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Elle apparaît uniquement chez quelques souches d’une espèce ou d’un genre bactérien initialement sensible. Elle peut résulter :

▪ D’une mutation chromosomique (10 à 20 % des cas) :

Il s’agit d’une variation spontanée indépendante des antibiotiques. Elle est rare, stable et ne s’exprime normalement pas en clinique car les moyens naturels de défense de l’organisme éliminent les bactéries résistantes isolées. Spécifique d’une seule famille d’antibiotiques, elle s’exprime par la modification de la structure bactérienne, de la perméabilité ou d’activités régulatrices.

Elle peut être prévenue par l’association de plusieurs antibiotiques puisque la probabilité d’apparition de résistances simultanées est faible ;

▪ De l’acquisition de gènes (80 à 90 % des cas) :

Il s’agit de celle qui est problématique. Elle a lieu à la suite de l’emploi d’antibiotiques par un phénomène de sélection des bactéries résistantes et est à craindre surtout avec ceux à large spectre.

Elle est liée à l’introduction dans la bactérie d’un élément génétique mobile d’origine exogène (plasmide, transposons ou intégrons) codant pour une protéine qui confèrera la résistance en diminuant la concentration intracellulaire de l’antibiotique (par diminution de la perméabilité ou apparition d’un système efflux), en inactivant l’antibiotique, en modifiant la cible ou par by pass (substitution de la cible sensible normalement présente dans la bactérie par une cible insensible).

L’acquisition de plusieurs mécanismes de résistances est fréquent pour un germe et une famille d’antibiotiques donnés, il est également fréquent qu’un germe soit résistant à plusieurs familles d’ATB (par un seul mécanisme ou plusieurs indépendants)

Exemple : modification de la perméabilité de la membrane aux céphalosporines, production de β-lactamases.

CONCLUSION

Le 20ème siècle fût le siècle de la diminution voire de l’éradication d’un grand nombre de maladies infectieuses expliquée notamment par l’amélioration considérable des conditions d’hygiène de vie, et l’apparition des anti-infectieux. Cependant, cette avancée thérapeutique fût suivie de l’émergence d’un phénomène de résistance des micro-organismes touchant toutes les classes d’antibiotiques employées actuellement.

En conséquence, de nouvelles stratégies de lutte contre ce phénomène sont à l’épreuve telles que la modification des antibiotiques actuellement utilisés, l’administration d’inhibiteurs d’enzymes bactériennes, ou la phagothérapie.

Cependant, la limitation de l’extension de l’antibiorésistance passe avant tout par le respect des règles d’utilisation telles que l’utilisation d’ATB à spectre étroit à la bonne dose et à la bonne durée lorsque la bactérie est connue, l’antibioprophylaxie de courte durée, la limitation des traitements locaux et oraux quand la voie parentérale peut être nécessaire, l’association de plusieurs antibiotiques (risque cependant de multiplication des effets secondaires et des contre-indications liés aux ATB utilisés) ou l’hygiène.

Le pharmacien, au comptoir participe également à ce travail par la promotion de la prévention des pathologies infectieuses, l’optimisation du bon usage et de l’observance du traitement antibiotique

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lorsqu’il a lieu, l’information du patient des éventuels effets secondaires et par la collecte via la filière Cyclamed des médicaments non utilisés dans le but d’éviter un mésusage ultérieur (automédication, accidentel…) et de protéger l’environnement.

Des alternatives naturelles peuvent également être utilisées et sont à l’origine de nombreuses études, l’une des principales consistant en l’utilisation des HE issues des plantes aromatiques soit seules en prévention ou en traitement d’infections ou alors associées aux anti-infectieux allopathiques afin d’augmenter leur activité, diminuer les résistances ou diminuer leurs effets secondaires.

Dans cette démarche de lutte contre l’antibiorésistance, plusieurs plans ministériels ont été menés depuis 2001. L’actuel plan ÉcoAntibio 2017-2021 vise à la réduction de ce phénomène en travaillant sur quatre axes :

▪ Le développement des mesures de prévention des maladies infectieuses et l’accès favorisé aux alternatives aux antibiotiques ;

▪ La communication et la formation sur les enjeux et les moyens de maitrise des maladies infectieuses ;

▪ La mise à disposition d’outils, notamment d’aide à la prescription ;

▪ L’assurance du respect des règles de bon usage au niveau national et leur extension au niveau international.

