• Aucun résultat trouvé

Quelques retombées de la politique culturelle pour les industries culturelles

Quelques retombées de la politique culturelle pour les industries culturelles

C’est sans doute la première politique culturelle dans le pays qui a décliné clairement l’ambition de développer l’économie de la culture et de faire des industries culturelles, le principal moteur.

Elle a été à l’origine de beaucoup d’actions en faveur de la culture au cours des dix dernières années.

En matière de développement de l’entrepreneuriat et des industries culturelles

160 Avec les différents changements intervenus dans le pays, la stratégie est en relecture dans les locaux du

ministère de la Culture.

Les actions entreprises pour soutenir le développement de l’entrepreneuriat dans les secteurs de la culture ont permis le renforcement des capacités institutionnelles et des acteurs, l’amélioration de la gouvernance et la mise en chantier des reformes et de projets structurants la structuration des acteurs privés à travers l’appui à la mise en place des structures faitières dans les filières des arts de la scène (FN/ PRO-SCENE), du livre (GRAAL), du cinéma et de l’audiovisuel (FNCB), de la musique enregistrée (UNAME), des arts plastiques et appliqués(FEFAPA) et du patrimoine (FENAPAC) ; l’amélioration du climat des affaires dans le secteur avec la relecture et/ou l’élaboration de nombreux textes : les textes d’application de la Loi d’orientation du cinéma et de l’audiovisuel en 2013; les textes sur l’entrepreneuriat culturel dans le domaine du spectacle vivant en 2014 (l’arrêté portant modalités de délivrance de la licence d’entrepreneurs de spectacles) ; les textes sur l’exportation des objets d’art ; le décret portant création du Système des Trésors Humains Vivants du Burkina Faso en 2013 ; l’élaboration d’un cadre réglementaire pour améliorer les conditions de travail et assurer la protection sociale des acteurs à travers l’adoption du statut de l’artiste au Burkina Faso par décret n° 2013- 169/PRES/PM/MCT/MEF/MFPTSS du 25 mars 2013 ; l’élaboration d’une Stratégie nationale de développement des industries culturelles et créatives (SND-ICC 2016-2025) et la formulation du Programme de développement des entreprises culturelles (PDEC) en vue d’une meilleure définition des priorités d’intervention en matière de développement des industries et de l’entreprenariat culturels ; la réalisation de deux études dont une sur les impacts de la culture sur le développement socio-économique du Burkina Faso (avec l’appui de UNESCO) et l’autre sur les indicateurs de la culture pour le développement (avec l’appui de l’INSD et de l’UNESCO) ; le renforcement des capacités institutionnelles en matière de promotion des Industries culturelles et créatives (ICC) à travers la création d’une Direction dédiée, l’instauration des Journées de promotion des industries culturelles et créatives (JPICC) et des UNIVERSITICC ; l’élaboration et la mise en œuvre de stratégies sous sectorielles dont la stratégie de valorisation des arts et de la culture dans le système éducatif burkinabé ainsi que l’élaboration et la diffusion d’un guide de promotion des activités et produits culturels.

En matière de mise en place de mécanisme d’accompagnement technique et financier

Mise en place du Programme d’appui au renforcement des politiques et industries culturelles (ARPIC) 2012- 2015 qui a permis, d’une part, de renforcer les capacités opérationnelles de l’administration culturelle à travers la formation des cadres et l’équipement des structures et d’autre part d’accompagner la structuration des filières culturelles et de former les acteurs privés création du Fonds de développement culturel et touristique (FDCT) par le Conseil des Ministres du 14 octobre 2015 en vue d’accompagner techniquement et financièrement les entreprises touristiques et culturelles ; Amélioration du fonctionnement des mécanismes d’appui technique et financier existants : Fonds de soutien aux activités culturelles (FSAC), Fonds de développement des activités cinématographiques (FODAC), Fonds de promotion culturelle et œuvres sociales (FPCOS) ; Mise en place d’un mécanisme d’acquisition d’œuvres d’arts plastiques pour la décoration d’édifices publics qui a permis l’acquisition de 180 œuvres de 80 artistes.

