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Cet arc s'élève sur le côté Ouest du Forum des Sévères, auquel il sert d'entrée monumentale. C'est un arc à une baie, comportant deux niveaux, dont les deux façades sont semblables, si ce n'est que la dédicace inscrite sur la façade Est ne se répète pas à l'Ouest, fait très exceptionnel. Construit dans un bel opus quadratum, le monument se dresse sur un dos d'âne assez sensible au-dessus de la route dallée, juste avant qu'elle n'oblique vers le Nord. Sa pierre est un calcaire gris au grain sewé, auquel le temps a donné une belle patine dorée. Ravolsié pensait ylùe cette piewe \~enait de carrleres

..

proches (ce qui était très fréquemment le cas), qu'on n'avait pas encore identifiées.

Ballu au contraire prétendait qu'elle (( venait de loin ». La notice de la Carte Géologique au l/lOOOOOe, établie en 1921, met tout le monde d'accord en affirmant que le beau calcaire de Cuicul vient de Saint-Arnaud : ({ Calcaire du Medjounès : très puissante assise, à peu près exclusivement calcaire, en bancs épais et réguliers. Les massfs du Medjounès et des Oulad Fellah ont fourni de belles dalles calcaires aux constructions romaines de Mons et de

o je mi la."

D

"

Carte géologique, Service géologique de 1 'Algérie, Alger, 192 1 .

Conservation :

Lors des premiéres decouvertes au XIXt siècle, la partie supérieure de l'arc &tait détruite au-dessus du piedroit Nord, de m h e que l'attique audessus du piédroit Sud.

Selon certains, les colonnes &aient h terre ; pour d'autres, elles avaient disparu. Quatre

des cinq dalles inscrites de 1a façade Est étaient en place, et Ravoisié trouva la cinquième, retournée sur le sol et très endommagée. Seules deux dalles non inscrites se voyaient l'Ouest.

Un

socle de statue subsistait sur le couronnement de l'attique, mais aucun des frontons de couronnement des édicules n'avait encore été dkcouvert.

Dimensions :

Largeur : 10,60m

Epaisseur : 1 , 2 5 1 ~ 3,30111 piédestaux compris.

Hauteur : 12,50m'~.

Largeur de la baie : 4,34111 Hauteur de la baie : 7,40rn

Figure 13: Détail du piédroit Nord, vu de l'Est.

'3 Ravoisik, et Gsell après lui, indique 12,631~

Plan

Io

Elévation :

Le soubassement sert dans sa dernière assise à caler le monument en régularisant la pente du terrain, qui s'élève légèrement vers le Nord.

Remarquer la similitude avec le relevé de ~ u i h o i t , fig.lO.

La plinthe est constituée d'une assise dont la partie supérieure est moulurée et présente un boudin, une doucine renversée et un cavet, limités par des listels. C'est une plinthe continue, mais il va sans dire qu'elle s'interrompt vers le Sud, à l'endroit où l'arc vient s'appuyer sur le petit templei4. (Voir notre figure 15).

14 Y. Allais écrit dans son Guide de 1938 qu' « u n petit temple s'appuyait à I'arc n. Or, c'est I'arc qui est venu s'inscrire contre le temple.

Figure 16: Piédestaux d u piédroit Nord, à gauche, et du piédroit Sud, à droite. Remarquer la restauration exemplaire des parties endommagées.

La baie :

Les claveaux sont extradossés et ornés d'une archivolte. Celle-ci présente deux plates-bandes séparées par un astragale, et sont couronnées par un talon et un filet. Sur la façade Est, une figure féminine coiffée d'un bouquet d'acanthe en couronne orne le sommier, de chaque côté de la baie. Ces figures sont absentes de la façade Ouest.

Toutefois, aujourd'hui, la figure du Nord-Est, qui subsiste, n'est presque plus lisible. On peut la voir sur le dessin de Ravoisié, (fig.20). Elle a généralement été interprétée comme la Tyché de la ville, la couronne à tours étant remplacée par l'élégante tiare de feuilles d'acanthe.

L'imposte est limitée a la retombée de la voûte, mais elle retient le regard par la richesse de sa décoration, (voir fig. 20). Elle présente en effet une succession de frises décoratives: tresse, listel, perles et pirouettes avec des pirouettes striées, et des perles qui s'apparentent a un disque.

Au-dessus, sous la moulure de séparation, le feuillage sur doucine est constitué par des acanthes séparées par des feuilles qui se divisent en trois pétales ; celui du milieu touche le fer de lance de la frise supérieure, ornée d'une bande d'oves et fers de iance, alors que le haut de l'acanthe rejoint élégamment la pointe de l'ove.