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PARTIE 2 : A LA DECOUVERTE DES HUILES ESSENTIELLES

I.

HISTORIQUE

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Sans conteste, depuis l’origine de l’Homme, par-delà toutes les civilisations, les plantes et plus particulièrement les plantes aromatiques tiennent une place considérable dans divers domaines du quotidien.

On distingue quatre grandes époques de l’aromathérapie, qui se superposent plus ou moins, durant lesquelles les HE sont utilisées à des fins thérapeutiques mais aussi domestiques, alimentaires, rituelles, et cosmétiques.

La première est celle où les plantes aromatiques étaient utilisées entières, soit directement dans l’alimentation, soit sous forme de cataplasmes, macérations, infusions ou décoctions.

Un exemple représentatif est celui des Aborigènes d’Australie qui, il y a 40000 ans utilisaient aisément les feuilles préalablement écrasées de l’Arbre à thé sur des plaies infectées afin de les soigner. Dans la deuxième, apparaît la notion d’activité liée à la substance odorante. Les plantes aromatiques y sont brulées, mises à infuser ou à macérer dans une huile végétale.

On les utilise à des fins religieuses ou pour conjurer les épidémies. C’est le cas par exemple en Mésopotamie où il y a 4000 ans avant notre ère, le Kyphi, encens composé d’un mélange de 60 plantes était brûlé dans les habitations pour les désinfecter et devant des autels lors de rituels sacrés.

C’est lors de la troisième époque que l’on a cherché à extraire cette substance odorante, par des procédés d’extraction qui aboutiront à la création et au développement de la distillation, ainsi qu’à l’apparition de leurs produits : les huiles essentielles. Des alambics primitifs datés de 5000 ans avant notre ère furent d’ailleurs retrouvés en Inde et en Chine.

Au départ, en Chine les plantes aromatiques étaient infusées dans le but d’extraire la substance odorante tandis qu’en Egypte, grâce à l’importation importante de matières premières d’Ethiopie et d’Extrême Orient, les techniques d’extraction par macération, enfleurage et même distillation primitive étaient courantes. Les produits de ces dernières étaient mis à profit dans le procédé d’embaumement des morts qui consistait en une imprégnation complète des tissus du défunt avec certaines « huiles essentielles » comme la cannelle, la myrrhe, le cèdre qui leur garantissait une conservation quasi-éternelle.

Ensuite, ce sont les Perses qui par leurs recherches furent probablement les inventeurs de la technique de distillation proprement dite vers -1000 av. JC, améliorée par les arabes en – 100 av. JC.

Plus tard encore, vers l’an 1000, avec l’invention de la cornue réfrigérante, le médecin Arabe Ibn Sina (Avicenne) qui s’était appuyé sur les enseignements Perses fût à l’origine de la première huile essentielle à être distillée dans un alambic par entraînement à la vapeur d’eau (HE de Rosa centifolia). Au fil des années, les travaux de recherches étendirent de plus en plus l’éventail des connaissances sur les plantes et leurs HE, celles-ci furent d’ailleurs assemblées par l’Ecole de Salerne au XIe siècle dans l’œuvre « Regimen sanitatis salernitatum ».

Au Moyen-âge l’aromathérapie devint alors la science médicale de référence en Occident (les apothicaires se nommant d’ailleurs « aromaterii » à cette époque) avec une utilisation des HE à des fins thérapeutiques de plus en plus précises.

Puis, avec la naissance de la civilisation industrielle et l’essor de la chimie de synthèse, la médecine par les HE tomba un temps dans l’oubli.

Enfin, c’est le « Renouveau » qui signa l’apparition de la quatrième et actuelle époque. En effet, depuis 1887, de nombreux travaux de recherche furent réalisés par des médecins, pharmaciens, et chimistes de grands noms.

