Tout autant que les données factuelles, notre étude porte sur l’observation de
consultations de médecine générale. Etudier croyances, préjugés et stéréotypes en
consultation dans les échanges entre patients et praticiens, c’est s’intéresser de
manière plus générale à la notion de représentations sociales de ces individus. Cela
nécessite au préalable de préciser le concept clé de représentations sociales et de
décliner les notions de croyances, préjugés et stéréotypes.
1. Notions de représentation sociale
Représenter a pour origine latine « representare », ou rendre présent. Pierre
Mannoni 18 situe les représentations sociales « à l’interface du psychologique et du
sociologique. C’est à elles que nous faisons le plus facilement et le plus
spontanément appel pour nous repérer dans notre environnement. Elles sont
présentes dans la vie mentale quotidienne des individus aussi bien que des groupes
et émaillent tous les grands domaines de la pensée sociale : la mythologie, les
contes et légendes, les discours politiques et religieux, la pensée scientifique, etc.
Les idées justes en relèvent tout autant que les idées fausses.
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Les représentations sociales ont toujours un sujet et un objet : elles sont
toujours la représentation de quelque chose pour quelqu’un. L’important n’est pas de
savoir dans quelle mesure une représentation est vraie ou fausse, ni quel rapport elle
entretient avec la vérité. En effet, une représentation, parce qu’elle est
représentation, est nécessairement « fausse ». Mais en même temps, elle est
« vraie » en ce qu’elle constitue pour le sujet un type de connaissance valide duquel
il peut tirer le principe de ses actes. »
Quant à l’émergence des représentations, elle se joue sur une triple scène :
- Scène 1 : constituée par l’imaginaire individuel où apparaissent les
représentations individuelles (images, vécus, fantasmes).
- Scène 2 : celle de l’imaginaire collectif où apparaissent plus précisément
les représentations sociales (depuis les clichés et préjugés jusqu’aux
contes et aux mythes). La représentation devient sociale dès qu’elle est
partagée par un groupe de sujets.
- Scène 3 : composée de la réalité sociale agie où se manifestent les actions
socialement représentées. Les représentations sociales influencent les
actions du groupe qui les partagent.
Ces trois scènes sont en relation étroite.
Plusieurs auteurs ont apporté leur contribution pour définir la notion même de
représentation sociale. En 1898, Durkheim précise la nature des représentations
collectives. Pour lui, « la vie mentale se présente comme une combinaison de
représentations qui entretiennent entre elles des rapports extrêmement dynamiques
et constituent parfois, comme dans le cas de la religion, des structures complexes
supposant un grand nombre de représentations collectives ».
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En 1961, S. Moscovici porte son analyse sur la spécificité des représentations
dans le monde moderne et souligne leur insertion multiple dans de nombreux
secteurs de la vie sociale. Il montre que « la représentation sociale transforme le
savoir de type scientifique en un savoir de sens commun et réciproquement ». Nous
en trouverons des illustrations dans notre travail de recherche où le savoir
scientifique se confond avec le savoir profane et réciproquement.
En 1989, D. Jodelet considère la représentation sociale comme « une forme
de savoir pratique reliant un sujet à un objet ». Selon lui, « représenter ou se
représenter correspond à un acte de pensée par lequel un sujet se rapporte à un
objet. Celui-ci peut être aussi bien une personne, une chose, un évènement matériel,
psychique ou social, un phénomène naturel, une idée, une théorie, etc. Il peut être
aussi bien réel qu’imaginaire ou mythique, mais il est toujours requis. Il n’y a pas de
représentation sans objet ». La représentation sociale « est une forme de
connaissance, socialement élaborée et partagée, ayant une visée pratique et
concourant à la construction d’une réalité commune à un ensemble social ». C’est
dire « qu’une représentation sociale est un savoir vulgaire servant à tous les
individus du même groupe qui disposent ainsi d’un stock commun de notions dont le
sens sera clair pour tous. »
Pour Pierre Mannoni, « un grand nombre de notions renvoient de près ou de
loin aux représentations sociales : une idée, un concept, une image, une figure, un
schème, une définition, etc. En effet, le concept de représentation est impliqué dans
différents champs sémantiques dont il importe de réduire le flou. »
Pour aborder les représentations issues de l’approche nutritionnelle en médecine
générale, nous identifierons à travers les échanges entre patients et praticiens les
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éléments qui entrent dans le domaine des croyances, des préjugés et des
stéréotypes.
