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Chapitre 3 : Mesurer la performance matérielle des territoires : Le métabolisme de la Seine-Saint-Denis

1.2 Par un retour au métabolisme

Le métabolisme de la région Île-de-France réalisé par Sabine Barles pour l'année 2003 a été réactualisé par l'Institut d'Aménagement et d'Urbanisme de la région Île-de-France

pour l'année 2010. Malheureusement, pour 2010, aucune tentative de descendre à une échelle plus fine n'est faite et cela ne nous permet pas d'observer les particularités du métabolisme de la Seine-Saint-Denis, et encore moins de l'Ile-Saint-Denis, par rapport à celui de la région parisienne. Or, nous avons pu constater les très fortes disparités Paris/Grande couronne quant à la matérialité et donc à ses enjeux. L'objectif étant d'établir une observation la plus fine possible du territoire, nous devons a minima départementaliser l'exercice. Nous nous servirons du métabolisme de 2010, peu détaillé dans son élaboration, pour constituer un cadre comparatif pour nos résultats.

Les résultats de 2003 distinguant la petite couronne dont fait partie la Seine-Saint-Denis pourraient être directement utilisés mais seraient-ils assez proches de la réalité depuis 2008 et la période de crise qui suivit en France?

Nous veillerons donc à produire les résultats pour chaque département d'Île-de-France, pour une entité Paris et Petite Couronne (PPC) et pour une entité régionale et en suivant le plus strictement possible les hypothèses retenues pour la réalisation du métabolisme de 2003 à moins que des améliorations puissent être apportées. Notre objectif prioritaire est l'observation des enjeux du territoire étudié (l'Ile-Saint-Denis, la Seine-Saint-Denis) à un instant donné; néanmoins, la production d'éléments de comparaisons permettra de situer le territoire dans la dynamique régionale et fournira des bases pour des recherches ultérieures.

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Méthode

Pour la caractérisation du métabolisme en 2003, le choix s'était porté sur la méthode mise au point par le service européen de statistique (Eurostat) plutôt que sur celle de Peter Baccini et Paul H. Brunner. Cette dernière méthode, présentant la spécificité de retenir les flux liés à l'activité humaine (nourrir, laver, résider et travailler, transporter et communiquer), n'avait pas été retenue par l'auteure.

La méthode Eurostat, au-delà d'une entrée territoriale plus marquée, présente l'avantage de faire référence à l'échelle internationale et autorise des comparaisons. S'agissant de la réactualisation et de l'approfondissement d'un travail existant, nous en reprendrons la méthode précédemment utilisée, inspirée très largement d'Eurostat.

Nous présentons ci-dessous une figure illustrant les principaux indicateurs issus du bilan matière en guise de rappel. Toutes les informations et détails concernant la méthodologie sont en effet disponibles en ligne77 dans les publications largement

présentées précédemment [BARLES, 2007] [BARLES, 2009] [SOES, 2014] ou dans le guide dédié d'Eurostat78 [EUROSTAT, 2001].

Figure 47: Schéma de principe et principaux indicateurs de l'AFM territoriale, source: Alterre Bourgogne

Pour choisir une année de référence, la tentation est forte de choisir une réactualisation décennale 2003/2013 en utilisant les données les plus récentes possibles. Cependant, l'existence d'un travail permettant un cadrage sur l'année 2010 ainsi qu'une latence incompressible pour l'obtention des données statistiques nécessaires amènent à choisir 2010 comme référence. En considérant un début de crise en 2008 et les considérations sur les surfaces mises en chantier de la publication de 2014 [BARLES, 2014], la prise en compte de ces surfaces sur la moyenne des trois dernières années (2008/2009/2010) permettra aussi en retenant 2010 d'observer a priori les effets d'une crise sur le métabolisme étudié.

La population évolue de façon relativement homogène dans tous les départements de la

77 http://perso.univ-mlv.fr/www-ltmu/groupe_documents/doc_pdf/Barles-EI-Paris.pdf consulté le 18 Avril 2014.

78 http://epp.eurostat.ec.europa.eu/cache/ITY_OFFPUB/KS-34-00-536/FR/KS-34-00-536-FR.PDF

consulté le 18 Avril 2014

région Île-de-France, avec en général entre 3 et 6% d'augmentation sur la période. Seules la Seine-Saint-Denis et les Yvelines se distinguent en dépassant les 8% d'augmentation pour la première et avec une quasi-stabilité de sa population (+1.9%) pour la seconde.

