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Le Royaume de Salomon

Dans le document Les révélations coraniques, Benrochd (Page 143-157)

Selon Sourate Naml (S 27)

Salomon est cité la première fois au Coran à la sourate II, verset 101, mais c’est surtout dans la sourate Naml (S 27) que nous trouvons les indications les plus consistances sur son royaume.

Avec ce personnage nous arrivons à l’apogée de la tradition biblique. Il s’agit en faite d’un royaume régit par des hommes spirituels.

Dans ce royaume, les forces de la terre et ceux du ciel se côtoient, non pas d’une façon conflictuelle, mais en harmonie : des hommes, des djinns, des animaux, des oiseaux, tous vivent en harmonie et au service de Salomon. C’est le Royaume spirituel, l’Union du ciel et de la terre, dans la paix et l’harmonie. C’est la convivialité entre les gens avec acceptation de la différence et de la diversité. Nous verrons que le Roi spirituel prend garde à ne pas faire de mal à une fourmi. Une bonne leçon pour les chefs d’état des grandes puissances de notre époque.

David et Salomon

«Supporte ce qu’ils disent, et mentionne notre serviteur David, doué de force et plein de repentir.

Nous lui avons soumis les montagnes, célébrant avec lui nos louanges, soir et matin, ainsi que les oiseaux, rassemblés autour de lui. Tout revient à Dieu !

Nous avons affermi sa royauté, nous lui avons donné la sagesse et l’art de prononcer des jugements » (S. 38, V 17- 20).

« C’est de notre grâce que Nous apportâmes à David : Montagnes ! Retentissez en sa compagnie ainsi que les oiseaux. Et pour lui Nous avons amolli le fer : Fabrique des cottes de mailles (…) et faites de bonnes œuvres…

«Et à Salomon, le vent, dont le parcours d’aller est un mois et celui du retour un mois. Et pour lui Nous avons fait coulé la source de cuivre. Et des djinns travaillent sous ses ordres par notre permission. ( …) Ils oeuvrent selon ce qu’il veut, des sanctuaires, des statues, des plateaux comme des bassins, des marmites bien ancrées…

«Et lorsque Nous avons pris la décision de le soumettre (Salomon) à la mort, il n’y eut pour les avertir de sa mort que la bêtes de terre, laquelle rongea sa houlettes ». Sourate sabaa (S. 35, V 10 à 14) «Nous avons donné une science à David et Salomon. Ils dirent : «Louange à Dieu qui nous a préféré à beaucoup de ses serviteurs croyants » (S. 27, V 15)

Le royaume de Salomon

Le récit relatif à Salomon tel qu’il ressort de la sourate ‘Naml’ (les fourmis) débute par une déclaration en public selon laquelle Salomon et son père David ont accès à la connaissance du langage des oiseaux. Le texte coranique nous annonce ensuite que Salomon a réuni ses troupes formées d’hommes, de djinns et d’oiseaux et, arrivé à ‘la vallée des fourmis’, il entend une fourmi avertir les autres, les exhortant à entrer dans leurs trous (demeures) pour éviter de se faire écraser par les troupes du Roi prophète. Salomon sourit alors et profite de cette occasion pour louanger Dieu, le remerciant des bienfaits avec lesquels Il l’a comblé.

Salomon va remarquer plus tard que la huppe (houdhoud) manque à l’appel. Mais voilà que l’oiseau arrive et, en guise de justification de son absence, dit qu’il a survolé le pays de Saba (au Yémen) et qu’il a trouvé là-bas une femme qui a un trône majestueux et règne sur un peuple qui se livre au culte du soleil.

Salomon envoie alors à la reine, par l’intermédiaire du houdhoud, un message qui se résume à ceci : « Bismi Allah Rahman Rahim, ne soyez pas hautains et venez à moi soumis »

La Reine réunit alors sa cour pour discuter du message reçu et de la conduite à suivre. Elle pris finalement la décision d’envoyer des présents à Salomon. Le récit coranique mentionne également l’épisode de la rencontre de Salomon avec la reine de Saba. Invitée à s’introduire dans un salon dont le parterre est transparent, la reine Belqis, sous l’effet d’une illusion optique, fit découvrir ses jambes croyant qu’elle marchait sur de l’eau.

C’est ainsi que se termine, dans la sourate Naml, la description du royaume de Salomon. Dans un autre passage du Coran nous trouvons une allusion à la façon de mourir de Salomon, se tenant droit, appuyé sur sa canne pour faire croire aux djinns qu’il était encore vivant. Ces derniers ne se sont rendus compte de sa mort que lorsqu’ils commencent à voir des insectes manger sa chair.

