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CIL VIII? 7972 + p . 967=ILAlg. Ilj

n o

19.

Rusicade, ville d'origine punique, également importante a l'époque numide, a fait partie des quatre colonies associées dans la Confédération Cirtéenne'. C'était le port naturel de Cirta, fournisseur important de I'annone, comme elle avait été le port exportateur de blé a l'époque des rois numides.

On a trouvé à Philippeville une longue inscription de l'année 209 qui conviendrait à un arc. Cette plaque de marbre, brisée en nombreux fragments, a été trouvée rue Nationale, lors de travaux importants dans le centre de la ville, et elle est conservée au Musée de la ville. Des moulures en haut et en bas du texte confirment que la dédicace

5cm (lignes 5, 7, 8, 9) ; 5cm pour la ligne 10. Ces dimensions des lettres nous paraissent effectivement un peu faibles pour la dédicace d'~in arc; nous avons vu plus souvent des lettres mesurant jusqu'à 20cm de hauteur, mais ce n'est pas une règle absolue.

La taille importante de l'inscription, le nombre de lignes, la hauteur des lettres, le publics de la ville3. Il nous semble pourtant que cette inscription ne concerne pas un arc, mais un tétrastyle mettant en valeur une statue, en l'occurrence, celle de Caracalla devons toutefois ajouter que le marbre blanc était très fréquemment utilisé dans la ville, et que son usage dans le cas de notre inscription ne peut à lui seul constituer un

recherché pour la sculpture, était si facile d'accès qu'il est omniprésent à Rusicade. Son exploitation s'est du reste poursuivie sous la « colonisation >>, jusqu'aux années 1 9 5 0 ~ .

Voici les deux versions du texte

Supplément du CIL :

ILAlg. II, 19 :

Restitution proposée par l'éditeur des ILAEg. :

'

Voir le Guide Michelin Algérie Sahara, éd. de 1956, qui affirme que (< le chef de chantier fait visiter la carrière »!

Traduction

A l'Empereur César L. Septime Sévère Auguste, fils du divin Marc Antonin Pieux Germanique, Sarmatique, frère du divin Commode, petit-fils du divin Antonin le Pieux, arrière-petit-fils du divin Hadrien, awière arrière-petit-fils du divin Trajan Parthique, successeur du divin Nerva, Pieux, Pertinax, Arabique, Adiabénique, très grand Parthique, grand Pontife, dans sa dix septième puissance tribunicienne, salué douze fois comme imperator, Consul pour la troisième fois, Père de la patrie, prince très courageux et très heureux, père de l'Empereur César Auguste Marc Aurèle Antonin Pieux, Heureux, grand pontife, dans sa douzième puissance tribunicienne, acclamé deux fois comme imperator, Consul pour la troisième fois, Père de la patrie, prince très courageux et très heureux, et de l'Empereur César P. Septime Géta, Pieux, Auguste,

Et à l'Empereur César Marc Aurèle Antonin Pieux, Heureux, Arabique, Adiabénique, très grand Parthique, fils de l'Empereur Sévère, petit-fils du divin M.

Antonin Pieux, Germanique, Sarmatique, arrière-petit-fils du divin Antonin le Pieux, arrière arrière-petit-fils du divin Hadrien, descendant du divin Trajan Parthique et du divin Nerva, Grand Pontife, dans sa douzième puissance tribunicienne, salué comme imperator deux fois, trois fois Consul, Père de la patrie, proconsul, prince très fort et très heureux,

Et à l'empereur César Auguste P. Septime Géta, Pieux, fils de l'Empereur Sévère, petit-fils du divin Marc Antonin Pieux, Germanique, Sarmatique, arrière-petit-fils du divin Antonin, arrière arrière-petit-fils du divin Hadrien, descendant du divin Trajan Parthique et du divin Nerva, frère de l'Empereur César Auguste Marc Aurèle Antonin, Pieux, Heureux, grand Pontife, dans sa douzième puissance tribunicienne, salué imperator deux fois, trois fois Consul, Père de la patrie, proconsul, prince très fort et très heureux.