En matière de développement des infrastructures culturelles

Le renforcement des infrastructures et l’aménagement des sites et zones à vocation culturelle et touristique s’est traduit par :

 La réalisation de la Maison de la culture de Bobo-Dioulasso pour abriter des activités de la SNC et assurer la production et la diffusion culturelles ;

 La poursuite de la construction des infrastructures du Musée National (notamment la grande salle des réserves, l’amphithéâtre de plein air, le maquis bar restaurant et les ateliers du CNAA) et équipement pour la conservation du patrimoine culturel et le renforcement de l’attractivité du musée ;

 La réhabilitation de la cinémathèque africaine de Ouagadougou et restauration/ équipement du musée de la musique de Ouagadougou, à la suite de l’inondation du 1er septembre 2009 ;

 La construction du bâtiment administratif de la bibliothèque nationale en prélude à la réalisation de ladite infrastructure ;

 La contribution à la réalisation des salles polyvalentes, à leur équipement et gestion dans les Régions afin d’accroitre l’offre culturelle.

2. La stratégie nationale de la culture et du tourisme : relancer l’économie de la culture et prendre en compte la diversité culturelle

a. Objectifs de la stratégie nationale : la quête d’une nouvelle dynamique

L’objectif global de la SNCT, nous relève le rapport final, est de créer une dynamique de développement touristique et culturel fondée sur les valeurs communes propres aux Burkinabè, les capacités entrepreneuriales et la créativité des acteurs en vue de l’épanouissement économique et social des populations du Burkina Faso.

b. Axes stratégiques pour la culture : la quête d’un entrepreneuriat dynamique

Selon toujours le même document, la Stratégie nationale de la culture et du tourisme met l’accent sur la protection, la sauvegarde et la promotion du patrimoine culturel et touristique en vue du maintien et du renforcement de la diversité culturelle contribuant au développement d’une identité nationale forte, à la cohésion sociale et à la paix. Elle vise l’amélioration de la gouvernance sur la base du renforcement du cadre juridique, institutionnel et organisationnel des domaines de la culture et du tourisme. La SNCT s’oriente également vers le développement d’une économie de la culture et du tourisme basé sur un entrepreneuriat dynamisé et un marché national et régional plus accessible.

La mise en œuvre des orientations ci-dessus est assurée par les trois axes stratégiques définis conformément aux défis identifiés dans le diagnostic correspondant aux programmes retenus pour la culture et le tourisme à savoir : le Programme Culture, le Programme Tourisme et le

Programme Pilotage et soutien. Ces trois axes stratégiques sont les suivants : Renforcer les

capacités institutionnelles et organisationnelles dans les domaines de la culture et du tourisme162 ; Promouvoir la diversité culturelle, la créativité et l’entreprenariat dans le domaine de la culture en vue de l’épanouissement social et économique des populations163 ; Améliorer l’attractivité touristique du Burkina Faso.

162 L’analyse diagnostique de la culture et du tourisme a révélé une faible synergie dans les interventions des

acteurs et un dysfonctionnement dans certaines structures posant un problème de pérennisation des acquis. Ainsi, « renforcer les capacités institutionnelles et organisationnelles dans les domaines de la culture et du tourisme » vise à rehausser la qualité des prestations à travers un renforcement du cadre institutionnel et juridique, une meilleure coordination des interventions entre les différents acteurs et une production/diffusion des statistiques et informations fiables dans lesdits domaines.

163 Du diagnostic, il ressort que le pays est confronté à une perte de certaines de ses valeurs cardinales. Cela a des

conséquences négatives sur la cohésion sociale et la paix au niveau national. En outre, on note un problème d’infrastructures en qualité et en quantité, d’équipements vétustes et du personnel faiblement qualifié. Cela joue sur la qualité des produits culturels et touristiques et, par conséquent, impacte négativement le marché de ces produits et les emplois des acteurs. De ce fait, protéger, et promouvoir les valeurs de référence vise à construire

c. Programme « Pilotage et soutien des services du MCAT »

Ce programme vise à renforcer les capacités institutionnelles et organisationnelles dans les domaines de la culture et du tourisme.

