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CARACTERSTIQUES SOCIODEMOGRAPHIQUES DE NOTRE POPULATION

Tableau 1 : Répartition de la population selon les provinces

La différence a été dictée par l’effectif de la population par rapport à la méthodologie utilisée et notre population cible dont l’âge est supérieur ou égal à 16 ans. La moyenne de l’effectif dans chaque province a été trouvée et équivaut à 196 personnes avec une déviation standard de 22.44. Ainsi, le taux de la population par rapport à la taille de notre échantillon est représenté selon la figure ci-dessus. Après la vérification des questionnaires, nous avons retenu un échantillon de 981 personnes.

29 Figure 1 : Répartition de la population selon le sexe

Notre échantillon est majoritairement représenté par des personnes de sexe féminin, soit 58.92 %. Les hommes, eux, représentent 41.08 % de l’échantillon total.

Figure 2 : Répartition de la population selon les différentes tranches d’âge

Nous avons regroupé notre population en trois tranches d’âge, à savoir : la population jeune (16 à 20 ans), le groupe des jeunes adultes (21 – 35 ans) et la population adulte (de plus de 35 ans). Notre étude concerne la population non

30 pédiatrique ainsi l’âge minimum est supérieure à 16 ans tel que repris dans les critères d’inclusion. Tel qu’il apparaît sur cette figure, le groupe âgé de 21 à 35 ans représente la majorité de notre population à savoir 52.2% alors que la population de jeunes représente une petite minorité de 3%. Il faut noter ici que dès que les enquêteurs n’ont retenu qu’une seule personne par famille pour répondre.

Figure 3 : Répartition de la population selon le niveau d’étude

Cette représentation graphique correspond à la réalité : le niveau primaire occupe une part importante et le niveau supérieur reste bas. Si on regarde notre population selon le niveau d’étude, on remarque qu’elle n’est pas très instruite. En effet, le 61 % de notre population a effectué une partie ou toute l’école primaire alors que seulement 1.6 % de la population a un niveau supérieur. Ces chiffres correspondent aux résultats de l’institut national de la statistique au Rwanda où le niveau d’instruction primaire correspond à 67.5% alors que 1.4 % de la population a eu accès aux études supérieures.

31 Figure 4 : Répartition de la population selon la nature d’occupation

La majeure partie de notre population est constituée de cultivateurs. Les gens qui n’ont pas de revenu, dont certains vivent dans la précarité, représentent plus de 10

% de notre population, ce qui constitue une menace à la sécurité individuelle et à la santé en général. Il faut noter que parmi la population de cultivateurs estimée à 64.5

%, une bonne partie représente des chômeurs déguisés dans la mesure où la taille de la terre cultivable ne les occupe que quelques mois par année et qu’ils n’ont en réalité aucune occupation le reste du temps.

32 Figure 5 : Répartition de la population selon le Statut d’orphelin

Ici, les orphelins totaux représentent les personnes qui n’ont ni père ni mère alors que les orphelins partiels disposent d’un parent vivant. Il est surprenant de noter que les orphelins totaux, c’est à dire de père et de mère, représentent la majorité de notre population d’étude.

Tableau 2 : Répartition de la population selon les tranches d’âge et le statut parental

16 ans - 20 ans 21 ans - 35 ans > 35 ans

N % N % N % N %

Orphelin total

5 15,6 133 26,0 266 60,9 404 41,2

Orphelin partiel

13 40,6 191 37,3 123 28,1 327 33,3

Parents vivants

13 40,6 182 35,5 46 10,5 241 24,6

Autres 1 3,1 6 1,2 2 0,5 9 0,9

32 100,0 512 100,0 437 100,00 981 100,0 TOTAL

TOTAL

P value

< 0,001 TRANCHES D'AGE

SITUATION PARENTAL

On remarque sur ce tableau que parmi la population jeune, 56.2 % ont perdu au moins un parent. Cette réalité est également observée au sein de la population de jeunes adultes où 63.3 % ont perdu au moins un parent alors que parmi la population adulte (> 35 ans) un chiffre imposant, à savoir 89 %, a perdu au moins un parent. On note également que moins de 1 % de la population totale n’a pu se classer parmi les trois catégories relatives aux parents décédés. La raison est qu’ils

33 ne savaient rien de leurs nouvelles. Les catastrophes de la violence de l’homme ont incontestablement joué un rôle important dans ce phénomène de mortalité, comme nous le verrons par la suite.

