E. Les représentations selon le modèle de J-C. Abric
1. Les représentations des médecins généralistes
a) LES CROYANCES
(1) Dialogue 1 (cf. Annexe 3)
Médecin : « Il faut boire au moins un litre par jour, minimum ! Plus la bouche
est sèche, plus la muqueuse est irritée et reçoit des microbes ou des irritations. »
Dans cet exemple, le médecin a une croyance sur le fait qu’il faut boire au
moins un litre d’eau par jour et que le manque d’hydratation provoque une irritation
de la bouche qui devient alors le lieu du développement d’infections.
(a) Noyau central
Le noyau central de cette représentation semble être la conviction qu’il faille
boire au moins un litre d’eau par jour. Cet élément est fondamental car il va
déterminer l’organisation de la représentation.
(b) Eléments périphériques
Les éléments périphériques sont les suivants : une hydratation insuffisante
provoque une sécheresse buccale, une bouche sèche irrite la muqueuse et une
muqueuse sèche est le lit d’infections. Ces éléments peuvent être considérés comme
périphériques, car ils gravitent autour du noyau central, c’est-à-dire, autour du fait
qu’il faille boire au moins un litre d’eau par jour. Ils peuvent varier, mais n’affecteront
jamais ce noyau.
(2) Dialogue 2 (cf. Annexe 4)
Médecin :« Votre tension artérielle est à 105/60 mmHg. Ce n’est pas énorme,
donc c’est sûr, il faut bien boire. »
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Ici, la croyance du médecin repose sur le fait qu’une tension artérielle basse
serait liée principalement à une consommation insuffisante d’eau, et ceci en dehors
de tout contexte de déshydratation (dans le cas présent).
(a) Noyau central
Le noyau central de cette représentation est le lien de causalité entre une
faible consommation d’eau et une tension artérielle basse.
(b) Eléments périphériques
L’élément périphérique n’est pas facilement identifiable dans cette
représentation. En effet, pour le médecin, il semble que le chiffre tensionnel bas ne
puisse avoir pour unique origine que le manque d’hydratation orale. Il n’évoque
aucune autre hypothèse. Or s’il avait formulé d’autres causes possibles, celles-ci
auraient pu être considérées comme des éléments périphériques.
b) LES PREJUGES
(1) Dialogue 1 (cf. Annexe 5)
Médecin : « Le Coca® c’est de la cochonnerie ! »
Le préjugé exprimé par le médecin est que le Coca® est mauvais pour la
santé.
(a) Noyau central
Le fait que le Coca® soit mauvais pour la santé représente le noyau central de
ce préjugé. Il s’agit de l’élément autour duquel est organisée la représentation du
médecin.
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(b) Eléments périphériques
L’élément périphérique semble être les sodas en général. En effet, si pour le
médecin le Coca® est « une cochonnerie », il n’est pas certain qu’il ait la même
représentation de tous les sodas.
(2) Dialogue 2 (cf. Annexe 5)
Médecin : « Buvez-vous suffisamment quand vous faites du vélo ? »
Patient : « Je bois de l’eau. »
Médecin : « Pas de la bière ? »
Dans cet exemple, le médecin a comme préjugé que son patient
consommerait de l’alcool lors de la pratique du vélo, voire peut-être même de
manière plus régulière.
(a) Noyau central
Le noyau central de cette représentation est que selon le médecin, lors de la
pratique d’une activité physique, il est nécessaire de s’hydrater suffisamment. Il se
base ici sur des données factuelles de la science.
(b) Eléments périphériques
L’élément périphérique est représenté par l’alcool. En effet, s’il est important
de s’hydrater lors de la pratique du sport, il ne s’agit pas de le faire en buvant aussi
de l’alcool. Le type de boisson consommé, ici le préjugé que le patient puisse boire
de la bière, constitue l’élément périphérique puisqu’il ne change en rien le noyau
central.
Dans ce dialogue, nous pouvons aussi poser l’hypothèse que l’alcool est le noyau
central de la représentation autour de ce patient. Dans ce cas, pour le médecin, le
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fait que le patient consomme de l’alcool représente une certitude qui est à l’origine
du préjugé.
(3) Dialogue 3 (cf. Annexe 6)
Médecin : « Est-ce que vous faites attention à ce que vous mangez ? «
Patient : « Oui, oui, oui ! »
Médecin : « Et alors maintenant, c’est pareil ? »
Patient : « Non, je ne sais pas, voilà les résultats de l’hémoglobine glyquée ! »
Médecin : « C’est un petit peu mieux que l’autre fois. »…
…Médecin : « Qu’est-ce que vous avez mangé hier soir ? Ne trichez pas ! »
Le préjugé du médecin à l’encontre du patient réside dans le fait que, selon
lui, ce dernier risque de lui cacher ses apports alimentaires réels.
(a) Noyau central
Le noyau central de ce préjugé est probablement que, pour le praticien, les
patients diabétiques ont tendance à « tricher » sur leurs apports alimentaires.
(b) Eléments périphériques
L’élément périphérique est ici le résultat du dosage de l’hémoglobine glyquée.
Pour le médecin, peu importe son chiffre : bon ou mauvais, cet élément ne modifie
en rien son préjugé sur le fait que son patient tricherait sur ses apports alimentaires.
De manière plus précise, nous pouvons même qualifier le résultat de l’hémoglobine
glyquée comme élément de contraste. En effet, le médecin occulte la valeur objective
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Non seulement l’élément de contraste ne met pas en cause le noyau central, mais il
le renforce.
c) LES STEREOTYPES
(1) Dialogue 1 (cf. Annexe 7)
Patient : « A la maison je fais tout (la cuisine). C’est vrai que je ne vais pas
manger de grosses quantités, mais je grignote beaucoup. »
Médecin : « C’est un peu normal, quand on fait la cuisine, c’est difficile. »
Ici, le stéréotype du médecin est qu’une femme au foyer qui cuisine grignote
en même temps, c’est « un peu normal ».
(a) Noyau central
Dans cette représentation, le noyau central est le lien entre la femme au foyer
qui cuisine et le grignotage.
(b) Eléments périphériques
Aucun élément périphérique n’est identifiable dans cet exemple. Si le praticien
avait émis d’autres hypothèses quant à l’origine du grignotage, celles-ci aurait pu être
considérées comme éléments périphériques.
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Dans le document
DOCTORAT EN MEDECINE
(Page 64-69)