Les reliefs retrouvés en 1915:

Les photos datant de 1915 montrent que la façade latérale Sud était intacte jusqu'a l'entablement. Une ouverture destinée à l'accès à une chambre intérieure y semble bien matérialisée. Elle se confirme d'ailleurs par un dessin de Von Augustin, un Autrichien qui vit le site en 1880. Par ailleurs, son dessin est assez sommaire, et ne mentionne pas les pilastres (voir la photo de 1880 reproduite par M. Euzennat, fig. 13).

Figure 13: : L'arc en 1880, photographie in Euzennat

Figure 14: : Von Augustin, dessin de I'arc en 1880.

Figure 15 : L'arc en 1915, photographie,

En dégageant l'arc, de 19 15 à 191 7 , on avait mis au jour plusieurs séries de reliefs, qui gisent au sol depuis 19 14. Traités avec condescendance par L. Chatelain, on ne s'en était pas occupé, et il fallut attendre le travail de 61. Domergue en 1963-64 pour voir l'intérêt qu'ils présentaient pour le décor de l'arc. En quoi consistaient-ils ?

Io des fragments d'architecture, dont des fragments de corniches à rnodillons, des blocs de retour d'architrave, des fragments de corniche à denticules, tous éléments qui appartenaient certainement à l'arc ; pour la corniche en particulier, ils permettraient d'en imaginer une qui convienne mieux à la taille de l'arc, par la superposition des éléments au sol (fig. 15 j, et des éléments remontés en 193 1.

2O deux grands boucliers liexagonaux à urnbo orné peut-être d'un gorgomeion, qui correspondent aux deux panneaux de la façade Ouest dessinés par Windus.

3" deux panneaux représentant des Victoires, certes assez frustes, avec des gestes maladroits, inais dont la signification ne fait aucun doute, puisqu'elles portent la palme d'une main et tendent une couronne de l'autre.

4' Quatre panneaux (le quatrième n'existant plus que sous la forme d'un fragment), ornés d'armes disposées en panoplies qui réunissent scutum, caunynx, hasta, glaive, bipenne, ceinturon et épaulières à lambrequins (fig. 19). Coinmuils sur les monuments trionlphaux depuis les amas d'armes des monuments pergaméniens, d'autant plus facilement adoptés à Rome qu'ils se confondaient avec la vieille tradition des trophées, on peut voir de tels panneaux sur l'arc d'Orange, et à Rome il en existait sur I'tladrianeum, sous une forme aussi sobre qu'à Volubilis, bien éloignée de l'exubérance et de la richesse d'orange. Les frises d'armes ne sont pas absentes de la Porte Noire de Besançon.

Figure 16 : Dessins deWindus (en haut) et de Boyde (en bas), 1720 ; in Cl. Domergue. Le dessin de Windus montre le départ des grands boucliers au-dessus des niches, et la frise très haute .Celui

de Boyde présente les mêmes boucliers.

Figure 17: Fragment de corniche à modillons.

FIgare 18: Une Vidoire.

Figure 19 : Panneaux d'armes.

5 O Plusieurs panneaux étroits sont regroupés pour certains près des thermes, c'est à dire sur le coté Nord du deeumanus, à cent mètres environ de l'arc ; pour les autres, plus typiquement représentatifs de « l'esprit triomphal », au pied de la face latérale Nord de l'arc. Les premiers ne portent qu'un décor géométrique, et on peut les exclure de l'ornementation de l'arc, et les attribuer peut-être au décor des thermes ? Cl. Domergue ne proposait pas d'endroit précis où ils auraient pu figurer.

Les panneaux du second groupe, au nombre de sept, complets ou sous forme de fragments, devaient forcément appartenir au monument, si l'on tient compte de la nature de leur décor. Ils représentent en effet des boucliers losangés, dérivés des boucliers hexagonaux, pourvus d'une arête longitudinale, et ornés d'un umbo occupé par une rosace. Ils mesurent en moyenne 1,lOm de hauteur sur 0'35 m de largeur. On a déjà rencontré des boucliers de ce type dans le décor d'un monument triomphal, sur l'arc qui figure sur le monument funéraire des Waterii, qu'on considère comme l'arc de Titus : sur ce relief, les scuta rythment les retours d'entablement au-dessus des colonnes.

6 O Une série de sept reliefs, qui devaient être huit, parce qu'ils allaient par couples, hauts de 1,60m et larges de 0,34m, présentent des séries décoratives se déployant dans le sens vertical. On pense à des candélabres, ornés soit de motifs végétaux, soit d'enseignes ou d'armes. Ces armes d'origine diverse, ces motifs végétaux d'acanthe ou de lotus, rappellent les candélabres décoratifs de la peinture du second style, les autres évoq

incoi impé

uent les signa chargés de phalères sur l'arc des Changeurs. Par ailleurs, ils ⁽ ntestablement une valeur très générale, liée directement à la mystique du CU

:rial et du « triom~he universel ».

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Figure 20: Enseigne (à l'envers) et relief au candélabre ; à droite, bouclier losangé.

Figure 21: Fragments de « trophées » verticaux

Figure 22: Fragments de candélabres et trophées. Le bloc du milieu nous semble appartenir au second panneau d'armes, le symétrique de celui qui est représenté fig.19, mais il est très

fragmentaire.

'iO Trois médaillons représentant trois des quatre Saisons avaient été trouvés lors du dégagement de l'arc, et remontés arbitrairement au-dessus des niches en 193 1. 11s mesurent 1,10m sur 1,l Om, et présentent un buste entouré d'une couronne végétale. En fait, ces bustes sont difficiles à identifier, c'est la végétation évoquée par la couronne qui nous renseigne sur leur signification. On les a longtemps considérés comme des portraits des membres de la famille impériale, ce qu'il faut exclure absolument.

A conditiori de réunir les Jeux fragneiits actuellement séparés sur la face Ouest de l'arc, on reconnaît neneinent le buste de l'Hiver, représenté par un personnage la tZte emmitouflée dails sa capuche, alors que la couronne végétale est faite de roseaux, et son macaron orné d'une feuille de lierre. L'Automne et l'Et6 sont reconnaissables aux pampres et aux épis de leurs couroniles respectives.

Figure 23 : Les deux fragments rapprochés de l'Hiver

Figure 24 : L'Et4 et l'Automne.

Tous ces reliefs une fois inventoriés, il fallait les replacer sur l'arc, et c'est ce que propose Cl. Domergue dans son Essai de Restitution.