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Dans le cadre de cette étude, la notion d’Unité d’Enduit (UE) individualise les strates identifiées. Chaque UE porte un numéro de 1 à n, attribué en fonction de l’ordre de découverte lors de la phase de terrain.

Les enduits peints – L’état de conservation des revêtements muraux varie en fonction de trois élé-

ments : la composition des couches et leur traitement de surface, mais également leur localisation dans l’édifice. À cet égard, nous avons constaté que les appuis des lancettes du clair-étage n’ont conservé que de rares vestiges d’enduits à cause des infiltrations d’humidité. De même, les parties basses du tri- forium et le bas des piliers ont été endommagés au fil du temps par des frottements dus aux nombreux passages humains.

Malgré ces lacunes, l’étude a permis de mettre en évidence la stratigraphie des différents revête- ments conservés dans le vaisseau central (cf. annexe 4.1). Le présent rapport propose une analyse de chaque couche. Pour ce faire, nous nous reporterons toujours à la nomenclature suivante, déclinée tout d’abord en quatre grandes phases de revêtement :

» La couche la plus ancienne, UE5, est reconnue presque exclusivement dans la galerie du triforium,

au nord comme au sud. Il s’agit d’un mortier fin, soigneusement lissé.

117. MOULINIER (B.) 1994. Citations concernant ses observations sur la nef : p. 1. 118. Idem, p. 2.

5 - Les décors peints - Camille Collomb I

» Le premier décor de faux-joints, UE1, recouvre les maçonneries et la couche UE 5. Il est présent sur

l’ensemble de l’élévation. Il se compose d’un mortier beige lissé, recouvert d’un décor tracé à l’aide d’un badigeon blanc.

» Le deuxième décor de faux-joints, UE2, est constitué de la superposition de trois badigeons au

maximum : un badigeon blanc, une couche colorée rose-orangé puis un décor de faux-joints blancs. Cet enduit apparaît sur l’ensemble des élévations.

» Le troisième décor de faux-joints, UE3, se compose d’un badigeon beige-rose à beige-jaune recouvert

d’un décor de faux-joints rouges. Il est présent sur toute la hauteur de l’élévation, et se rapporte à

une vaste campagne de mise en couleur effectuée au XIXe siècle120.

En outre, des travaux ponctuels de mise en couleur ou de propreté des surfaces interviennent à diffé- rentes époques et ont laissé des traces que l’on peut observer sur toute la hauteur des élévations ou de

manière plus localisée121 :

» Nous avons constaté la présence d’un badigeon beige-jaune, UE7, appliqué entre la pose des enduits

UE2 et UE3. Il se trouve sur certains éléments architecturaux comme les colonnes et les chapiteaux, sur l’ensemble de l’élévation.

» Le badigeon UE8 est postérieur à l’enduit UE2, car il est appliqué sur le décor de polychromie

UE12 et UE13. De couleur gris pâle, il est observé ponctuellement en partie basse des piliers de la nef, en recouvrement des décors polychromes (UE13.1 et 13.2). Il s’agit sans doute d’un badigeon de propreté, dont la teinte grisâtre provient peut-être de la poussière de l’édifice ;

» L’UE6 est postérieure à l’UE3. Cette couche est très localisée sous la voûte et se caractérise par un

décor de faux-joints rouges sur un mortier lissé blanc-rose.

» L’UE14 correspond à l’adoption d’un nouveau décor de faux-joints blancs tracés sur un mortier de

chaux, observé dans les travées 3 à 5 ;

» Au XXe siècle, l’intrados des voûtes des travées 6 à 9 accueille un nouveau décor de faux-joints clair

sur un fond plus foncé, l’UE4 : cet enduit correspond aux restaurations de Babiloni Voisin.

Les décors polychromesCes ornements spécifiques concernent des éléments architecturaux (clefs de

voûte, colonnettes du triforium, piliers). Nous avons choisi de les présenter dans un chapitre à la suite des enduits peints pour deux raisons. La première tient au fait que, malgré la lisibilité de la stratigra- phie, la correspondance directe entre ces décors et certains revêtements est souvent difficile à établir. La seconde concerne la chronologie des couches picturales, car les pigments utilisés et l’iconographie induisent des problématiques spécifiques de datation des décors.

En ce qui concerne les clefs de voûte :

» Une première couche de polychromie a été appliquée entre les UE1 et 2 (UE9).

» Une seconde couche de polychromie a été appliquée après l’UE2 (UE10).

En ce qui concerne les colonnettes du triforium : l’UE11 correspond à une première couche de poly- chromie dont l’application intervient entre celle des UE1 et 2.

120. MICHLER (J.) 1989, p. 119, (3) ; MOULINIER (B.) 1994, p. 17.

121. Il faut également noter la présence d’un badigeon noir très pulvérulent, appliqué au-dessus de l’UE3 au niveau des arcs du triforium des travées 7 à 9 nord. Il a également été observé en travée 7, sur le chapiteau de l’une des colonnettes du triforium.

En ce qui concerne les piliers du vaisseau central :

» Les parties basses des piliers P_5 du côté nord et P_7 du côté sud accueillent un motif polychrome

similaire (UE12.1 et 12.2). Il est postérieur à l’UE2.

» Les premiers piliers du vaisseau central (P_1) accueillent un décor polychrome en symétrie (UE13.1

et 13.2). Ces motifs sont postérieurs à l’UE2.

» Le pilier sud-ouest de la croisée du transept (P_8) a livré les vestiges très lacunaires de deux états de

polychromie successifs (UE15 et 16).

Les enduits UE12 et 13 présentent un caractère distinct puisqu’ils se trouvent chacun sur deux piliers et présentent un décor spécifique. Les enduits du pilier de la croisée, UE15 et 16, sont en très mauvais état de conservation. Il est impossible de les replacer avec certitude dans la stratigraphie générale. Pour ces différentes raisons, ces quatre couches (UE12, 13, 15 et 16) ne s’intègrent pas aux probléma- tiques des vestiges polychromes des colonnettes et des clefs de voûte. Ils sont en revanche placés dans l’annexe 4.3 de ce rapport. En outre, des vestiges très lacunaires de polychromie ont été observés à plusieurs endroits sur les parties basses du vaisseau central. Là encore, leur très mauvais état de conser- vation ne permet pas de caractériser précisément ces couches et leur décor. De ce fait, elles n’ont pas reçu de numéro d’UE, mais sont décrites et replacées dans la stratigraphie générale dans l’annexe 4.3. Chacune de ces Unités d’Enduit est décrite, analysée et replacée dans le contexte général de la cathé- drale. Les quatre phases principales de revêtement de l’ensemble du vaisseau central (UE5, 1, 2 puis 3) sont tout d’abord présentées selon le phasage chronologique de leur application sur les parements, du plus ancien au plus récent. Les repeints et badigeons identifiés plus ponctuellement sur les murs (UE7, 6, 14 et 4) sont exposés ensuite. Dans une dernière partie sont abordés les décors polychromes sous leurs aspects techniques, iconographiques et chronologique.