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Khénifra : Présentation géologique et position structurale

ESPACE DE DESARTICULATION ENTRE UN MILIEU PHYSIQUE FRAGIL ET UNE ACTION ANTHROPIQUE

Chapitre 1 : Milieu physique de Khénifra : Aspects et caractéristiques

2- Khénifra : Présentation géologique et position structurale

La géologie n'est pas uniquement le squelette de la nature, elle influence vigoureusement les milieux physiques. Aussi, les déformations influencent les sites sur lesquels reposent les habitats humains. Or, il peut s'avérer fort utile d'aborder la géologie d'un espace physique, et, pour cela, d'effectuer une description des affleurements et une lecture de la structure du paysage géologique.

2.1- Géologie

Géologiquement, la zone de Khénifra fait partie de la bordure orientale du massif central hercynien. Elle est constituée des terrains paléozoïques qui s’ennoient vers l’Est sous les permiens escarpements triasico-liasiques du moyen atlas (Fig.23). Les reliefs sont marqués par de larges cuvettes à dominance schisteuse avec des crêtes principalement quartzitiques ou calcaires. Le Jbel Bou Hayati (1340m), formé d’un complexe volcanique, surplombe la ville de Khénifra au Nord. Le bassin autunien est représenté par des dépôts gréso-conglomératiques et argileux. Ceux-ci marquent le paysage par leur couleur gouge. Ce bassin sub-méridien représente notamment, l’un des plus importants affleurements de terrains rouges continentaux du paléozoïque supérieur du Maroc Central. Les terrains mésozoïques du Moyen Atlas central sont constitués ici par des formations essentiellement argileuses à coulées basaltiques du Trias et des calcaires et dolomie du Lias. Ce sont les premiers reliefs atlasiques qui entourent à l’Est les derniers affleurements orientaux du massif hercynien central. Les formations continentales tardi-hercniennes du Permien reposent en discordance angulaire sur le socle paléozoïque plissé, schistosé et métamorphisé (Aasoumi et al., 2012).

Source : D.U.E/SE, 2016, modifiée

Fig. 23: Formations géologiques dans la province de Khénifra

Egalement, l’étude structurale et sédimentologique du bassin carbonifère d’avant-pays Khénifra-Azrou au niveau de la région de Khénifra, faite en 1993 par Houicha et Bouabdelli permet de différencier :

- un domaine occidental autochtone où les dépôts viséens reposent en discordance angulaire sur un soubassement à terrains précambriens, cambriens et ordoviciens,

- un domaine oriental allochtone, formé par une nappe synsédimentaire (nappe de Khénifra) à matériel ordovicien et viséen supérieur.

La pile sédimentaire viséenne du domaine autochtone est subdivisée en deux formations :

Une formation basale : (1000 m d’épaisseur) montrant les dépôts initiaux du Viséen supérieur (V3b/). Ce sont des conglomérats et des calcaires périrécifaux, ils se caractérisent par des variations importantes et brutales de puissance attestant d’une transgression sur des reliefs tectoniquement actifs. Puis, s’installe une sédimentation

détritique rhytmique de type flysch, troublée par de rares manifestations chaotiques (slumps, olistolites) sur la marge ouest du bassin.

La série flysch présente une évolution verticale marquée par : - un flysch gréso-silteux à la base (éléments exclusivement siliciclastiques) évoluant vers un flysch de composition mixte au sommet (éléments siliciclastiques et carbonatés) traduisant une différenciation dans les aires d’alimentation ;

- une augmentation de l’épaisseur des séquences turbiditiques et de la granulométrie des éléments marquées par des séquences de couplet microbréche-turbidite et débrite

- une turbidite vers le haut de la série, traduisant un accroissement de l’activité tectonique.

Une formation sommitale : (1500 m d’épaisseur) caractérisée par une sédimentation turbiditique fine silto-argileuse. On y observer des lacunes, des variations d’épaisseur et une très grande hétérogénéité sédimentaire dû au développement en son sein d’horizons resédimentés abondants et variés. Cette formation montre une évolution verticale polarisée des dépôts resédimentés suivant :

- des niveaux grossiers de conglomérats turbiditiques et des mégaturbidites interstratifiées dans les dépôts fins ;- des niveaux contournés de (slumps), mud flow et débris flow ;

- des blocs et olistiolites de lithologie variée sont abondants et généralisées. Ils donnent à la formation un caractère de wildflysch ;

- Le sommet de la formation est marquée par le développement d’un cortège de lambeaux et de klippes plurikilométriques à matériel de plate-forme viséen supérieur à la base puis des klippes d’âge anté-viséen (dévonien, silurien et ordovicien). Ce champ de klippe annonce la mise en place de la nappe gravitaire du domaine oriental qui comble le sillon de Khénifra.