Le Coran nous épargne cependant d’autres détailles relatés dans les textes hébraïques, comme la description des états d’âme de Belqis, ses jambes

chevelues et la liste des cadeaux qu’elle a envoyé à Salomon. Il nous épargne également la description du temple de Salomon avec son faste et ses pyramides en or et en prières précieuses. Les indications historiques et même les simples constatations de bon sens montrent cependant que le Royaume de Salomon n’était pas aussi fabuleux que ça64.

Le Coran relate ces événements d’une manière sommaire et très particulière. Il ne s’agit donc pas de prendre ces indications au pied de la lettre, mais d’essayer de saisir un enseignement qui, finalement va se révéler d’une grande subtilité.

Pour aborder cet enseignement, qui transparaît derrière l’histoire de Salomon, il est nécessaire de décortiquer sourate Naml et de comprendre la signification des symboles et des allusions qui jalonnent cette sourate, à commencer par les noms des protagonistes : Salomon, David et Belqis. Il s’agit pour le Coran non pas de raconter une histoire du passé mais de profiter de cette histoire pour passer un message particulier : le couple de noms Salomon et David renvoie respectivement au ciel et à la terre. Alors que le nom Belqis fait allusion au ‘cœur’ d’un personnage qui va recevoir la Révélation.

En fait, ce texte nous décrit d’une façon imagée toute une fête, certes invisible pour nos yeux mais tellement grandiose. Une fête à la quelle participent les éléments du ciel et les créatures de la terre.

Sourate Naml

Cette sourate, relativement longue, contient 93 versets, et traite divers sujets. Cinq prophètes y sont invoqués : Moїs, David, Salomon, Salih et Loth ; à quoi s’ajoutent les éléments naturels, le ciel et la terre, le jour et la nuits, la mère, les montagnes, les vents, la pluie, etc. Les hommes, les djinns, les oiseaux, les fourmis et autres créatures y sont également cités. Mais dira-t-on pour quelle raison cette sourate porte le nom de ‘fourmis’ ? Le vocable ‘Naml’ (fourmis) est en fait la ‘clé’ qui permet de déceler le message codé de cette sourate. Ce terme est composé de quatre lettres (A L N M). Lues dans cet ordre (A L M N) ces lettres donnent deux ensembles remarquables (‘ALM’ et ‘N’). Ces éléments jouent des rôles

64 Les recherches archéologiques dans la région malgré la frénésies des autorités israéliens n’ont trouvé aucune trace de ce fameux temple de Salomon ni d’un autre monument qui illustrerait la grandeur de ce royaume, ce qui prouve que ce temple n’était pas aussi majestueux que ça. Il semble même qu’il n’était construit qu’en bois !

importants dans la composition alphabétique du texte coranique. Alm est la clé d’ouverture (miftah) de ce texte et N sa clé de fermeture (mighlaq).65 Le terme ‘Naml’ renvoie donc au Coran. Il renvoie en particulier au passage de cette sourate qui a trait justement au royaume de Salomon. Ce passage est ainsi mis en relief de plusieurs façons :

Le terme ‘Coran’ est répété quatre fois, deux fois au début de cette sourate (aux versets 1et 6) et deux vers la fin (versets 76 et 92).

Au verset 1 nous lisons : «Tasin, voilà les signes du Coran » et au verset 93 nous lisons «Nous allons vous montrer nos signes ».

Le chiffre 9 se retrouve au verset (12) et au verset (48).

Ce qui fait que cette sourate est polarisée : son début et sa fin se font écho l’un à l’autre. Cela va nous orienter vers un passage qui joue un rôle central dans cette sourate.

Ce passage comporte 29 versets (du verset 15 au verset 44) au nombre des jours du mois lunaire. Au milieu de ce passage, au verset 30, se positionne la fameuse formule « Bismi Allah Rahman Rahim »

Le centre de la sourate Naml

«Nous avons accordé de la science à David et à Salomon ; et ils dirent Dieu nous a préféré à beaucoup de ses serviteurs… » (V 15) «Salomon hérita de David, et dit en s’adressant aux gens : ‘On nous a appris la langue des oiseaux et nous avons reçu de ‘toute

chose’… » (V 16)

Trois noms propres jouent dans ce contexte des rôles ésotériques importants : Salomon, David et Belqis. Concernant le couple de noms

65 La première sourate commence par le terme ‘ALHaMD’ et se termine par un N (dalyn), la deuxième commence par ALM et se termine par un N (kafirin), la troisième commence par ALM et se termine par un N (touflihoun), etc.

