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Chapitre 3 : Dynamique des relations de l’hospitalité dans le récit de Jonas

3.6 Hospitalité de Ninive au message de Yahvé

3.6.2 Rituels d’hospitalité du roi

Le roi a été précédé par son peuple qui n’attendit pas son approbation. Le peuple s’est engagé dans une résolution de cœur sans attendre d’y être contraint par un édit du roi, mais plus encore sans craindre les représailles d’un roi connu pour ses méthodes cruelles232. Le roi vit son peuple dans une attitude de retournement sans pareil et confirma l’accueil de ce message par des dispositions particulières. Il valide les éléments du rituel de repentance du peuple à savoir le jeûne, le port du sac, et il ira même au-delà. À Ninive, le roi était considéré, comme un descendant des dieux. En acceptant de se rabaisser, le roi233 retrouve son humanité en

230 Dans le cas de l’hospitalité qu’Abraham offrit à ses hôtes, la nourriture était un élément de communion.

Dans le cas présent bien qu’étant contraire, car il est plus tôt question de privation ici, l’idée renvoi a une communion avec Yahvé au travers d’une discipline qu’est le jeune. Nous relevons un élément important ici a savoir que prendre un repas en honneur de l’hôte ou s’en privé en raison de la présence de l’hôte sont des éléments constitutifs du rituel de l’hospitalité. Dans l’exercice de l’un comme l’autre il faudra tenir compte du contexte.

231 Although“believing in God” is often thought to require a radical theological shift,the phrase possesses a

wide semantic range. When it describes a humanresponse to a message from God, its sense is bounded on the one side byits use with Abraham (Gen. 15:6) and on the other by its use with Judah(2 Chr. 20:20). The context of Jonah 3 demands that even the mostrestrictive understanding of the phrase allow that Nineveh judged Jonah’s message true and reacting accordingly. Voir Daniel Timmer Jonah Theology of the Nation, p. 4.

232 He accepts Jonah’s negative appraisal of the city’s behavior and calls for all Ninevites to turn from their

violent lifestyle, which probably refers to the blend of military and religious activity that was essential to Assyrian identity at all levels of society. Daniel Timmer Jonah theology of nation P 4

233“Assyrian texts expound an imperial ideology claiming that Ashur was the preeminent deity who ruled over all the gods and, as a corollary, the political reality on earth should therefore be that all peoples acknowledged the sovereignty of Ashur’s representative, the Assyrian king. To that end the king was charged at his coronation to ‘extend the borders’ of Assyria.” S. PARPOLA, “National and Ethnic Identity in the Neo-Assyrian Empire and Assyrian Identity in Post-Empire Times,” Journal of Assyrian Academic Studies 18 (2004): 5-40 (13)

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reconnaissant que Yahvé est plus grand que lui. Le roi fit un effacement de soi, pour laisser place à Yahvé, le Tout-Puissant.

Le roi exprime son abaissement par des actes précis. Il donne du poids aux dispositions du peuple à savoir le jeûne et le fait de porter les sacs. Il rend son engagement plus clair en quittant son trône, en se débarrassant de sa robe royale, se couvrit d’un sac, s’assit dans la cendre. Il abandonne sa place de roi, en quittant le trône234. Il admet par ce geste que celui qui est digne du trône est le Dieu de Jonas. Il se soustrait des privilèges royaux et aussi de son pouvoir tyrannique pour se conformer au message de Jonas. Il fait un peu plus que le peuple dans son agir. Il rend officiel l’engagement du peuple par un décret royal. Il engagea le peuple et même le bétail :

« Il (le roi) … proclama l’état d’alerte et fit annoncer : « par décret du roi et de son gouvernement, interdiction aux hommes et aux bêtes, au gros et au petit bétail, de gouter à quoi que ce soit ; interdiction est faite de paître et de boire de l’eau. Hommes et bêtes se couvriront de sacs, et ils invoqueront Dieu avec force. Chacun se convertira de son mauvais chemin et de la violence qui reste attachée à ses mains (Jon 3,6-8) ».

