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CHAPITRE 4 Résultats

4.1. A NALYSE DU CAS DES ILES DE LA M ADELEINE

4.1.4. Retour sur la consultation

L’objectif de la consultation était d’une part d’impliquer les différentes parties prenantes des îles de la Madeleine de sorte qu’elles permettent aux études d’être en phase avec le milieu et, d’autre part, permettre aux acteurs du milieu d’être tenus informés des avancements du projet. Ces deux objectifs en sous-tendent un troisième non négligeable soit celui d’assurer une acceptabilité sociale du projet. Est-ce que le processus de consultation a su répondre à ses objectifs ? C’est ce que nous tenterons de voir dans la présente section.

Pour la majorité des répondants, le comité consultatif a réussi, de par sa représentativité, à accomplir l’un de ses objectifs qui était de faire en sorte que les actions entreprises par le comité directeur soient en concordance avec le milieu :

je pense qu’on est assez représentatif pis qu’on est en mesure de bien appuyer le développement de ce projet là et d’identifier aussi les embûches » (Qc-26).

Par ailleurs, en ce qui a trait à la diffusion de l’information, la mission d’étude n’a que partiellement atteint son but. Pour l’ensemble des répondants n’ayant pas siégé au comité consultatif, le projet en cours est extrêmement flou. Si certains ne comprennent tout simplement pas ce qu’est une AMP, d’autres ne comprennent pas ce qu’il y a de différent

entre la démarche entamée par l'APC en 2004 et celle initiée en 2011. Ces derniers ne saisissent pas pourquoi le projet n’a toujours pas été mis en place. C’est d’ailleurs le cas du pêcheur que nous avons rencontré :

j’en ai pas entendu parler souvent [du projet d’AMP]. Ça fait depuis le début des années 2000 que le projet est sur la table. Probablement que si on en savait plus… je ne sais pas en fait qu’est-ce qui empêche que ça soit déjà en place. Pourquoi est- ce qu’on n’a pas déjà notre aire marine protégée (Qc-25) ?

Un autre répondant met de l’avant le caractère abstrait du projet en cours :

c’est encore un concept abstrait. Je connais mal ce qu’est une aire marine protégée, je sais pas comment ça fonctionne ou ce qu’ils peuvent faire avec ça… j’imagine qu’il peut y avoir du bon au niveau d’une notoriété internationale, du tourisme… mais je ne peux pas me positionner parce que je ne sais pas c’est quoi (Qc-21).

Cette dernière intervention, met en relief non seulement la difficulté que la communauté des îles de la Madeleine a à définir le projet, mais également le fait que si elle était mieux informée elle pourrait être en mesure de constituer un appui au projet. En effet, malgré l’incompréhension entourant le projet, les répondants le dépeignent comme pouvant engendrer des retombées favorables tant pour le tourisme que pour la pêche.

Pour ce qui est des répondants ayant siégé au comité consultatif, ils ont mentionné avoir fait part de l’information reçue à leurs membres via leur conseil d’administration, lors de réunions de suivi ou encore lors de leur assemblée générale. Ils ont donc joué leur rôle de relayeur d’information. Par ailleurs, ce n’est pas le cas de tous les membres du comité consultatif. Tel que nous l’avons vu précédemment, les représentants de la pêche et de la mariculture n’auraient pas retransmis l’information à leurs membres ce qui correspond tout de même au tiers des membres du comité. Selon les répondants, cela aurait eu pour effet de maintenir les professionnels de la mer dans l’obscurité et d’entretenir les craintes qu’il pourrait y avoir à l’égard du projet.

Il est important de souligner que, selon la majorité de nos répondants, les pêcheurs et les mariculteurs sont considérés comme les acteurs clés du projet d’AMP. Si tel est le cas, c’est parce qu’ils constituent l’un des deux piliers économiques des îles de la Madeleine avec l’industrie touristique. En ce sens, ce sont des acteurs très influents sur le territoire.

Ce sont eux qui auront probablement une voix prépondérante à la fin pour savoir sur les résultats de l’étude, si les recommandations sont valables pour la communauté (Qc-18).

Il convient donc de leur porter une attention particulière, car en plus de constituer un lobby d’importance, ils sont les plus réticents face au projet. En effet, pour eux il est inquiétant de voir que le territoire d’étude pour l’AMP touche leur zone de pêche, surtout qu’ils ne savent pas quelles pourraient être les répercussions d’un tel projet :

il y a déjà toutes les réglementations au niveau des pêcheries, les pêcheurs ont peur que ça implique d’autres réglementations t’sais… comme ils disent, si jamais il y a des espèces en péril à des endroits qui sont des fronts de pêche, ben là ils ont peur qu’ils ferment tout ça pis qu’ils puissent pu aller pêcher là (Qc-15).

Ainsi, tel que l’avancent les associations de protection de l’environnement interrogées, pour dépasser ces craintes et obtenir une meilleure acceptabilité sociale, tant des pêcheurs que du reste de la population, il conviendrait dans une seconde phase de redoubler d’ardeur pour informer et concerter la communauté madelinienne. Comme le souligne un répondant :

il n’y a pas de clôture en milieu marin, les gens s’imaginent que ça va tout interdire, il y beaucoup de craintes liées à ça. Donc une grande partie du travail c’est de démystifier c’est quoi une aire marine protégée, ça fonctionne comment. C’est un projet qui se construit avec les intervenants locaux. Ça ne peut pas être un projet qui est parachuté, ça fonctionne pas (Qc-26).

Si, lors de cette première phase, la mission d’étude n’a pas totalement réussi à atteindre son objectif d’information et par le fait même, n’a pas réussi à obtenir une bonne acceptabilité sociale notamment chez les pêcheurs, c’est parce que le projet était dans une phase exploratoire. Bien que cela soit compris par la majorité des répondants, le flou entourant le

projet ainsi que le peu de renseignements accessibles reste la principale critique du processus de consultation.