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ESPACE DE DESARTICULATION ENTRE UN MILIEU PHYSIQUE FRAGIL ET UNE ACTION ANTHROPIQUE

Chapitre 2 : Aléas, vulnérabilités et importance des facteurs de risques au niveau la ville de Khénifra

3- Risques liés à la pollution

L’urbanisation, avec tous ses composantes, constitue un aléa qui impacte gravement le milieu physique et génère de multiples risques, notamment lorsqu’il s’agit une urbanisation mal gérée. Cette dernière provoque souvent des perturbations au fonctionnement normal des écosystèmes en place.

3.1- Déchets domestiques

La ville de Khénifra, comme la plupart des villes marocaines, connait un processus d’urbanisation accéléré, qui génère des incidences directes sur le volume des déchets urbains (Solides et liquides) qui sont produits chaque jour et qui sont en constante augmentation. La commune urbaine de la ville a de grandes difficultés à les contenir et à les éliminer, comme en témoigne le spectacle des détritus qui jonchent le bord des routes et l’amoncellement des déchets dans des points noirs, et le déversement direct d’une quantité d’eaux usées dans les cours d’eaux, notamment dans Oued Oum Rabia. Aujourd’hui, on arrive à une situation de crise puisque les répercussions sur le milieu physique et sur la santé des habitants sont de plus en plus graves.

Toutefois, la gestion des déchets (Solides et liquides) demeure l’un des maillons faibles de la gestion urbaine et des services urbains de la ville de Khénifra. Ainsi, nous allons présenter, dans ce qui suit, un état des lieux de la gestion des déchets (Solides et liquides) à Khénifra comme aléas d’origine humaine génératrice de risques en milieu urbain. Nous attardons plus particulièrement sur l’analyse des efforts déployés dans se sens et des causes qui sont derrière cette vulnérabilité.

3.1.1-Les déchets solides

Les entretiens menés auprès des acteurs de Khénifra montent l’insatisfaction vis-à-vis de la propreté de la ville d’une manière générale (Fig.38).En effet, lorsqu’on leur demande qu’elles en sont les causes, leurs réponses varient entre celles relatives à la gestion défaillante de la propreté de la ville et celles dues à la mauvaise planification urbaine.

Source : Enquête auprès des acteurs de la ville de Khénifra, Décembre 2017

Fig.38: Degré de satisfaction des acteurs vis-à-vis de la propreté de la ville de Khénifra

3.1.1.1-La collecte et transport des déchets à Khénifra: Deux opérations défaillantes

L’opération de la collecte est une phase qui se situe au cœur du processus de la gestion des déchets en milieu urbain. C’est une opération qui consiste en le ramassage et le regroupement des déchets en vue de leur transport vers un point de rejet supposé être contrôlé. Elle constitue par la même occasion, une mesure à prendre au sérieux pour des finalités d’ordre public rassemblant la protection de la santé des populations et l’assurance d’une meilleure qualité de vie. (Djemaci, 2012). À l’heure actuelle, l’enlèvement des déchets à Khénifra se fait soit en porte à porte, soit à apport volontaire, dans lequel le générateur assure le transfert des DSM vers un point de regroupement (Tableau13), afin qu’ils soient transportés vers la décharge publique par camion à benne tasseuse ou à benne nue (selon le cas). Les quartiers de l’HNR (Photo 9) formés récemment (en 2011)41 aux extrémités de la ville ne sont pas desservis par le service de la collecte, ils font leurs rejets à ciel ouvert.

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Cette année était politiquement difficile pour Maroc, ce qui a eu un relâchement de contrôle de la part du pouvoir public et la formation d’énormes quartiers non réglementaires aux extrémités des villes, dépourvus de tout type d’équipement et d’infrastructure de base tels que l’assainissement liquide et le service de la collecte de déchets solides.