Parmi eux, CHAMBERLAND démontra scientifiquement le pouvoir antiseptique des HE d’origans, thyms et cannelles, confirmé ensuite à de nombreuses reprises par d’autres chercheurs. Le chimiste

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Français René GATTEFOSSÉ créa le mot « Aromathérapie » en 1928 et l’utilisa comme titre de son ouvrage en 1937 dans lequel il décrit les relations structures/activités et les propriétés des molécules aromatiques.

Malgré ces découvertes, le succès fulgurant des débuts de l’antibiothérapie transféra la médecine par les HE au second plan, jusqu’au début des années soixante où le Docteur Jean VALNET amorça un mouvement de renaissance du courant français en poursuivant les travaux de GATTEFOSSÉ. Il relança ainsi l’intérêt du public et de médecins, notamment avec son ouvrage Aromathérapie, traitement des maladies par les huiles essentielles et en fondant ensuite la « Société Française de Phytothérapie et d’Aromathérapie ». Puis les Docteurs P. BELAICHE, C. DURAFFOURD et J-C. LAPRAZ entre autres approfondirent ces recherches, en particulier celles concernant les activités anti-infectieuses des HE. C’est ensuite à partir des années 70 que fût développée par P. FRANCHOMME et ses collaborateurs l’aromathérapie scientifique avec la notion de chimiotype, capitale dans la détermination des propriétés d’une HE.

Aujourd’hui, d’autres scientifiques tels que D. BAUDOUX, P. MAILHEBIAU, et A. ZHIRI continuent le travail de recherche commencé…

II.

DEFINITIONS

AROMATHERAPIE

(19)(23)

D’un point de vue étymologique, le terme aromathérapie provient du grec aroma qui signifie odeur et de therapia, soins. Elle est ainsi définie comme une thérapeutique utilisant les huiles essentielles, les essences ainsi que les hydrolats extraits des parties aromatiques de plantes médicinales.

Notons que seules les plantes contenant des essences naturelles volatiles, résineuses ou incluses dans des gommes peuvent être qualifiées d’aromatiques et fournir les substrats nécessaires à la pratique de l’aromathérapie.

Depuis le XXème siècle, une grande avancée a lieu grâce aux méthodes d’analyses modernes (ex : chromatographie phase gazeuse, spectrométrie de masse). En effet, grâce à l’étude de la composition moléculaire des HE, il devient possible de supposer de l’effet thérapeutique de celles-ci et par conséquent d’orienter les études pharmacologiques (effet à confirmer par des études cliniques puisque comme nous l’aborderons plus loin, la chimie à elle seule ne permet pas toujours de définir l’action d’une HE puisque celle-ci agit sur l’organisme en entier par plusieurs modes d’action).

On parle dès lors d’aromathérapie scientifique et médicale que l’on peut définir ainsi :

« Utilisation d’HE chémotypées et d’essences de plantes aromatiques par voies d’administration orale, buccale, respiratoire, olfactive, atmosphérique, cutanée, rectale, vaginale, otique et nasale afin d’assurer un complément de soin ou un soin préventif ou un soin curatif d’un large panel d’affections diverses chez l’Homme, l’animal et le végétal tant au niveau de la destruction des foyers infectieux pathogènes que de la gestion d’un grand nombre de troubles symptomatiques caractéristiques de ladite infection » (23)

ESSENCE

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L’essence est une substance aromatique naturelle élaborée et sécrétée par la plante au niveau d’organes producteurs spécifiques (cellules épidermiques, poils sécréteurs, poches, canaux glandulaires).

A la différence d’une huile essentielle, elle n’est pas le produit d’une distillation. Le terme essence désigne donc la substance aromatique telle qu’elle est synthétisée par la plante sans strictement aucune modification biochimique. Sa composition varie en fonction de la partie productrice de la plante considérée.

En aromathérapie, les essences proviennent seulement des zestes de fruits du genre Citrus (ex : Citron, Pamplemousse, Orange…) car elles sont les seules à pouvoir être extraites par expression à froid de l’épicarpe des agrumes sans modification de leur composition biochimique.

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