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Les représentations: des déterminants au cœur des comportements

Dans le document DOCTORAT EN MEDECINE (Page 22-36)

Tout autant que les données factuelles, notre étude porte sur l’observation de

consultations de médecine générale. Etudier croyances, préjugés et stéréotypes en

consultation dans les échanges entre patients et praticiens, c’est s’intéresser de

manière plus générale à la notion de représentations sociales de ces individus. Cela

nécessite au préalable de préciser le concept clé de représentations sociales et de

décliner les notions de croyances, préjugés et stéréotypes.

1. Notions de représentation sociale

Représenter a pour origine latine « representare », ou rendre présent. Pierre

Mannoni 18 situe les représentations sociales « à l’interface du psychologique et du

sociologique. C’est à elles que nous faisons le plus facilement et le plus

spontanément appel pour nous repérer dans notre environnement. Elles sont

présentes dans la vie mentale quotidienne des individus aussi bien que des groupes

et émaillent tous les grands domaines de la pensée sociale : la mythologie, les

contes et légendes, les discours politiques et religieux, la pensée scientifique, etc.

Les idées justes en relèvent tout autant que les idées fausses.

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Les représentations sociales ont toujours un sujet et un objet : elles sont

toujours la représentation de quelque chose pour quelqu’un. L’important n’est pas de

savoir dans quelle mesure une représentation est vraie ou fausse, ni quel rapport elle

entretient avec la vérité. En effet, une représentation, parce qu’elle est

représentation, est nécessairement « fausse ». Mais en même temps, elle est

« vraie » en ce qu’elle constitue pour le sujet un type de connaissance valide duquel

il peut tirer le principe de ses actes. »

Quant à l’émergence des représentations, elle se joue sur une triple scène :

- Scène 1 : constituée par l’imaginaire individuel où apparaissent les

représentations individuelles (images, vécus, fantasmes).

- Scène 2 : celle de l’imaginaire collectif où apparaissent plus précisément

les représentations sociales (depuis les clichés et préjugés jusqu’aux

contes et aux mythes). La représentation devient sociale dès qu’elle est

partagée par un groupe de sujets.

- Scène 3 : composée de la réalité sociale agie où se manifestent les actions

socialement représentées. Les représentations sociales influencent les

actions du groupe qui les partagent.

Ces trois scènes sont en relation étroite.

Plusieurs auteurs ont apporté leur contribution pour définir la notion même de

représentation sociale. En 1898, Durkheim précise la nature des représentations

collectives. Pour lui, « la vie mentale se présente comme une combinaison de

représentations qui entretiennent entre elles des rapports extrêmement dynamiques

et constituent parfois, comme dans le cas de la religion, des structures complexes

supposant un grand nombre de représentations collectives ».

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En 1961, S. Moscovici porte son analyse sur la spécificité des représentations

dans le monde moderne et souligne leur insertion multiple dans de nombreux

secteurs de la vie sociale. Il montre que « la représentation sociale transforme le

savoir de type scientifique en un savoir de sens commun et réciproquement ». Nous

en trouverons des illustrations dans notre travail de recherche où le savoir

scientifique se confond avec le savoir profane et réciproquement.

En 1989, D. Jodelet considère la représentation sociale comme « une forme

de savoir pratique reliant un sujet à un objet ». Selon lui, « représenter ou se

représenter correspond à un acte de pensée par lequel un sujet se rapporte à un

objet. Celui-ci peut être aussi bien une personne, une chose, un évènement matériel,

psychique ou social, un phénomène naturel, une idée, une théorie, etc. Il peut être

aussi bien réel qu’imaginaire ou mythique, mais il est toujours requis. Il n’y a pas de

représentation sans objet ». La représentation sociale « est une forme de

connaissance, socialement élaborée et partagée, ayant une visée pratique et

concourant à la construction d’une réalité commune à un ensemble social ». C’est

dire « qu’une représentation sociale est un savoir vulgaire servant à tous les

individus du même groupe qui disposent ainsi d’un stock commun de notions dont le

sens sera clair pour tous. »