Figure 6 : Répartition de la population selon le statut marital

0,00%

5,00%

10,00%

15,00%

20,00%

25,00%

30,00%

35,00%

40,00%

45,00%

Celibataire Marie Veuve Divorce Remarie Autres 16,79%

43,57%

20,71%

5,71%

10,71%

2,50%

Notons que notre population part de 16 ans et plus. Il n’est donc pas surprenant que les personnes mariées représentent une part importante de notre population. La rubrique « Autres » représente principalement les filles mères et les personnes qui vivent en concubinage sans être mariées. 13.7% de notre population est veuf/ve, il serait donc intéressant d’étudier les différentes causes du décès du/de la conjoint/e.

34 Figure 7 : Les causes du veuvage dans notre population

A travers cette présentation, nous montrons les différentes causes qui ont occasionné la mort du conjoint. Il faut noter ici que l’assassinat constitue la principale cause du veuvage (49.6 %), ce qui témoigne de l’importance particulière du contexte de violence au niveau du Rwanda.

Figure 8 : La répartition de la cause « Assassinat » à travers le temps

Nous avons noté ci-haut que l’assassinat représente près de 50% des causes de veuvage. Nous avons cherché à savoir à quel moment ces assassinats sont intervenus. On note sur la présente figure que le pic (88.4%) se situe en 1994, période qui correspond à la survenue du génocide.

35 ETAT DE STRESS POSTRAUMATIQUE

Figure 9 : La prévalence de l’état de stress posttraumatique dans la population étudiée

Le diagnostic de l’ESPT est posé si une personne manifeste une certaine combinaison des symptômes mis à part le premier critère qui est fait de l’exposition à un événement traumatique hors du commun. Ces symptômes se classent en trois groupes à savoir : premièrement les symptômes intrusifs tels que les pensées récurrentes concernant l’événement, les cauchemars, les flash-back et les réactions exagérées quand l’individu est confronté à une situation rappelant le traumatisme. Il s’agit deuxièmement des symptômes d’évitement : évitement des pensées concernant l’évènement traumatique, évitement des lieux et des activités pouvant rappeler le traumatisme. Enfin, il s’agit de symptômes dans le registre des réactions neurovégétatives exagérées se traduisant par une irritabilité, une insomnie, des troubles de la concentration et un état d’hyper vigilance. Un pourcentage important de 28.5 % (N= 280, intervalle de confiance de 95 %, 25.7% - 31.4%) de notre population a rencontré ces critères et a donc été diagnostiqué comme souffrant d’ESPT. Ces valeurs sont impressionnantes quand on sait que l’étude a été conduite au niveau de la population générale, et non au niveau des institutions de soins ni au niveau de groupes potentiellement vulnérables.

36 Figure 10 : Prévalence de l’événement traumatique dans la population

L’état de stress posttraumatique (ESPT), selon les classifications du DSM IV et d’autres classifications internationales, est en rapport avec la survenue d’un événement hors du commun, susceptible de générer de la détresse chez un individu dans un contexte donné. Cet événement est généralement appelé, dans la littérature, événement traumatique. Nous avons voulu savoir au sein de notre population étudiée combien de personnes ont été confrontées à ce genre d’événements, par exemple être menacé de mort, être dangereusement blessé, assister à la mise à mort de son proche ou au viol. Une proportion importante de la population, 79.4%, a été confrontée à de tels événements traumatiques. Tous ont souffert de cette situation, mais tous n’ont pas développé pour autant un état de stress posttraumatique (ESPT).

37 Tableau 3 : Les événements traumatiques et le développement de l’ESPT

N % N % N %

PRESENCE 280,0 35,9 499,0 64,1 779,0 100,0

ABSENCE 0,0 0,0 202,0 100,0 202,0 100,0

280,0 28,5 701,0 71,5 981,0 100,0

ET

TOTAL P Value < 0.001

ETAT DE STRESS POSTTRAUMATIQUE

TOTAL

PRESENCE ABSENCE

Ce tableau montre que seuls 35.9% des personnes qui ont été confrontées à un événement traumatique ont développé un ESPT avec les critères de diagnostic de DSM IV. 64.1 % de cette population ont réussi à développer des mécanismes de coping pour différentes raisons sociales et individuelles et n’ont donc pas développé un état de trouble correspondant à l’ESPT.