La pile sédimentaire autochtone, épaisse de 2500 m, est datée dans sa totalité du Viséen supérieur (V3b/ à V3b ). Elle témoigne par sa puissance et par l’importance des éléments resédimentés d’une grande capacité de transport orogénique. Elle monte une évolution polyphasée et polarisée marquée par le développement de séquences de dépôts de type « coarsening upward » reflétant un accroissement de l’activité tectonique.

Le bassin carbonifère de Khénifra montre des dépôts ou les effets de la tectonique et les types de la sédimentation sont intimement liés. Il constitue, en outre un bon exemple des relations ente tectonique des nappes et sédimentation flysch dans un contexte synorogénique

En somme, la province de Khénifra s’étend sur un territoire géomorphologiquement variés. Or, deux unités physiques et bioclimatiques peuvent être ainsi distinguées (Monographie provinciale, 2010), à savoir :

 La zone nord-ouest de la province (Cercle d’Aguelmous) qui fait partie du Plateau Central dont la topographie est très tourmentée: Il s’agit d’une succession de sommets bombés et de profondes vallées.

 La zone sud-est (Cercles de Khénifra et El Kebab) qui est partagée entre le moyen Atlas tabulaire constitué de plateaux calcaires taillés par de profondes vallées (y compris la vallée de l’Oum Rabiâ) et à l’extrême sud-est le Moyen Atlas plissé.

2.2- Tectonique

La géologie structurale classe l’unité de Khénifra parmi l’ensemble oriental de l'Est du Massif Hercynien central (Fig.24). Elle affleure au SW de l'unité de Mrirt et chevauche au même temps cette dernière. Sa limite "Est" est composée par les formations triasiques qui la recouvrent largement. Au Nord de Khénifra, les dépôts autuniens la couvrent sur une dizaine de kilomètres, clôturant son front occidental. Le Sud, connait l'érosion post-hercynienne qui laisse apparaître une ample fenêtre d'environ 16 km de long sur 8 km de large, donnant naissance au massif du Bou Guergour. Les terrains autochtones de ce massif sont des formations gréso-pélites cambro-ordoviciennes et des calcaires viséens discordants. Les terrains formant cette unité de Khénifra sont principalement des schistes gréseux de l'Ordovicien (Bouabdelli, 1994).

Source : BOUABDELLI, 1994, modifiée

Les accidents (Failles) au niveau de l’unité de Khénifra sont dus au métamorphisme régional. Une multitude d'anticlinaux et de synclinaux NE-SW peut être dessinée (Fig.25); ils sont souvent marqués par des cisaillements de direction Ouest ou NW (unités orientales) ou par des failles subverti cales appelées soubassement cambro-ordovicien du pays Zayane (Bouabdelli, 1994).

Source : BOUABDELLI, 1994, modifiée

Dans le cadre de l’analyse de la chronologie de l’orogenèse dans la région de Khénifra, l'étude tectonique et microtectonique de la partie sud orientale du Massif central hercynien, entreprise collectivement par Allary et al. en 1976 leur avait permis de distinguer les phases de l'orogénèse hercynienne dans cette région. La succession des phases distinguées par ces auteurs était reprise par Bouabdelli (1994) comme suit:

a-La déformation antéviséenne

Elle est caractérisée par deux phases de plissement (phases 1 et 2), la première s'accompagne d'une schistosité proche de Nord-Sud; la deuxième est post-schisteuse. A ces plissements succède une phase cassante caractérisée par des décrochements à rejets plurikilométriques.

b-La déformation post-viséenne et antépermienne

Elle est également caractérisée par deux phases de plissements. La phase 3, proche d'Est-Ouest (N 70°), correspond à la mise en place de structures tangentielles importantes accompagnées d'une schistosité; elle est suivie par la mise en place d'importantes nappes de glissement. La phase 4 correspond à des plis NE-SW qui sont les plus visibles dans la région; une schistosité les accompagne parfois. A ces plissements post-viséens succède une nouvelle phase cassante également caractérisée par des décrochements.

c-La déformation post-permienne et antétriasique

Elle correspond à des plis peu accentués accompagnés de failles inverses et de décrochements.