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L’étude archéologique a mis en évidence les vestiges de plusieurs phases de revêtements pouvant être

rattachés à des périodes récentes, du XIXe siècle à nos jours (UE7, 6, 14, 4). Contrairement aux enduits

précédemment décrits (UE1, 2 et 3), ils ont été appliqués sur des zones spécifiques du parement et des voûtes. En cela, ils répondent à un besoin particulier, correspondant à un moment précis de la vie de l’édifice. Nous pouvons donc les qualifier de travaux d’entretien. Nous proposons de présenter ces couches suivant leur ordre stratigraphique, de la plus ancienne à la plus récente.

5.3.1 Un décor ravivé (UE7)

Un badigeon de teinte jaune pâle, l’UE7, a été observé dans les travées 3 à 6 (fig. 142). Il est localisé presque exclusivement sur les supports architecturaux : les chapiteaux de retombée des voûtes ; les fûts de colonnes du clair-étage sud ; le faisceau de colonnes du triforium nord ainsi que certaines colon- nettes ; l’intrados des grandes arcades ; les piliers de la nef. À un seul endroit, on le trouve au niveau du parement, en travée 4 nord au-dessus des arcs du triforium. Il a été observé sur le pilier nord séparant

les travées 7 et 8174.

172. Sous la voûte, les assises mesurent 18,5 à 25 cm et les blocs 72 cm ; à l’intrados des grandes arcades elles mesurent 41 à 56 cm. 173. Sur les parements, les assises mesurent 57 à 61 cm et les blocs 113 à 116 cm.

174. Rappelons que pour les travées 7 à 9, les observations effectuées sur les couches supérieures à l’UE1 sont partielles en raison de l’avancement des travaux de restauration avant notre intervention.

Cette couche est indépendante de l’autre enduit du XIXe siècle, l’UE3, qui la recouvre. Toutefois,

ponctuellement, ces deux Unités d’Enduit présentent une certaine cohésion. L’enduit UE7 est, de ce fait, difficile à interpréter : il peut s’agir d’une étape d’application de l’UE3, comme d’une couche indé- pendante dans la stratigraphie des revêtements. Dans ce second cas, on note la volonté de garder visible le décor de faux-appareil, alors en place sur les parements, à l’intrados des voûtes et sur les colonnettes du triforium (UE2). Il s’agirait d’une phase de « rafraichissement » des parties blanches du décor : le motif reste quasiment inchangé, excepté pour ce qui est des supports verticaux, où le badigeon jaune clair de l’UE7 est appliqué.

5.3.2 Réfection partielle du voûtement (UE6)

L’enduit UE6 correspond à une réfection ponctuelle des revêtements de la voûte des travées 3, 8, et 9. Il présente par endroits un décor de faux-joints rouge (fig. 143). La stratigraphie est difficile à lire en raison de la présence de calcite à la surface des enduits sous la voûte, pouvant perturber leur iden- tification. Toutefois, le fait qu’il s’agisse de réfections ponctuelles reprenant le motif de l’enduit UE3 (faux-appareil tracé en rouge sur fond clair) invite à l’interpréter comme un enduit postérieur à ce dernier, appliqué en réfection de ses lacunes.

Cet enduit UE6 se compose d’un mortier de chaux sablo-limoneux, comportant des nodules de tuileau allant jusqu’à 6 mm de diamètre, ce qui lui donne une teinte blanc-rose. Ce mortier est lisse, et accueille un motif de faux-joints rouges à la manière du troisième décor monumental tracé sur les murs. Ses dimensions sont, en effet, sensiblement identiques : les faux-joints sont épais de 1 à 1,5 cm ; les assises sont hautes de 21 à 26 cm ; et les blocs sont longs de 70 à 77 cm. On observe, toutefois, un léger décalage dans le tracé de ce motif par rapport à celui de l’enduit UE3. Les faux-joints ont été effectués à l’aide d’un pinceau, de manière peu soignée, laissant des vides dans le tracé. Là où le mor- tier de l’enduit médiéval UE1 est conservé, ils sont tracés directement à sa surface, sans que le mortier comportant les grains de tuileau ne soit appliqué.

