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8. SUBDIVISION ET STRUCTURE DE L’ETUDE

1.4. LA SECURITE ALIMENTAIRE

1.4.3. Sécurité alimentaire en lien avec la consommation alimentaire

La sécurité alimentaire passe par quatre dimensions principales : disponibilité de quantités suffisantes de nourriture ; accès économique, physique et social aux ressources nécessaires pour acheter de la nourriture ; stabilité des deux dimensions précédentes ; et utilisation des aliments, notamment en ce qui concerne la nutrition, la salubrité et la qualité des aliments (Prospectives, 2010). Toutes les quatre dimensions doivent être appliquées simultanément afin d’atteindre tous les objectifs de la sécurité alimentaire CE/FAO (2008). La figure 1 ci- dessous établit le lien entre la sécurité alimentaire, la consommation alimentaire et l’état nutritionnel des individus.

La disponibilité physique des aliments porte sur le « côté de l’offre » de la sécurité alimentaire et est déterminée par le niveau de production alimentaire, les niveaux de provisions, et les importations alimentaires.

La stabilité des apports alimentaires dans le temps est une exigence adéquate pour ne pas tomber dans la rupture des stocks. Les conditions climatiques défavorables (sécheresses, inondations), l’instabilité politique (troubles sociaux), ou les facteurs économiques (chômage, augmentation du prix des aliments) peuvent causer des instabilités alimentaires tant sur les marchés que sur le système de production occasionnant ainsi de l’insécurité alimentaire. L’accès économique et physique des aliments : de bonnes provisions alimentaires au niveau national ou international ne garantissent pas en soi la sécurité alimentaire des ménages. Les inquiétudes par rapport à l’accès insuffisant aux aliments ont mené à une concentration sérieuse des politiques sur le revenu, les dépenses, le marché et le prix des aliments pour atteindre les objectifs de sécurité alimentaire.

L’utilisation des aliments porte sur la façon dont le corps optimise les différents nutriments présents dans les aliments. De bonnes pratiques de soins et d’alimentation, de préparation des aliments, de diversité du régime alimentaire, et de distribution des aliments à l’intérieur du ménage ont pour résultat un apport adéquat d’énergie et de nutriments. Ceci s’ajoute à une bonne utilisation biologique des aliments consommés, et détermine l’état nutritionnel des individus. Une approche de l’utilisation de la nourriture implique une double dimension de la sécurité alimentaire, à savoir : la consommation individuelle d’une alimentation suffisante et adéquate et la digestion de l’alimentation consommée (Tshingombe, 2007).

Figure 1. Dimensions de la sécurité alimentaire en lien avec la consommation alimentaire

Source : FAO, 2000.

L’alimentation suffisante et adéquate se réfère à la quantité et à la qualité de la nourriture consommée. Les organismes des Nations Unies intéressés par les problèmes de l’alimentation (FAO, OMS) ont pu mettre au point des indicateurs permettant d’évaluer l’état nutritionnel et les besoins nutritionnels des individus.

L’expression « état nutritionnel » désigne l’état de l’organisme résultant de l’ingestion, de l’absorption et de l’utilisation des aliments. Les indicateurs utilisés sont notamment les mesures anthropométriques (la taille, le poids et la circonférence du bras). Les mesures prises chez un individu sont comparées aux valeurs de référence pour son âge et son sexe.

L’expression « besoins nutritionnels » désigne la quantité d’énergie et de nutriments, exprimée sur une base journalière, nécessaire à une catégorie d’individus donnés pour permettre à ces individus d’être en bonne santé, de se développer et de mener une vie normale. En ce qui concerne la quantité suffisante d’énergie, la consommation minimale d’énergie se situe par jour, pour un adulte de 55 kg, à 2.450 cal.

Pour ce qui est de nutriments, la norme est de 75g par jour de protéines de bonne qualité, c’est-à-dire de protéines animales contenues dans le lait, l’œuf, la viande et le poisson et dont tous les acides aminés essentiels sont assimilables à 100%. Pour l’adulte consommant une ration alimentaire de type africain, les nutriments recommandés peuvent se chiffrer à un gramme de protéines par kg de poids corporel et par jour (FAO/OMS/UNU 1986). Par rapport

CONTEXTE POLITIQUE ET SOCIOECONOMIQUE Niveau national Population Education Macroéconomie Contexte politique Richesse en ressources naturelles Secteur agricole Conditions du marché Niveau infranational Caractéristiques du ménage Modes de subsistance Institutions sociales Attitudes culturelles DISPONIBILITES ALIMENTAIRES (Tendances et niveaux) Production Importations (nettes) Utilisations (alimentaire, non alimentaire) Stocks PRATIQUES DE SOINS Soins aux enfants Pratiques alimentaires Education nutritionnelle Préparation des aliments

Habitudes alimentaires Réparation des aliments au

sein du ménage STABILITE DES DISPONIBILITES ALIMENTAIRES ET ACCES (Variabilités) Revenus Marchés Droits sociaux ACCES A LA NOURRITURE (Tendance et niveaux) Pouvoir d’achat Intégration sur le marché

Accès aux marchés

CONSOMMATION ALIMENTAIRE Apport énergétique Ingestion d’éléments nutritifs UTILISATION DES ALIMENTS PAR LE COPRS Etat de santé ETAT NUTRITIONNEL SANTE ET HYGIENE Qualité de l’eau Assainissement Qualité et salubrité des

à ces besoins nutritionnels, peuvent être définis les concepts de sous-alimentation, malnutrition et famine :