Tableau 4 : Prévalence de l’ESPT selon les différentes provinces

N % N % N %

Ville de Kigali 139 75,1 46 24,9 185 100,0

Nord 132 81,5 30 18,5 162 100,0

Est 148 68,5 68 31,5 216 100,0

Sud 125 59,8 84 40,2 209 100,0

Ouest 157 75,1 52 24,9 209 100,0

TOTAL 701 71,5 280 28,5 981 100,0

P Value < 0.001

ABSENCE D'ESPT PRESENCE D'ESPT TOTAL

On note une certaine disparité de prévalence de l’ESPT à travers les provinces du pays. En effet, la province du Sud (40.2%) et la province de l’Est (31.5%) montrent une plus grande proportion d’ESPT. Le Nord, lui, montre une plus petite proportion à savoir 18.5 %. Il serait intéressant d’étudier les facteurs qui sont à la base de ces différences qui ne sont pas le fruit du hasard (p value significative).

38 Figure 11 : Distribution (%) des personnes souffrant de l’ESPT selon les

provinces (N=280)

Si on considère la population totale des personnes souffrant de l’ESPT à travers le pays, la distribution géographique se présente tel que la figure ci-dessus le montre.

En effet, la province du Sud draine à elle seule 30 %(N=84, Intervalle de confiance 95%, 24.6% - 35.4%) de la population souffrant du traumatisme à travers l’ensemble de l’échantillon.

Tableau 5 : Répartition de l’ESPT selon le sexe

N % N % N %

Masculin 308 76,4 95 23,6 403 100,0

Feminin 393 68,0 185 32,0 578 100,0

701 71,5 280 28,5 981 100,0

Sexe

ABSENCE PRESENCE

ETAT DE STRESS POSTTRAUMATIQUE

TOTAL

P Value = 0.004 TOTAL

Le tableau précédent indique respectivement une prévalence de l’ESPT au sein de la population masculine et féminine de 23.6 % et 32 % avec une valeur p statistiquement significative.

39 Figure 12 : Distribution des personnes souffrant de l’ESPT selon le sexe (N=280)

Cette figure montre qu’au sein de la population qui a montré le syndrome de l’ESPT selon les critères du DSM IV via l’instrument utilisé est représenté majoritairement par le sexe féminin en raison de 66,1% versus le sexe masculin avec un taux de 33,9%.

Tableau 6 : Répartition du PTSD dans les différentes tranches d’âge

N % N % N %

16 ans - 20 ans 27 84,4 5 15,6 32 100,0

21 ans - 35 ans 379 74,0 133 26,0 512 100,0

> 35 ans 295 67,5 142 32,5 437 100,0

701 71,5 280 28,5 981 100,0

P Value = 0.022

ETAT DE STRESS POSTTRAUMATIQUE

TOTAL

TOTAL

ABSENCE PRESENCE

AGE

Le groupe d’adultes > 35 ans semble plus touché que le reste de l’échantillonnage soit 32.5 %. Il faut noter que le groupe jeune est relativement sous représenté dans l’ensemble de l’échantillon total.

40 Tableau 7 : Répartition de l’ESPT selon le statut marital

N % N % N %

Célibataire 167 78,0 47 22,0 214 100,0

Marié 380 75,7 122 24,3 502 100,0

Veuf 77 57,0 58 43,0 135 100,0

Divorcé 25 61,0 16 39,0 41 100,0

Remarié 39 56,5 30 43,5 69 100,0

Autres 13 65,0 7 35,0 20 100,0

701 71,5 280 28,5 981 100,0

P Value < 0.001

TOTAL

STATUS MARITAL

TOTAL

ABSENCE D'ESPT PRESENCE D'ESPT

La prévalence de l’ESPT au sein des différents groupes nous donne une image de l’importance de ce trouble. En effet, la population remariée et veuve compte le plus grand taux de prévalence dans leurs groupes respectifs, soit 43.5 % pour les remariés et 43 % pour les veufs.