Les niches des piédroits :

Sur chaque face de l'arc, chacun des piédroits est creusé d'une niche de 2,5m de haut et lin de large, ménagée entre des pilastres de 0,lOm d'épaisseur, et dont les sept tambours sont intégrés au piédroit. La base de la niche est située au même niveau que celle des pilastres, mais n'est ornée que d'un listel.

Constituée d'une assise d'orthostates et de deux assises de carreaux creusés en quart de cercle, la niche se termine par un linteau creusé en quart de sphère, prenant ainsi l'aspect d'un cul-de-four. Un large bandeau assure la séparation entre orthostates et carreaux.

Figure 17: Archivolte et imposte

Le lit de pose du linteau de couverture de la niche est situé sur la même ligne que la partie supérieure de l'imposte. Le cul-de-four lui-même est orné d'une coquille, encadrée par deux petites rosaces a quatre pétales, alors que le bord est cerné par une moulure en talon limitée par des listels.

Figure 18: Niche du piédroit Nord, façade Est.

Ils sont constitués par des colonnes, distantes d'axe en axe de 1,75rn, reposant sur des piédestaux imposants, et répondant aux pilastres engagés qui encadrent les niches.

P Les piédestaux :

- Leur plinthe est semblable à celle des piédroits.

- Le dé est constitué d'une assise d'orthostates.

- Le stylobate en saillie est orné d'un listel, d'une doucine droite et d'un talon droit, limités par des bandeaux. Un glacis en cavet qui couronne l'assise permet de rattraper la largeur initiale du piédestal.

P L'ordre :

Les bases des pilastres, comme celles des colonnes, sont de type attique, celles des pilastres présentant un profil plus vertical.

Les fûts des pilastres sont à tambours, nous l'avons dit. Ceux des colonnes sont monolithes, mais posent un problème d'authenticité. Nous avons dit que Ravoisié ne les avait jamais vus, et expliquait leur disparition par une intervention abusive des soldats qui édifiaient leur camp. Par contre, lors de la restauration, Ballu écrit dans son Rapport de 1923 : ( ( L e s assises ont été remontées ; les colonnes, redressées en totalité sur la façade Est, et, en partie, sur la façade Ouest. )) Pourtant, dans le Rapport de 1924, il revient aux démolitions ordonnées par le bey de Constantine, qui auraient remis au jour ces colonnes, qui auraient alors été débitées pour «former les dés de plusieurs poteaux d'un hangar construitpar nos troupes dans le camp »

La question est de savoir d'où proviennent celles que nous voyons aujourd'hui, et nous la croyons insoluble. A Cuicul, le cas s'est également présenté au temple dit <( de Vénus Génitrix », devant lequel des colonnes ont été remontées, mais qui ne lui appartiennent en rien.

Les chapiteaux sont d'ordre corinthien. Ceux des pilastres sont toujours restés en place, et ont pu servir de référence lors de la restauration des colonnes en 1922.

3 O L'entablement :

Il présente une solution rare en Afrique, à l'époque de Caracalla: il forme un retour continu au-dessus des colonnes, sans décrochement. Cette solution, que Ballu jugeait détestable, présente l'avantage de caler solidement l'arc dans ses lignes horizontales, alors que s'annonce un second niveau très haut, et dont les édicules exigent à notre sens une grande stabilité visuelle.

Il est constitué d'un bloc d'architrave-frise, les deux éléments étant pris dans la même assise. L'architrave présente deux fasces moulurées.

La frise est lisse.

La corniche propose deux lamiers à soffite plat intégrés dans les moulures : un quart de rond limité par des listels, un larmier, une doucine droite, un larmier, un cavet.

Il constitue un véritable second étage pour l'arc, et présente en son centre une vaste zone épigraphique moulurée. Les côtés de cette zone sont occupés par des édicules situés au droit des avant-corps du premier niveau.

La plinthe de l'attique présente deux assises importantes. La partie supérieure de la seconde est moulurée par une doucine.

Les avant-corps :

Ce sont de petits édicules à frontons triangulaires, formés par des pilastres intégrés au droit de l'attique; des colonnettes qui leur font face, élevées dans l'alignemeilt des colonnes du premier ordre, et solidement soutenues par l'entablement décrit plus haut, une corniche présentant le même profil que celle de l'entablement. Un fronton triangulaire vient terminer le retour de corniche.

Le soffite de l'édicule est décore de caissons ii rosaces.

entablement et édicule.

La zone épigraphique :

Située sur la frise de l'attique, entre les deux édicules, elle réunit plusieurs dalles, les quatre encore en place lors des premières découvertes du monument, et la cinquième, retrouvée par Ravoisié. ~ ' i n s c r i ~ t i o n ' ~ que portent ces dalles est limitée par un cadre orné d'un talon et d'un listel, et par une petite feuille dans les angles du cadre. A l'Ouest, cette zone, tout aussi soigneusement définie, ne porte pas d'inscription.

