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Le deuxième malentendu est né, lui aussi, dès le premier roman, et va poursuivre son auteur, au moins jusqu’à la publication des Batailles perdues en 1956. Davantage idéologique que le précédent, ce malentendu fait passer l’auteur de simple témoin à celui de militant. Il consiste à voir en Louis Guilloux un auteur engagé, de gauche, qui défend la cause des ouvriers, et plus largement du « prolétariat ». Enrôlé un peu malgré lui du côté des « compagnons de route » du communisme, et plus généralement de la gauche, Louis Guilloux n’aurait écrit son œuvre que pour défendre cette classe sociale et dénoncer la bourgeoisie oppressive. Certes, bien des aspects de cette œuvre, pris isolément, en dehors d’une vision globale de sa création romanesque, expliquent ce lourd malentendu. Dans ce cas, bien des écrivains des années 1930 doivent être considérés comme des militants, car l’engagement de l’écrivain est un trait de la littérature de cette époque. Dans cette période de montée des idéologies, et des dangers de l’Histoire, les écrivains, peu ou prou, ont été mobilisés par les camps opposés : de Gide à Aragon, de Drieu à Céline, les romanciers ont été lus à travers le prisme de leur engagement politique.

Si l’on en croit Jean-Louis Jacob, Louis Guilloux aurait été le romancier du Front Populaire. Selon lui « il est indéniable, en effet que l’œuvre de Louis Guilloux,

d’Angélina et de La Maison du peuple aux Batailles perdues, constitue une contribution

fondamentale à l’histoire de la Gauche française – histoire qui fut intensément et parfois douloureusement vécue par l’auteur37. » Cette œuvre la décrirait, tout au long du siècle, dans ses différentes facettes, en particulier en mettant au jour ses contradictions. Elle serait aussi une œuvre de dénonciation de «l’Immonde » né de l’oppression que la société capitaliste répandrait sur la terre entière. Tout ne serait que mensonge et que confusion, en raison même de la situation socio-politique de l’entre-deux-guerres. Le critique, une fois qu’il a asséné ces présupposés, s’attache à montrer dans l’œuvre la vérité de cet immonde à travers le comportement des personnages. C’est ainsi, par exemple, que le docteur Rébal, un personnage de La Maison du peuple, en vient à incarner « le fascisme en germe » :

« En dépit de son arrivisme, de ses origines, de son mode de vie bourgeois, peut-être, à ses débuts, le docteur Rébal a-t-il eu des convictions, une vue du

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monde qui l’ont situé à gauche. Rares sont ceux qui, en tout et constamment, savent être fourbes ou pervers38. »

Mais il convient de remarquer que ce personnage est analysé comme une personne : sa vie de « personnage de papier » se poursuit dans la réalité et, ce qui est plus grave, dans l’esprit du critique. Et il en est ainsi de toute l’œuvre de Louis Guilloux qui prend à ses yeux une dimension de témoignage et d’exemplarité qui la hisse au niveau du réel, et même davantage, car elle permet d’analyser ce réel dont elle fait partie. On retrouve donc avec Jean-Louis Jacob, à un niveau décalé, la même approche que la critique de sympathie pratiquée par Edouard Prigent. L’œuvre n’est souvent considérée que comme un reflet d’une réalité qui lui est extérieure.

Dans Louis Guilloux, romancier du peuple Jean-Louis Jacob débute son analyse en situant l’œuvre par rapport au naturalisme, aux romanciers russes et aux romanciers américains tels que Dos Passos et Faulkner, et surtout par rapport à Joyce. Ce parti pris initial d’analyse des formes romanesques de cette œuvre, en référence au domaine de la littérature étrangère, semble novateur et porteur de promesses. Mais cette approche comparative est cependant vite délaissée tant l’attrait et l’illusion de vie des personnages sont prégnants. Il faut cependant porter au crédit de Jean-Louis Jacob d’avoir fait preuve de remarquables intuitions : par exemple le rapprochement du Jeu de patience

avec le simultanéisme de Dos Passos est très suggestif. Il a été également sensible à l’idée de contradiction et de confrontation qui habite cette œuvre, même s’il la réduite à l’affrontement idéologique :

