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Quelques propos d'enquêtés sur la concurrence déloyale ou fondée de l'État d’avec le privé

« Avec ses établissements publics culturels, l’État a quelquefois des comportements qui entravent dans le champ du privé sans se soucier des entreprises déjà existantes qui interviennent dans le même domaine », FiAc

59.

« L'État est le premier employeur des artistes à cause de la non cession des marchés des activités culturelles aux entreprises culturelles », FiAc 80.

« Dans les pays africains, la culture ou les industries culturelles sont souvent occupées par les États au détriment des promoteurs privés. L’État ne laisse donc aucune chance à ceux-ci pour la concurrence. Alors que dans d'autres cieux (occident) l'industrie culturelle est une entité réservée au privé », FiAc 134.

« l’État se substitue au rôle du privé de la manière la plus mauvaise en ce sens qu'il est devenu le centre de clientélisme et d'affairisme au service de quelques privilégiés triés sur le tas et selon les accointances des ministres de la culture au pouvoir », FiAc, 149.

« On a l’impression que l’État se substitue au privé. Mais avec juste raison, car, il tente d'impulser les choses pour permettre au privé de prendre la relève. Du coup, on a des logiques et des enjeux qui s'entrechoquent entre l’État et le secteur privé », FiAc 13.

« On pourrait avoir l’impression que l’État fait concurrence avec le privé mais à scruter de près, l'on pourrait aussi dire que c'est parce que ne s'est pas encore montré capable d'assurer tous les besoins que l’État intervient toujours. À titre d'exemple, on pourrait citer les infrastructures de spectacles comme le CENASA, la Maison de la Culture Jean-Pierre GUINGANE, la Maison du Peuple, le Palais de la Culture de Bobo, etc. Par contre dans le domaine des médias, on pourrait dire que les télévisions privées ont du mal à tenir tête à la RTB », FiAc

26.

« Depuis le PAS, l’État s'est engagé dans un processus de retrait des secteurs de production. Toutefois, avec un secteur privé de la culture embryonnaire, peu structuré et mal équipé, la promotion du secteur de la culture a exigé de l’État qu'il maintienne un certain dynamisme dans son intervention qui par moment en tant que client (achat de biens culturels), en tant que créateur de cadre de promotion des biens culturels en tant qu'organisateur d'événementiels (SNC, SIAO, FILO) ; mais ces actions ne peuvent nullement pas être assimilées à de la concurrence au privé mais s'apparentent plus à des partenariats puisque les opérateurs sont fortement impliqués dans l’organisation de ces activités », FiAc28.

181 Entretien avec BT, entrepreneur culturel le 23 février 2017 à 11 heures dans la cour de la maison du peuple à

« L’État ne peut s'afficher comme concurrent des promoteurs privés du reste, lorsque un domaine est vierge l'état entreprend pour donner vie à ce domaine mais dès lors que des privés vont s'y intéresser il se doit de leurs laisser la place et surtout de les accompagner », FiAc43.

« L’État joue plutôt un rôle de régulation, en créant un environnement juridique et réglementaire permettant au privé de s'y engager. Il y a des initiatives qui sont mises en œuvre par l’État, mais une fois que l’appropriation est faite par le privé, l’État se désengage. C'est donc au privé de s'approprier les initiatives qui naissent de l’État, pour permettre à celui-ci de se focaliser davantage sur l'essentiel de son rôle », FiAc 48. « Toutes les manifestations ou événements culturels qui semblent tenir la route émanent de l’État ; c'est devenu des événements de souveraineté nationale. FESPACO, SNC, SIAO, SITHO. Pour certains événements, cela fait pratiquement 50 ans que l’État a sa mainmise. Bref, tous les sponsors accourent lorsque ce sont les manifestations de l’État et se cachent pratiquement lorsqu'ils ont affaire à un privé. La situation semble plus dramatique lorsqu'un privé n'est pas adossé sur une haute autorité (présidence, premier ministère, etc.)», FiAc

51.

Source : notre enquête de terrain, 2017

B. Le rôle des acteurs du secteur privé : la solution au développement industriel de la culture ?

Les enquêtés confèrent au privé des rôles divers pour le développement des industries culturelles et créatives au Burkina Faso. C’est entre autres, un rôle de production, de formation, de distribution et de commercialisation des produits culturels. Ils pensent aussi que le privé pourrait jouer un rôle de lobbying en tant que force de proposition.

« Il appartient aux acteurs culturels de s'organiser et d'organiser leur secteur. La mise en place des faitières sous l’impulsion du ministère de la Culture s'est soldée par un échec: nombre d'acteurs ne se sentent pas concernés par une structure dont la mise en place de ses instances dirigeantes s'est faite dans l'opacité. En France, ce sont les acteurs privés qui ont de leur propre chef mis en place la convention collective qui réglemente le secteur. En outre, il appartient aux Africains de s'approprier le débat sur les industries culturelles afin de définir la nature et le rôle de celles-ci pour le développement de leur secteur », FiAc 34.

Dans la dynamique de développement des industries culturelles, les enquêtés interrogés pensent que les acteurs du privé ne jouent pas suffisamment leur rôle. En effet, près de 60 % d’entre eux pensent que les acteurs du privé ne jouent pas leur rôle contre 40 % qui estiment que le privé joue son rôle.

Tableau 20: Répartition des enquêtés selon leur opinion du rôle joué par le privé

Rôle du privé Effectif Fréquence

Oui 68 40,7 %

Non 99 59,3 %

Total 167 100 %

C. Le rôle des partenaires techniques et financiers : la culture de la dépendance

Les partenaires techniques et financiers semblent les plus critiqués quant à la faiblesse de leur soutien aux industries culturelles. Comme l’indique le graphique ci-dessous, près de 70 % des enquêtés pensent qu’ils ne jouent assez leur rôle contre environ 30 % estimant que les PTF jouent leur rôle dans le développement des industries culturelles au Burkina Faso.

Les enquêtés pensent qu’ils ont un rôle de financement, d’appui technique et de lobbying dans le secteur de la culture. Notre enquête montre combien les attentes sont concentrées autour de l’appui financier (98,2 %) et technique (88 %).

Les entretiens réalisés avec les PTF montrent cependant qu’ils y voient un problème. L’aide financière et souvent technique apporte certes, des solutions aux nombreux problèmes du secteur de la culture mais cultive aussi la dépendance financière.

« Une des leçons aussi, c’est que les quatre partenaires avec lesquels nous travaillons, ont une trop grande dépendance de l’appui de la Coopération suisse. Eux-mêmes ont reconnu que sans l’appui de la Coopération suisse, ils ne peuvent pas. On travaille donc à voir comment minimiser cette dépendance… D’autres points, c’est un peu la dépendance technique, on a prévu de mettre à disposition des consultants, s’ils ont des points d’interrogation. En dehors de ça, c’est beaucoup plus des questions de plaidoyers, pour qu’ensemble on puisse structurer. Mais c’est comme je l’expliquais, quand il s’agit de travailler ensemble, les acteurs de la culture ne sont pas faciles à mobiliser »182.