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La République Démocratique du Congo (RDC) est située au cœur de l'Afrique où elle figure parmi les géants du continent, avec une superficie de 2.345.000 Km², soit 4 fois la France. Ce pays continent s’étend de l’océan Atlantique au plateau de l’est et correspond à la majeure partie du bassin du fleuve Congo. Le nord du pays est un des plus grands domaines de forêt équatoriale au monde, l’est du pays borde le grand rift est-africain, domaine des montagnes, des collines, des grands lacs mais aussi des volcans. Le sud et le centre, domaine des savanes arborées, forment un haut plateau riche en minerai. À l’extrême ouest, sur une quarantaine de kilomètres au nord de l'embouchure du fleuve Congo s’étale une côte sur l’océan Atlantique (PAM et INS, 2008).

Le pays est limité : au Nord, par la République centrafricaine et le Soudan du Sud ; au Sud, par la Zambie et l’Angola ; à l’Est, par l’Ouganda, le Rwanda, le Burundi, la Tanzanie et la Zambie ; à l’Ouest, par la République du Congo/Brazzaville, le Cabinda et l’étroite bande du littoral ouvrant le pays à l’Océan Atlantique sur une longueur de 40 km.

La carte 2 ci-dessous, présente les subdivisions administratives des provinces de la République Démocratique du Congo, les pays frontaliers et sa situation dans la carte de l’Afrique.

Carte 2. Carte administrative de la RD du Congo

Source : L’auteur à partir de d-maps.com 2.1.2. Population

La population congolaise et sa densité démographique sont estimées respectivement à environ 65.256.000 habitants et 26 hab/km². Il faut noter que le dernier recensement général de la population de la RDC date de 1984. La RDC est le pays le plus peuplé d’Afrique centrale avec un taux de croissance de 3 %. Les femmes représentent 52 % de cette population. La structure de la population montre que la population est jeune (49 % de la population sont âgés de moins de 15 ans), cela reflète l’ampleur des besoins en termes de soins de santé et d’éducation pour les jeunes (Ministère du plan et INS, Op.cit.).

2.1.3. Situation socio-économique

En analysant les principaux indicateurs de l’économie de la RDC, on a l‘impression que la situation socio-économique de la population a tendance à se détériorer malgré les améliorations récentes du cadre macro-économique général. En effet, le Congo a affiché un taux de croissance moyen de –7%, une inflation moyenne de 842%, et une dépréciation monétaire de plus de 50 % durant la décennie 1990- 2000.

De 2002 à 2009, la RDC a réalisé une croissance moyenne de 5,6 % et celle-ci a été tirée par les industries extractives, le commerce de gros et de détail, les télécommunications. La croissance s’est ralentie en 2006 en raison, entre autres, du relâchement des politiques macroéconomiques. Une croissance de 10,2 % était prévue en 2008, mais l’année s’est achevée avec un taux ne dépassant pas 6,2 % à cause des effets de la crise économico- financière mondiale qui s’est amplifiée avec la résurgence de la guerre à l’Est du pays, laquelle a entraîné une crise humanitaire grave avec le déplacement de 250 000 personnes.

En 2009, le cadre macroéconomique s’est sensiblement détérioré, le taux d’inflation a franchi la barre de 50% et le taux de croissance est tombé à 2,7 % alors que le taux de croissance démographique est de 3 %. Ce repli de la croissance a entraîné une forte réduction d’emplois (surtout dans le secteur minier) et des mises en congé technique dans plusieurs entreprises. Nonobstant le retour de la croissance et l’amélioration des fondamentaux de l’économie durant la décennie 2000-2010, la RDC reste marquée par une pauvreté de masse et de grandes disparités de niveaux de revenu entre milieu urbain et milieu rural (Ministère du Plan, 2010 Op. cit). La figure 3 ci-dessous renseigne sur l’évolution du PIB en volume et PIB par habitant comparé avec les autres pays africains.

Figure 3.Taux de croissance du PIB (%) en volume et PIB par habitant (dollars à prix constant 2000)

Source : BAFD/OCDE (2008) à partir des données du FMI

Il ressort de cette figure que malgré l’amélioration du cadre macroéconomique au cours de la période 2002 à 2009, les conditions de vie de la population congolaise ne se sont pas améliorées. Car le PIB par habitant ne dépasse pas les 100$, alors qu’il est de plus de 300$ pour les autres pays de l’Afrique centrale.