Tableau 8 : Répartition de l’ESPT selon le statut d’orphelin

N % N % N %

Orphelin total 250 61,9 154 38,1 404 100,0

Orphelin partiel 244 74,6 83 25,4 327 100,0

Parents vivants 198 82,2 43 17,8 241 100,0

Autre 9 100,0 0,0 0,0 9 100,0

701 71,5 280 28,5 981 100,0

Pvalue=0.000

TOTAL

STATUS D'ORPHELIN

TOTAL

ABSENCE D'ESPT PRESENCE D'ESPT

Le statut d’orphelin, et surtout en fonction de l’âge de survenue de la perte, constitue un facteur déstabilisant, véhiculant une fonction traumatisante. Le contexte de décès des parents détermine le niveau de gravité de la souffrance qui s’ensuit. En effet, l’assassinat d’un parent, et en plus dans le contexte d’un projet de génocide, constitue un facteur traumatogène sévère. Ici, ce tableau indique que les personnes orphelines de deux parents portent un taux de prévalence plus élevé soit un taux de 38.1 % que d’autres groupes.

41 Tableau 9: Répartition de l’ESPT selon le type d’occupation

N % N % N %

Rien 55 76,4 17 23,6 72 100,0

Cultivateur 443 70,0 190 30,0 633 100,0

Etudiant 44 83,0 9 17,0 53 100,0

Salarié 77 77,0 23 23,0 100 100,0

Indépendent 64 72,7 24 27,3 88 100,0

Sans revenus 18 51,4 17 48,6 35 100,0

701 71,5 280 28,5 981 100,0

P Value = 0.019

ABSENCE D'ESPT PRESENCE D'ESPT TOTAL

OCCUPATION

TOTAL

Le statut socio-économique est l’un des facteurs importants pouvant influencer d’une façon ou d’une autre les facteurs d’adaptation d’un individu. A la lumière de ce tableau, nous trouvons que la classe des « sans revenus » est la classe la plus affectée parmi les autres avec un taux de 48.6 % (N= 35, Intervalle de confiance 95%, 32.0 % - 65.1 %) de personnes souffrant d’ESPT. De l’autre côté, nous trouvons que la classe des « étudiant » est la classe la moins souffrante avec un taux de 17 % (N=53, Intervalle de confiance 95%, 16.9% - 27.1%).

42 SYNDROMES HORS CRITERES DSM IV

Dans divers contextes cliniques, au cours de nos consultations, nous avons l’habitude de rencontrer les patients qui ont dû faire face à des événements traumatiques hors du commun et qui doivent négocier péniblement avec les symptômes intrusifs de reviviscence de scènes traumatiques. Sur le plan clinique, nous les soignons comme des personnes vivant sous le poids du trauma et qui pourtant ne répondent pas à la totalité des critères DSM IV. La question qui subsiste est de savoir, au regard du DSM IV, quel diagnostic mettre dans ce genre de situation ! Cette étude présente ce genre de questions dans la mesure où un nombre de cas n’a pas été reconnu comme ESPT, mais pourtant présente une problématique traumatique. En voici quelques illustrations.

Les quelques figures qui vont suivre font référence aux critères diagnostiques représentés par les lettres mentionnées dans le tableau suivant.

Tableau 10: Les critères diagnostiques de l’ESPT

A Evénement traumatique

B Symptômes intrusifs de reviviscences C Stratégies d'évitement

D Symptômes neurovégetatifs

E Symptomatologie(B,C,D) d'au moins d'un mois F Interférence avec le quotidien

CRITERES DIAGNOSTIQUES

43 Figure 13: Le syndrome traumatique hors des critères DSM IV de l’ESPT

La figure qui précède fait état de divers cas de figures pouvant être qualifiés de syndrome incomplet. ABCEF, ABDEF sont des personnes qui furent exposées à un événement traumatique (critère A), qui présente des reviviscences (critère B), dont la symptomatologie dure un mois ou plus mais remplissant seulement les critères d’évitement (critère C) ou des critères d’hyperactivité neurovégétative (critère D).

Nous trouvons qu’ils occupent une proportion relativement importante de 9% dans notre population générale.

Les troubles conversifs dans le contexte traumatique

Figure 14: Aphonie

Environ 0.8% de symptômes conversifs d’aphonie, s’inscrivant dans le contexte traumatique par exposition aux événements traumatiques (critère A), et qui

44 présentent en plus les symptômes intrusifs et de reviviscences (critère B), ont été notés. Le diagnostic d’ESPT n’a pas été retenu. La question à discuter est de savoir quel diagnostic nous allons poser.

Figure 15: Perte de Connaissance

Cette figure montre une proportion non négligeable de personnes qui ont été exposées à un événement traumatique hors du commun (critère A) et qui présentent également des symptômes intrusifs et de reviviscences avec en plus une perte de connaissance à 0.7 %. Les mêmes difficultés se posent : comme ils ne peuvent pas être retenus comme souffrant de l’ESPT, quel diagnostic allons-nous poser ?