64,70% 17,65%

17,65%

Tableau 13: Type de point de regroupement des DSM par quartier

Quartiers Type de point de regroupement

El Kors, une partie d’Assaka et El Fath Benne communale

Les quartiers donnant sur les grandes artères de la ville Bac roulant

Les autres quartiers de la ville Porte à porte

Les quartiers de l’HNR formés récemment (en 2011)

aux extrémités de la ville Ciel ouvert

Source : Enquête, 2018

Source : Images satellitaires consultées, le 13/01/2018

Photo 9: Quelques aspects de l’HNR formés en 2011

Quartier Assaka

En termes de statistiques, l’analyse des résultats de RGPH de 2014 a fait ressortir les chiffres illustrés par le tableau suivant :

Tableau 14: Mode de collecte des DSM au sein de la ville de Khénifra selon RGPH de 2014

Type de point de

regroupement Khénifra (urbain) Région (urbain) National (urbain)

Benne communale/ Porte à

porte 54,4% 32,8% 26,6%

Bac roulant 43,6% 62,0% 68,3%

Autres 1,9% 5,2 5,1%

Source : RGPH, 2014 La lecture des chiffres illustrés dans ce tableau permet de dire qu’au niveau de la ville de Khénifra, la collecte des déchets solides par benne communale et porte à porte constitue le mode le plus utilisé pour ce service (54,4%), contre 32,8% au niveau de l’urbain régional, et 26,6% au niveau de l’urbain national. Le mode de collecte par Bac roulant est moins significatif (43,6%) en comparaison avec l’urbain régional (62,0%) et national (68,3%). Ceci s’explique par la question qui se pose toujours aux décideurs lors de l’implantation des points pour l’installation des bacs à ordures sur la voirie de la ville. On se demande souvent, Comment faire convaincre la population pour accepter d’avoir le bac à ordure à coté de

leurs habitations ? C’est pour cette raison que nous avons eu recours aux deux premiers

modes pour assurer le service de collecte au niveau de la ville.

Dans l'objectif de moderniser la qualité du service de la collecte des DMS, et par conséquent, d'améliorer la propreté de la ville, la commune a opté pour la délégation42 de ce service à une société privée nommée "Tout propreté", conformément à la loi n° 54-05 relative à la gestion déléguée des services publics. Cependant, nos investigations ont fait révéler que ladite

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Selon la loi n° 54-05 relative à la gestion déléguée des services publics, la gestion déléguée est un contrat par lequel une personne morale de droit public, dénommée "délégant" délègue, pour une durée limitée, la gestion d'un service public dont elle a la responsabilité à une personne morale de droit public ou privé, dénommée "délégataire".( Article2)

Le délégataire assume la responsabilité du service public en respectant les principes d'égalité des usagers, de continuité du service et de son adaptation aux évolutions technologiques, économiques et sociales.

Le délégataire assure ses prestations dans les meilleures conditions de sécurité, de qualité et de protection de l'environnement. (Article3)

société délégataire est confrontée à de nombreuses difficultés quotidiennes, et montre également ses limites à plusieurs niveaux, à savoir :

 Ramassage déficient ;

 Impertinence de l’horaire de collecte ;

 Insuffisance de la conteneurisation, qui se matérialise par débordement fréquent de bac et formation des points noirs le long des axes principaux de la ville (entassement de sacs de déchets tout autour, susceptible être éventrés et voir éparpillé leur contenu par des chats, chiens et d’autre animaux) (Photo10);

 bacs détériorés généralement lors de l’évacuation des déchets dans les bennes tasseuses, et qui ne sont pas remplacés par les sociétés ;

 bacs et conteneurs sont le plus souvent sales, lavés à la main et non pas à l'aide d'un jet haute pression ;

 Exécution incomplète de nettoiement43 de la ville par les employés qui réclament les conditions défavorables de travail (Nombre d’heurs de travail, salaires, moyens matériels, itinéraires et distance de nettoiement …) ;

 Manque de suivi de la part des responsables de la société en question, qui tendent à privilégier le profit économique au détriment de l’environnement et la santé publique;

 Manque de suivi de la part des responsables de la commune44.

 Insuffisance et dégradation d’engins de collecte (cf. Annexe 1).