Signes Coran 9 9 Coran Signes (V 1) (V 1 et 6) (V12) (V48) (V76 et 92) (V93)

Basmala (V 30)

Verset 15 à verset 44 44

‘David et Salomon’ : ‘David’ dont le nom évoque ‘doud’, c'est-à-dire les bestioles de la terre, représente les éléments de la terre ; alors que Salomon représente les éléments du ciel (dans le nom ‘Souleymane’ nous retrouvons le vocable ‘samaa’, ciel). Cette rencontre, dans l’harmonie, des éléments de la terre et ceux du ciel est illustrée par la présence dans cette sourate d’une part de créatures comme les fourmis et les djinns (des habitants de la terre) et d’autres part le ‘houdhoud, et les oiseaux d’une façon générale (des créatures du ciel).

La Reine de Saba, quant à elle, porte le nom de «Belqis », terme qui se compose des deux vocables « yassin » et « qalb » (coeur).

Belqis = B L Q Y S = B L Q + YS

(B L Q) lu dans le sens inverse donne : (Q L B) = qalb = coeur

La vallée des fourmis

« Et furent rassemblées en rang, pour Salomon, ses troupes formées de djinns, d’hommes et d’oiseaux » (V 17)

«Une fois arrivées à la vallée des fourmis, une fourmi dit : Ho, les fourmis, entrez dans vos demeures pour ne pas être écrasées inconsciemment par Salomon et ses soldats » (V18)

«Il (Salomon) sourit alors, riant en entendant la parole de la fourmi et dit : pérmez moi Seigneur de te présenter ma gratitude pour les bienfaits dont tu m’as gratifié moi et mes parents… » (V 19) Un bel exemple du respect de la vie des créatures et du principe de la puissance sans agressivité : Salomon, malgré sa puissance, ne s’est pas permis de faire du mal à une fourmi66.

«Passant en revue les oiseaux, il (Salomon) dit : Mais je ne vois pas la huppe (houdhoud), est-elle des absents ? » (V 20)

«Peu après la huppe apparaît et dit : j’ai cerné ce que tu n’as point cerné et je t’apporte une nouvelle sure de Saba… » (V 22)

Les éléments de la terre vont être ramenés à un seul : cette fourmi qui parle ; et les créatures du ciel vont eux aussi se ramener à un seul, au fameux ‘houdhoud’ (la huppe). Le vocable ‘houdhoud’ est composé en arabe de quatre lettres (H D H D), il s’agit en fait de la répétition de deux lettres

66Mais, dira-t-on pourquoi il menace d’égorger le « houdhoud » ? Parce que ce dernier représente un niveau spirituel (maqâm) supérieur, c’est une créature céleste ; et en vertu de ce niveau, il est investi d’une responsabilité, il doit l’accomplir au risque de sa vie.

(HD), lesquelles forment la racine du mot ‘hady’ qui signifie ‘orientation’, ‘guidance’. Dans le couple H D la première est une lettre lumineuse alors que la seconde est du genre obscur, on peut alors la supprimer. Le vocable ‘houdhoud’ passe ainsi de ses quatre lettres HDHD, qui représentent la multiplicité, à deux lettres HD, puis à une seule, la lettre H qui va représenter l’Unité.

La lettre arabe H (

ه

), dont la forme est circulaire et qui se positionne à la fin du nom divin Allah, représente ici l’Unité globale, l’unité qui intègre en elle la multiplicité. Cela est confirmé par la réponse du houdhoud à Salomon :

«J’ai cerné ce que tu n’as point cerné et je t’apporte une nouvelle de Saba… » (V 22).

Le trône majestueux

Nous voilà donc dans le sillage du houdhoud, dans sa guidance, son orientation (HD = guidance) ; et nous arrivons à l’Unité retrouvée, au dépassement de l’apparente multiplicité des choses. Nous sommes donc orientés…Mais vers quoi ? … Vers Saba, un lieu au Yémen…

Le vocable ‘Saba’ (S B A) peut être décomposé en deux ensembles : le couple ‘A B’ (qui signifie ‘père’) et la lettre Syn (S), laquelle nous revoie au vocable ‘Yassin’, considéré comme le ‘cœur’ du Coran, autrement dit le cœur spirituel de l’homme, compte tenu de l’analogie entre le Coran et l’être humain.

