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CHAPITRE III : L’ESPACE INTERMEDIAIRE, L’INSECURITE D’UN LIEU :

III. 2.2. « Urbanité » et « Sécurité », une combinaison s‟impose

III.2.2.2. Les espaces intermédiaires, en attente d‟urbanité

Les espaces intermédiaires du logement collectif sont logiquement porteurs d‟une urbanité élémentaire, alors que la réalité est toute autre. Les espaces intermédiaires sont vécus sur le mode de l‟abandon ou encore du détournement. Ils font l‟objet d‟usages contradictoires, « tout se passe comme si leur destination première n‟était plus respectée »230. Et pourtant de

227 Cathrine FURET, Technique et architecture, n°446, décembre 1999_janvier2000,p.57.

228 Thomas Faillebin, les espaces intermédiaires comme projet d‟urbanité, illénaire, de février à juin 2007

229 Idem

230 Claire LEVY-VROELANT, Brigitte DUSSART, Jean-Pierre FREY, Les enjeux de la “ residentialisation ” des cites

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la conception d‟espèce intermédiaire, il est légitime d‟attendre un véritable mode d‟habiter. Quand ces espaces sont bien pensés (éclairage, lisibilité, protection…), passer de la rue au logement peut devenir une expérience urbaine à part entière231. Mais la qualité recherchée pour les espaces intermédiaires ainsi que leur conception ne doivent pas aboutir à une « occultation de la banalité des logements »232 qui ne bénéficient alors que de « la normalité du plan et des prestations »233.

III.2.2.2.1. Quelles réponses « urbaines » aux besoins de sécurité ?

La sécurité est un véritable enjeu urbain pour les concepteurs (architecte et urbaniste) et pour les aménageurs. La prévention et la lutte contre l‟insécurité procèdent par une approche multidisciplinaire qui conjugue sous le principe de « coproduction de sécurité », les domaines de la police, de la justice, du social, de l‟éducation ou de l‟emploi234. En rapprochant les questions de sécurité des dysfonctionnements urbains ou de l‟ambiance urbaine, l‟approche spatiale et urbaine en devient un des volets complémentaires. Car l‟aménagement en matière de sécurité peut offrir plus que des mesures techniques ou technologiques de protection des espaces ou du bâti, même si certaines situations les rendent nécessaires235. Alors que, les formes urbaines et architecturales concentrées sur un objectif de sécurisation favorisent la fermeture des espaces, le retranchement et la logique de «l‟entre-soi». Leur développement accentue le morcellement des espaces urbains et renforce les risques de ségrégations urbaines et de division sociale de l‟espace existant. De ce fait, une réflexion sur la façon de produire de l‟espace, à la fois sûr et urbain se veut nécessaire. Mais Au-delà d‟une vision seulement sécuritaire de la question, il s‟agit d‟apporter des solutions « urbaines» à l‟enjeu de sécurité, des réponses qui combinent « urbanité » et sécurité.

III.2.2.2.2. Les espaces intermédiaires face à l’obsession sécuritaire

Selon Valérie Lebois et Cristina Mazzoni, « les espaces intermédiaires sont pensés pour apporter une plus-values au logement en tant que tel (vie calme) ainsi qu’une protection vis-à-vis des dangers extérieurs (l’insécurité en première ligne) ….». Ainsi face aux risques de conflit et à l‟incertitude sur les modes de gestion et d‟entretien, l‟attitude majoritaire est plutôt de réduire au maximum les espaces communs. L‟actuelle conjoncture gestionnaire et

231 Thomas Faillebin, les espaces intermédiaires comme projet d‟urbanité, illénaire, de février à juin 2007

232 Christian MOLEY, « les tendances de conception », in François ASCHER (dir). Le logement en question, p.250

233 Idem p251

234 Céline Loudier-Malgouyres, Aménagement et sécurité, Enjeux et éléments de méthode, à l‟usage des acteurs de l‟aménagement, Ed, IAURIF – Novembre 2004

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sécuritaire freine l‟ouverture à autrui dans l‟habitat. « Nous évitons tous les espaces indéterminés, flottants, ni privé ni publics »236 car « moins il ya d‟espaces communs, de recoins délaissés, moins il ya de conflits »237.

III.2.2.2.3. L’aménagement des espaces : un facteur de sécurité

Des études et des observations démontrent que l‟aménagement des espaces peut contribuer à la réduction de l‟insécurité et du sentiment d‟insécurité. Ces aménagements s‟articulent autour de trois(03) facteurs :

III.2.2.2.3.1. La lisibilité d’espace :

La lisibilité de l‟espace est une notion indéfinie et floue, mais sa compréhension peut être expliquée comme une mise en cohérence entre :

- Son statut : public, privé, privé ouvert au public, etc.

- Sa fonction : résidentielle, commerciale, d‟espace public, etc.

- Son usage : accès libre, accès privatif, usage public avec accès payant, etc. - Son mode de gestion : privée, publique, à un gestionnaire ou à plusieurs, etc238. La lisibilité de l‟espace passe en particulier par leur délimitation et leurs hiérarchisations. Lors de la conception architecturale, l‟architecte devrait renforcer ce marquage par des éléments physiques, paysagers ou symboliques. De cette façon, la cohérence entre le statut de l‟espace (public, privé), sa fonction (espace public, résidentiel), ses usages et son mode de gestion sera définie.

Figure 16 : espace résidentielle aménagé Source : www.artefact-archi.com/.../catégoriel/logements/

236 La source : Thomas Faillebin, les espaces intermédiaires comme projet d‟urbanité, illénaire, de février à juin 2007, cite : Propos du directeur de l‟OPAC, Yves Laffoucriere in Soraya Mehiri, « OPAC de Paris, respecter l‟identité des quartiers », Habitat et société, N°14,Juin 1999 ,P.34-35

237 La source : Thomas Faillebin, les espaces intermédiaires comme projet d‟urbanité, illénaire, de février à juin 2007, cite : Propos de l‟architecte conseil de l‟OCIL in françois Lamarre, « OCIL, entre création et usage », d‟architectures, N°19, oct.1991, p.24-25.

238 Céline Loudier-Malgouyres, Aménagement et sécurité, Enjeux et éléments de méthode, à l‟usage des acteurs de l‟aménagement, Ed, IAURIF – Novembre 2004

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III.2.2.2.3.2. La gestion de l’espace :

Les espaces peuvent être aménagés afin de faciliter leur gestion. L‟objectif sera alors la surveillance et l‟entretien, ainsi que la coordination entre les intervenants. Ces actions améliorent les fonctionnements des espaces, ce qui va favoriser sa fréquentation et minimiser les risques de développement de l‟insécurité.

Figure 17 : aménagement des espaces collectifs permettant la lisibilité et la gestion Source : http://www.crime-prevention.org/icpc

III.2.2.2.3.3. Les usages de l’espace :

Un espace aménagé participe à la sécurité à travers, la surveillance informelle ; la surveillance naturelle ou encore le contrôle social. Un espace sécurisé génère la vie collective par l‟animation, la fréquentation ainsi que l‟appropriation et la responsabilisation qui induit au respect des usagers envers l‟espace utilisé.

Figure 18 : espace public aménagé permettant la fréquentation et l’usage Source : www.iledenantes.com/fr/projets/8-quai-francoi..

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III.3. La sécurité dans les espaces intermédiaires : un croisement