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REVENONS A L’EVALUATION

Dans le document Les jeunes auteurs d'actes d'ordre sexuel (Page 93-95)

Cette phase d‟évaluation comprend le recueil d‟informations sur d‟éventuelles victimisations subies auparavant ou sur des situations d‟abandon, de soins insuffisants et de négligence, ou de maltraitance qui peuvent avoir conditionné le jeune abuseur au cours de la période précédant l‟abus.

Durant la phase d‟évaluation, on propose au mineur un contrat de travail qui, partant des limites qui lui sont imposées par la loi, lui présente un parcours pouvant l‟aider à comprendre son méfait, à l‟admettre dans sa totalité et à atteindre la ligne d‟arrivée que constitue la certitude de la non-répétition du délit. Les jeunes sont souvent effrayés, confus. Ils sont souvent prêts à tout pour sortir des mailles de la justice, mais ils n‟ont pas conscience de la gravité des actes commis et de la nécessité d‟un réel engagement pour changer. Et pour leurs familles c‟est la même chose. De manière superficielle, ils affirment être sûrs de ne jamais plus commettre d‟actes abusifs, mais il leur manque des compétences de maturité pour être fiables. Il est important de réussir à constituer avec eux un engagement qui alimente leur confiance progressive dans le fait d‟être compris et aidés. Il est tout aussi important de construire l‟engagement de la famille du mineur sur un objectif élevé, celui de la compréhension de la constitution de l‟abus et de la nécessité d‟un changement important chez le jeune, en aidant le noyau familial à aller au-delà de la position facile du « sortons vite des mailles de la justice, notre fils a bien compris le mal qu’il a

fait et il ne le fera plus ». Dans notre centre nous nous occupons de jeunes

abuseurs sexuels qui ont commis des actes envers des cousins, frères, amis et voisins, mais nous n‟avons pas d‟expérience d‟actes commis dans le cadre de la criminalité juvénile caractérisée par des actes violents tels que viols dans la rue ou viols en bande.

Après le critère de la nécessité d‟une phase d‟évaluation et de diagnostic, le second critère est celui de l‟implication de la famille. On ne peut travailler avec un abuseur sexuel adolescent sans connaître sa famille et la rencontrer au cours d‟entretiens cliniques. Ceux-ci nous permettent de recueillir des informations sur

le vécu de la famille ainsi que sur les relations actuelles (sont-elles compréhensives, voire trop compréhensives, expulsives « nous avons un

monstre à la maison, pourquoi notre fils a-t-il fait cela ? », etc.). Impliquer la

famille est d‟autant plus important que sans un changement à l‟intérieur de la famille, qui passe à travers la prise de conscience de ne pas avoir senti de manière précoce les risques de l‟abus, il est peu vraisemblable que l‟abuseur adolescent puisse sortir de sa situation.

La phase d‟évaluation se termine, après deux à trois mois, avec une prise de conscience grandissante pour le mineur et sa famille de la gravité de ce qui s‟est passé et de la nécessité d‟un engagement réel vers le changement. On passe alors à la phase de psychothérapie dont le parcours sera plus long et qui aura lieu parallèlement à la mise à l‟épreuve judiciaire ; elle pourra durer encore après celle-ci, pour une durée d‟un an ou plus, au rythme d‟une séance bimensuelle ou hebdomadaire tant avec le jeune qu‟avec sa famille. Souvent la situation est suivie par deux psychologues, l‟un d‟eux guidant le jeune, l‟autre la famille. Des séances familiales réunissant tous les membres de la famille sont prévues.

LA PSYCHOTHERAPIE

Quel parcours adopter pour une psychothérapie d‟un abuseur sexuel adolescent? Quels en sont les objectifs? Réduire et surmonter les aspects de négation encore présents, toujours présents. Faire émerger les idées, les sentiments et les comportements qui soutiennent l‟abus et qui l‟ont soutenu et favorisé. Augmenter le sens des responsabilités sur les faits abusifs et sur sa vie en général. Aider à parvenir à des processus décisionnels corrects, obéissant non pas à l‟impulsion mais à des fonctionnements réfléchis. Aider à récupérer le contrôle des aspects agressifs-impulsifs, contrôle que l‟abuseur ne possède pas. Clarifier et dépasser les distorsions cognitives que l‟abuseur utilise pour couvrir et justifier son geste, (il dit « mais la victime est un petit enfant, il va oublier » ou alors « c’est lui qui le voulait, ça lui plaisait » ou bien « cette enfant

consentait à mes actes sexuels puisqu’elle ne protestait jamais ») ; la distorsion

cognitive est l‟interprétation commode qui permet de justifier ses propres actes abusifs.

Il faut s‟occuper aussi du thème du coping : le mécanisme de l‟abuseur est agressif, basé sur la frustration et la possessivité. Une thérapie doit favoriser un style de coping sur la réflexion et la collaboration sociale. La thérapie doit promouvoir des attitudes saines envers le sexe mais aussi favoriser la naissance d‟intérêts autres que l‟activité sexuelle.

Un autre objectif fondamental est l‟acquisition d‟empathie envers la victime, à partir de ses propres sentiments et de ceux de ses proches, en comprenant que les autres aussi ont des sentiments « cette personne vit comme

augmenter l‟empathie envers la victime, étape fondamentale, il faut effectuer un travail d‟appropriation émotionnelle, parce que l‟abuseur peut se révéler très pauvre en ce qui concerne la capacité à connaître ses propres sentiments et ceux d‟autrui. Pour lui souvent, il y a une simplification : aller bien ou aller mal ; mais la rage, la douleur, le dégoût, se sentir perdu ou absent, se sentir coupable, éprouver de la honte, sont des articulations et des déclinaisons trop peu connues. Durant le parcours de psychothérapie on utilise aussi la méthode EMDR.

Dans le document Les jeunes auteurs d'actes d'ordre sexuel (Page 93-95)