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Acteurs de l insertion en France : potentialités et freins

RESPECT DE LA REGLEMENTATION

•  Parcours durée variable •  Formations qualifiantes mais pas

systématiquement •  Accompagnement de qualité variable (Solutions locales liées à la durée du chantier) L INSERTION COMME « METIER »

•  Parcours accompagné de formation et de développement (24 mois max.) •  Reporting

•  Sorties positives et employabilité comme objectifs Entreprises d Insertion Conventionnées (E.I.) UREI DIRECCTE Conventionnement Pôle Emploi Candidats A N R U Entreprises classiques du BTP Obligation d embauche de personnes en insertion Entreprises Travail Temporaire d Insertion (E.T.T.I.) Embauche directe Mise à disposition (AI, GEIQ) MARCHES PUBLICS Clauses d insertion Sous-traitance •  Représentation •  Information © Manfred Mack

recrutement de personnes socialement exclues. Les organismes publics entretiennent principalement avec les entreprises d’insertion, comme ARES, des relations basées sur le respect des règles dans l’attribution ou pas d’aides publiques.

ARES se distingue des autres entreprises d’insertion dans sa volonté d’importer des outils traditionnels de management (KPI’s, tableaux de bord et systèmes d’information). De plus, sa taille (plus de 300 salariés permanents et insérés) permet d’étudier à une plus grande échelle cette managérialisation du secteur de l’entreprenariat social. Les entreprises traditionnelles, en France, comptent un peu plus d’une dizaine de salariés environ. Enfin, ARES se distingue du secteur de l’IAE à travers un nombre significatif d’entités juridiques indépendantes.

A partir de Mai 2011, j’ai débuté ma participation observante chez Ares. Suivant les recommandations de Miles et Huberman (1994), la collecte de données doit s’opérer suivant deux phases principales. Une première exploratoire (différente de la partie précédente, c’est la raison pour laquelle les deux phases précédentes correspondraient davantage à des phases pré-exploratoires), ponctuée ensuite par une pause significative (Sandberg & Tsoukas, 2011). Une deuxième phase confirmatoire permet un retour sur le terrain de recherche, pour compléter la collecte de données ou la repositionner. En effet, il n’est pas évident, dès la première phase de terrain, d’avoir le recul nécessaire pour collecter les données les plus intéressantes. Cela s’apparente aux “temporal breakdown” (Sandberg & tsoukas, 2011). Toujours pour Miles et Huberman (1994), le plus dur n’est pas d’accumuler des informations, mais de réduire la masse de mots. En effet, seulement cinq à dix pour cent seulement des données qualitatives sont retenues pour la présentation finale des recherches (Sieber, 1976).

Les notes prises lors de l’observation participante comprennent 84 pages. Elles contiennent des détails sur le travail au quotidien des salariés en insertion, comme la nature des échanges, les difficultés rencontrées avec les managers. Ces notes comprennent aussi des informations sur la mise en place des grilles d’évaluation des compétences techniques étudiées dans la partie empirique. Ces données qualitatives

ont pour objectif de comprendre les dynamiques des différentes catégories d’acteurs, au sein de ARES.

Trois principales sources de collecte de données concernent cette partie

empirique. La première est une observation participante, dans l’objectif de mieux appréhender le travail quotidien des membres de Ares et de pouvoir ressentir les difficultés de ce public et du personnel permanent à gérer ces salariés. La deuxième comprend des entretiens, avec un échantillon représentatif de l’ensemble des catégories des acteurs. La dernière source de données qualitatives concerne les

rapports financiers et sociaux et surtout les grilles d’évaluation de compétences,

qui nous serviront de données principales pour étudier l’outil de mesure de la performance sociale (Feldman & Orlikowski, 2011 ; Sandberg & Tsoukas, 2011). L’étude de la grille d’évaluation (performance sociale) et son évolution sera la donnée qualitative principale de notre méthodologie (Orlikowski, 2000). Les autres données (entretiens, participation observante) permettront de compléter ou de confirmer l’étude de cette grille d’évaluation, de 1991 à 2013.

A partir de l’évolution et des transformations de cette grille, il sera intéressant d’en déduire les transformations organisationnelles et les comportements des catégories d’acteurs. J’ai collecté toutes les grilles d’évaluation de compétences depuis 1995, qui se trouvaient dans les rapports sociaux et financiers, situées dans les archives, au siège social de Ares. Avant 1995, la résolution des problèmes sociaux était informelle et orale. A partir de 1995, une grille rudimentaire des compétences techniques (voir figure 6.) a été mise en place. En 2005, Thibaut Guilluy a repris la direction de Ares. Sous son impulsion, cette grille d’évalution a évolué et a inclus progressivement des outils de contrôle de gestion. Nous étudierons la chronologie de l’évolution de cette grille en un outil de mesure de la performance sociale standardisé. Concernant les périodes de 1991 à 2011, mes entretiens sont principalement rétrospectifs, et ont cette limite d’être moins exhaustifs que les entretiens concernant la période de présence chez Ares. Décrivons en détail le cas de Ares.

Enfin, il est utile d’évoquer l’institutionnalisation de l’entreprenariat social en France. Depuis le début des années 90, la profession de travailleurs sociaux a connu un déclin du nombre de candidats, pour occuper notamment des positions d’éducateurs ou d’assistantes sociales. Le manque de reconnaissance de cette profession et la charge de travail conséquente, avec des ressources peu adaptées, peut être à l’origine d’une diminution du nombre de candidatures pour ces métiers. D’autre part, les formations d’enseignement supérieur connaissent un intérêt croissant pour l’entreprenariat social, ou la managérialisation du secteur social. Peu d’études concernent les motivations des étudiants de ces institutions d’enseignement supérieur à s’orienter progressivement vers des métiers dans ce secteur social. Un manque croissant de sens de la part des entreprises traditionnelles peut être à l’origine de cet intérêt pour ces étudiants d’écoles supérieures de commerce, notamment. Entreprenariat social, d’une part, et travail social, d’autre part, se côtoient régulièrement, depuis le début des années 2000.