Nous sommes donc orientés vers ‘le cœur’ à la fois par le nom ‘Belqis’ (= qalb, Yassin) et par le lieu ‘Saba’ (= ab, yassin).

Nous arrivons maintenant au verset 23. La parole est toujours au houdhoud : «J’ai trouvé (à Saba) un femme qui règne sur les gens, qui a reçu ‘de toute chose’ et elle a un trône majestueux ».

Cette femme aurait donc trois qualifications : elle possède la royauté, elle a reçu de ‘toute chose’ et elle a un trône majestueux. Concernant le premier élément, la royauté appartient en réalité à Dieu, ‘Roi’ est un des 99 noms divins. Concernant le deuxième élément, l’expression ‘recevoir de toute chose’, a été déjà mentionnée dans ce passage au verset 16, à propos de David et Salomon (nous avons reçu de ‘toute chose’). C’est donc une prérogative prophétique propre aux prophètes. Quant au troisième élément, ‘avoir un trône majestueux’ cela nous renvoie au verset 26 où on lit : « Dieu … Seigneur du ‘trône majestueux’ ».

Ce qui fait qu’aucune femme (ni un homme) ne peut avoir le ‘moulk’ puisque Dieu seul est le véritable Roi, ni recevoir de ‘toute chose’ puisque cela est réservé aux prophètes, ni avoir un trône majestueux, puisque c’est Dieu qui a le trône majestueux. Il s’agit donc, dans ce texte, non pas d’une femme, mais plutôt d’un Principe qui reste à déterminer. Le terme ‘Imraa’ (femme) utilisé ici dans ce texte est composé de quatre lettres ‘AMRAT’ ; si nous faisons abstraction de la lettre opaque T (ة) il nous reste les trois lettres AMR qui composent le ‘Amr’, l’ordre divin, le Verbe créateur. Cela est confirmé par le fait que le terme ‘Amr’ se répète trois fois dans ce passage : deux fois au verset 32 et une fois au verset 33.

«Elle dit à sa cour : Conseillez moi à propos de mon ordre (amri), je ne déciderais d’aucun ordre (amr) sans votre consentement. (V. 32) «Ils dirent : nous sommes dotés de force et d’une grande rigueur, mais l’ordre (amr) est à toi, vois donc ce que tu veux ordonner»

Amr, l’Ordre divin

Cela va nous permettre d’interpréter le verset 23 (en lisant ‘Amr’ là où est indiqué ‘imra’) de la façon suivante : la première lettre A (de l’ensemble AMR) renvoie à Dieu (Ahadia) par l’attribut divin Roi (cela correspond à ‘cette femme a la royauté’). La deuxième lettre M renvoie à la ‘prophétie’, plus précisément à la ‘mohammadia’ (cela correspond à ‘cette femme a reçu de ‘toute chose’) et la troisième lettre correspond à R (de l’ensemble AMR). Cette lettre qui renvoie, d’une façon générale au ‘Rouh’ (l’Esprit universel), renvoie ici au trône divin et cela correspond à ‘cette femme a un trône majestueux’.

Remarquons à ce propos la ressemblance entre l’expression biblique «L’esprit planait sur les eaux » et l’expression coranique : « son trône était sur l’eau ». Ce qui confirme l’équivalence entre le Trône et l’Esprit universel.

«Elle a dit devant sa cour : il m’a été envoyé un message noble, c’est de la part de Salomon, et c’est ‘Bismi Allah Rahman Rahim’ (V 30). Si le passage que nous examinons présentement est le centre, le‘cœur’ de cette sourate, ce verset 30 est le cœur de ce passage, toute cette mise en scène tourne autour de cela.

Il s’agit de l’expression du Principe fondamental de l’Unité sous une forme ternaire. Cela correspond également au ‘Ism’, le nom de Dieu. C’est un principe qui s’exprime toujours par trois lettres. Le vocable ‘Ism’ (qui

renvoie au nom de Dieu) est composé de trois lettres (A S M) ; l’ordre divin s’exprime également avec trois lettres (AMR) :

A = Ahadia = Dieu M = Mohamadia R = Rouh (Esprit)

Le message qui est révélé ici est donc de nature métaphysique. Il donne un éclairage sur le troisième terme de l’ordre (AMR), en établissant une équivalence entre trois éléments : la formule ‘Bismi Allah Rahman Rahim’, le trône divin et l’Esprit universel.