« L’homme, et particulièrement l’intellectuel de gauche, est à la fois animé par une volonté d’action et inhibé par une conscience de la violence et de l’injustice des moyens. Au cours des réunions, des congrès, les idées, les philosophies, les conceptions du monde se heurtent ; le besoin de confrontation paralyse l’action39. »

Il a aussi établi des constats utiles, au risque de contredire sa propre thèse, comme celui de l’indépendance de Louis Guilloux à l’égard de toute école littéraire :

« Cette étonnante diversité des modes d’écritures qui caractérise l’œuvre de Louis Guilloux ne procède à aucun moment de l’adhésion de l’auteur à une école, ou de l’adaptation de principes dégagés par des théoriciens. “J’ai fait ce

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Op.cit., p. 113.

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que j’avais à faire du mieux que j’ai pu, a-t-il dit, sans trop m’interroger sur les moyens. Et c’est la recherche elle-même qui les fait découvrir40.” »

Mais le critique va manquer sa cible. Sur le point de situer cette œuvre dans une perspective d’histoire des formes romanesques et surtout sur le point de la faire apparaître comme une recherche d’écriture qui tire ses moyens de son invention elle-même, ce critique a délaissé cet angle d’analyse initial pour se laisser happer par la force d’incarnation des personnages. Une fois de plus, il faut faire le constat que l’illusion de réalité qu’offre l’œuvre de Louis Guilloux, exerce un pouvoir d’attraction si puissant que les critiques ont tendance à confondre la fiction avec la réalité, ce qui masque la manière dont cette fiction se rend si crédible.

De nombreux lecteurs voient dans certains personnages des contemporains et les considèrent parfois comme des personnes ayant vécu les mêmes événements qu’eux. Ces personnages dont l’illusion de vie est si forte qu’elle les autorise, en sortant de la fiction, à entrer dans la réalité de leurs lecteurs, sont des hommes de gauche dans une époque d’affrontement idéologique fort. Il est évident que les positions politiques personnelles de l’auteur, malgré sa prudence et sa discrétion, ont pu renforcer cette perception. Mais une lecture moins émotive et univoque, et qui s’appuie davantage sur l’ensemble de l’œuvre, lève aussitôt ce malentendu. Comme le souligne Henri Godard, la moitié des œuvres ne peut être rapportée à une cause politique. Peu à peu, au fil de l’avancement du siècle, le mouvement de récupération idéologique de son œuvre diminue. Ce retrait du discours politique au sujet de l’œuvre doit beaucoup au désengagement personnel de Louis Guilloux de l’affrontement idéologique, ainsi qu’à la forme même de ses grands romans du milieu de son œuvre41. Certes l’histoire de

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Jean-Louis Jacob, Louis Guilloux, romancier du peuple, p.16.

41 Sylvie Golvet, appuyant sa démonstration sur des sources extrêmement précises et solides soutient que Dossier confidentiel, et en particulier le personnage de Raymond, expriment totalement la pensée de Louis Guilloux à l’égard des idéologies. Elle écrit en effet : « L’itinéraire de Raymond est un apprentissage du non-engagement, qui se construit progressivement, grâce à sa pratique du retrait critique. Il constate alors le détournement du message initial par ceux qui se réclament d’un exemple fondateur. En posture d’observateur, trouvant peu à peu les moyens de disqualifier la légitimité morale de ceux qui veulent l’engager, il se libère de la pression extérieure. Il désapprouve le monde, sans entrer dans une bataille argumentée contre lui. Son refus d’adhérer se traduit par le même mutisme distant que celui de Laurent, dans la cour du lycée. Il s’applique aux représentants de l’Église qui détournent le message biblique, et finalement aux militants révolutionnaires qui prétendent contester la société entière en s’appuyant sur un exemple qu’ils déforment au gré de leurs caprices. » Sylvie Golvet, Louis Guilloux, l’ambition d’un romancier…, p.194.