45 ETAT DEPRESSIF MAJEUR

Figure 16 : Prévalence de la dépression dans la population

79,5%

20,5%

Non EDM ACTUEL EDM ACTUEL

Dans des contextes de pertes brutales, perte de vies humaines en l’occurrence et de nos liens d’attachement, la dépression est souvent une réponse au sentiment d’être démuni et d’être incapable de mobiliser les stratégies pour faire face. Tout comme le traumatisme psychique, la dépression semble occuper une place importante au sein de la population rwandaise. En effet, 20.5 % (N=201 Intervalle de confiance 95%, 18.0% - 23.0 %) de l’ensemble de notre population, ont répondu aux critères de l’Etat dépressif majeur actuel.

46 Tableau 11 : La prévalence de l’EDMA au sein de différentes catégories de notre population

Nous l’avons souligné, la dépression est une réalité pesante au sein de notre population. Le sexe féminin semble en souffrir davantage tel que nous le remarquons à travers ce chiffre de 25.8 %. Les adultes de plus de 35 ans semblent payer le plus grand prix, ils sont affectés à un taux de 24.9 %. Le veuvage constitue un facteur de vulnérabilité incontestable vis-à-vis de la dépression. En effet, la dépression s’impose à hauteur de 40 % au sein de notre population. Il en est de même pour les orphelins de père et de mère, 25.7%, chez qui, en raison de la perte de liens primordiaux, la

Catégories N % %(EDMA) P Value

Masculin 403 41,1 12,9

Ville de Kigali 185 18,9 6,5

Nord 162 16,5 15,4

47 dépression semble constituer une réponse pathologique. La dimension géographique joue-t-elle un quelconque rôle dans la distribution de la dépression ? A en croire ce qui est indiqué dans le présent tableau, on note une différence statistiquement significative au niveau de différentes provinces. En effet, la province du Sud et de l’Ouest indiquent de plus grands taux de dépression, respectivement de 26.7 % et de 28.2 %.

Tableau 12 : ESPT et la Dépression comme trouble comorbide

N % N % N %

ABSENCE 651 92,9 129 46,1 780 79,5 PRESENCE 50 7,1 151 53,9 201 20,5

701 100,0 280 100,0 981 100,0

P Value < 0.001

TOTAL

ABSENCE PRESENCE

EDMA

TOTAL

ETAT DE STRESS POSTTRAUMATIQUE

Il apparaît sur cette figure que les personnes souffrant d’ESPT présentent un risque important de développer une dépression. La présente étude met en évidence 53.9

% de troubles dépressifs parmi la population souffrant d’ESPT. Au regard de l’importance de la dépression au sein de la population souffrant de l’ESPT, il importe de se questionner: l’événement traumatique ne viendrait-il pas déposséder le sujet de ce qui le constitue, de ce qui donne sens à la vie. C’est en fait la perte brutale d’une partie de soi-même, de ses liens, de ses croyances et du sentiment d’appartenance à l’espèce humaine. Dans ce contexte, la dépression s’imposerait, non pas comme un trouble comorbide mais comme une réponse logique, même si pathologique, devant ce genre de perte. Dès lors, on peut se demander si nous ne sommes pas devant une entité nosologique indépendante, faite de symptômes de dépression et de signes psycho traumatiques.

48 ABUS ET DEPENDANCE AUX SUBSTANCES PSYCHOACTIVES

Tableau 13 : La prévalence de la consommation d’alcool et autres drogues dans la population (N=981)

Sur cette figure, nous remarquons que 5,7% de notre population abusent de l’alcool et 3.1 % abusent d’autres drogues que l’alcool, ce qui constitue un risque important pour la santé. Le taux de dépendance à l’alcool et aux autres substances psychoactives est montré sur cette figure et se présente respectivement dans les proportions suivantes : 7.1 % et 4.8 %. Le tableau suivant montre les appellations locales de substances signalées localement comme « autres drogues ».