Tableau 27: Population, Île-de-France, 2003-2010 (en milliers d'habitants au 1er janvier), Source: INSEE

75 92 93 94 77 78 91 95 PPC IDF

2003 2 168 1 481 1 408 1 251 1 242 1 381 1 164 1 131 6 308 11 226 2010 2 243 1 572 1 522 1 327 1 324 1 408 1 215 1 171 6 664 11 782

En termes économiques, le PIB régional augmente de 30% de 2003 à 2010 mais la répartition de cette hausse n'est pas homogène. Le Val-de-Marne se distingue avec 48 % d'augmentation, tout comme l'Essonne et ses 43 % d'augmentation alors que Paris clôture la marche avec une augmentation de 20 % de son PIB.

Tableau 28: PIB, Île-de-France, 2003-2010 (en Millions d'Euros), Source: INSEE

75 92 93 94 77 78 91 95 PPC IDF

2003 155 100 36 35 27 40 30 26 326 449

2010 186 134 49 52 37 50 43 34 421 585

Ce n'est que rapporté par habitant que le PIB permet d'illustrer les différences territoriales : Paris et les Hauts-de-Seine se caractérisent par un PIB par habitant équivalent à plus du double des autres départements. Leurs évolutions qui peuvent sembler faibles en pourcentage sont en valeur absolue dans les deux premières places. La Seine-Saint-Denis, contrairement à l'idée couramment admise qu'elle constitue le département le plus pauvre de France se situe pourtant selon cet indicateur devant la Seine-et-Marne et le Val-d'Oise.

Tableau 29: PIB/hab, Île-de-France, 2003-2010 (en Milliers d'Euros), Source: INSEE 75 92 93 94 77 78 91 95 PPC IDF 2003 71 67 25 27 21 28 25 22 51 40 2010 82 85 32 39 27 35 35 29 63 49 Évolution en % + 15 + 26 + 25 + 40 + 28 + 22 + 37 + 26 + 22 + 24 Évolution en valeur absolue + 11 + 18 + 7 + 11 + 6 + 7 + 10 + 6 + 11 + 10

Une fois encore, retenir l'Île-de-France en tant que périmètre géographique semble risqué tant les disparités sont observables. Les découpages opérés précédemment entre Paris/Petite Couronne, Grande Couronne et Région Île-de-France méritent aussi d'être revus et/ou complétés tant le caractère homogène de ces constructions est discutable au regard d'un indicateur comme le PIB par habitant. L'intérêt de la caractérisation du métabolisme de chaque département est donc confortée en vue d'une exploitation ultérieure pouvant se baser sur cette nouvelle granularité et des constructions alternatives, Ouest (78-92-75) vs Est (94-93-95-77-91) par exemple.

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Sources

Pour l'année 2003, les sources de données sont nombreuses, éparses et quelques fois inaccessibles. En reprenant la même feuille de route, nous pourrons constater les évolutions dans ce domaine. Une grande partie des données est disponible sur internet sur le portail de la statistique du ministère de l'Écologie79 (base de données EIDER).

D'un usage simple, elles sont téléchargeables dans des formats appropriés à une utilisation bureautique ou sous la forme de fichiers textes pour être incorporées dans d'autres bases de données80. Une attention particulière doit tout de même être portée à la

vérification de ces données, quelques surprises peuvent attendre le candidat à la

79 http://www.stats.environnement.developpement-durable.gouv.fr/Eider/series.do#

80 Les candidats à ce type d'opération doivent bien s'assurer des formats qu'ils utilisent. L'importation des fichiers depuis un format bureautique peut conduire à des pertes d'information et à leur corruption, quand par exemple des séparateurs de milliers viennent perturber le processus. Nous avons nous même été confrontés à ce type d'erreur, fréquente lors de manipulations trop rapides.Quand un nombre de lignes importées est correct mais une somme de vérification fausse, il s'agit généralement de séparateurs de milliers qui ont transformé des 12 589 246 en 246...

construction d'un métabolisme se basant exclusivement sur cette référence en ce qui concerne les unités en particulier. Nous fournirons un exemple auquel nous avons été confrontés.