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Les jours de la Création

Dans le document Les révélations coraniques, Benrochd (Page 87-93)

Apres une présentation générale de la sourate de la Baqara nous avons passé en revue ses premiers versets, lesquels concernent essentiellement un classement des gens en trois catégories.

Nous arrivons à présent au verset 28 :

C’est Lui qui a créé pour vous tout ce qui est dans la terre, puis Il a considéré le ciel et Il l’a structuré en sept cieux.

Verset qui nous introduit au thème de ‘la création du monde’. D’autres versets traitant le même sujet se retrouvent dans d’autres emplacements :

«C’est votre seigneur Dieu qui a créé les cieux et la terre en six jours ; puis il s’établit sur le Trône, gérant l’ordre… » (S 10, V 3). «C’est Lui qui a créé les cieux et la terre en six jours - son Trône était sur l’eau – pour vous éprouver ; lequel de vous présenterait la meilleure œuvre… » (Sourate 11 ‘Houd’ V 7)

«C’est Dieu qui a élevé les cieux, sans ‘soutien’ visible ; puis Il s’est établi sur le Trône ; et Il a assujetti le soleil et la lune… » (S 13, V 2) «Celui qui a créé en six jours les cieux et la terre et ce qu’il y a entre eux, et s’est ensuite établi sur le Trône… » (Sourate 25, V 59) «C’est Dieu qui a créé en six jours les cieux et la terre et ce qu’il y a entre eux, et s’est ensuite établi sur le Trône… » (Sourate 32, V 4)

«Celui qui a créé en six jours les cieux et la terre, et s’est ensuite établi sur le Trône… » (Sourate 57 ‘Hadid’ V. 4)

La création

La question de la Création du monde en six ou sept jours constitue un thème universel que l’on retrouve dans plusieurs traditions y compris dans le texte biblique et le récit coranique.

En se basant sur les indications coraniques, il est possible de distinguer trois phases différentes. La première, celle de ‘l’avant la création’, désignée par l’expression ‘le trône de Dieu était sur l’eau’. La deuxième phase évoque la création d’une façon globale « Dieu a créé le monde en six jour et Il s’est établi sur le trône ». La troisième phase concerne la création d’une façon détaillée et « Dieu s’est établi sur le ciel »

Pour bien comprendre ce processus il est nécessaire de connaître la signification de ces notions fondamentales : ‘la création’, le ‘trône divin’, ‘les jours de la créations’ et ‘l’istiwa’ (l’établissement en équilibre de Dieu sur le trône ou sur les cieux).

La notion de ‘création’ sous entend que le monde a eu un début (qu’il a surgi en quelque sorte du ‘néant’), qu’il a un ‘Créateur’ (Dieu) et qu’il a été créé selon un processus comportant des étapes successives.

La tendance athéiste critique, rejette même cette notion de création, prétendant que le monde, tel que nous le connaissons, a toujours existé (il n’y avait jamais eu de début du monde) et qu’il n’est géré par aucune intelligence supérieure (Dieu) mais le résultat de l’effet du ‘hasard’. Cette tendance athéiste a cru trouver dans la science un allié qui confirmerait ses prétentions, mais plus la science évolue et plus elle montre l’absurdité des thèses athéistes et confirme que le monde a bien eu un début et qu’il est géré par une intelligence supérieure.

Comparaison entre les textes sacrés

Il est intéressant de faire une comparaison entre les indications des deux textes sacrés, le Coran et la Bible, en commençant par la première phase, celle qui concerne ‘le début de la création’.

A propos de cette phase la Bible dit : «L’Esprit planait sur les eaux », alors que le Coran dit : « Son Trône était sur l’eau »

Admettons d’abord que ‘l’Esprit’ et le ‘Trône de Dieu’ sont deux appellations qui désignent le même concept. Mais comment expliquer que le ‘Trône’ (ou l’Esprit) soit sur ‘l’eau’ avant la création, alors que l’eau n’est apparue qu’à un stade très avancé de l’existence du monde ?

Remarquons à ce propos que le terme arabe ‘maa’ (eau) est composé des deux lettres ‘M, A’ lesquelles placées dans l’ordre inverse donnent le vocable ‘O M’ qui signifie ‘mère’. La même nuance est à remarquer dans la ressemblance, en langue française, entre le terme ‘mère’ (la maman) et le terme ‘mer’ qui renvoie justement à ‘l’eau’.

Ce qui fait que l’expression : « Son Trône (l’Esprit) était sur l’eau » peut être interprétée ainsi :

« Son Trône (Esprit) était sur ‘Om’ (sur la mère) ».