a) LES PREJUGES ET LES STEREOTYPES
Selon Pierre Mannoni, « les préjugés et les stéréotypes sont au premier rang
des manifestations de la mentalité collective. Ce sont des produits de la pensée qui
se présentent comme des élaborations groupales qui reflètent, à un moment donné,
le point de vue prévalent dans un groupe relativement à certains sujets. Ils peuvent
concerner aussi bien des faits et situations que des personnes et ont pour vocation
essentielle de produire une sorte « d’image » qui vaut dans tous les cas. Il s’agit d’un
jugement pré-élaboré représentant un facteur commun pour un groupe donné ».
Ainsi, nous pouvons rencontrer « des préjugés et des stéréotypes à l’œuvre dans
des représentations sociales opérant au niveau des exclusions (désignation des
marginaux par exemple), et de la constitution d’attitudes d’acceptation ou de rejet de
l’autre (le racisme par exemple) ». Ceci est particulièrement vrai dans le cas des
patients obèses. « Le danger ne se limite donc pas aux seuls abus de schématisme
ou de caricature, mais également au risque de conduire à des mobilisations
collectives et des conduites qui sont, pour l’essentiel, inspirées par l’irrationalité. »
Toujours d’après Pierre Mannoni, « le préjugé a une sorte de convention
sociale qui intéresse tout particulièrement certaines questions et se présente ainsi
comme une élaboration mentale simple qui vaut pour tous les membres du groupe.
L’adhésion se fait de manière automatique dans l’inconscient où se déploie cette
« image ». En effet, cette idée reçue ayant ses sources cachées dans la conscience
collective et étant cautionnée par le groupe, par l’accord spontané de chacun de ses
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membres, elle acquiert une espèce d’évidence qui s’impose et tient lieu de toute
délibération. Elle bénéficie d’une multitude d’adhésions et profite de l’ancienneté de
son inscription dans le temps, ce qui lui vaut un respect quasi traditionnel.
Typiquement, le préjugé a des traits réducteurs et caricaturaux, dont la valeur
opératoire est d’autant plus efficiente qu’elle joue à un niveau de profondeur
psychosocial qui lui permet de s’imposer facilement ». Voici quelques exemples de
préjugé : « les Italiens parlent avec les mains », « les Français sont sales », « les
obèses sont des goinfres », etc.
Quant aux stéréotypes, pour Pierre Mannoni, « ils se présentent comme des
clichés mentaux stables, peu susceptibles de modification. Il s’agit, là encore, d’une
« image » toute faite, qui n’a de valeur que par rapport à la mentalité collective qui lui
donne naissance. Ils relèvent des idées reçues et sont une sorte de raccourcis de la
pensée qui vont directement à la conclusion admise. Ils peuvent servir dans des
contextes idéologiques (stéréotype du « bon » et du « mauvais » citoyen, stéréotype
des « ennemis de la patrie ou de l’humanité »), pédagogiques (stéréotypes des
« bons » et des « mauvais » élèves, stéréotype du « travailleur ») ou commerciaux
pour la promotion de produits (stéréotypes de la « bonne ménagère », de la « bonne
mère de famille »). Ils participent également aux relations interethniques aboutissant
parfois à des attitudes discriminantes, voire xénophobes ou racistes. »
b) LES CROYANCES
Selon Pierre Mannoni, « l’univers des croyances auxquelles l’homme adhère
est d’une façon générale plongé dans l’irrationnel. En effet, l’homme a tellement
besoin de croire qu’il ne se préoccupe guère des justifications scientifiques et des
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démonstrations rationnelles susceptibles de rendre compte des contenus de ses
croyances. Les temps modernes, en dépit des nombreuses avancées scientifiques et
technologiques, n’en continuent pas moins à véhiculer une masse considérable de
conceptions erronées qui émergent dans l’esprit des gens sous forme de
représentations organisées en croyances qui dirigent la vie de ceux qui y adhèrent. »
Les mécanismes qui servent de support aux croyances sont au nombre de trois. Le
premier est le « fonctionnement binaire de l’esprit humain avec les notions de l’âme,
de l’esprit, de l’ombre, du démon, du dieu. Le deuxième est fondé sur les bienfaits de
la Mère-Nature comme par exemple la guérison par les plantes, la médecine douce.