Tableau 14 : Aperçu des drogues signalées

NOMS APPELATIONS LOCALES

Ganja, Denja,

Itabi ryo ku mugongo w'ingona Itabi

Igoma Igikamba

Anxiolytiques Ibinini 23,1

Drogues licites 61,5

AUTRES DROGUES

Chanvre

%

15,4

Le type de substances psychoactives, autres que l’alcool, que les personnes de notre échantillon ont signalé se classe en trois groupes à savoir : le chanvre(THC), les drogues licites (différentes gammes de tabac) et les anxiolytiques tels que repris dans le tableau ci-précédent. Il faut noter ici qu’aucune drogue dure n’a été signalée par les personnes de notre échantillon.

49 Tableau 15 : Abus et Dépendance à l’Alcool

N % % P % P

Masculin 403 41,1 10,7 13,6

Féminin 578 58,9 2,2 2,6

16 - 20 ans 32 3,3 3,1 3,1

21 - 35 ans 512 52,2 5,9 5,9

> 35 ans 437 44,5 5,7 5,7

< 0,001

0,811

DEPENDANCE - OH

< 0,001

0,811 ABUS - OH

Sexe

Tranche d'age

A l’image de ce qu’on rencontre à travers diverses sociétés, les hommes sont plus exposés aux risques d’abuser (ABUS-OH) et de dépendre (DEPENDANCE - OH) de l’alcool avec les conséquences socio-familiales et de santé que l’on peut imaginer.

En effet, comme ce tableau le montre, les hommes abusent de l’alcool dans 10.7%

des cas ou dépendent de l’alcool dans 13.6 % des cas. La population se situant entre 21 et 35 ans semble être plus touchée avec un taux de 5.9 %.

Tableau 16 : Abus et Dépendance aux autres drogues

N % % P Value % P Value

Masculin 403 41,1 5,5 8,4

Feminin 578 58,9 3,0 2,2

16 - 20 ans 32 3,3 0,0 3,1

21 - 35 ans 512 52,2 3,3 3,9

> 35 ans 437 44,5 3,0 5,9

0,566 0,307

ABUS - AD DEPENDANCE - AD

0,002 0,001

Sexe

Tranche d'age

Même s’il faudrait une étude plus spécifique à la problématique de la toxicodépendance au sein de notre société, ce tableau donne quelques indications.

On remarque notamment que les hommes sont plus exposés avec un taux de prévalence de 8.4% alors que les femmes affichent un taux de 2.2 %. La distribution

50 à travers les tranches d’âge ne met pas en évidence de différence statistiquement significative aux problèmes de drogue dans notre population.

Tableau 17: ESPT et alcool, autres drogues comme comorbidités

N % N % N %

ABUS D'ALCOOL ACTUEL 56 5,7 33 4,7 23 8,2 0,033

DEPENDANCE ALCOOLIQUE 70 7,1 42 6,0 28 10,0 0,028

ABUS AUTRE DROGUE 30 3,1 15 2,1 15 5,4 0,004

DEPENDANCE AUTRE DROGUE 47 4,8 25 3,6 22 7,9 0,008

981 100,0 701 100,0 280 100,0 ESPT Non ESPT

P Value Alcool

Autres drogues

L’ESPT induit un certain degré d’anxiété et de tristesse. Une partie des personnes qui souffrent de l’ESPT recourent à l’alcool ou aux autres substances psychoactives comme stratégie auto-médicatoire afin de se soulager. Ainsi, on note que les personnes souffrant d’ESPT font plus recours à l’alcool et aux autres drogues que la population générale. Au moment où nous notons une prévalence de dépendance à l’alcool de 7.1 % dans la population générale, ce taux remonte à 10.00% dans la population souffrant de l’ESPT.

51 TROUBLES SOMATOFORMES

Tableau 18: Autres comorbidités à l’ESPT

N % N % N %

Céphalées 57 28,8 141 71,2 198 70,7 0,005

Perte de Connaissance 12 44,4 15 55,6 27 9,6 0,225

Hoquet 35 27,8 91 72,2 126 45,0 0,049

Aphonie 18 48,6 19 51,4 37 13,2 0,042

Masculin Féminin Total = 280

P value

Souvent dans le contexte du Rwanda, les troubles somatoformes et particulièrement les céphalées constituent un mode d’entrée en consultation pour les personnes traumatisées. En clinique, ces céphalées sont décrites de multiples façons et sont

Souvent dans le contexte du Rwanda, les troubles somatoformes et particulièrement les céphalées constituent un mode d’entrée en consultation pour les personnes traumatisées. En clinique, ces céphalées sont décrites de multiples façons et sont

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