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Les éléments de discours (verbatim)

Dans le document DOCTORAT EN MEDECINE (Page 74-80)

E. Les représentations selon le modèle de J-C. Abric

3. Les éléments de discours (verbatim)

L’analyse du discours des médecins et des patients a révélé la récurrence de

certaines occurrences qui sont : le renforcement positif, la réassurance ou minoration

de certains évènements, le fait d’insister sur les points d’efforts à réaliser et la

sous-évaluation des apports alimentaires. Par ailleurs, nous avons recherché les éléments

de discours indéfinis, qui se traduisent par l’usage du « on » en lieu et place du « je »

ou du « vous ». Nous les avons recensés dans 31 consultations (soit 60,78%).

a) LE RENFORCEMENT POSITIF

Les éléments de renforcement positifs sont ceux qui visent à exprimer une

sorte de satisfaction par rapport à une situation et/ou son avancée. En voici quelques

exemples :

Médecin : « C’est bien, il n’y a pas de diabète et pas de cholestérol. C’est très

bien même. » (cf. Annexe 1)

Médecin : « C’est bien, vous avez perdu du poids, vous avez perdu presque 1

kg. C’est bien. » (cf. Annexe 6)

Patient : « Question balance je n’arrive pas à décoller, je stagne. »… »Je ne

veux pas m’arrêter là. »… « On peut encore, peut mieux faire. »

Médecin : « Mais bon, sur ce, vous vous maintenez bien. » (cf. Annexe 8)

Patient : « Je ne grossi pas. »

Médecin : « Non, c’est toujours à peu près pareil. »

Patient : « J’aimerai bien être à 70, mais… »

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Médecin : « Oui, mais ça va là, vous êtes bien. » (cf. Annexe 13)

b) LA REASSURANCE OU MINORATION DE CERTAINS

EVENEMENTS

Dans ce type de discours, il s’agit de mettre le patient en confiance en le

rassurant sur certains évènements ou bien en minimisant certains d’entre eux. Par

exemple :

Médecin : « Vous faites du sport ? »

Patient : « Non. »

Médecin : « Faudrait essayer. »

Patient « Oui, parce que là, j’ai pris en kg. »

Médecin : « C’est pas dramatique. »

Patient : « Je pense que j’ai pris au moins 2 kg. »

Médecin : « Je suis pas sûr. »

Patient : « Je le sens dans ma peau. Je ne suis pas bien avec ces 2 kg. »

Médecin : « Oh, c’est pas énorme. Non, non, chez vous, c’est pas

dramatique. » (cf. annexe 3)

Patient : « Le résultat (hémoglobine glyquée) est pas trop bon docteur. »

Médecin : « C’est vrai ? Pour quelle raison ? Vous savez ? »

Patient : « Il y a eu des mariages et tout ça, bon. »

Médecin : « Ca va quand même. Jusqu’à 7% ça va. » (cf. Annexe 13)

Patient : « J’ai fait des analyses pour le cholestérol. C’est un peu élevé. »

Médecin : « C’est un peu augmenté mais c’est pas la catastrophe. »…

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…Patient : « Il n’y a pas lieu non plus de s’affoler sur le cholestérol ? »

Médecin : « Non, du tout, absolument pas ! » (cf. Annexe 14)

c) INSISTER SUR LES POINTS D’EFFORTS A REALISER

Certains médecins insistaient dans leur discours sur les points pour lesquels

ils n’étaient pas entièrement satisfaits. Ils formulaient alors le souhait que le patient

fournisse davantage d’efforts sur ces points. Parfois certaines formulations pouvaient

avoir un caractère culpabilisant envers le patient. En voici quelques exemples :

Médecin : « Vous essayez de faire du vélo tous les jours. »

Patient : « Si je peux en faire trois fois par semaine, c’est déjà bien. »

Médecin : « Non, tous les jours ! » (cf. Annexe 9)

Médecin : « La confiture le soir, c’est nouveau ça ! Non, non, pas de

confiture ! C’est hyper sucré. Mangez un yaourt ou un fruit, mais pas de

confiture ! »… « Les glycémies sont bien meilleures. A part les jours où vous

mangez de la confiture ! » (cf. Annexe 10)

d) LA SOUS-EVALUATION DES APPORTS

ALIMENTAIRES

Certains patients suivis pour un surpoids ou une obésité et ayant des

difficultés pour perdre du poids, avaient tendance à sous-évaluer leurs apports

alimentaires et donc à les minimiser par rapport à la réalité.