En écoutant le message venant de Yahvé et désirant que l’ensemble de son peuple bénéficie de la grâce de Dieu, il accompagna son peuple par son pouvoir décisionnel pour encadrer l’accueil au message du prophète étranger. Le peuple, et le roi allaient à la rencontre de Dieu avec des attitudes qui sont l’expression d’une révérence. Les Ninivites présentèrent à Dieu

234 These limitations of Nineveh’s repentance neither obscure the elements emphasizing God’s gracious and

compassionate disposition toward Nineveh nor remove Nineveh’s capacity for a certain kind of repentance. The fourth chapter of Jonah describes God’s actions in terms that echo Exodus 34:6-7, a passage that depicts a critical junction in the history of Israel’s early relationship with God and sheds light on the péricope

Jonah reuses. Israel’s apostasy and idolatry with the golden calf in Exodus 32 broke the covenant with Yahweh, who then threatened to annihilate Israel and start a new Israel through Moses20. Moses prevents Israel’s annihilation by his intercession, which turns away God’s wrath (32:11- 13). Leaving aside the modifications that Jonah makes to the Exodus passage21, we need note only two things: First, neither Exodus 34 nor the later quotations of that text in Scripture include “any limiting element which would confine Yahweh’s behavior to Israel”22. Jonah 4, moreover, is the first and only time that the OT clearly applies this text to non-Israelites23. Secondly, Jonah’s recognition that Yahweh “relented concerning the threat” he had made not only puts Nineveh in the same position as sinful Israel but also favors Nineveh, since in Exodus 34 God relented before Israel had repented; the order is reversed in Jonah 3. Voir Daniel Timmer Jonah Theology of Nations, p. 6.

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leur disposition comme une attitude de repentance, une demande de pardon, dans l’attente d’être accueillir par Yahvé.

Dans le cas de l’hospitalité d’Abraham, que nous avons présenté dans le chapitre précédent, les éléments constituant l’offre à savoir l’empressement, le repas, le repos, avait pour objectif de donner aux visiteurs un bien-être. Chez les Ninivites, les éléments de leur offre d’hospitalité au message que sont le jeûne, le port du sac, l’abaissement dans la cendre, avaient pour finalité que Yahvé comprend leur détermination et se repent de sa colère. Abraham en recevant les visiteurs, a en fait reçu Yahvé. Les Ninivites en recevant le message de Jonas ont reçu Yahvé. Dans chacun des cas, une démarche a été entreprise avec l’espoir qu’au bout il y ait un écho favorable.

Le roi espérait que Yahvé leur serait favorable. Le roi a compris le message et les attentes y afférant. Il s’en est suivi les actes de repentance et le décret royal. Malgré sa posture royale, il s’est désolidarisé de ses honneurs ; il a abandonné son trône. Les actes posés sont une expression de l’accueil du message reçu, une acceptation de son diagnostic. Les Ninivites se sont engagés à offrir l’hospitalité. Les Ninivites ont compris, le délai de grâce comme un appel que Yahvé leur faisait et en retour répondit à l’appel par un ensemble d’éléments qui constitue leur offre de demande d’hospitalité au message. Ils n’ont pas laissé les quarante jours arriver à terme. Ils sont allés à la rencontre du Dieu de Jonas avec un cœur repenti. Ils choisirent d’anticiper l’accueil de Yahvé au travers des actes de réception du message. Le roi n’eut pas besoin de convoquer spécialement Jonas, mais la nouvelle lui parvint simplement et il prit des résolutions précises et fermes. Le fait que le récit n’insiste pas sur l’influence de Jonas dans la transmission du message au roi, constitue pour nous, un élément de l’effacement de Jonas, mettant ainsi l’accent sur le message.

Le roi comprit sa responsabilité et alla un peu plus loin dans son offre d’éléments d’hospitalité au message. Le peuple est allé vers Yahvé avec le jeûne en se couvrant du sac comme vêtement, le roi en dehors de ces deux éléments, quittât son trône, s’assit dans la cendre. Dans ce cas-ci comme dans l’expression de la privation de la nourriture, le contexte de culpabilité dans lequel se trouvaient le peuple et son roi a servi de toile de fond à ces actes pour que le peuple bénéficie du pardon de Yahvé. Le pardon est ici le fruit d’une hospitalité.

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