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ESPACE DE DESARTICULATION ENTRE UN MILIEU PHYSIQUE FRAGIL ET UNE ACTION ANTHROPIQUE

Chapitre 3 : Impacts partagés entre la ville de Khénifra et son milieu physique

2- Processus de l’érosion

L’origine du terme « Erosion » revient au verbe latin "Erodere", qui signifie "ronger". D’où l'explication métaphorique d’un ensemble d’auteurs qui simulent l'érosion à une lèpre qui grignote la terre jusqu'à ne laisser que le socle (roche mère). En effet, l’érosion est un processus naturel qui désigne le détachement et le mouvement des particules du sol par le vent (érosion éolienne) ou les eaux de ruissellement (érosion hydrique) (Olinga, 2012). Toutefois, Ce dernier type sera l’objet d’interprétation à ce niveau d’analyse. Quant au phénomène de ravinement, il désigne une forme d’érosion creusant des sillons (ravines) due à l’action mécanique des eaux de ruissellement coulant en trombe sur les terrains en pente. 2.1- Ravinements

Le ravinement, mécanisme d’incision des roches sous l’effet du ruissellement concentré, représente, par les matériaux qu’il produit, une source de sédiments importante dont la contribution peut être supérieure à celle de l’érosion aréolaire (jusqu’à 70-90 % de l’érosion totale d’un bassin versant) pour les systèmes fluviaux ( Mathys et Poesen, 2005).. J. Poesen et al. (2003) démontrent qu’en Espagne dès l’apparition du ravinement la production de sédiments dans les bassins versants augmente d’un ordre de grandeur. Dans les zones de montagne, les fortes pentes (de 10 à 100 % et plus) rendent ces mécanismes particulièrement actifs, accélèrent les transferts de sédiments vers l’aval où ils engendrent des risques pour le milieu et les équipements : débordement de crues chargées, coulées boueuses, sédimentation dans les barrages par exemple. Dans notre cas où l’aire d’étude appartient au haut bassin versant de l’Om Rabia (pentes variant entre 10 à 70 %), le ravinement apparait clairement, notamment le long des grandes chaabas (Fig. 43). Les besoins de recherche dans ce domaine sont nombreux sur ce site de Khénifra ouu alternes un ensemble de facteurs physiques catalyseurs de ce phénomène de ravinement, pour observer, mesurer, quantifier ces phénomènes, pour comprendre les processus et facteurs qui les dominent, pour modéliser le

comportement des bassins qui en sont le siège, afin de prévoir leur évolution sous l’effet des aménagements ou des changements climatiques. Les outils de mesure et les modèles développés de longue date à l’échelle de la parcelle ou du champ cultivé se sont ainsi avérés impropres à la représentation des phénomènes à l’échelle d’un bassin soumis au ravinement (Jetten et al., 1999). De nombreux travaux de recherche ont été entrepris ces dernières années, notamment en Europe. La conférence de Digne a ainsi donné l’occasion de faire le point sur les investigations en cours dans le domaine particulier de l’érosion en montagne.

2.2- glissements de terrains

Le glissement du terrain est lié aux caractéristiques du milieu physique, notamment le site topographique, la nature des sols et la pluviométrie. La combinaison de ces caractéristiques donne lieu à des sites fragiles, généralement exposés à ce phénomène. Dans la même optique, Laouina(1986) disait :

"Il existe pareillement une étroite relation entre les mouvements de masse et l’érosion des sols. En cas de glissement, il se forme habituellement une niche de décollement à cause du déplacement vertical des matériaux de l’amont vers l’aval de la pente. La niche ainsi mise en place évolue désormais sous l’effet des mouvements lents et continus dû a l’action de l’eau

de ruissellement sur la pente" (p.63).

Selon le même auteur, les glissements de terrains peuvent aussi affecter les versants naturels des vallées, les talus en déblai et en remblais. Un glissement de terrain a rarement une cause unique, c’est le plus souvent l’action conjointe de plusieurs facteurs négatifs qui peuvent se rattacher à trois catégories qui sont :

 La nature des soles constituant le site et plus généralement l’ensemble des données géologiques et géotechniques. ·Les diverses formes d’action de l’eau qui est le responsable de l’instabilité des versants argilo-gréseux, il circule dans les diaclases et interstices des formations lithologiques en provoquant une pression où il s’infiltre dans des fissures de retrait faisant gonfler l’argile et disperser les grains de la roche gréseuse en leur faisant perdre leurs résistances, il peut même modifier la structure de certains matériaux.

 Les actions mécaniques externes : pente du versant, les fouilles et affouillements au pied du versant, le déboisement du site et la surcharge déposée sur une pente, peut avoir des conséquences sur la stabilité des terrains.

Au niveau de la ville de Khénifra, objet de notre étude, on peut relever un seul site caractérisé par ce phénomène de glissement de terrain. Il s’agit du lotissement Ikhamen. C’est

un lotissement Etatique réalisé en 1989 par la délégation de l’habitat sur un terrain d’une superficie de 9 ha. Ce site qui présente une pente moyenne de 5,5%55 est formé essentiellement de grés à grains grossiers et d’argiles.

A l’heure actuelle, ce lotissement est entièrement occupé par les habitations. La majorité de ces dernières présentent des fissures de différentes épaisseurs au niveau des mures. Ceci est la résultante à la fois, de la surcharge déposée sur ce site en situation de pente et à la nature du sol.

Il est à noter aussi que la partie supérieure de ce terrain n’est pas encore bâti, et permet par la même occasion, une meilleure infiltration de l’eau. Ce dernier entre dans les interstices du sol et provoque le gonflement des argiles gréseuses et affaibli leur résistance au phénomène de glissement.

Dans le même ordre d’idée, il est à signaler que l’étalement urbain de Khénifra, associé à l’indisponibilité des terrains constructibles ont donné lieu à une spéculation foncière accrue, suivi des usages « non réfléchis » des sols. Par conséquent, des nouvelles pratiques d’aménagement apparaissent. Il s’agit notamment de l’arasement des sommets des collines par les lotisseurs, et la construction des lotissements sur des surfaces de remblais sans prendre en considération leur stabilité. Ces opérations exercées sur des milieux naturels déjà fragiles, accentuent leur vulnérabilité au phénomène de glissement. Les trois cas soulevés au cours de notre étude sont très éloquents dans ce sens (Photo 17).

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Source : Prise de vue, 2018

Photo 17: Lotissements aménagés sur des remblais

Lot. Assabah Ouest Lot. Assabah Sud

Lot. Al Khayer Nord Lot. Al Khayer Est