l’entre-deux-guerres et la deuxième guerre mondiale y sont plus que présentes. Mais le montage kaléidoscopique des épisodes, dans Le Jeu de patience et Les Batailles

perdues, a découragé ces récupérateurs et les a même détournés. La composition

littéraire, très élaborée, rend difficile l’utilisation de ces œuvres comme témoignage. De plus, la Gauche y apparaît confuse et même négative. Aujourd’hui que le temps apporte un recul suffisant, une lecture politique de cette œuvre reste sans doute possible à condition cependant, comme cela a été maintes fois le cas, de ne pas la réduire à une analyse sociologique des mentalités42.

Cette tentative de récupération de son œuvre par les mouvements de gauche a peut-être détourné l’attention des lecteurs vers un aspect sociologique, somme toute peu original de son œuvre, au détriment de la création romanesque. Certes, son premier succès littéraire avait largement contribué à accréditer sa réputation de « romancier de gauche », mais Louis Guilloux était conscient depuis ce premier roman qu’un malentendu s’était installé entre une partie de ses lecteurs et la nature véritable de sa création43. Une question sans doute cruciale pour lui fut d’imaginer comment il pouvait aller à l’encontre de ce courant de sympathie du public de gauche, tout en préservant la faveur dont tout écrivain débutant a besoin44. Comment réfuter ce compagnonnage encombrant alors que beaucoup de ses idées personnelles se tournaient tout de même vers ce courant idéologique45 ? Un indice du malaise qu’il ressentait est sa réaction à la

42 Louis Guilloux a souligné : « Si j’avais écrit des livres, disons politiques, j’aurais su d’avance ce que je voulais dire. C’est sans intérêt. Il faut que ce soit une aventure, n’est-ce pas, une recherche avec le risque que l’aventure et que la recherche implique. Sinon je ne vois pas le mouvement intérieur qui pourrait nous pousser à écrire. » Plein-Chant 11-12, p.16.

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« Les articles publiés sur La Maison du peuple m’ont (…) souvent, bien amusé. Je tiens pour de véritables « avances » les articles publiés dans Clarté et L’Humanité, d’une part, et d’autre part, L’Action française. Il faudrait donc que je serve ! Je suis décidé à n’en rien faire». Louis Guilloux à Daniel Halévy, [début octobre 1927], fonds Halévy, B. N. F. Richelieu. Lettre citée par Sylvie Golvet, p.186.

44 Sylvie Golvet montre que la figure de Raymond, dans le deuxième roman publié, Dossier Confidentiel, manifeste le refus de Louis Guilloux de se laisser « embrigader » : «Louis Guilloux construit donc un personnage-narrateur qui signifie que la ferme volonté de ne pas se laisser embrigader peut être dangereuse. Elle ne doit pas faire commettre l’erreur de s’isoler. Il saura donc prendre conseil et tâchera de ne pas perdre de vue l’essentiel : l’amour. » Sylvie Golvet, Louis Guilloux, l’ambition d’un romancier…, p.195.

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Le Bulletin 6 de la Société des Amis de Louis Guilloux « Confrontations » contient un article de Jean Charles Amboise qui éclaire les rapports de Louis Guilloux avec Henri Poulaille dans les années 30 et 32. Il montre l’attitude de Louis Guilloux, soucieux de ne pas « appartenir » à un mouvement ou une école, préférant, malgré ses sympathies politiques, sa liberté de pensée et surtout de création. Il publie à la même époque un article dans la revue Europe où il affirme : « Que nous importent nos expériences personnelles, que nous importent nos classes ? Ayons,

