et aux actions de prévention et de lutte contre l‟insécurité. Il joue là un rôle complémentaire296.

IV.2.2.3.1. Faciliter l’intervention de l’ordre public :

La conception et la gestion des espaces sont des éléments déterminants pour faciliter l‟intervention des patrouilles de police. Car ces derniers déterminent les caractéristiques spatiales qui influent sur leur travail suivant les points suivants :

- Visibilité des espaces : c‟est-à-dire voir et être vu du public, des délinquants,

- Lisibilité des espaces : les différents statuts juridiques des espaces impliquent la mise en place de partenariats et de conventions entre la police et les propriétaires ou gestionnaires pour permettre l‟accessibilité et l‟intervention,

- Accessibilité : pouvoir se déplacer et accéder rapidement au lieu souhaité en sachant qu‟il existe différents types d‟unités (à véhicule, à pied, en VTT, etc.),

294 Magali Volkwein, sécurité et rénovation urbaine pour une intégration des qualités d’usage au projet urbain, Étude n°20.06.05, IAURIF, 2006, pp22

295 Magali Volkwein, sécurité et rénovation urbaine pour une intégration des qualités d’usage au projet urbain, Étude n°20.06.05, IAURIF, 2006, pp22

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- Facilitation de l‟îlotage grâce à la configuration des lieux qui vise la relation de proximité avec les habitants et la remontée de l‟information du terrain297.

IV.2.3. Les principaux risques à évaluer dans les opérations de