Au point de vue métaphysique cela signifie simplement que la Création s’est concrétisée à partir d’un Principe actif (le Trône, l’Esprit) et d’un principe passif, réceptif (eau = mère) que l’on peut considérer comme ‘la mère du monde’, ‘l’œuf du monde’, la matrice du monde. Il s’agit d’une sorte de disponibilité primordiale sur laquelle va se concrétiser la Création à l’image

d’un ‘crayon’ ( le ‘Trône’, ‘l’Esprit’) qui va dessiner sur une page vierge (l’eau = mère).

Cette substance subtile qui n’est ni l’air ni le vide est exprimée par les soufis par l’expression « maa al ghayb » (l’eau de l’invisible). Cette ‘eau de l’invisible’ ou ‘champ universel’ est à mettre en parallèle avec la notion de ‘plasma’, récemment découverte par la science moderne et remarquons en passant que le terme plasma peut être décomposé en deux vocables (plas-ma).

Le trône (Arch)

En ce qui concerne le trône, il convient de distinguer, selon les données coraniques, deux étapes successives. Nous avons vu la première, celle dite ‘avant la création’ et où «‘le trône’ (l’Esprit divin) était sur ‘l’eau’», ‘l’eau’ signifie ici la ‘matrice’, la disponibilité originelle. Quant à la deuxième étape elle a trait à ‘la création globale’ désignée par les ‘six jours’, Dieu s’établit alors sur le trône, puis le développement est couronné par l’établissement de Dieu sur l’Univers.

Concernant l’indication coranique « son trône était sur l’eau » nous l’avons comparé avec l’expression biblique selon la quelle, avant la création «l’Esprit planait sur les eaux». Cela nous incite à poser deux questions : Quel rapport y a-t-il entre la notion de ‘trône’ et celle d’esprit ?

Et puisque le Coran parle de ‘arch’ (trône) mais également de Koursi (siège) quelle différence y a-t-il entre le ‘siège de Dieu’ et son trône ?

Disons que ‘Esprit’ est un terme général alors que le ‘Koursi’ et le ‘trône’ sont des désignations particulières de ‘l’Esprit’.

Remarquons que, du point de vue étymologique, ‘Arch’ (trône) signifie ‘branche’ ce qui renvoie à l’idée de ‘ramification’. Le vocable ‘Arche’, lu à l’envers donne le terme ‘char’â’, ce qui renvoie à la notion de ‘charia’, la loi divine.

Quant au terme ‘Istiwaa’, il signifie ‘Equilibre parfait’. Il s’agit de l’équilibre parfait avant la création « Son Trône était sur l’eau », de l’équilibre parfait au cours de la création « Dieu s’est établi sur le Trône » et de l’équilibre parfait à l’achèvement de la création « Dieux s’est établi sur les cieux ». Cette expression est en rapport avec la gestion de la création selon la loi divine.

En ce qui est de la signification de la notion ‘eau’ dans l’expression coranique «Son trône était sur l’eau » nous avons remarqué qu’en inversant le terme ‘MA’ (eau) nous trouvons Om soit la mère. Ce qui nous a amené à dire que l’eau signifie ‘Matrice’. La loi universelle (charia) était incluse

dans l’étape ‘Son trône était sur «l’eau», matrice primordiale avant l’apparition de la Création.

C’est l’accomplissement de la Création (Istawa ala al arch) et l’accomplissement de la ‘Loi’, lesquelles sont inséparables. La même Loi (charia), celle de l’équilibre parfait, commande la Création depuis la graine jusqu’à la branche, de l’atome jusqu’au cosmos.

Les jours de la création

La question de la Création du monde en six ou sept jours constitue un thème universel que l’on retrouve dans plusieurs traditions. Mais cela est évidemment critiqué par la tendance athéiste au nom de découvertes scientifiques.

Remarquons que le Coran parle effectivement de la ‘Création en six jours’ mais également de la ‘Création par étapes’ (atwar). Il attire ainsi notre attention sur le fait qu’il s’agit non pas de jours relatifs à notre ‘temps’ mais plutôt selon une échelle divine, c’est ainsi qu’un ‘jour chez Dieu’ peut valoir mille ans, ou 50 mille ans

Quand à la science, elle n’est toujours pas arrivée à connaître réellement ‘le début la création’, laquelle reste encore un mystère. On peut aussi bien dire que la Création a duré des millions de siècles, comme on peut dire qu’elle dure le temps d’un clin d’œil, tout dépend de l’échelle du temps choisie. Ce qui fait que les six ou sept jours restent le moyen le plus simple pour essayer d’exprimer la Création.

Tout ceci correspond en fait à un ensemble de concepts qui traduit la nature de l’homme et conditionne son existence et son devenir. Et nous aurons l’occasion de reprendre ces notions dans les pages de ce livre.