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Commentaire

Dans son Supplément, p. 967, le CIL corrigeait l'interprétation du premier éditeur pour les lignes 6-7, en remplaçant les noms seuls de Caracalla par sa filiation.

Les deux éditeurs étaient d'accord pour lire, 1. 5, le nom et la filiation de Géta, sous la formule habituellement utilisée pour les remplacer. C'est ainsi que la formule (( et supra retro omnes principes indulgentissirni ac fovtissirni » remplit la ligne 5 à la place de l'érasure. Le même phénomène se reproduit à la ligne 8, avec la faute sur le datif, remplacé par le génitif. Les corrections ont cependant négligé de recourir à nouveau à la formule, pour la ligne 9, et les mots « fratri )) et suivants, martelés, n'ont pas été remplacés. Le pléonasme a ses limites ! Les deux empereurs et le jeune César figuraient bien conjointement sur l'inscription.

Nous avons vu que la présence de moulures en haut et en bas du texte excluait 191iypotlièse d'un texte incomplet. 11 faut donc le considérer comme un tout, bien que le formulaire étonne. 011n'a en effet ni le début de formule évoquant la consécration à un dieu, ou à la Victoire de l'Empereur, ni la formule de v e u pour la santé, la conservation ou le retour de l'Empereur, ou d'autres souhaits.

Le texte, qui date de 209, mentionne trois Empereurs, fait exceptionnel, mais les passages qui leur sont consacrés sont logiquement d'importance décroissante :

- d'abord Septime Sévère, sous son nom propre, puis en tant que père des deux Empereurs,

- Caracalla comme Empereur et fils de l'Empereur Sévère,

- Géta comme Empereur, fils et frère des deux autres Empereurs.

Nous constatons donc une surabondance de filiations, accumulation propre à asseoir la dynastie dans la durée, et à rappeler que le pouvoir impérial était en somme a la fois partagé et unique. Le texte ainsi présenté est tout à fait digne d'un monument officiel.

Dans le détail, certains points appellent des remarques. D'abord, on constate que les trois Empereurs sont qualifiés de Pius. Pour Sévère, la chose va de soi depuis 195, où il joignit ce surnom à sa titulature, le plaçant avant Pertinax, et il le conserva après sa divinisation. Caracalla adopta simultanément, après 198, les deux épithètes de Pius et Félix, à l'instar de Commode, qui les prit toutes deux comme surnoms après 185. Quant à Géta, il porta ce surnom à partir de 2 10, date à laquelle il devint Auguste. Notre texte 459. L'attribution abusive de ce titre à Caracalla est fréquente dans les inscriptions ; on la rencontre dès 199 (CIL 6307), en 205 (CIL 9034) etc ... L'auteur de notre dédicace était, comme on le voit, très dévoué à la gloire de la dynastie !

Dans le contexte politique de la ville, fortement romanisée depuis le temps de Sittius, la part importante réservée au culte impérial sur les autres dédicaces dont nous disposons vient confirmer notre interprétation, bien que jusque-là aucun arc n'ait été signalé à Rusicade, alors que de nombreuses bases sont dédiées aux Empereurs, à la Victoire ou aux Victoires impériales, en particulier ILAlg .no 10, Victoriae Augustae Sacrum, table de marbre légèrement postérieure à notre texte, qui date d'Elagaba1 ou de Sévère Alexandre.

Comment conclure sur la dédicace de Rusicade ? Est-ce la présence de nombreux tétrapyles dans la ville, qui auraient pu remplacer les arcs pour présenter des statues, ou l'absence de documentation, qui explique qu'aucun arc n'y soit signalé? 11 y a quand même lieu de s'interroger sur une absence totale d'arcs dans la ville, alors que Rusicade est une cité importante de la Confédération cirtéenne, et que des villes beaucoup plus modestes, comme Tiddis, ou Tigisis, n'ont pas manqué d'ériger des arcs honorifiques.

On aura compris que nous verrions volontiers cette dédicace de Rusicade figurer sur un arc.

ANNEXE À LA PREMIÈRE PARTIE

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