La corniche superpose un listel de base, un talon, un bandeau, une doucine et un petit bandeau de couronnement.

Le couronnement

L'arc est terminé par une assise de couronnement, qui supporte les bases des trois statues, disposées directement au droit de la baie.

5' Restitution et Restauration :

Le projet de - - restitution de Ravoislé, voir (fig.21 j, tenait nécessairement compte cies seuls éléments alors connus; c'est pourquoi les édicules, avec leurs frontons, n'y figurent pas.

Les niches des piédroits :

Sur chaque face de l'arc, chacun des piédroits est creusé d'une niche de 2,5m de haut et l m de large, ménagée entre des pilastres de 0,10m d'épaisseur, et dont les sept tanibours sont intégrés au piédroit. La base de la niche est située au même niveau que celle des pilastres, mais n'est ornée que d'un listel.

l 5 Voir le texte, CIL VIII, 8321, dans la Partie II, page ...

Figure 20: Détail des profits in Ravoisié, Exploration Scientifique, PI.

réunit plusieurs niveaux de lecture : au centre, les éléments de l'élévation vus de face, y compris, en arrière-plan, le cul de four de la niche et son ornementation ; à droite, les profils d e la plinthe, du stylobate, d e la base, de l'architrave et de la corniche ; à gauche, ceux de la plinthe, de la frise et du couronnement de l'attique.

Sans doute par souci de rigueur, l'architecte a également terminé l'arc par une moulure de couronnement faisant le tour du monument, sans tenir compte de la base de statue du couronnement dont on disposait alors. La restitution des statues dans les niches est conforme à ce qu'on savait déjà de la taille des niches.

La restauration de l'arc a été effectuée entre 1921 et 1923, non sans difficultés, sous la direction de Ballu.

Nous avons vu qu'une première tentative de libérer l'arc de son encombrant blocage de consolidation avait eu lieu en 1910, mais qu'il avait fallu rapidement le remettre en place. En 191 1, on découvre le « Château d'eau », c'est-à-dire le nymphée proche de l'arc de Caracalla ; en 1912, grâce aux travaux de l'année précédente, on << découvre >>

le forum des Sévères, en fait on lui donne ce nom, et le petit temple accolé à l'arc est identifié comme une tribune aux haranguesI6. Pendant les années de la Grande Guerre, il ne s'est pas passé grand' chose sur le site, les difficultés financières, jointes à l'absence de main d'oeuvre, expliquent ce ralentissement. Pour ce qui nous intéresse, l'année 1913 a vu la découverte de la borne milliaire de Caracalla «à l'Ouest de l'arc, dans la rivière)).

En 1921,

all lu'^

déplore de n'avoir pas eu jusque là les moyens de mener à bien la restauration de l'arc, « en raison des énormes difficultés de main d'oeuvre, de prix, et de matériaux ». C'est que pendant ces longues années, le piédroit Nord avait continué de s'affaisser, alors que « tous les éléments du monument, qui gisaient à terre, attendaient d'être remontés. » Il y a eu un hiatus qu'on s'explique mal, entre 191 1, où l'arc était à nouveau comblé, et 1920. Au cours de ces quelques années, il semble que l'arc ait à nouveau été démonté, au moins pour ce qui concerne le couronnement jusqu'à l'attique, la partie supérieure, comme on l'a dit, n'ayant jamais été en place, les claveaux, et le piédroit Nord. En 191 8, Ballu avait fait « redresser le pavage du Forum Sud, dont les dalles étaient effondrées en maints endroits ; les creux formés par les végétations importantes qui avaient prospéré sur cette place gardaient les eaux pluviales ... le dallage a repris sa position normale. 18 )>

On peut se demander si cette intervention n'a pas encore aggravé le déséquilibre du piédroit de l'arc, puisque le problème de l'eau souterraine n'a pas été envisagé, ni traité.

Quoi qu'il en soit, au cours de l'année 1920, Ballu avait fait « amonceler à son pied des maçonneries qui, nous l'espérons, permettront de remettre en place les parties écroulées de l'édifice.19 » En 1921, il fait creuser jusqu'à 3 mètres pour reprendre en béton les fondations du piédroit Nord. Le remontage des assises commence, mais « certaines pierres étaient tellement effritées qu'il a fallu les remplacer >>. Il est à craindre que l'épilogue ne soit moins glorieux, car en 1926, alors que l'arc était totalement restauré, on enlevait du marché aux vêtements, situé à l'Ouest de l'arc, (n016 du plan d'Y. Allais, rétablissement des parties supérieures du monument qui « étaient écroulées depuis tant d'années et gisaient éparses sur le )> Le ruisseau dont parle Ballu est le petit oued

rejoint alors l'Oued Bétame; c'est aussi le cours emprunté par l'égout central du forum des Sévères.