Pour Pierre Mannoni, « un grand nombre de notions renvoient de près ou de

loin aux représentations sociales : une idée, un concept, une image, une figure, un

schème, une définition, etc. En effet, le concept de représentation est impliqué dans

différents champs sémantiques dont il importe de réduire le flou. »

Pour aborder les représentations issues de l’approche nutritionnelle en médecine

générale, nous identifierons à travers les échanges entre patients et praticiens les

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éléments qui entrent dans le domaine des croyances, des préjugés et des

stéréotypes.

a) LES PREJUGES ET LES STEREOTYPES

Selon Pierre Mannoni, « les préjugés et les stéréotypes sont au premier rang

des manifestations de la mentalité collective. Ce sont des produits de la pensée qui

se présentent comme des élaborations groupales qui reflètent, à un moment donné,

le point de vue prévalent dans un groupe relativement à certains sujets. Ils peuvent

concerner aussi bien des faits et situations que des personnes et ont pour vocation

essentielle de produire une sorte « d’image » qui vaut dans tous les cas. Il s’agit d’un

jugement pré-élaboré représentant un facteur commun pour un groupe donné ».

Ainsi, nous pouvons rencontrer « des préjugés et des stéréotypes à l’œuvre dans

des représentations sociales opérant au niveau des exclusions (désignation des

marginaux par exemple), et de la constitution d’attitudes d’acceptation ou de rejet de

l’autre (le racisme par exemple) ». Ceci est particulièrement vrai dans le cas des

patients obèses. « Le danger ne se limite donc pas aux seuls abus de schématisme

ou de caricature, mais également au risque de conduire à des mobilisations

collectives et des conduites qui sont, pour l’essentiel, inspirées par l’irrationalité. »

Toujours d’après Pierre Mannoni, « le préjugé a une sorte de convention

sociale qui intéresse tout particulièrement certaines questions et se présente ainsi

comme une élaboration mentale simple qui vaut pour tous les membres du groupe.

L’adhésion se fait de manière automatique dans l’inconscient où se déploie cette

« image ». En effet, cette idée reçue ayant ses sources cachées dans la conscience

collective et étant cautionnée par le groupe, par l’accord spontané de chacun de ses

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membres, elle acquiert une espèce d’évidence qui s’impose et tient lieu de toute

délibération. Elle bénéficie d’une multitude d’adhésions et profite de l’ancienneté de

son inscription dans le temps, ce qui lui vaut un respect quasi traditionnel.

Typiquement, le préjugé a des traits réducteurs et caricaturaux, dont la valeur

opératoire est d’autant plus efficiente qu’elle joue à un niveau de profondeur

psychosocial qui lui permet de s’imposer facilement ». Voici quelques exemples de

préjugé : « les Italiens parlent avec les mains », « les Français sont sales », « les

obèses sont des goinfres », etc.

Quant aux stéréotypes, pour Pierre Mannoni, « ils se présentent comme des

clichés mentaux stables, peu susceptibles de modification. Il s’agit, là encore, d’une

« image » toute faite, qui n’a de valeur que par rapport à la mentalité collective qui lui

donne naissance. Ils relèvent des idées reçues et sont une sorte de raccourcis de la

pensée qui vont directement à la conclusion admise. Ils peuvent servir dans des

contextes idéologiques (stéréotype du « bon » et du « mauvais » citoyen, stéréotype

des « ennemis de la patrie ou de l’humanité »), pédagogiques (stéréotypes des

« bons » et des « mauvais » élèves, stéréotype du « travailleur ») ou commerciaux

pour la promotion de produits (stéréotypes de la « bonne ménagère », de la « bonne

mère de famille »). Ils participent également aux relations interethniques aboutissant

parfois à des attitudes discriminantes, voire xénophobes ou racistes. »

b) LES CROYANCES

Selon Pierre Mannoni, « l’univers des croyances auxquelles l’homme adhère

est d’une façon générale plongé dans l’irrationnel. En effet, l’homme a tellement

besoin de croire qu’il ne se préoccupe guère des justifications scientifiques et des