La sous-alimentation évoque l’idée d’une insuffisance (surtout) quantitative dans l’utilisation de la nourriture, particulièrement en référence à la dose énergétique requise. La malnutrition évoque l’idée d’une insuffisance (surtout) qualitative dans l’utilisation de la nourriture. C’est une situation dans laquelle les besoins nutritionnels d’un groupe ou d’un individu ne sont pas correctement satisfaits par des apports en nutriments indispensables que le corps ne peut pas produire et qui sont essentiels à sa survie. Si l’alimentation n’apporte pas en quantité suffisante les 10 acides aminés essentiels, de graves complications, connues sous l’appellation de malnutrition protéique, apparaissent en particulier chez les enfants dont les besoins en protéines et en acides aminés essentiels sont élevés. Cette malnutrition peut être chronique, saisonnière, quotidienne ou fluctuante. D’une manière générale, on aime parler de la malnutrition protéino-énergétique (MPE) en référence à un apport alimentaire insuffisant (quantitativement et qualitativement) ou à une mauvaise absorption ou utilisation de nutriments, faisant que les besoins de l’organisme ne sont pas satisfaits.

La famine est définie comme une forme de malnutrition générale, prolongée et persistante, qui dure plusieurs mois et affecte la majorité d’une population sur une zone plus ou moins étendue et qui provoque une totale désorganisation économique et sociale et la mort massive par inanition. Le grand nombre de personnes qui souffrent de maladie suite à la carence en certains micro-éléments comme la vitamine A, le fer ou l’iode, montre en suffisance l’extrême importance de la qualité de la nourriture. D’autre part, une bonne consommation et digestion de la nourriture supposent la santé et de bonnes conditions sanitaires.

De ce qui précède, il y a lieu de considérer que la sécurité alimentaire rencontre la consommation alimentaire (l’utilisation des aliments), non seulement lorsque les aliments en quantité et qualité sont accessibles à tous les individus, mais aussi lorsque ces aliments ont été obtenus en tenant compte des habitudes et pratiques alimentaires de la population. Toutefois, une question reste posée ; comment concilier les habitudes alimentaires et les besoins nutritifs pour que les individus soient en bonne santé et mènent une vie active ? Tel est le défi qu’il faut relever.

CONCLUSION PARTIELLE

Le cadre théorique et conceptuel a permis de constater que les différentes méthodes utilisées pour analyser la consommation alimentaire peuvent bien s’appliquer dans le cadre de cette étude. En effet, l’étude des pratiques alimentaires pose deux types de problèmes méthodologiques (Poulain, 2003): par où entrer dans l’espace social alimentaire ? Et quels types de données collecter ?

Dans le cadre de cette étude, il nous semble que les différentes portes d’entrée (bilan alimentaire, budget et consommation ou les pratiques alimentaires) peuvent être combinées de manière à fournir les informations complémentaires sur les modes de consommation des ménages. Toutes les données pouvant permettre de faire la catégorisation des ménages (niveau d’urbanisation du quartier d’habitation, niveau de vie, niveau de revenu, dimension ou composition, etc.) ; les informations sur les profils des chefs des ménages notamment sont nécessaires et doivent donc être collectées, car elles ont une corrélation avec les modes de consommation.

Les deux modèles théoriques développés, à savoir le modèle agro-nutritionnel (MAN) et le modèle de consommation alimentaire (MCA) tels que développés par Bricas (1998), semblent pertinents pour la présente étude. Le premier permettra d’identifier les principaux aliments qui

constituent les sources d’énergie et de protéines pour la population sous étude, tandis que le second va permettre d’analyser la manière dont les consommateurs kinois s’organisent pour accéder à l’alimentation ainsi que leurs pratiques alimentaires.

Les différentes méthodes (directes ou indirectes) de mesures de consommation alimentaires : pesée des aliments, méthodes faisant appel aux tables de composition des aliments, méthodes par entretien faisant appel à la mémoire, tout comme les méthodes par enregistrement des quantités consommées, sont susceptibles d’être appliquées dans la présente étude. En outre, les outils de réalisation des enquêtes (questionnaires pré-établis, les outils des conversions des quantités des aliments en nutriments) permettent d’évaluer non seulement les quantités des aliments consommées mais aussi d’estimer la quantité de calories et de protéines acquises au départ des aliments consommés.

Enfin, la prise en compte, d’une part, des caractéristiques physiques et socio-économiques de la République Démocratique du Congo en général et celles de la ville de Kinshasa en particulier et, d’autre part, l’analyse de différentes politiques en matière d'agriculture et de sécurité alimentaire permettra de dégager les perspectives sur les questions touchant à la consommation alimentaire à Kinshasa. La figure 2 ci-dessous présente le schéma conceptuel de l’étude en établissant les liens entre les différents concepts afin d’aboutir à l’analyse des modes de consommations alimentaires des ménages à Kinshasa.

Figure 2. Schéma conceptuel de l’étude

Source : L’auteur Importance relative des aliments Modèle de Consommation Alimentaire (MCA)

Ménages : Localisation géographique Niveau présumé des richesses

Ménages présumés riches Ménages présumés moyens Ménages présumés pauvres

Première enquête : caractérisation des ménages

Ménages effectivement aisés Ménages effectivement moyens Ménages effectivement pauvres

Deuxième enquête : Suivi des ménages sur leurs modes de consommation alimentaire

Energie : cal/pers/jour Modes de vie, organisation des ménages Modes de consommation alimentaire ANALYSES PERSPECTIVES Structure des dépenses des ménages

Caractéristiques socio- économiques des ménages

DISCUSSION ET ANALYSE DES RÉSULTATS Modèle Agro-Nutritionnel (MAN) Protéines : g/pers/jour Facteurs influençant la consommation