De façon spécifique, il s’agit d’améliorer la gouvernance du secteur de la culture et du tourisme sur la base du renforcement du cadre juridique, institutionnel et des capacités du secteur. En effet, l’analyse diagnostique a révélé des faiblesses du cadre juridique, institutionnel et des ressources humaines. Pour y remédier, les actions suivantes sont retenues avec des objectifs spécifiques.

d. Le Programme « Culture » pour la promotion de la diversité, la créativité et l’entrepreneuriat

Selon le document de stratégie nationale de développement de la culture, le programme « culture » vise à promouvoir la diversité culturelle, la créativité et l’entreprenariat dans le domaine de la culture en vue de l’épanouissement social et économique des populations. Spécifiquement, il s’agit de renforcer la protection, la sauvegarde et la promotion du patrimoine culturel et touristique en vue du maintien et du renforcement de la diversité culturelle. L’analyse diagnostique a révélé certaines faiblesses relatives à l’aggravation des fléaux, la faible attractivité des sites culturels et touristiques, les mutations sociales entrainant l’acculturation. Pour l’atteinte de l’axe stratégique, des actions ont été identifiées et attendent d’être mises en œuvre.

En somme, les stratégies sont régulièrement formulées, mais avec des effets relativement faibles et incapables de transformer radicalement la situation du développement culturel. Les stratégies ne sont pas assez innovantes ni suffisamment audacieuses, pour passer de la chenille au papillon. Force est de constater et même de reconnaitre la qualité des politiques et des stratégies nationales visant le développement des industries culturelles et créatives mais aussi c’est le lieu de le dire, les moyens de mise en œuvre sont particulièrement problématiques.

Il a été constaté depuis les années 1980 que cette volonté peut faire bouger les lignes et impulser le développement culturel. La période révolutionnaire est un exemple dont les fruits parlent d’eux-mêmes jusqu’aujourd’hui. Nous avons la preuve, sur la période 1990, que s’il y a la volonté politique derrière les politiques publiques et les politiques culturelles tout court, la

une identité culturelle burkinabè basée sur ces valeurs et à même de contribuer davantage à la régulation sociale et à l’édification d’une nation de paix, de tolérance et de solidarité. Aussi, promouvoir la créativité et l’entreprenariat vise à professionnaliser les acteurs des domaines de la culture et du tourisme, renforcer les infrastructures et équipements en vue d’améliorer le niveau de création et de prestation des acteurs.

culture fait des bonds en avant. Tous les acteurs sont unanimes à reconnaitre que le ministre Mahamoudou OUEDRAOGO incarne cette notion de volonté politique164. Il a bénéficié d’une

oreille attentive auprès du président de la République et a pu mettre en œuvre la vision qu’il avait de la culture et de la communication. Les fruits de son action sont encore visibles aujourd’hui. Sans volonté politique, les politiques élaborées resteront de beaux documents sans véritable effet. Les niveaux de manifestation de cette volonté politique sont nombreux mais dans notre contexte, ils peuvent se résumer à l’allocation de budget suffisant, la règlementation favorable et la création d’un environnement d’affaires propice. C’est ce que nous voyons dans la section suivante.

II.

Environnement global de développement des industries

culturelles

A. Environnement institutionnel et organisationnel du secteur de la culture

Le secteur de la culture en général et celui des industries culturelles en particulier est, nous semble-t-il, marqué par l’organisation institutionnelle depuis les indépendances à nos jours. Le constat, c’est que le secteur privé présente des faiblesses économiques et c’est l’État qui constitue le principal « employeur » ou pourvoyeur d’opportunités marchandes. Or le rêve des acteurs, c’est bien de voir la construction d’un État facilitateur et d’un secteur privé entrepreneur. L’environnement institutionnel actuel ne permet pas d’envisager un renversement de vapeur dans le court terme.

1. Le ministère de la Culture de 1960 à nos jours

a. Évolution et prise en charge de la culture dans la composition des gouvernements

Au début des années 1960, la culture a été animée par des initiatives privées sous le contrôle de l’État central à travers les formations associatives au niveau scolaire, universitaire, ethnique. Ce n’est qu’en 1970 qu’elle fut organisée avec la création d’un ministère en charge du secteur culturel, comme nous l’indiquent les données du tableau ci-dessous.