Basmala  Trône divin  Esprit universel

La Révélation entre les mots et les lettres

ةلدا اهلها ةزعا اولعجو اهودسفا ةيرق اولخد ادا كولملا نا

«Elle a dit devant sa cour : il m’a été envoyé un message noble, c’est de la part de Salomon, et c’est ‘Bismi Allah Rahman Rahim. Ne soyez pas hautains avec moi, et venez à moi, soumis » (V. 30, 31) «Elle dit à sa cour : Conseillez moi à propos de mon ordre (amri), je ne déciderais d’aucun ordre (amr) sans votre consentement. (V. 32) «Ils dirent : nous sommes dotés de force et d’une grande rigueur, mais l’ordre (amr) est à toi, vois donc ce que tu veux ordonner » «Elle dit : Quand les rois entre dans un village (qarya) ils le

saccagent et rendent les plus prestigieux de ses gens des humbles (ou des humiliés)» (V34)

Nous arrivons à présent à un verset (V 34) qui a alimenté nombre de débats et de commentaires.

Certains commentateurs ne veulent voir dans ce verset que l’expression d’une critique des rois qui ne seraient que des dominateurs et des tyrans. Ne remarque-ils donc pas que le Coran parle ici de ‘rois’ au pluriel et d’un village (au singulier) ? Est-ce que plusieurs ‘rois’ se mettraient ensemble pour attaquer ‘un village’ ! Le texte n’a pas dit une phrase du genre : «Quand un roi entre dans un pays (ensemble de villes et de villages) il le saccage …. », il a dit «Quand les rois entrent dans un village ils le saccagent »

Cette remarque, suffisante à notre avis pour rejeter l’explication politisée, nous a amené à examiner ces deux termes : ‘moulouk’ (rois) et ‘qarya’ (village). Le premier, ‘moulouk’ (les rois) est composé de trois lettres

(M L K) lesquels forment une hiérarchie spirituelle en rapport avec la Révélation. Au sommet il y a MaLiK (Roi) soit un attribut divin. Au deuxième niveau il y a MaLaK (ange) ou MaLaiKa (des anges puisque le Coran a utilisé le pluriel) et au troisième il y a KaLaM (Parole) ou KaLiMat (les mots), sous entendu parole de Dieu. La Révélation apparaît, à travers les combinaisons de ces trois lettres telle une émanation de l’attribut divin Malik (Roi), qui se transforme en entités spirituelles Malaika (anges) puis en Kalam (parole) et Kalimate (en mots). Ce qui fait que ce terme « moulouk » (rois) renvoie ici, d’une façon allusive, au processus de déploiement qui aboutit à la révélation sous forme de mots. La Révélation : des anges se transformant en mots.

Passons maintenant à l’autre terme à savoir ‘qarya’ (village). Ce vocable est composé essentiellement de trois lettres (Qaf, Raa, Yaa). Le Yaa a pour valeur numérique (10), lequel annonce le retour à l’unité, au Un. Cette lettre prend parfois le rôle du Alif dans beaucoup de tournure de la langue arabe (ئ). Si nous remplaçons le Yaa dans la trilogie ( Q R Y) par un Alif nous obtenons l’ensemble (Q R A) soit les lettres qui composent le vocable «Iqraa», le premier mot qui a été révélé au Prophète par l’ange Gabriel. Le terme ‘Iqra’ (lis) condense la révélation sous forme de trois lettres (A Q R) Ce verset «Quand les rois entrent dans un village (qarya) ils le saccagent et rendent les plus prestigieux de ses gens des humbles» peut être interprété ainsi : «quand les ‘mots’ (les rois) prennent possession de la révélation ils la saccage». C’est-à-dire quand des mots, des concepts et des significations normatives sont imposés au message sacré, il se retrouve vidé de sa vitalité spirituelle et de sa dimension transcendantale. Les significations et les concepts liés aux mots introduisent des complications de tout genre, ce qui alimente des polymériques et des interprétations abusives. Les lettres, qui sont les éléments nobles de la révélation et qui sont les supports des Principes sont alors sous estimés (les éléments nobles de la révélation deviennent des humbles).

La science du Livre

....كماقم نم موقت نا لبق هب كيتا انا نجلا نم تيرفع لاق باتكلا نم ملع هدنع يدلا لاقو

Voila un autre passage qui, lui aussi, a attiré la curiosité de nombreux commentateurs, mais qui n’en reste pas moins particulièrement énigmatique.

«Il (Salomon) dit a sa cour : qui de vous m’apportera son trône avant qu’ils viennent à moi ? …

Dans le document Les révélations coraniques, Benrochd (Page 143-157)