C'est alors qu'on voit réapparaître les colonnes de I'arc, dont six de l'étage inférieur et autant de celles de l'attique sont (( reposées )) à cette occasion, alors que quelques lignes plus haut, Ballu écrivait qu'elles avaient été détruites par les soldats du corps expéditionnaire en 1839 ! On peut donc douter de l'authenticité de ces colonnes.

Il ne manquait plus à l'arc que ses trois frontons monolithes, qui seront relevés l'année suivante. Le quatrième étant en pièces, il ne sera pas restauré.

Figure 21: Projet de restitution de Ravoisié, in Exploradion ScieniiJ'ique 6 O Datation :

La date de construction est connue par la titulature de

arac cal la^^,

et correspond à l'année 216, I'arc ayant été offert par la municipalité de Cuicul.

"

Voir l'inscription étudiée en Partie II, page 471

21.3. Annexe

:

Les autres arcs de Guicul.

Nous avons vu que l'axe principal de la ville était le cardo maximus. Il voit ses différents tronçons rythmés par un arc, la porte du rempart, l'arc sur le cardo, et un arc de passage sur la voie qui prolonge le cardo en direction du Sud. A l'Est de la ville, monumentalisant la voie qui conduisait au théâtre, un arc fut édifié en l'honneur d'Antonin le Pieux (fig. 25).

Figure L'anciei

Io L'ancienne porte Ouest du rempart :

Elle était construite en énormes blocs, taillés à bossages, et coniportait deux arcs reliés par un passage voûté. L'espace ménagé entre les deux arcs constituait un espace pour le corps de garde, conime sur la porte Nord- Est ci-dessous, (fig .23). Plusieurs milliaires encombraient encore le passage lorsque Y. Allais décrivait la porte en 1938, alors que d'autres, nombreux, avaient été retrouvés au pied de l'arc de Caracalla (dont certains dans le ravin tout proche) ; aujourd'hui, tous ces milliaires ont été transportés au Musée.

Figure 2 ait être

très voisine de celle-ci dans sa configuration.

2' L'are du cardo :

Elevé sur le cardo de la ville primitive, cet arc s'inscrit dans le prolongement du mur qui sépare le forum (vetus) du temple dit de « Vénus Génitrix ». Il amortit habilement le léger coude qu'amorce la voie en cet endroit, et comme le forum est un espace pratiquement clos, il indique également par sa présence l'entrée de la place. En effet, seuls deux accès mal commodes permettent d'arriver au forum : un escalier qui précède le marché de Cosinius, ou la porte de la basilique.

Découvert en 1910, alors que seules six assises restaient en place, l'arc a été remonté en 1 9 1 9 ~ ~ . Les deux façades de cet arc à une baie sont semblables, ornées au centre de chaque piédroit d'une colonne engagée, exhaussée sur un simple dé.

l 3 Ballu, Rapport pour 19 19

Figure 24: Arc sur le mnlo, vue prise du Sud, et détail de la face latérale Est, accolée au mur de péribole du temple de Vénus Genitrlr.

3' L'arc de la voie Sud, aujourd'hui disparn :

Les

traces que l'on devine dans le dallage sont un témoin de la manière dont le forum des Sévères a rnatkrialisé les directions privilkgiées,

en

l'occuirence, fa grande voie conduisant aux grands thermes, puis rejoignant vers le Sud la voie Sétif-Cirta.

4 O L'arc d'Antonin le Pieux :

Cet arc s'élevait au-dessus de la voie qui conduisait du Fanim des Sévhes au théatre, et qui avait rejoint le cardo Est et son prolongement vers le théâtre, ( fig. 25). La totalité & l'inscription est rassemblée au pied de l'arc, en b o r d a de voie (CIL, suppl., 201 36+20141+20142). Elle était gravée sur deux registres constitués chacun de huit blocs. Les dimensions totales sont de 6 , 6 h sur 1,30m de hauteur.

L'arc

était d6dié par testament

A

la Fortune et h Mars, dont les statues devaient orner l'attique, qui a totalement disparu. L'exécuteur testamentaire du dédicant, son petit-fils par adoption, y ajouta la statue d'Antonin le Pieux, qui l'avait blevé au rang de chevalier. La titulature de l'Empereur ne figure pas sur I'm, mais meh la mention du Légat,

D.

Fonteius Frontinjouius,

on

a pu établir qu'il datait de 1 60-debut 1 6 1.

porte Est du rempart de la ville primitive, au premier plan, et les restes de l'arc d'Antonin lePieux à gauche, au bas de la voie du théâtre.

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