2.1.4. Etat de la sécurité alimentaire en RD Congo

La République Démocratique du Congo est l’un des pays les plus frappés par la faim et l’insécurité alimentaire au Monde. Selon le rapport IPC (Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire) d’octobre 2011, 4,53 millions de Congolais seraient en crise alimentaire et de moyens de subsistance aiguë en RDC.

Un autre rapport publié en la même période par International Food Policy Research Institute (IFPRI) montre que la RDC se trouve parmi les 6 pays où la situation de la faim s’est empirée entre 1990 et 2011. Selon le même rapport, la RDC est l’un des 4 pays où la sécurité alimentaire est décrite comme « extrêmement alarmante » en 2011. Par ailleurs, le rapport des

Nations Unies sur le développement humain 2011 a classé la RDC en dernière position sur les 187 pays, montrant que les conditions de vie se sont effectivement détériorées au cours de ces dernières années dans le pays (WFP, 2011).

Cette situation paradoxale tire son origine de la baisse continuelle de l’activité économique depuis environ une vingtaine d’années, suite à une conjugaison dramatique des facteurs comme : la détérioration de la conjoncture économique internationale après les chocs pétroliers, la mauvaise gestion macro-économique accentuée par des politiques perverses (zaïrianisation, radicalisation,..), une longue transition politique dans l’instabilité, entrecoupée par deux pillages (1991 et 1993) et deux guerres (1996-1997 et 1998 à 2003), provoquant une situation d’insécurité dans tous les domaines, y compris dans celui de l’alimentation.

En 2005, l’incidence de la pauvreté monétaire nationale était de 71,34% de la population. L'incidence de la pauvreté a été plus grande dans les zones rurales (75,72%) que dans les zones urbaines (61,49%). Cette situation a favorisé la migration urbaine en RDC. Dans des conditions telles que décrites, les besoins alimentaires non couverts ont hypothéqué la sécurité alimentaire de la population.

En 2010, la RDC était parmi les pays dont l’indice de la faim dans le monde (Global Hunger Index en sigle GHI) est extrêmement alarmant. En effet l’index GHI était de 24,7 sur la période 1988–1992 et de 41 entre 2003 et 2008. 75% de la population souffrent de la malnutrition (2004–2006) et 28,2% des enfants de moins de 5 ans souffrent d’un retard de croissance. Le tableau 3 ci-dessous renseigne sur le nombre de repas par ménage et par jour.

Tableau 3. Nombre moyen de repas par ménage par jour en 2008

Consommation alimentaire pauvre limite acceptable moyenne Nombre moyen de repas/jour/enfant 1,91 2,25 2,60 2,25 Nombre moyen de repas/jour/adulte 1,64 1,98 2,10 1,90

Source : Ministère du Plan (2011) sur base des données de PAM /INS (2008).

Il en résulte le constat selon lequel, quel que soit le niveau de consommation alimentaire, le nombre de repas par jour est autour de deux, dont un est dans la plupart des cas constitué par un petit déjeuner. Ce tableau permet de faire aussi un constat selon lequel les adultes consomment moins de repas par rapport aux enfants dans les ménages.

2.1.5. Contribution du secteur agricole à la sécurité alimentaire en RDC

La croissance agricole est un moyen particulièrement efficace de réduire la faim et la malnutrition. La plupart des populations très pauvres tirent une bonne partie de leurs moyens d’existence de l’agriculture et d’activités apparentées. La croissance agricole obtenue par les petits agriculteurs, et notamment les femmes, réduit de manière particulièrement efficace la pauvreté extrême et la faim lorsqu’elle augmente le rendement de la main-d’œuvre et crée des emplois pour les pauvres (FAO, 2012).

Dans les lignes qui suivent, il sera abordé la question de la contribution du secteur agricole dans la sécurité alimentaire, car la RDC est considérée comme un pays à vocation agricole étant donné que plus de 80% de la population vit de l’agriculture. Les principales informations que nous présentons sont issues de l’étude du secteur agricole, bilan et diagnostic (Ministère de l’agriculture, pêche et élevage, 2009). L’agriculture traditionnelle de type familial s’intéresse surtout aux cultures vivrières, dont elle réalise plus de 80% de la

production du pays. Le paysan s’adonne à ces cultures en vue d’assurer son alimentation, en cultivant un peu de tout (manioc, maïs, riz, légumes, fruits).