Enfin, le troisième mécanisme dérive de l’angoisse face à l’avenir qui pousse
l’homme à croire qu’il est possible de prévoir son destin par l’astrologie, la
numérologie, la divination sous toutes ses formes. »
Ainsi, Pierre Mannoni propose une schématisation qui place les
représentations sociales en amont des croyances, des préjugés et stéréotypes, et
pour lesquelles elles jouent un rôle constituant. Selon lui, c’est à travers elles, que
nous pouvons le plus précisément et le plus efficacement appréhender la manière
suivant laquelle chaque société et chaque homme à l’intérieur de cette société
comprennent le monde et la place qu’ils y tiennent.
2. Structure des représentations sociales selon J-C Abric
Pour décrire la structure des représentations sociales, J.-C. Abric et C.
Flament (1989 et 1994) proposent de considérer les représentations comme
composées d’un noyau central autour duquel gravitent des schèmes
périphériques.18,19,20
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Ils élaborent ainsi un modèle que l’on pourrait assimiler à la structure d’un atome :
un noyau constitué d’éléments liés entre eux, peu modifiable, si ce n’est au
prix de fortes interactions extérieures
des éléments périphériques qui gravitent autour du noyau, susceptibles d’être
modifiés par des éléments extérieurs
a) LE NOYAU CENTRAL
Pour J.-C. Abric (1967, 1987, 1994) « toute représentation est organisée
autour d’un noyau central. Ce noyau est l’élément fondamental de la représentation,
car c’est lui qui détermine à la fois la signification et l’organisation de la
représentation ».Il est composé d’un ou de plusieurs éléments non négociables,
stables et cohérents entre eux. Ils jouent un rôle déterminant dans la reconnaissance
de l’objet même de la représentation. Leur absence déstructurerait ou donnerait une
signification radicalement différente à la représentation.
Le noyau central peut ainsi être considéré comme un ensemble d’éléments « durs »
que tout le monde accepte. Prenons l’exemple d’un organe, le rein : le noyau central,
qui est accepté par tous les scientifiques et les médecins en particulier, est qu’il s’agit
de « l’organe de l’urine, l’eau, le filtre de l’organisme ». Pour les profanes, il n’est pas
exclu que les éléments du noyau central soient différents. Nous illustrerons cette
hypothèse par un exemple ultérieurement.
b) LES ELEMENTS PERIPHERIQUES
Les éléments périphériques, quant à eux, gravitent autour du noyau central.
Selon C. Flament, leur rôle est d’assurer « le fonctionnement quasi instantané de la
représentation comme grille de décryptage de la situation : ils indiquent, de façon
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parfois très spécifique, ce qui est normal (et par contraste ce qui ne l’est pas), et
donc, ce qu’il faut faire comprendre, mémoriser. Ces schèmes normaux permettent à
la représentation de fonctionner économiquement, sans qu’il soit besoin, à chaque
instant, d’analyser la situation par rapport au principe organisateur qu’est le noyau
central ».
Les éléments périphériques déforment, changent, mais n’affectent pas le contenu
global et l’orientation générale de la représentation sociale. Ils servent à la fois au
décryptage et font office de tampon entre la réalité extérieure et la représentation
sociale qui constitue la réalité intérieure. Ils permettent dans une certaine mesure
l’adaptation de la représentation à des contextes sociaux variés.
