E. Les représentations selon le modèle de J-C. Abric
2. Les représentations des patients
a) LES CROYANCES
(1) Dialogue 1 (cf. Annexe 8)
Patient : « Cela me perturbe d’avoir du cholestérol alors que je n’en fais pas.
Est-ce que c’est la période sucrée qui fait ça ? Ou bien la période où j’avais acheté
des Taillefine® ?
La représentation du patient dans cet exemple est que l’origine de son taux
élevé de cholestérol serait due à un excès de sucre provenant de son alimentation.
(a) Noyau central
Le noyau central de cette croyance est qu’une dyslipidémie a pour origine une
alimentation sucrée. Dans l’esprit du patient, cet élément est déterminant.
(b) Eléments périphériques
Les éléments périphériques sont « la période sucrée », soit une période de
l’année durant laquelle le patient à tendance à consommer davantage d’aliments
sucrés, et les yaourts Taillefine®. Peu importe la période et/ou le type de yaourts ou
de desserts, ces éléments ne modifient en rien le noyau central de la représentation
du patient, selon lequel la dyslipidémie est liée à une alimentation sucrée.
(2) Dialogue 2 (cf. Annexe 5)
Patient : « Plus je fais attention, plus je fais du vélo et plus je marche, plus j’ai
tendance à ballonner. »
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La croyance du patient est que le fait d’adopter une bonne hygiène de vie
provoque un « ballonnement ». Il est difficile de savoir si par « ballonner » il veut dire
qu’il prend du poids ou bien qu’il a un météorisme abdominal.
(a) Noyau central
Le noyau central de cette croyance est le lien entre une bonne santé et la
pratique d’une activité physique. En effet, en pratiquant un effort physique et en
« faisant attention », le patient s’attend à être en bonne santé.
(b) Eléments périphériques
Les éléments périphériques de cette représentation sont le « ballonnement »
et le sentiment d’échec ressenti par le patient. En effet, ce dernier exprime que
malgré les efforts fournis, il n’est pas en bonne santé, puisqu’il « ballonne ».
b) LES PREJUGES
(1) Dialogue 1 (cf. Annexe 9)
Médecin : « Si déjà pendant trois mois vous mangez correctement, vous allez
perdre 15 kg et vous n’aurez plus de cholestérol. On essaye. »
Patient : « Pas matin, midi et soir ? »
Médecin : « Non ! Je propose qu’on parte de ce que vous faites et après on
voit ensemble comment on peut remplacer. Il faut que vous pensiez protides et fibres
à chaque repas. Ce sont les protides qui donnent la satiété. »
Patient : « Il y a aussi là dedans, vous allez me dire que ce n’est pas vrai, une
question de moyens. »
Médecin : « Si, c’est un peu vrai. C’est moins cher d’acheter du pain que
d’acheter de la viande. »
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Le patient a plusieurs préjugés. Pour commencer, il semble persuadé qu’il va
échouer dans sa tentative de perte de poids. Le second préjugé, est la conviction
qu’avant même d’avoir discuté avec le médecin du versant économique lié à
l’alimentation, celui-ci remettra certainement cet aspect en cause.
(a) Noyau central
Le noyau central de la représentation du patient est le doute qu’il exprime
envers la possibilité de réussite d’une perte de poids. En effet, avant même d’avoir
tenté de mettre en œuvre les conseils du médecin, il se met en échec.
(b) Eléments périphériques
Les éléments périphériques sont d’une part la contrainte liée à la mise en
œuvre et au maintien des conseils nutritionnels « Pas matin, midi et soir ? » et le
coût de l’alimentation que le patient évoque comme frein à un processus
d’amaigrissement.
c) LES STEREOTYPES
(1) Dialogue 1 (cf. Annexe 10)
Patient d’origine asiatique: « La diététique française est l’une des meilleures je
crois. »
Le patient a comme préjugé que la diététique française est l’une des
meilleures.
(a) Noyau central
Dans cet exemple, le noyau central est que selon le patient, la diététique
française est l’une des meilleures. Nous ne pouvons toutefois pas identifier si par
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« diététique » il entend la cuisine française et si par « l’une des meilleures » il veut
parler du plaisir gustatif ou bien d’un lien avec la santé.
(b) Eléments périphériques
Dans ce cas précis, les éléments périphériques ne sont pas clairement
identifiables.
(2) Dialogue 2 (cf. Annexe 11)
Patient : « Je m’affame volontairement et j’aime beaucoup ça. Là je me trouve
trop grosse. »…« J’ai un problème avec mon corps. Au niveau du ventre j’ai la peau
vachement détendue, donc ça me…voilà. »
Médecin : « A cause de la césarienne ? »
Patient : « Oui, du coup j’ai un peu peur du cliché de la mère de famille
célibataire et j’ai vraiment envie de me plaire et de plaire. Du coup je fais super gaffe
à ce que je mange… »
Le stéréotype exprimé par cette patiente est celui de « la mère de famille
célibataire » qui, selon elle, renvoie l’image d’une femme au corps déformé par une
grossesse antérieure, et peu séduisante.
(a) Noyau central
Le noyau central est le fait qu’une mère de famille, grosse de par la
modification de son corps suite à une grossesse, serait peu séduisante.
(b) Eléments périphériques
L’élément périphérique pourrait être le statut de célibataire. En effet, dans
l’esprit de cette femme, le célibat n’est qu’une conséquence de son physique
disgracieux. Cet élément ne fait que renforcer l’image peu séduisante qu’elle a
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même, mais ne change pas le fait que le point de départ est l’aspect de son ventre
depuis qu’elle a subi une césarienne.
Nous pouvons également identifier une zone muette « donc ça me…voilà ».
(3) Dialogue 3 (cf. Annexe 12)
Médecin : « Et alors petite fille, ado, vous étiez comment ? »
Patient : « Petite fille, mince. J’ai eu une période à l’adolescence où j’étais un
peu ronde, on va dire 5-6kg de plus que ma taille. »
Médecin : « C’est un peu rond. »
Patient : « Oui, j’ai toujours été un peu ronde quand même. Et puis je suis
d’origine allemande en plus, donc je ne peux pas être non plus trop trop mince. »
Ici, le stéréotype exprimé est celui que les femmes d’origine allemande
seraient plus « charpentées ».
(a) Noyau central
Dans cette représentation, le noyau central est le lien entre un surpoids et
l’origine allemande d’un individu.
(b) Eléments périphériques
L’élément périphérique est l’hypothèse d’une origine génétique à son
surpoids. Le fait qu’elle soit en surpoids depuis l’adolescence ne semble pas modifier
le modèle de la femme allemande « charpentée » auquel elle s’identifie.
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Dans le document
DOCTORAT EN MEDECINE
(Page 69-74)