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CHAPITRE III : L’ESPACE INTERMEDIAIRE, L’INSECURITE D’UN LIEU :

III.1. L’insécurité : Emergence d’un phénomène

III.1.1. Comprendre le thème de l‟insécurité

III.1.1.2. Qu‟est ce que l‟insécurité ?

L‟explication ainsi que la compréhension du concept insécurité renvois d‟abord à la signification de son contraire qu‟est « la sécurité ».

III.1.1.2.1. La sécurité :

C‟est l'absence de danger, mais plus généralement, il s'agit de l'impression subjective ressentie par celui qui ne perçoit pas de danger. La sécurité et son antonyme l'insécurité sont donc des notions subjectives182.

Pour nous, La sécurité est un sentiment de paix, de quiétude, de sérénité et de calme que l'on récent en nous et au lieu ou nous sommes installé. C‟est un état ou une situation dépourvue de menace, d‟ordre (physique, moral, ou matériel) ; une perception d‟être à l‟abri.

180 Souhila Hammadi, Zerhouni s’explique sur la présence du FBI à Alger, Liberté, 12 avril 2008

181 Idem 182 http://www.memoireonline.com/02/09/1977/m_lanalyse-des-cause-de-linsecurite-permanente-dans-la-region-de-grand-lacs-cas-de-la-republique-dem1.html#toc2 78,000 117,000 112,000 119,000 125,000 130,000 65,723 2001 2002 2004 2005 2006 2008 2010

les crimes enregistrés en Algérie

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Afin que ce niveau optimal de sécurité soit obtenu trois (03) conditions devraient être réunies :

- Contrôle des dangers :

- Respect d‟intégrité (physique, matériel, moral) - Climat de cohésion et de pait social183.

III.1.1.2.2. L’insécurité :

L‟insécurité est une notion complexe et multifonctionnelle. Selon Robert Castel « l‟insécurité c‟est autant l‟insécurité sociale que l‟insécurité civile ».

III.1.1.2.2.1. L’insécurité sociale :

L‟insécurité sociale, c‟est être à la merci du moindre aléa de l‟existence. Par exemple, une maladie, un accident ou une interruption de travail, peuvent rompre le cours de la vie et faire basculer un individu dans l‟assistance voire dans la déchéance sociale. Dans ce sens, on peut dire que l‟insécurité sociale a été une donnée permanente. Mais dans nos sociétés, la lutte contre cette insécurité sociale relève d‟une autre fonction de l‟État. Il s‟agit de « l‟État providence » ou « l‟État social » qui s‟est mis plus tardivement en place en France et en Europe à partir du XXe siècle, et particulièrement depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Cette situation d‟insécurité sociale est notamment celle vécue par les jeunes en quête d‟emploi, les jeunes qui « galèrent ». Mais cette « galère », au fond, correspond à une version moderne du fait de vivre au jour le jour184

III.1.1.2.2.2. L’insécurité civile :

Les menaces qui portent sur l‟intégrité des biens et des personnes sont appelées insécurité civile. Ces menaces s‟articulent autour des vols, des violences, de la délinquance et des incivilités. Ce qui renvoi à la problématique de l‟état de droit.

Thomas Hobbes, au XVIIème siècle, avait bien ciblé ce problème (l‟insécurité civile). Il avait insisté sur le rôle important de l‟état pour assurer la sécurité des biens et des personnes, et ainsi éviter « la guerre de tous contre tous ». Mais afin d‟obtenir une sécurité totale, il faudrait avoir un Etat absolu, alors qu‟on lui reproche d‟être trop laxiste185….

183Bastien, Isabelle et sylvain Tremblay : Concepts Théoriques et propositions de mesures évaluatives, université de Montréal, décembre1992, p.56.

184Idem

185Robert CASTEL,« L’insécurité sociale : qu’est-ce qu’être protégé ? », Texte communiqué à partir de la rencontre-débat du 16 décembre 2004 Organisée par le Centre de Ressources Politique de la Ville en Essonne, Ed : du Seuil dans la collection « La République des idées » en 2003.

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III.1.1.2.2.2.1. Les sources de l’insécurité.

L'insécurité est un sentiment paralysant dont les sources sont multiples. Ces source proviennent à la fois du vécu de la personne et sur le plan collectif des informations provenant des médias et de l'organisation sociale des espaces urbains.

Mais il est essentiel de distinguer la violence de l'insécurité. La violence consiste en des actes commis tandis que l‟insécurité est liée aux conséquences de ces actes et qui se qualifie d'émotion. Et ce qu‟il faut noter de plus, c‟est que l'insécurité contribue parfois au développement d'acte de violence urbaine en entraînant l'abandon de lieux publics, laissant toute la place aux manifestants d'actes de violence186.