Après les années 70, la culture a été longtemps incorporée au secteur de l’Éducation ou de la Jeunesse et ce n’est qu’en 1982 qu’un secrétariat d’État à la Culture fut créé et intégré au ministère en charge de la jeunesse.

164 Voir Ministère des arts et de la culture. 2001. Livre blanc sur la culture. Éditions Découvertes du Burkina. Et

OUEDRAOGO, Mahamoudou. 1997. Prolégomènes pour l’action au sein du ministère de la communication et de la culture. Éditions Sidwaya.

En observant le graphique ci-dessous, on s’aperçoit que c’est sous la Révolution du président Thomas Sankara qu’un portefeuille ministériel plein a été dédié à la culture. Le graphique nous montre la longue période de nomadisme du ministère de la Culture avant de se stabiliser. Cette situation n’a pas toujours été en faveur du développement des industries culturelles, étant donné les contraintes budgétaires des différents gouvernements qui se sont succédé. Les coupures des crédits alloués à la culture sont quasi systématiques lorsque le gouvernement rencontre des difficultés financières. Par contre, dans l’histoire, il y a eu des rattachements qui ont profité à la culture. C’est le rattachement Culture et Communication.

Environ 25 Ministres165ont conduit les affaires et l’action culturelles à travers des politiques et des missions différentes, à des moments aussi différents de l’histoire du Burkina Faso.

Cette pérégrination et souvent même l’absence totale du ministère de la Culture dans le gouvernement a eu pour conséquences : la relégation de la culture au second plan dans les plans de développement, la considérant plutôt comme budgétivore et un secteur de pur divertissement ; la faiblesse de la connaissance du secteur surtout dans son volet économique ; la faiblesse de la documentation et des archives ; la faiblesse de ressources humaines qualifiées ; la modicité des lignes budgétaires accordées ; l’instabilité des acteurs et la faible structuration de ces derniers.

165 Voir annexe XXII dans le volume II.

0 0 0 0 0 0 2 0 2 2 0 0 1 1 1 1 1 1 1 0 2 2 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0.5 1 1.5 2

2.5 Ministère plein Ministère rattaché Absence d'un Ministère de la culture

Source : auteur, 2017

Depuis la IVe République, la culture bénéficie d’une relative stabilité institutionnelle qui mérite

une veille de la part des acteurs pour la renforcer tant elle n’est pas acquise.

b. Les missions du ministère de la Culture : conduire la politique gouvernementale

La mission du département en charge de la culture est définie par le décret N°2016- 006/PRES/PM/SGG-CM du 08 février 2016 portant attributions des membres du Gouvernement. Aux termes de ce décret, le département assure la mise en œuvre, le suivi et l’évaluation de la politique du Gouvernement en matière de culture et de tourisme.

À ce titre, il est chargé en substance de l’élaboration des documents de politiques, de programmes et de projets de développement de la culture ; du développement des infrastructures culturelles ; de la collecte, la production et la diffusion des données statistiques en matière de culture ; de la promotion des industries culturelles, créatives et touristiques...

Dans ses missions, le ministère de la Culture a clairement affiché son intention de promouvoir les industries culturelles et créatives. Cette mission est cependant remise en cause par beaucoup d’aléas au plan des moyens matériel, humain et financier.

c. L’organisation du ministère de la Culture : la place du privé est à négocier

Selon le décret N° 2016-436/PRES/PM/MCAT du 31 mai 2016 portant organisation du ministère de la Culture, des Arts et du Tourisme, le département ministériel est organisé en structures centrales, déconcentrées (dans les treize régions et quarante-cinq provinces), rattachées (Etablissement public de État) et de missions.

Les structures centrales comprennent, entre autres, les structures techniques en charge des filières telles que le cinéma et l’audiovisuel, les arts de la scène, le livre et la lecture publique, les arts plastiques et appliquées, et les structures transversales qui accompagnent les structures centrales dans leurs missions.