Les sept jours de la Bible

En suivant la description du texte biblique, tout se passe comme si le ‘monde’ était déjà existant d’une certain façon (dans une sorte de néant), avant le ‘début’ de la création. Ce que l’on appelle le commencement de la Création n’est en fait qu’une succession de phases qui permettent de distinguer la diversité de la création :

Après une phase de ‘voilement’ (le néant) on passe à une autre, dite ‘le premier jour’ et on commence à distinguer la ‘lumière de l’obscurité’ « …Dieu sépara la lumière avec les ténèbres… » (Genèse 1.4).

Ensuite on va distinguer le ‘jour’ de la ‘nuit’ « … Il eu un soir et il eu un matin, ce fut le premier jour » (Genèse 1.5)38.

Au deuxième jour on va distinguer le ‘ciel’ de la ‘terre’ « … Il (Dieu) sépara les eaux qui sont au-dessous de l’étendue d’avec les eaux qui sont au-dessus de l’étendue…Dieu appela l’étendu ‘ciel’… » (Genèse 1.7, 8)39.

Au troisième jour on va distinguer la ‘terre’ de la ‘mer’ « Dieu appela le sec ‘terre’ et il appela l’amas des eaux ‘mers’ » (genèse 1. 10)40.etc.

Et puis il va être question du ‘soleil’ et de la ‘lune’ et de l’homme et de la femme (Adam et Eve) ; c’est encore la logique binaire. «Dieu dit : qu’il est des luminaires dans l’étendue du ciel…» (Genèse 1.14)41.

Le texte va nous orienter ensuite vers le principe de fécondation et celui de la multiplicité «Dieu les bénit, en disant : Soyez féconds, multipliez, et remplissez les eaux des mers, et que les oiseaux multiplient sur terre» (Genèse 1.22, 23).

Le plus remarquable est ce retour à chaque passage du texte à ‘Dieu’, au principe de l’Unité. La Genèse commence par « Au commencement ‘Dieu’ créa les cieux et la terre » (Genèse 1.1), et à la fin de chaque passage on trouve des formules du genre « Dieu vit que la lumière est bonne » (Genèse 1.4), « Dieu appela l’étendu ciel » (Genèse 1.8), « Dieu vit que cela est

38 Genèse 1.1 à 1.5 : Au commencement Dieu créa les cieux et la terre. La terre était informe et vide : il y avait des ténèbres à la surface de l’abîme, et l’Esprit de Dieu se mouvait au-dessus des eaux. Dieu dit : Que la lumière soit ! Et la lumière fut. Dieu vit que la lumière était bonne ; et Dieu sépara la lumière d’avec les ténèbres Dieu appela la lumière jour et il appela les ténèbres nuit. Ainsi il y eut un soir et il y eut un matin. Ce fut le premier jour.

39 Genèse 1.6 à 1.8 : Dieu dit : Qu’il y ait une étendue entre les eaux, et qu’elle sépare les eaux d’avec les eaux. Et Dieu fit l’étendue, et il sépara les eaux qui sont au-dessous de l’étendue d’avec les eaux qui sont au-dessus de l’étendue. Et cela fut ainsi. Dieu appela l’étendue ciel. Ainsi, il y eut un matin : ce fut le second jour.

40 Genèse 1.9 à 1.13 : Dieu dit : que les eaux qui sont au-dessous du ciel se rassemblent en un seul lieu, et que le sec paraisse. Et ce fut ainsi. Dieu appela le sec terre et il appela l’amas des eaux terre. Dieu vit que cela est était bon. Puis Dieu dit : Que la terre produise de la verdure, de l’herbe portant semence, des arbres fruitiers donnant du fruit selon leur espèce et ayant en eux leur semence sur la terre. Et ce fut ainsi. La terre produisit de la verdure… Dieu vit que cela était bon. Ainsi, il y eut un soir, et il y eut un matin : ce fut le troisième jour.

41 Genèse 1.14 à 1.19 : Dieu dit : Qu’il y est des luminaires dans l’étendue du ciel, pour séparer le jour d’avec la nuit ; que ce soient des signes pour marquer les époques, les jours et les années… Dieu fit les deux grands luminaires, le plus grand luminaire pour présider le jour, et le plus petit luminaire pour présider la nuit ; il fit aussi les étoiles… Dieu vit que cela est bon… Ce fut le quatrième jour.

bon » formule répétée à plusieurs reprises (Genèse 1.12, 1.18, 1.21, 1.25, 1.31) pour marquer que l’Unité est le ‘début’ et la ‘fin’, l’origine et la finalité de chaque chose.

Ces indications traditionnelles, en parallèle avec les notions coraniques de Trône et de ‘istiwwa’, nous renvoient au concept d’équilibre parfait de la création depuis sa conception jusqu'à sa réalisation au niveau le plus apparent. Du début jusqu'à la fin, la création reste sous le contrôle permanent et à tout instant de Dieu.

Dans le document Les révélations coraniques, Benrochd (Page 87-93)