remarque pertinente de Maurice Schlumberger qui lui avait consacré un article intitulé « Misérabilisme ». Henri Godard analyse cet épisode de la vie de l’auteur46 ainsi que sa manière d’accepter une autre réflexion de Bernard Groethuysen : « C’est très bien, n’est ce pas, quand on a lu ça, on a envie d’être pauvre ». Selon Henri Godard, Louis Guilloux aurait été frappé par cette remarque parce qu’elle posait la question de savoir comment un roman peut, à la fois, dénoncer une société qui crée les conditions de la pauvreté et affirmer la grandeur et la dignité de ces pauvres. Cette question semble aujourd’hui dépassée car on sait que la pauvreté n’entre pas en contradiction avec la dignité, et Louis Guilloux a grandement contribué à manifester la grandeur des pauvres. Mais dans le contexte idéologique de lutte des classes de l’entre-deux-guerres puis de la Libération, créer un univers de fiction dans lequel les pauvres semblaient finalement plus heureux que les « bourgeois », faisait réagir nombre de ceux qui voulaient changer la société en s’appuyant sur son injustice et en particulier sur le sort inhumain réservé aux pauvres. En somme, sur ce point Louis Guilloux semblait tomber sous le coup de cette critique politique qu’Alain Robbe-Grillet formulera à sa manière. En effet, il faisait le procès de la « tragédie », qui pour lui est un avatar de l’humanisme dont le but n’est que de proposer une illusion de communion entre l’homme et les choses :

« Partout où il y a une distance, une séparation, un dédoublement, un clivage, il y a une possibilité de les ressentir comme souffrance, puis d’élever cette souffrance à la hauteur d’une sublime nécessité. […] Il n’est plus question de rechercher quelque remède à notre malheur, du moment qu’elle [la malédiction] vise à nous le faire aimer47

S’il est vrai que cette analyse convient à une grande partie de l’œuvre de Louis Guilloux, on ne peut que constater aussi que les derniers romans témoignent de la volonté d’échapper à cette notion d’accord ou même de communion entre l’homme et la réalité. En somme, l’œuvre de Louis Guilloux manifesterait au long cours ce que

une bonne fois le courage de nous délivrer de ce pesant fatras de ces pesants mensonges. [...] On exige de nous que nous soyons fidèles. Je demande, au contraire, qu’on soit infidèles. Cette fidélité à nos classes, qui est pour nous une tentation, est notre plus dangereux écueil. L’idée même d’une telle fidélité contredit à tout ce que nous voulons être. Il faut un certain courage pour y renoncer, et la hardiesse de se choisir. Car pour nous, être fidèles, c’est là précisément trahir. »

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Henri Godard, Louis Guilloux, romancier de la condition humaine, p.216. 47 Alain Robbe-Grillet, Pour un Nouveau Roman, p.54 -55.

47 Il est intéressant de noter que Camus soulignait cette idée à propos de l’œuvre de Louis Guilloux et que précisément Robbe-Grillet dénonce en analysant « l’étrangeté » de Meursault dans L’Etranger. Alain Robbe-Grillet, Pour un Nouveau Roman, p.56 -57.

Robbe-Grillet appelle de ses vœux. Cependant, la « distance intérieure » qu’il dénonce reste bien dans l’œuvre de Louis Guilloux son apport le plus personnel et le plus émouvant48.

On peut penser que Louis Guilloux était très conscient qu’un écrivain fait œuvre d’illusionniste et que le propre d’un roman est de proposer au lecteur un monde fictif qui parle à ses émotions. Il savait pertinemment que la vérité de ses romans n’était pas dans la pauvreté (ses conditions, ses conséquences) mais dans le fait que tout ce monde de misère auquel il donnait vie était la condition nécessaire du déploiement de son écriture romanesque. La grandeur de ces pauvres contribuait en quelque sorte à créer une illusion nécessaire à sa création, véritable utopie d’une autre manière de vivre, de la même façon que le mythe du retour à la nature était nécessaire à l’écriture des premiers romans de Giono. Pour Louis Guilloux, compte tenu de l’évolution des formes romanesques de l’après-guerre, et surtout de sa propre vision du monde à l’époque, des personnages, pauvres mais dignes, dotés de vie intérieure, étaient nécessaires à sa création romanesque. Sans cet univers de misère, Louis Guilloux ne pouvait écrire de fiction. Avec la publication du Pain des rêves, ce malaise ne fera que s’accentuer. Henri Godard fait remarquer que Louis Guilloux sera contraint de faire réapparaître Loïc49, le narrateur du roman, dans Le Jeu de patience, et d’évoquer son suicide après avoir écrit un récit de son enfance intitulé Récit de la Fange, roman qui aurait été publié par sa compagne désargentée. En faisant fictivement mourir le narrateur de son roman précédent, Louis Guilloux aurait voulu tirer un trait sur l’idée que l’on peut obtenir de la beauté avec de la misère. C’est pourquoi, après qu’il a obtenu le prix Populiste pour Le