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démonstrations rationnelles susceptibles de rendre compte des contenus de ses

croyances. Les temps modernes, en dépit des nombreuses avancées scientifiques et

technologiques, n’en continuent pas moins à véhiculer une masse considérable de

conceptions erronées qui émergent dans l’esprit des gens sous forme de

représentations organisées en croyances qui dirigent la vie de ceux qui y adhèrent. »

Les mécanismes qui servent de support aux croyances sont au nombre de trois. Le

premier est le « fonctionnement binaire de l’esprit humain avec les notions de l’âme,

de l’esprit, de l’ombre, du démon, du dieu. Le deuxième est fondé sur les bienfaits de

la Mère-Nature comme par exemple la guérison par les plantes, la médecine douce.

Enfin, le troisième mécanisme dérive de l’angoisse face à l’avenir qui pousse

l’homme à croire qu’il est possible de prévoir son destin par l’astrologie, la

numérologie, la divination sous toutes ses formes. »

Ainsi, Pierre Mannoni propose une schématisation qui place les

représentations sociales en amont des croyances, des préjugés et stéréotypes, et

pour lesquelles elles jouent un rôle constituant. Selon lui, c’est à travers elles, que

nous pouvons le plus précisément et le plus efficacement appréhender la manière

suivant laquelle chaque société et chaque homme à l’intérieur de cette société

comprennent le monde et la place qu’ils y tiennent.

2. Structure des représentations sociales selon J-C Abric

Pour décrire la structure des représentations sociales, J.-C. Abric et C.

Flament (1989 et 1994) proposent de considérer les représentations comme

composées d’un noyau central autour duquel gravitent des schèmes

périphériques.18,19,20

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Ils élaborent ainsi un modèle que l’on pourrait assimiler à la structure d’un atome :

 un noyau constitué d’éléments liés entre eux, peu modifiable, si ce n’est au

prix de fortes interactions extérieures

 des éléments périphériques qui gravitent autour du noyau, susceptibles d’être

modifiés par des éléments extérieurs

a) LE NOYAU CENTRAL

Pour J.-C. Abric (1967, 1987, 1994) « toute représentation est organisée

autour d’un noyau central. Ce noyau est l’élément fondamental de la représentation,

car c’est lui qui détermine à la fois la signification et l’organisation de la

représentation ».Il est composé d’un ou de plusieurs éléments non négociables,

stables et cohérents entre eux. Ils jouent un rôle déterminant dans la reconnaissance

de l’objet même de la représentation. Leur absence déstructurerait ou donnerait une

signification radicalement différente à la représentation.

Le noyau central peut ainsi être considéré comme un ensemble d’éléments « durs »

que tout le monde accepte. Prenons l’exemple d’un organe, le rein : le noyau central,

qui est accepté par tous les scientifiques et les médecins en particulier, est qu’il s’agit

de « l’organe de l’urine, l’eau, le filtre de l’organisme ». Pour les profanes, il n’est pas

exclu que les éléments du noyau central soient différents. Nous illustrerons cette

hypothèse par un exemple ultérieurement.

b) LES ELEMENTS PERIPHERIQUES

Les éléments périphériques, quant à eux, gravitent autour du noyau central.

Selon C. Flament, leur rôle est d’assurer « le fonctionnement quasi instantané de la

représentation comme grille de décryptage de la situation : ils indiquent, de façon

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parfois très spécifique, ce qui est normal (et par contraste ce qui ne l’est pas), et

donc, ce qu’il faut faire comprendre, mémoriser. Ces schèmes normaux permettent à

la représentation de fonctionner économiquement, sans qu’il soit besoin, à chaque

instant, d’analyser la situation par rapport au principe organisateur qu’est le noyau

central ».

Les éléments périphériques déforment, changent, mais n’affectent pas le contenu

global et l’orientation générale de la représentation sociale. Ils servent à la fois au

décryptage et font office de tampon entre la réalité extérieure et la représentation

sociale qui constitue la réalité intérieure. Ils permettent dans une certaine mesure

l’adaptation de la représentation à des contextes sociaux variés.