Médecin : « Ce qu’il y a, c’est qu’il faudrait perdre un peu de poids. »

Patient : « Comment voulez-vous que je fasse ? »

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Médecin : « Et bien mangez moins ! Il ne faut pas vous précipiter sur ce que

vous mangez. »

Patient : « Je ne mange que de la salade. La précipitation, oui, c’est ça ! On

ne mange même pas une baguette par jour à deux. » (cf. Annexe 5)

Médecin : « Est-ce que vous faites attention à ce que vous mangez ? »…

« Qu’est-ce que vous avez mangé hier soir ? Ne trichez pas, dites moi ce que

vous avez mangé ! »

Patient : « Qu’est-ce que j’ai mangé ? Oh, je suis perdu. J’ai mangé un peu de

riz. Je sais plus. Oui, voilà, j’ai mangé un peu de riz avec un peu de lait cru. »

(cf. Annexe 6)

Médecin : « On va regarder si vous avez été sage, si vous n’avez pas mangé

trop d’œufs de Pâques. »

Patient : « Ah non, ah non, alors là, pas du tout ! Mais ça m’énerve parce

que… »

Médecin : « 9,4 (hémoglobine glyquée), et bien alors, ça a remonté…Alors,

qu’est-ce que vous avez fait ? »

Patient : « Je mange des fraises, mais sans sucre. »…

…Médecin : « Montez sur la balance ! »

Patient : « Alors là, 88 kg. Oh là là ! Oh c’est pas possible ! »

Médecin : « Vous mangez beaucoup ? »

Patient : « Mais je mange pas beaucoup. Je mange une petite noix de viande.

Ce midi, deux cuillères de pâtes à la sauce tomate. Mais je mange pas

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énormément. … Je ne mange que des tomates avec du sel, c’est tout. Des

endives à l’eau. » (cf. Annexe 15)

e) LES ELEMENTS DE DISCOURS INDEFINIS

Les éléments de discours indéfinis se traduisent par l’utilisation du « on » ou

du « ça »au lieu de l’usage du « je » ou du « vous ». En voici quelques exemples :

Médecin : « Faites voir, on a perdu un peu de poids ? » (cf. Annexe 1)

Patient : « Peut-être on va découvrir une prise de poids, c’est possible. » (cf.

Annexe 16)

Médecin : « Le poids à l’air de continuer sur la même courbe. Ca a l’air d’être

plutôt optimiste. » (cf. Annexe 17)

f) LE DISCOURS DES MEDECINS

Parmi ces 51 consultations, dans le discours des médecins, la prévalence de

ces différents éléments était la suivante : renforcement positif dans 47,06% des cas

(soit 24 consultations), minoration/réassurance dans 11,76% des cas (soit 6

consultations), points d’efforts à fournir dans 5,88% des cas (soit 3 consultations) et

éléments de discours indéfinis dans 5,88% des cas (soit 3 consultations). Le total de

ces occurrences, supérieur à 31, s’explique par le fait que dans une même

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Sur l’ensemble de leurs consultations, les médecins A, B, C et D ont utilisé les

différents éléments de discours dans les proportions suivantes :

Tableau 10 – Nombre de consultations par médecin faisant apparaître au moins

un des éléments de discours étudiés.

Renforcement positif Nombre de consultations Prévalence

A 5 41,67%

B 3 33,33%

C 9 60,00%

D 7 46,67%

Minoration/réassurance

A 4 33,33%

B 0 0,00%

C 2 13,33%

D 0 0,00%

Eléments d’efforts à réaliser

A 0 0,00%

B 0 0,00%

C 1 6,67%

D 2 13,33%

Eléments de discours indéfinis

A 2 16,67%

B 0 0,00%

C 0 0,00%

D 1 6,67%

g) LE DISCOURS DES PATIENTS

Dans le discours des patients, la prévalence des éléments de sous-évaluation

des apports alimentaires était de 13,73% (soit 7 consultations). La minoration des

évènements est apparue dans 3,92% des cas (soit 2 consultations) et l’utilisation

d’éléments de discours indéfinis dans 1,96% des cas (soit 1 consultation).

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