5.3.3 Reprise des faux-joints (UE14)

Reconnu dans les travées 3 à 5, le revêtement UE14 correspond lui aussi à une phase de réfection des surfaces murales (fig. 144). Cet enduit a été appliqué sous la voûte. Il se caractérise par son application en quadrilatères réguliers, ce qui permet de l’identifier aisément. Il est apposé en particulier autour des trous de voûte, où l’érosion des enduits est généralement importante en raison des frottements provoqués par les éléments suspendus (luminaires, nacelles ponctuelles) et des infiltrations d’humidité

provenant des combles175. Également, cet enduit est largement présent au niveau du clair-étage, ainsi

que plus ponctuellement au niveau du triforium (fond de galerie au sud, parement au-dessus des arcs au nord) et sur les parties basses de la nef (grandes arcades nord, pilier est de la travée 4).

Il se compose d’un mortier de chaux blanc, sableux, et de texture très fine176, soigneusement lissé

à la brosse ou au pinceau. À l’intrados de la voûte et au niveau du clair-étage, de faux-joints blancs se superposant à ceux de l’enduit UE1 ont été tracés. Ils se prolongent sur l’ensemble de la moulure de l’arc formeret et dans le chanfrein de la rose, mais pas dans le remplage. Ils sont épais et mesurent 3 à 4 cm d’épaisseur, et les dimensions de l’appareil sont régulières. Par endroits, le faux-appareil est tracé à même les couches antérieures, sans que le mortier de chaux lissé ne soit appliqué au préalable.

Dans la galerie du triforium sud, un badigeon très fin et très pulvérulent de couleur brun-jaune

175. Actuellement, de simples bouchons de tissu bouchent les trous depuis l’extrados de la voûte.

176. Cette couche a d’abord été interprétée comme une couche de plâtre ; une analyse réalisée à la demande de Lithos (dont les résultats nous ont été transmis oralement) a révélé qu’il s’agissait d’un mortier lié à la chaux.

5 - Les décors peints - Camille Collomb I

recouvre l’enduit UE14. Il semble avoir été appliqué à la brosse, de manière peu soignée puisque de nombreuses traces de giclures et de coulures sont visibles sur les colonnettes et sur le parement, directement sur les couches précédentes (UE1, 2, 3). Cette couche UE14 relève donc d’une volonté de restaurer certaines zones du parement, peut-être plus altérées que d’autres.

5.3.4 Les travaux de Babiloni Voisin, travées 6 à 9 (UE4)

Le dernier enduit UE4 correspond à une restauration des parties hautes des quatre travées les plus orientales du vaisseau central (fig. 143). Trois enduits ont été identifiés et, bien qu’ils soient de compo- sition différente, ils présentent plusieurs similitudes au niveau stratigraphique, au niveau de leur loca- lisation et enfin dans leur aspect grossier de surface qui permet de les attribuer à une même campagne de revêtement (UE4.1, 4.2 et 4.3).

Le premier enduit observé (UE4.1) correspond à une reprise générale des revêtements de l’intrados

de la voûte, effectuée entre les années 1963 et 1970 par Babiloni Voisin. Ce dernier a signé son travail en travée 9, dans le quartier transversal sud. Quatre couches superposées le composent : une couche de ciment gris puis une fine couche de chaux hydraulique sont appliquées afin de régulariser la surface et de la préparer à recevoir un décor ; celui-ci comprend une couche brun-jaune accueillant un motif de faux-appareil, dont les faux-joints sont tracés à l’aide d’un badigeon apparaissant gris aujourd’hui, mais qui était peut-être blanc à l’origine. La texture de ce dernier badigeon est grossière et grumeleuse. Le faux-appareil est tracé sur l’ensemble de la mouluration des ogives et des arcs doubleaux ; ses dimen- sions sont irrégulières.

Au niveau des roses, le second enduit (UE4.2) est constitué d’une couche de teinte jaunâtre accueillant un décor de faux-joints blanc-gris. Le badigeon appliqué à cet effet présente une texture grumeleuse en raison de la présence de nodules de liant. Il est appliqué grossièrement à la brosse, et présente une surface irrégulière.

La troisième couche (UE4.3) est localisée au niveau des lancettes et au-dessus du parement du

triforium, mais uniquement en travées 7 à 9. Il s’agit d’un badigeon blanc-beige (apparaissant gris en surface en raison de la poussière, et dont la texture grumeleuse et les traces de brosses en surface le rapprochent de l’enduit UE4.2.