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Le nettoiement général signifie le balayage des voies et des places publiques d’une commune, le maintien en bon état de propreté de ces lieux sur tout le territoire et notamment les points sensibles qui sont: les blocs d'habitation, les grandes et les petites artères, les rues, les ruelles, les places publiques, les souks et marchés ainsi que l'emplacement des marchants ambulants.

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Dans un rapport publié en octobre 2014, la Cour des comptes fustigeait la gestion déléguée des services locaux. "L’insuffisance des moyens humains en qualité et en effectif constitue un handicap majeur à la gestion déléguée (…) depuis la préparation des contrats jusqu’à leur suivi et le contrôle". Il soulignait également le manque de personnel qualifié et la défaillance des techniques appliquées par les collectivités délégantes, découragées face aux moyens beaucoup plus conséquents des entreprises délégataires.

Source : Prise de vue, Novembre 2018

Photo 10: Bac de déchets débordé sur la RN8 menant vers Meknès

En somme, la gestion déléguée des services de propreté de Khénifra a permis de couvrir le territoire de la ville en termes de collecte et transport des DMS. Cependant, le résultat final, soit la propreté de la ville, n’est pas tellement au niveau espéré. Pour les responsables, que ce soit de la commune ou de la société délégataire, ce sont les citoyens qui

Bac de déchets pendant la journée Bac de déchets pendant la nuit

doivent faire preuve de civisme et aider les agents de propreté à accomplir leur mission. Ces derniers estiment que le citoyen de Khénifra a une part de responsabilité vis-à-vis de la situation actuelle. Ils leur reprochent les attitudes suivantes :

 La mise en décharge des déchets, par le public, dans des terrains vagues abandonnés ;  Le vol et la détérioration des conteneurs;

 De nombreux chiffonniers ambulants fouillant dans les conteneurs pour la récupération de matières recyclables et dispersant les déchets sur les voies publiques ;

 Les citoyens ne jettent pas leurs ordures au moment opportun, soit par irrespect, soit par méconnaissance des horaires de collecte.

D’après ce constat, la question devient alors très vite: S’agit-t-il d’un déficit de sensibilisation ou de l’incivilité? Les deux peut-être. Il faut donc plus de la rigueur dans les deux camps (délégataires et autorités d’un côté et population de l’autre) pour arriver aux résultats escomptés.

Enfin, si nous estimons bien immédiatement que l’actuelle expérience de gestion déléguée des déchets au niveau de Khénifra a montré ses limites dans le nettoiement de la ville, nous soulignons toutefois, que le conseil communal vient de signer avec le groupe de gestion des déchets "Ozone Environnement et services"45 qui a démarré son activité à Khénifra le jeudi 10/01/2019 (Photo11), un contrat de gestion déléguée d’une durée de sept années

.

Reste à espérer que cette expérience puisse combler les lacunes relevées pour la précédente.

Femmes Hommes

Source : http://mapecology.ma

Photo 11: Cérémonie de démarrage de l’activité du groupe Ozone Environnement et services à la ville de Khénifra le 10/01/2019

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Le groupe "Ozone Environnement et Services", est une entreprise marocaine crée en 2008, en possession d’une cinquantaine de contrats de gestion déléguée des déchets au Maroc, outre des contrats dans quatre pays africains (Mali, Soudan, Côte d’Ivoire et Guinée)

3.1.1.2-La décharge de Khénifra : Une action à pallier

Dans une définition simplifiée, "La décharge est un lieu d’apport et de déchargement

des déchets pour recouvrement" (El Hafiane, 2012). Elle peut constituer une solution aux

problèmes de pollution, comme elle peut être une source de multiples nuisances. Ceci en fonction de la manière dont les déchets sont gérés.

D’après les informations recueillis de notre terrain d’étude, le conseil communal de Khénifra croit mettre fin aux nombreux problèmes posés par les déchets ménagers (pollution, dégradation de l’environnement et des espaces verts, décharges sauvages…) par la création d’un Centre d’Enfouissement et de Valorisation (CEV) de ces déchets, sur une superficie de 13Ha, qui vient de démarrer récemment, alors que les nuisances demeurent encore aux alentours du site.