Illustrons cette approche par un exemple : pour un médecin, le rein est un
organe qui renvoi à l’urine, l’eau et le rôle de filtre. Il s’agit des éléments du noyau
central de sa représentation. Son système de représentation entre alors en conflit
avec celui d’un profane (par exemple un patient), pour lequel les éléments du noyau
central renvoient à des éléments de langage autour du rein tels que « tour de rein »,
« chute de rein ». Dans le souci de communiquer de manière efficace avec son
patient, le médecin prend en considération la représentation que le patient a du rein.
Les éléments « chute de rein » et « tour de rein » viennent alors s’ajouter au système
de représentation du médecin : par exemple, « dans certains cas, le patient peut
assimiler une lombalgie à une pathologie d’origine rénale, de par sa situation
anatomique ». Il s’agit alors d’éléments périphériques. Ils ne remettent pas en cause
le noyau central « urine, eau, filtre ».
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c) LA ZONE MUETTE
Les individus expriment-ils vraiment tout ce qu’ils pensent ? Certaines
pensées pourraient être cachées à l’investigateur parce qu’elles risqueraient de nuire
à l’image de celui qui les élabore. C’est ce que J.-C. Abric appelle la zone muette qui
peut être définie comme « un sous-ensemble spécifique de cognitions ou de
croyances qui, tout en étant disponibles, ne sont pas exprimées par les sujets dans
les conditions normales de production et qui, si elles étaient exprimées, pourraient
mettre en cause des valeurs morales ou des normes valorisées par le groupe ».
Cependant, certains éléments du noyau central peuvent se trouver dans la zone
muette et donc échapper à l’investigateur. Ils constituent la face cachée et non
avouable de la représentation.
Prenons cette fois l’exemple d’un échange entre un médecin et un individu A :
- Médecin : « Selon certains collègues, il est inutile de prodiguer des
conseils nutritionnels à des patients obèses, car ils ne les suivent jamais. »
- Individu A : « A votre avis, pourquoi vos collègues pensent-ils cela ? » « En
quoi pensez-vous que ces propos sont fondés ? »
Ici, l’individu A recherche activement la zone muette en questionnant le médecin. En
cherchant une explication possible aux propos de ses collègues, voire en essayant
de les justifier, le médecin va alors dévoiler des éléments de sa propre
représentation des patients obèses, jusqu’ici inavoués.
d) LES ELEMENTS DE CONTRASTE
Les éléments contrastés sont des éléments marginaux qui diffèrent du
système de représentation d’autres individus, sans pour autant êtres inexacts. Il
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s’agit d’éléments qui sont considérés comme importants par un faible nombre
d’individus.
Prenons à nouveau l’exemple du rein : comme nous l’avons vu, le rein représente
pour la plupart des médecins l’organe de « l’urine, l’eau, le filtre ». Pour certains
spécialistes, la représentation du rein peut être différente. Un néphrologue par
exemple peut assimiler le rein au « système rénine-angiotensine », un urologue le
verra plutôt comme un « organe pouvant être en lien avec un obstacle sur les voies
urinaires », etc. Cet élément fait alors partie de la zone contrastée du fait qu’il est
présent dans le système de représentation d’une branche restreinte de médecins.
e) METHODE D’ETUDE DES REPRESENTATIONS
SOCIALES SELON J.-C. ABRIC
Selon J.-C. Abric, « la méthode d’étude des représentations sociales doit
s’articuler en quatre phases :
- recueil du contenu explicite de la représentation,
- recherche de la zone muette,
- recherche de la structure de la représentation et de son noyau central,
- contrôle de la centralité. »
(1) Recueil du contenu explicite de la représentation
Ici, nous avons choisi de procéder à ce recueil par l’analyse de consultations
de médecine générale à partir d’une base de données d’enregistrements vidéo.
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(2) Recherche de la zone muette
La zone muette est rarement identifiable lors d’une simple observation. En
effet, comme nous l’avons vu dans l’exemple ci-dessus, cette recherche passe par
une interaction entre l’enquêteur et la personne interrogée. Il est nécessaire que
l’enquêteur ait un rôle dynamique de manière à « débusquer » les éléments non
exprimés.