Illustrons cette approche par un exemple : pour un médecin, le rein est un

organe qui renvoi à l’urine, l’eau et le rôle de filtre. Il s’agit des éléments du noyau

central de sa représentation. Son système de représentation entre alors en conflit

avec celui d’un profane (par exemple un patient), pour lequel les éléments du noyau

central renvoient à des éléments de langage autour du rein tels que « tour de rein »,

« chute de rein ». Dans le souci de communiquer de manière efficace avec son

patient, le médecin prend en considération la représentation que le patient a du rein.

Les éléments « chute de rein » et « tour de rein » viennent alors s’ajouter au système

de représentation du médecin : par exemple, « dans certains cas, le patient peut

assimiler une lombalgie à une pathologie d’origine rénale, de par sa situation

anatomique ». Il s’agit alors d’éléments périphériques. Ils ne remettent pas en cause

le noyau central « urine, eau, filtre ».

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c) LA ZONE MUETTE

Les individus expriment-ils vraiment tout ce qu’ils pensent ? Certaines

pensées pourraient être cachées à l’investigateur parce qu’elles risqueraient de nuire

à l’image de celui qui les élabore. C’est ce que J.-C. Abric appelle la zone muette qui

peut être définie comme « un sous-ensemble spécifique de cognitions ou de

croyances qui, tout en étant disponibles, ne sont pas exprimées par les sujets dans

les conditions normales de production et qui, si elles étaient exprimées, pourraient

mettre en cause des valeurs morales ou des normes valorisées par le groupe ».

Cependant, certains éléments du noyau central peuvent se trouver dans la zone

muette et donc échapper à l’investigateur. Ils constituent la face cachée et non

avouable de la représentation.

Prenons cette fois l’exemple d’un échange entre un médecin et un individu A :

- Médecin : « Selon certains collègues, il est inutile de prodiguer des

conseils nutritionnels à des patients obèses, car ils ne les suivent jamais. »

- Individu A : « A votre avis, pourquoi vos collègues pensent-ils cela ? » « En

quoi pensez-vous que ces propos sont fondés ? »

Ici, l’individu A recherche activement la zone muette en questionnant le médecin. En

cherchant une explication possible aux propos de ses collègues, voire en essayant

de les justifier, le médecin va alors dévoiler des éléments de sa propre

représentation des patients obèses, jusqu’ici inavoués.

d) LES ELEMENTS DE CONTRASTE

Les éléments contrastés sont des éléments marginaux qui diffèrent du

système de représentation d’autres individus, sans pour autant êtres inexacts. Il

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s’agit d’éléments qui sont considérés comme importants par un faible nombre

d’individus.

Prenons à nouveau l’exemple du rein : comme nous l’avons vu, le rein représente

pour la plupart des médecins l’organe de « l’urine, l’eau, le filtre ». Pour certains

spécialistes, la représentation du rein peut être différente. Un néphrologue par

exemple peut assimiler le rein au « système rénine-angiotensine », un urologue le

verra plutôt comme un « organe pouvant être en lien avec un obstacle sur les voies

urinaires », etc. Cet élément fait alors partie de la zone contrastée du fait qu’il est

présent dans le système de représentation d’une branche restreinte de médecins.

e) METHODE D’ETUDE DES REPRESENTATIONS

SOCIALES SELON J.-C. ABRIC

Selon J.-C. Abric, « la méthode d’étude des représentations sociales doit

s’articuler en quatre phases :

- recueil du contenu explicite de la représentation,

- recherche de la zone muette,

- recherche de la structure de la représentation et de son noyau central,

- contrôle de la centralité. »

(1) Recueil du contenu explicite de la représentation

Ici, nous avons choisi de procéder à ce recueil par l’analyse de consultations

de médecine générale à partir d’une base de données d’enregistrements vidéo.

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(2) Recherche de la zone muette

La zone muette est rarement identifiable lors d’une simple observation. En

effet, comme nous l’avons vu dans l’exemple ci-dessus, cette recherche passe par

une interaction entre l’enquêteur et la personne interrogée. Il est nécessaire que

l’enquêteur ait un rôle dynamique de manière à « débusquer » les éléments non

exprimés.

