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PROJET, SE DECALER ET CHOISIR SA TRAJECTOIRE

SE DECALER ET CHOISIR SA TRAJECTOIRE

4.4. Participer et se rétablir

4.4.2. Renforcer des liens familiaux, recréer des liens communautaires

Plusieurs récits d’usagers font état d’une augmentation qualitative et quantitative des liens familiaux, amicaux, et communautaires. La projet a pu aider certains à résoudre des conflits familiaux, leur permettant une vie familiale plus sereine. J’envisage ce renforcement des liens comme une participation positive à la vie sociale, première étape vers un fonctionnement social optimal.

« Avec ma femme et ma fille ça a toujours été bien mais là on va dire que depuis que je travaille sur moi ça va mieux. J’ai dû changer, c’est pas elles. C’était moi qui explosais quand elles me disaient un truc qui allait pas mais c’était un problème qui me concernait quoi. (…) Alors quand je suis venu au projet, j’ai vu, j’ai écouté les problèmes des autres et j’ai cherché à apprendre. J’ai identifié ce que je faisais mal et j’ai essayé de changer » Mario,65ans, anxiété, agressivité

Valentine, dont les troubles s’exprimaient principalement à travers de violentes disputes avec son mari, est parvenue à prendre soin de ses relations conjugales. Suite à un long travail sur ses relations familiales elle a également réussi à reprendre contact avec son père.

« Donc voilà avec mon mari ça va beaucoup mieux, mais avec mon père, on est passé de pas du tout de relation à quelque chose ! Il faut voir, c’est terrible, reprendre une relation » Valentine, 40ans, anxiété, agressivité

Denis se rétablit d’une période d’angoisses massives pendant laquelle il avait coupé avec sa famille, progressivement il renoue des liens de qualité, se sent alors soutenu, et par un processus vertueux, se rétablit plus solidement.

« Heureusement, [ma femme] m’a beaucoup aidé. Ma famille, ma mère, mes frères et sœurs, tout le monde m’aide. C’est vrai qu’on s’est un peu rapproché avec mes frères et sœurs parce qu’on s’était un peu disputé l’année dernière et là je suis revenu les voir, on s’est excusés et tout. Je suis le plus vieux alors un peu têtu quoi, mais voilà, ça va mieux. C’est plus tranquille » Denis, 56ans, anxiété

74 Selon un mode de participation plus communautaire, Leonora, qui habite normalement loin du projet est accueillie chaque par une famille de sa connaissance qui habite dans le quartier, elle passe alors quelques jours avec eux, et participe au projet.

« Et ici, maintenant ça me donne un soutien, une force. Mais c’est pas seulement ici. Je crois que comme j’ai dû être indépendante très jeune, le fait d’habiter seule… Je crois que le projet avec le fait de passer quelques jours en famille avec eux a été un soulagement pour moi, un véritable bol d’air.(…) Et si je reprends le travail si je peux venir participer de temps en temps, je viendrai sans aucun doute. Au moins tous les 15 jours, j’aimerais venir passer la journée du jeudi. Et aussi cette famille je me suis beaucoup attachée et je ne veux pas perdre ce lien avec la Mme S., avec les fils. La famille entière m’a accueillie les bras ouvert, pas seulement Mme S., la tante aussi, ils m’appellent pour savoir comment je vais, si je vais voyager… Je sens que je fais partie de quelque chose, de cette famille de cette communauté. » Leonora, 32ans, trouble panique

Ainsi circule la participation. Les usagers viennent au projet et rapportent ce dont ils ont bénéficié chez eux. A l’inverse, nous savons que beaucoup d’usagers viennent par l’intermédiaire de quelqu’un de la famille ou un ami qui a connu le projet. Dans mon échantillon, 9 personnes sur 23 ont participé au projet sur suggestion d’une connaissance. L’ancrage géographique est fort et les informations circulent efficacement dans le quartier. Noelia parle de « soin de proximité » et vient régulièrement vérifier, depuis 8 ans, que le projet tourne bien.

« C’est ça, je viens, je passe un temps, parce que je fais partie de la communauté. J’habite au plus près. Les fois d’avant quand je venais je participai surtout au yoga, aux massages et très peu aux thérapies du jeudi. Je venais quand je me sentais un peu fatiguée comme ça, je venais discuter avec mes copines ici… C’est plus un soin de proximité » Noelia, 47ans, douleurs

La circulation du prendre soin se poursuit alors que les usagers poursuivent leur parcours au sein du projet ou en dehors. En amenant un membre de leur famille ou en en parlant à des connaissances, les usagers contribuent à une participation communautaire.

« Je me suis sentie très heureuse, même en étant moi-même avec des problèmes, de réussir à amener ma grand-mère. J’ai réussi à parler avec elle et à l’amener ici, ça m’a donné beaucoup de force. Voilà j’ai vu sa souffrance, ça va faire un an le 15 que mon grand-père est décédé » Gabriela, 32ans, anxiété

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« Et si je me sens vraiment vraiment mieux je crois que j’arrêterais de venir. Ou alors je viendrai que de temps en temps ou bien, j’enverrai des amis comme ça qui ont des problèmes, voilà je vais parler aux gens qu’ici c’est bien, c’est vraiment bien. Je vais inciter les gens à participer » Denis, 56ans, anxiété

Les participations au projet sont multiples : de l’usager simple participant aux activités proposées, à l’usager devenu « thérapeute », en passant par l’usager aidant et l’usager qui parle du projet à ses proches et à ses connaissances, chacun contribue à faire vivre le lieu et à l’adapter aux difficultés et aux ressources en présence.