Pour connaître alors la représentation effective il convient d’utiliser des techniques
visant à diminuer la pression normative s’exerçant sur l’individu interrogé. La
première technique, dite « de substitution », permet de réduire le niveau d’implication
du sujet en lui demandant de donner l’opinion d’autres personnes (cf. exemple
paragraphe c, la zone muette). La deuxième technique, dite « de décontextualisation
normative », permet de placer le sujet dans un contexte éloigné de son groupe de
référence, ce qui lui permet de s’exprimer plus librement et de réduire le risque de
jugement négatif de la part de son interlocuteur.
(3) Recherche de la structure de la représentation et du
noyau central
Cette recherche se fait par la méthode de « l’évocation hiérarchisée ». Elle
consiste à identifier chez le sujet interrogé, les items qu’il associe au concept étudié.
Ces items sont ensuite hiérarchisés selon la fréquence avec laquelle ils sont cités et
l’importance que lui accorde la personne interrogée. Les items fréquents et
importants déterminent la zone du noyau central. Les items fréquents mais
considérés comme peu importants, constituent les éléments périphériques. Les items
peu fréquents mais considérés comme importants représentent la zone des éléments
contrastés.
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Reprenons l’exemple du rein : dans le système de représentation d’un médecin
généraliste autour de l’organe « rein », différents éléments sont identifiables :
- le noyau central : le rein est l’organe de l’urine, de l’eau et a un rôle de filtre
- les éléments périphériques : en lien avec les représentations des patients
tels que : « une lombalgie est un tour de rein »
- les éléments de contraste : le rein est assimilé au système
rénine-angiotensine (vision plus spécialisée)
Schéma 1 – Structure de la représentation sociale selon J.-C. Abric.
(4) Contrôle de la centralité
Cette étape permet de vérifier que les éléments recueillis préalablement font
bien partie de la zone du noyau central. Pour ce faire, deux techniques ont été
décrites :
- la technique de « la mise en cause » : les éléments centraux étant par
définition non négociables, leur mise en cause va nécessairement
entraîner un processus de réfutation. Les éléments périphériques, eux,
peuvent subir des contradictions comme nous l’avons illustré
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précédemment. Leur mise en cause ne constitue pas une menace pour la
représentation et n’entraînera pas de processus de réfutation.
Prenons l’exemple du rein et des lombalgies (« tour de rein ») : pour un
médecin, le rein renvoie à « l’urine, l’eau, le filtre » qui constituent les
éléments du noyau central. Pour un profane, les éléments du noyau central
sont « urine, lombalgies ». Afin de vérifier que ces éléments font bien
partie du noyau central de la représentation du profane, le médecin
pourrait intégrer un troisième élément, la prostate : « ne pensez-vous pas
que vos lombalgies ont pour origine un problème de prostate ? ». Le
profane, en réfutant cette idée « non, car la prostate ne se trouve pas au
niveau du dos », va confirmer le noyau central. La prostate peut alors
devenir un élément périphérique si le profane envisage qu’elle puisse avoir
un lien éventuel avec ses douleurs, sans toutefois en être le point de
départ.
- « l’induction par scénario ambigu » : « elle repose sur l’idée qu’une
représentation est un processus actif de construction de la réalité. On va
donc chercher quels sont les éléments dont le sujet a besoin pour
reconnaître un objet de représentation et le différencier d’autres objets
proches ».
Illustrons cette technique par un exemple : un individu A est convaincu que
l’obésité a pour seule origine une hyperphagie (noyau central). Son
système de représentation entre alors en conflit avec celui d’un individu B,
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qui croit au contraire que l’obésité a de multiples origines. Si A considère B
comme une source d’information fiable, un élément nouveau peut venir
s’ajouter au système de représentation de A, par exemple : « dans certains
cas, l’obésité a une autre origine que le mode d’alimentation seul ». Il s’agit
alors d’un élément périphérique qui modifie légèrement sa représentation
de l’obésité. Le noyau central n’est pas remis en cause.
Dans notre travail, cette méthode d’investigation des représentations sociales
est toutefois difficilement applicable. En effet, il s’agit d’une méthode pour laquelle le
Dans le document
DOCTORAT EN MEDECINE
(Page 22-36)