Pour connaître alors la représentation effective il convient d’utiliser des techniques

visant à diminuer la pression normative s’exerçant sur l’individu interrogé. La

première technique, dite « de substitution », permet de réduire le niveau d’implication

du sujet en lui demandant de donner l’opinion d’autres personnes (cf. exemple

paragraphe c, la zone muette). La deuxième technique, dite « de décontextualisation

normative », permet de placer le sujet dans un contexte éloigné de son groupe de

référence, ce qui lui permet de s’exprimer plus librement et de réduire le risque de

jugement négatif de la part de son interlocuteur.

(3) Recherche de la structure de la représentation et du

noyau central

Cette recherche se fait par la méthode de « l’évocation hiérarchisée ». Elle

consiste à identifier chez le sujet interrogé, les items qu’il associe au concept étudié.

Ces items sont ensuite hiérarchisés selon la fréquence avec laquelle ils sont cités et

l’importance que lui accorde la personne interrogée. Les items fréquents et

importants déterminent la zone du noyau central. Les items fréquents mais

considérés comme peu importants, constituent les éléments périphériques. Les items

peu fréquents mais considérés comme importants représentent la zone des éléments

contrastés.

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Reprenons l’exemple du rein : dans le système de représentation d’un médecin

généraliste autour de l’organe « rein », différents éléments sont identifiables :

- le noyau central : le rein est l’organe de l’urine, de l’eau et a un rôle de filtre

- les éléments périphériques : en lien avec les représentations des patients

tels que : « une lombalgie est un tour de rein »

- les éléments de contraste : le rein est assimilé au système

rénine-angiotensine (vision plus spécialisée)

Schéma 1 – Structure de la représentation sociale selon J.-C. Abric.

(4) Contrôle de la centralité

Cette étape permet de vérifier que les éléments recueillis préalablement font

bien partie de la zone du noyau central. Pour ce faire, deux techniques ont été

décrites :

- la technique de « la mise en cause » : les éléments centraux étant par

définition non négociables, leur mise en cause va nécessairement

entraîner un processus de réfutation. Les éléments périphériques, eux,

peuvent subir des contradictions comme nous l’avons illustré

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précédemment. Leur mise en cause ne constitue pas une menace pour la

représentation et n’entraînera pas de processus de réfutation.

Prenons l’exemple du rein et des lombalgies (« tour de rein ») : pour un

médecin, le rein renvoie à « l’urine, l’eau, le filtre » qui constituent les

éléments du noyau central. Pour un profane, les éléments du noyau central

sont « urine, lombalgies ». Afin de vérifier que ces éléments font bien

partie du noyau central de la représentation du profane, le médecin

pourrait intégrer un troisième élément, la prostate : « ne pensez-vous pas

que vos lombalgies ont pour origine un problème de prostate ? ». Le

profane, en réfutant cette idée « non, car la prostate ne se trouve pas au

niveau du dos », va confirmer le noyau central. La prostate peut alors

devenir un élément périphérique si le profane envisage qu’elle puisse avoir

un lien éventuel avec ses douleurs, sans toutefois en être le point de

départ.

- « l’induction par scénario ambigu » : « elle repose sur l’idée qu’une

représentation est un processus actif de construction de la réalité. On va

donc chercher quels sont les éléments dont le sujet a besoin pour

reconnaître un objet de représentation et le différencier d’autres objets

proches ».

Illustrons cette technique par un exemple : un individu A est convaincu que

l’obésité a pour seule origine une hyperphagie (noyau central). Son

système de représentation entre alors en conflit avec celui d’un individu B,

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qui croit au contraire que l’obésité a de multiples origines. Si A considère B

comme une source d’information fiable, un élément nouveau peut venir

s’ajouter au système de représentation de A, par exemple : « dans certains

cas, l’obésité a une autre origine que le mode d’alimentation seul ». Il s’agit

alors d’un élément périphérique qui modifie légèrement sa représentation

de l’obésité. Le noyau central n’est pas remis en cause.

Dans notre travail, cette méthode d’investigation des représentations sociales

est toutefois difficilement applicable. En effet, il s’agit d’une méthode pour laquelle le

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