Pain des rêves, Louis Guilloux veut absolument tordre le cou à sa réputation d’écrivain

qui idéaliserait la pauvreté50. Et il le fait au moment même où le développement de son œuvre atteint avec Le Jeu de patience un tel degré qu’elle le met en dehors de cette

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« Louis Guilloux, qui fait un travail important pour mettre à jour les contradictions humaines, aidé dans sa prise de conscience par sa connaissance de Freud, se trouve lui-même placé en contradiction avec le lectorat qui pouvait le soutenir. Fondre ses conceptions dans la trame du roman lui permet de dire ce qu’il pense sans que cela apparaisse explicitement. Il joue sur la caricature, l’ironie, les sous-entendus pour se concilier la bienveillance du lecteur. Il désamorce ainsi les réactions négatives que par son langage clair, Freud essayiste provoque violemment. Louis Guilloux les décrit ainsi dans le prière d’insérer de son roman (Le Sang noir, Le Club français du livre, p.499). Sylvie Golvet, Louis Guilloux, L’ambition d’un romancier…, p.386. 49C’est Henri Godard qui le souligne et l’analyse longuement, Louis Guilloux, romancier de la condition humaine, p.262 et suiv.

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Selon Henri Godard, Les Batailles perdues apportent encore des éclaircissements à cette problématique, p. 301 et suiv.

problématique. Cette somme romanesque prouve assez que l’invention de formes narratives constitue désormais sa manière de se situer dans les idéologies ambiantes et que son message ne peut être détaché de l’écriture.

Une autre situation éclaire le malentendu sur lequel s’élaborent les relations entre l’intelligentsia de gauche et Louis Guilloux. En 1935, on espérait pour Louis Guilloux le Prix Goncourt mais il fut attribué à Joseph Peyré. Lors du meeting de soutien à l’auteur du Sang noir, les proches de Louis Guilloux organisèrent où un débat public qui réunit entre autres Aragon, Dorgelès, Malraux, Nizan, Cassou. Parmi cet aréopage d’écrivains de gauche, dans une situation où l’on attendait de lui qu’il défende le message de révolte quelque peu libertaire de son héros, et aussi qu’il attaque cette bourgeoisie qui lui avait refusé le prix au profit d’un écrivain « conforme », Louis Guilloux, après quelques phrases convenues sur la révolution, énonce nettement les idées qui éclairent son art romanesque. Et dans des termes qui l’éloignent beaucoup des attentes de l’idéologique de gauche :

« Quand Dickens suit un personnage dans la rue, c’est peut-être pour le pittoresque de ce personnage, pour son costume, pour un tic, parce que Dickens est un grand peintre. Mais avant tout, c’est parce que ce personnage déclenche en lui une série d’images propres à nourrir son obsession. [...]

Le romancier est un obsédé. Son art consiste à traduire son obsession en images. C’est probablement pour cela qu’il écrit. »51

Comment davantage soumettre la réalité au travail de l’artiste ? Si la réalité joue le rôle de substrat, l’écriture se nourrit des pulsions de l’auteur. Et nous le verrons, chez Louis Guilloux, ses « images » se mettent en mouvement par des personnages qui sont les vecteurs d’un univers imaginaire dont les paroles et les silences constituent les clés.