C‟est dans ce cadre que l‟insécurité a fait l‟objet de nombreux enquêtes et statistiques. Ces derniers démontrent que les actes violents se multiplient et composent dans beaucoup de pays, un quart des délits commis en milieu urbain187.

Tableau 1 : Pourcentage de la population qui, sur une période de cinq ans, est victime de violence

Source : http://cyberschoolbus.un.org/french/habitat/units/un05tab6.htm

III.1.1.2.3. La violence urbaine :

Elle peut être définie comme suit : « collective, ouverte et provocatrice, elle est à la fois destructrice (incendies d’écoles et d’infrastructures socio-éducatives, rodéos, tapages), émotionnelle, (attroupements hostiles, émeutes), spectaculaire, parfois ludique, très souvent crapuleuse (vols avec violence, rackets (...), toujours juvénile »188 . Elle ne se confond pas avec la simple délinquance et semble être liée à des points particuliers : l‟espace urbain ; la population et l‟habitat.

186 Renée Rouleau, L'insécurité urbaine : Un mal qui paralyse les femmes

187 http://cyberschoolbus.un.org/french/habitat/units/un05safe.htm#tab6

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III.1.1.2.3.1. Qu’est ce que la violence urbaine ?

- La violence urbaine est tout acte violent non justifié ou non légitime se déroulant en milieu urbain. C‟est aussi une violence morale ou sociale causée par l‟environnement urbain sur des individus. Elle désigne des comportements bien particuliers visant des faits illégaux commis dans des zones géographiques appelées banlieues ou cités. - La violence urbaine, selon l‟idée générale, peut être définie comme suit : « actes

juvéniles collectifs commis de manière ouverte et provocatrice et créant dans la population un fort sentiment d'insécurité ». Elle peut être destructive (dégradations), émotionnelle (émeutes), ludique (rodéos de véhicules) et/ou crapuleuse (protection d'un trafic) 189. On peut ajouter à cette description le développement de phénomènes anarchiques et d'une sous-culture de quartier hostile aux représentants des institutions, en particulièrement aux forces de l'ordre. Plusieurs caractères sont donc mis en exergue : la jeunesse et les motivations des auteurs, l'aspect collectif et la justification des actes190. Cette définition des violences urbaines permet d'englober des actes différents, allant des incivilités les plus dures - mais non constructives d‟infraction pénale - aux violentes émeutes urbaine en passant par la petite violence au quotidien. Ces divers degrés dans la violence urbaine constituent néanmoins une unité ayant pour fondement la remise en cause des règles sociales fixées par la collectivité191.

La violence urbaine semble donc poser en filigrane la question d‟un rapport de causalité entre pauvreté (manque de moyen relatif aux autres ou dans l‟absolu), ségrégation (la division sociale et spatiale d‟une société en unités distinctes) et violences urbaines192 dans les villes européennes et dont l‟Algérie n‟y échappe pas.

III.1.1.2.3.2. Un vide juridique- problématique-

Les violences urbaines ne sont pas perçues en fonction d'une qualification juridique. Elles ne sont donc pas considérées comme une infraction spécifique du code pénal mais par rapport à un ensemble de comportements et d'actes plus ou moins violents ayant des caractéristiques précises et perpétrés dans certaines zones géographiques193. Par conséquent, un individu ne sera jamais poursuivi au titre des "violences urbaines", mais pour avoir commis l'un des actes constitutifs de ces violences urbaines: violence, incendie volontaire, dégradation de

189 http://les-violences-urbaines.skyrock.com/

190 Idem

191 Idem

192 Véronique Fourault, Pauvreté, ségrégation, violences urbaines

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bien, rébellion, etc... Ce qui explique que les violences urbaines sont des actions caractérisées par la remise en cause de l'odore social et des actes aggravant le sentiment d'insécurité.

III.1.1.2.4. Le sentiment d’insécurité :

Le sentiment d‟insécurité ne reflète pas forcément l‟existant mais il s‟impose comme l‟idée que l‟on a de sa propre sécurité. Selon certaines enquêtes, pour sentir le sentiment d‟insécurité, on n‟a pas besoin d‟être victime ou de connaitre une victime mais les fais que les gens craignent sont ceux qu‟ils perçoivent comme menace.

- Le sentiment d'insécurité peut être individuel ou collectif .Il combine le danger et la perception de sa gravité. Les éléments perçus collectivement comme angoissants peuvent varier d'un pays à l'autre ou d'une période à une autre, d'un segment de population à l'autre194.