Dans ce sens, un contrat pour la gestion déléguée a été établi pour la réalisation et l’exploitation de ce centre provincial d’élimination des déchets ménagers et assimilés. Ce contrat a pour objectif la réhabilitation et la fermeture des décharges46 publiques de M’Rirt, Aguelmous et de la ville de Khénifra et les points de rejets des centre de : Sidi Amar , El Kbab, Lehri, Tighassaline, El Borj, Moha Ou Hammou Zayani, Sidi Yahya Ou Saâd et Aguelmam Azegza. Il s’agit, ainsi, de réaliser un centre de tri, des casiers d’enfouissement et des unités de traitement et de valorisation des déchets. Le taux de valorisation devrait atteindre 25% au cours des 5 premières années d’exploitation.

En outre, et compte tenu du problème du foncier qui a retardé la réalisation d’une nouvelle décharge intercommunale, il a été convenu de réhabiliter la décharge existante (Photo12) sur une zone d’exclusion secondaire en la dotant d’une unité de tri et de traitement pour la valorisation des déchets.

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La décharge de Khénifra accueille les déchets ménagers et assimilés de la commune urbaine de Khénifra et de 8 centres des communes rurales à savoir : Sidi Amar (0,1T/j), El Kbab(2 ,5T/j), Lehri(0,5T/j), Tighassaline (3,5T/j), El Borj(0,6T/j), Moha Ou Hammou Zayani(3T/j), Sidi Yahya Ou Saâd(3,8T/j) et Aguelmam Azegza(0.03T/j). Dans la totalité, La quantité des déchets solides produits au niveau de la ville de Khénifra calculée dans la décharge en 2016 est de l’ordre de 75 T/j soit 27.375 T/an. Pour la commune de M’Rirt, la quantité des déchets en 2016 est 29 T/j soit 10.585 T/an. En revanche, la quantité estimée dans les communes rurales en totalité est 18.764t/an. Soit prés de 67 % des déchets produisent par les deux municipalités (Rapport sur l’état de l’Environnement de la Province de Khénifra. D.U.E/SE, province de Khénifra, 2016, le lien :

Source : Prise de vue, Novembre 2018

Photo 12: Décharge de la ville de Khénifra

D’après nos enquêtes auprès des acteurs de la ville, cette initiative est mal vue par la plupart d’entre eux. Les résultats illustrés par le graphe suivant montrent clairement l’insatisfaction vis-à-vis du projet de la décharge(Fig.39).

Source : Enquête, Décembre 2017

Fig. 39: Degré de satisfaction des acteurs de la ville de Khénifra vis-à-vis de l’emplacement de la décharge publique

94,11% 5,89%

D’abord, l’emplacement de la décharge est considéré par eux comme un endroit inadéquat pour les deux raisons suivante :

 C’est une zone limitrophe du périmètre d’aménagement qui sera ultérieurement ouverte à l’urbanisation,

 C’est une zone donnant sur la RN8 menant à Béni-Mellal) (Fig.40),

Source : La province de Khénifra, 2016, modifiée

Fig. 40: Emplacement de la décharge de la ville de Khénifra

Ensuite, les déchets des centres de M’Rirt47 et Aguelmouss qui transitent par le centre de la ville (Photo13) pour être rejetés dans cette décharge intercommunale, dégagent quotidiennement de mauvaises odeurs ressentis et réclamées par la population avoisinante.

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Source : Prise de vue, Aout 2020

Photo 13 : Voyage de déchets solides en prévenance du centre de M’Rirt

De même, il a été procédé à la réalisation des sites de transfert des déchets pour pallier les problèmes épineux engendrés par les décharges sauvages au niveau de Mrirt et Aguelmous. Déjà, a été constatée l’élimination des décharges sauvages au niveau de tout le territoire de la province. La durée du contrat porte sur 20 ans.

Encadré 1 : Quelques informations concernantla réalisation du centre d’enfouissement et