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CHAPITRE 3 méthodologie de recherche

3.1. P RESENTATION DES TERRAINS D ’ ETUDE

3.1.2. L’estuaire de la Gironde et de la mer des Pertuis (France)

Le projet de parc naturel marin de l’estuaire de la Gironde et de la mer des Pertuis se trouve à cheval sur trois départements : la Gironde, la Charente-Maritime et la Vendée. Le périmètre s’étend sur une superficie d’environ 6 500 km2. Ce dernier a différents points d’amorce dans les terres : le Bec d’Ambès à l’embouchure de l’estuaire de la Gironde, Saujon avec l’écluse de Ribérou, le pont suspendu de Tonnay-Charente, l’ancien pont routier et les écluses du Brault sur la Sèvre, le prolongement de la partie du canal du Braud sur le Lay et, au sud de la Vendée, aux lieux-dits « Maisonnette » et « Marais neuf » sur le Payré (Krieger, 2016). Il sera question, tout comme nous l’avons fait pour le terrain québécois, de dresser un portrait sommaire de ce territoire d’un point de vue écologique, économique et social tout en mettant de l’avant les enjeux environnementaux sous-jacents.

Tout d’abord, d’un point de vue écologique, la zone étudiée couvre trois écosystèmes différents, mais interconnectés : l’estuaire de la Gironde, son panache ainsi que la mer des Pertuis – Bretons, d’Antioche et de Maumusson (France, 2011a). Ces écosystèmes possèdent une biodiversité très riche40 ainsi qu’une diversité remarquable d’habitats marins dont

certains se distinguent par leur caractère exceptionnel (Ibid.). Parmi ceux-ci, on retrouve notamment des côtes sableuses, estrans rocheux, herbiers, etc. qui abritent des aires de frayères, nourriceries, repos et passages pour de nombreuses espèces migratrices. On retrouve également des espèces rares et menacées fréquentant le périmètre d’étude du Parc naturel marin, dont des mammifères marins, tortues marines, oiseaux et poissons amphihalins.

40 Les éléments accentués – caractères mis en gras – dans la présente section sont ceux ayant déterminé la

création du PNM. Ces derniers proviennent du Décret n°2015-424 du 15 avril 2015 portant sur la création du parc naturel marin de l’estuaire de la Gironde et de la mer des Pertuis.

Ensuite, au plan économique, il convient de souligner le rôle essentiel que joue la richesse des écosystèmes marins ; ces derniers permettent l’utilisation et l’exploitation de la côte et de la mer (Ibid.). Ainsi, l’importance de préserver l’équilibre marin est primordiale afin d’assurer, d’une part la qualité des produits de la mer et, d’autre part, la pérennité des activités telles que la pêche professionnelle et la conchyliculture : deux pôles économiques centraux – selon l’Agence des aires marines protégées en 2011, le chiffre d’affaire annuel de la pêche professionnel était de 63,9 millions d’euros et de 300 millions d’euros pour la conchyliculture (Ibid.). On retrouve également sur la zone d’étude du PNM des activités portuaires – le PNM compte trois ports : Bordeaux, La Rochelle et Rochefort Tonnay –, industrielles – trois sites d’extraction de granulats – et de loisir – le tourisme et les activités balnéaires occupent une place d’importance (Ibid.). L’activité anthropique est donc intrinsèquement liée au milieu marin ; elle l’exploite tout en devant rester respectueuse, car elle en est dépendante afin de permettre le maintien de ces activités maritimes constituantes d’un tissu économique interrégional.

Néanmoins, si la richesse du milieu marin contribue au développement économique de la région, il ne faut pas négliger le fait que ce dernier l’impact en retour. On relève quatre enjeux environnementaux sur le périmètre de PNM en lien avec l’activité anthropique. Deux enjeux se trouvent sur l’estuaire de la Gironde, le premier concerne la pollution polymétallique – des teneurs anormales en zinc, cuivre et cadmium ont été retrouvées dans les huîtres en provenance de l’estuaire. Cette contamination des eaux est principalement due à la présence d’une usine désaffectée située sur le Lot, soit à 300 km en amont de l’embouchure de l’estuaire (Krieger, 2016). Le second concerne un bouchon vaseux qui reste de manière prolongée en amont du Bec d’Ambès ce qui crée, dans ce secteur, une baisse d’oxygène, une perte de visibilité ainsi que l’accumulation de germes bactériens (SMIDDEST, 2007). Ensuite, la baie de La Rochelle présente un fort taux de contaminants chimiques et bactériens, entre autres, en raison des rejets de la station d’épuration des eaux de l’agglomération rochelaise, du port de plaisance et des industries à proximité (Rostagno

et coll., 1999). Finalement, le quatrième enjeu environnemental est celui du projet de terminal méthanier au Verdon sur l’estuaire de la Gironde. Ce projet, initié en 2006 par l’industriel 4Gas, était destiné à recevoir du gaz naturel sous forme liquide afin de le stocker et de le redistribuer par la suite sous forme gazeuse via un gazoduc (CNDP). En définitive, ce projet sera abandonné en juillet 2009 suite au refus du gouvernement de renouveler la convention de réservation. Bien que ce projet industriel n’ait eu aucune répercussion sur le milieu marin, il convenait de le mentionner ici dans la mesure où ce projet a influencé la mise en œuvre du projet de PNM. Nous y reviendrons dans le chapitre quatre (section 4.2.1.).

En somme, plus qu’un moteur économique, le milieu marin fait partie intégrante des us et coutumes locales. Ainsi d’un point de vue culturel, le milieu marin façonne le quotidien des riverains que ce soit au niveau de l’emploi, des loisirs ou encore des paysages (France, 2011c). Ces derniers, « profondément ancrés entre terre et mer, ont été façonnés [tant] par des siècles d’exploitation du sel sur de vastes espaces maintenant largement dédiés à la conchyliculture » (Ibid. : 5) que par une histoire militaire. L’histoire maritime de la région des Pertuis charentais ainsi que de l’estuaire de la Gironde a fortement été marquée par le commerce et l’armée (Ibid. : 11) :

La présence d’îles et de passages resserrés avec le continent, les pertuis Breton, d’Antioche et de Maumusson,sont un avantage indéniable pour bloquer l’avancée d’une flotte ou contrôler le territoire.Ainsi, de nombreux équipements militaires et fortifications ont été construits le long du littoral. (France, 2011c : 11)

L’ensemble des fortifications présentes sur le territoire fait donc aujourd’hui partie du patrimoine culturel.

Avant de poursuivre avec la démarche méthodologique, il convient de souligner que tant pour le terrain français que pour le terrain québécois, le rapport qu’entretiennent les communautés locales avec la mer est tant économique que culturel. Dans les deux cas, nous sommes en présence de milieux marins possédant des écosystèmes riches et productifs

permettant leur utilisation et leur exploitation. À cet effet, le tourisme et l’exploitation des ressources halieutiques sont des pôles économiques essentiels venant modeler le quotidien des acteurs locaux.