Il recouvre (02) deux composantes :

- la peur vécue qui exprime une inquiétude pour soi et pour ses enfants .Cette peur peut être ressentie de façon différente selon les lieux et les moments (par exemple, la nuit dans les transports) ;

- la peur sociale, appelée préoccupation «sécurité», est le reflet d‟une opinion générale sur la société (au même titre que le chômage, la santé…)195.

III.1.1.2.4.1. Le sentiment d’insécurité ; une vulnérabilité sociale :

Le sentiment d‟insécurité s‟oppose ou se superpose sur l‟insécurité. Ce qu‟il faut noter, c‟est que le sentiment d‟insécurité exprime autre chose que la seule expérience d‟être la victime, il peut exprimer une vulnérabilité. Cette dernière est liée à l‟âge, au sexe et au milieu social. Certaines enquêtes indiquent que dans une partie des quartiers, la peur est alimentée par des signes extérieurs de désordre et d‟abandon tel que le bruit, la saleté, les tags, les dégradations et les regroupements de jeunes. Mais en partie la vulnérabilité est liée à l‟évolution du mode de vie et à ses conséquences sur les liens sociaux et les solidarités de proximité196.

194 http://www.memoireonline.com/02/09/1977/m_lanalyse-des-cause-de-linsecurite-permanente-dans-la-region-de-grand-lacs-cas-de-la-republique-dem1.html#toc2

195 Institut d‟aménagement et d‟urbanisme, note rapide, Société, N° 453-Octobre 2008

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III.1.1.2.4.2. Les composants du sentiment d’insécurité :

Les éléments constitutifs du sentiment d‟insécurité sont les « incivilités » comme le tapage nocturne, le vandalisme, l‟occupation agressive et bruyante des espaces publics et privés. Selon Rocher, ces comportements sont ressentis comme « des blessures, des fractures de la société » à la limite du délit. Les incivilités sont des facteurs de la vie sociale générant des sentiments de rejet, de crainte et d'insécurité .Il y a lieu de souligner que l‟incivilité n‟est pas la seule composante du sentiment d‟insécurité. Car cette dernière peut être alimentée par la non élucidation de nombreux délits, faute d‟aboutissement de l‟enquête, ce qui se traduit par la perte de cofinance des habitants vis-à-vis de l‟autorité197.

III.1.1.2.4.2.1. L’incivilité :

L‟apparition du terme incivilité remonte au début des années 1970 aux États-Unis. Et c‟est en 1982 que deux chercheurs, Kelling et Wilson développent à la suite du sociologue Erving Goffman, les implications de la notion incivilité en se fondant sur la théorie dite de "la vitre brisée". En 1993, un chercheur français, Sebastian Roché s‟intéresse à cette notion au regard de la situation de la délinquance en France198.

III.1.1.2.4.2.2.1. Essai de définition

La définition de « civilité » renvoi à « l’observation des convenances, des bonnes manières en usage dans un groupe social ». D‟après Sébastien Roché, « l‟incivilité » est l‟ ensemble de nuisances sociales extraordinairement variées qui ne blaisent pas physiquement les personnes mais bousculent les règles élémentaires de la vie sociale et remettent la confiance par les comportements qu‟elle recouvre tel que les crachats, les graffitis sur les murs des villes, les dégradations de biens publics, les attroupements d‟individus potentiellement menaçants, le bruit dans les immeubles d‟habitation, les insultes dans la vie quotidienne, le manque de respect envers les personnes âgées199... Mais la difficulté principale est que cette notion sociologique englobe à la fois des comportements gênants qui ne sont pas pénalement sanctionnés et d‟autres constituent de vraies infractions. Les débats menés autour de cette notion considèrent que cette expression masque de réelles infractions en l‟occurrence la délinquance. D‟autres récusent cette formulation qui légitimerait l‟établissement insidieux d‟un appareil répressif public et privé200.

197 http://les-violences-urbaines.skyrock.com/

198 Incivilités, violence et citoyenneté,Une citoyenneté en crise, dans vie publique, le 30-05-2006

199 Idem

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III.1.1.2.4.3. Les causes du sentiment d’insécurité :

Lorsque l‟on parle d‟« insécurité » on doit nécessairement aborder la question du « sentiment d‟insécurité ». Les Conseils locaux de sécurité et de prévention à la délinquance des instances françaises locales en donnent une définition intéressante :

« Le sentiment d'insécurité repose à la fois sur des causes objectives (les faits de délinquance) et sur des causes subjectives (la connaissance plus ou moins exacte des faits, les préjugés, les incompréhensions ou les rumeurs) qui l'alimentent de façon variable en fonction du contexte général »201. Les causes dites « subjectives » renvoient à la mauvaise image et la stigmatisation du quartier. Quand aux causes « objectives » elles renvoient aux actes criminels et de délinquance ainsi que la forme et la condition du bâti.