Les cultures vivrières occupent annuellement une moyenne de 5 millions ha avec une production estimée en 2006 à 20 millions de tonnes, composées essentiellement de plantes à tubercules, de banane plantain, de maïs, de riz, d’arachide et de haricot et cultivées selon un système traditionnel itinérant sur brûlis, associé à une longue jachère allant jusqu’à 5 ans et plus. Le manioc représente 80% de la production vivrière, compte tenu de son importance dans le régime alimentaire des Congolais.

La production vivrière nationale est en deçà des besoins alimentaires actuels évalués à 25 millions de tonnes par an. Par ailleurs, cette production ne progresse que de 2% par an tandis que la croissance démographique est estimée à plus de 3%. Le déficit alimentaire est évalué entre 20 et 30% selon les régions. Les besoins alimentaires sont donc couverts, de façon croissante, par des importations de maïs, riz, blé, sucre, volaille, poisson, viande et autres denrées d’herbage.

La production de viande, après un sommet de 84.663 tonnes en 1994 n’atteignait que 68.278 tonnes en 2006, dont à peine 33.800 tonnes de viande produite sur des pâturages (12.380 tonnes de viande bovine, et 21.320 tonnes de viande de petits ruminants pour un cheptel national d’environ 7 millions de têtes de petits et gros bétails, comptant 60 % de caprins, 15 % de porcins, 14 % d’ovins et 11 % de bovins (environ 750.000 têtes). Il apparaît donc que ce vaste potentiel est sous-exploité, le taux d’utilisation actuel se situant largement en deçà de 10 % du potentiel estimé. La production locale de viande au cours des dix dernières années est évaluée à une moyenne de 20 kg de viande/personne, alors que la norme internationale est de 36 kg/personne. (COMESA et al, 2009).

2.1.6. Importations alimentaires en RDC

Selon la Banque centrale du Congo, les importations alimentaires atteingnent une valeur annuelle de plus d’un milliard de dollars, soit 15% de la valeur des importations totales du pays. Les échanges nets des denrées alimentaires (exportations – importations) sont estimés par la FAO à – 5% du PIB total (Lebailly, 2010).

Les importations alimentaires en RDC ne cessent de croître. Le pays importe surtout des céréales (maïs, farine de maïs, riz, blé dur), du sucre et l’huile végétale et des produits carnés (viande et poisson). Selon PAM et INS (Op. cit.) ces importations se caractérisent comme suit :

- Blé dur et farine de blé: la RDC importe environ 200.000 t d’équivalent en farine de blé. Il provient des Etats-Unis, à cause du taux de change dollar/euro favorable aux importations de blé dur de la zone dollar. Ces importations augmentent régulièrement et font que le pain, ou plutôt la baguette, sont d’une consommation très courante dans les villes, surtout comme alimentation hors du domicile;

- Riz: 100.000 à 200.000 tonnes sont importées chaque année, surtout en provenance d’Asie, dont 30 pour cent de brisures de riz (« brokenrice »).

- Maïs et farine de maïs: la RDC importe essentiellement du maïs et de la farine de maïs à Kinshasa pour les besoins de l’aide alimentaire. Au Katanga et dans les deux Kasaï, où le maïs est la composante essentielle de la consommation alimentaire avec le manioc, le grand déficit de la production locale oblige la RDC à importer massivement, surtout des pays voisins et d’Afrique du Sud.

- Sucre: la RDC importe environ 60.000 t de sucre par an, surtout du Brésil. Le sucre est un produit très conjoncturel dans la mesure où la consommation augmente lorsque les revenus augmentent. Les brasseries locales sont également de grosses consommatrices de sucre; - Viande bovine: 30.000 à 40.000 tonnes par an de viande bovine sont importées. Le pays

importe aussi actuellement beaucoup de viande de buffle venant d’Inde;

- Poulet: le pays importe surtout du poulet à bouillir (anciennes poules pondeuses), des croupions de dinde et des poulets découpés de l’Union européenne et du Brésil. Ces importations sous forme congelée s’élèvent à environ 30.000 à 50.000 t/an

- Chinchard (Mpiodi) est un poisson, congelé, non trié et non éventré, pêché dans les eaux territoriales de la Namibie ou de la Mauritanie par des bateaux de pêche industrielle. La RDC en importe plus de 100.000 tonnes par an. Presque tous les ménages urbains consomment le Mpiodi.

- Huile végétale: la RDC importe actuellement de grandes quantités d’huile végétale, 50.000 à 60.000 t/an essentiellement en provenance de Malaisie via Singapour ou de l’Union européenne (huile de colza). Cette huile importée est le plus souvent raffinée et ne contient plus les vitamines A et D qu’on trouve abondamment dans l’huile de palme brute.