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III. QUELLE DECOUVERTE AU BOUT DE LA QUETE IDENTITAIRE

III.1. L’ IDENTITÉ EN FUITE

III.1.1. La rencontre

Parmi des techniques romanesques qu’Isabelle Hausser a utilisées dans ses œuvres, la rencontre joue certainement un rôle important dans le développement du destin de ses personnages. La crise d’identité commence à se formuler et se cristalliser dès cette étape.

La rencontre peut être non seulement l’occasion où un personnage prend conscience de son identité troublée, mais aussi la façon avec laquelle il recherche progressivement sa véritable identité. Dans les romans d’Isabelle Hausser, il y a deux types de rencontre : l’une est créée par le hasard de la vie, l’autre est décidée par l’envie et la subjectivité des personnages.

Nous pouvons constater que, chez Isabelle Hausser, le hasard est effectivement intégré dans le destin des personnages. C’est lui qui crée un événement où les personnages sont obligés de faire connaissance et d’accepter une rencontre qui aura pour effet de changer considérablement le reste de leur vie. C’est le cas de William dans Le passage des ombres, de Wolf (dans la relation avec Nina) dans Les magiciens de l’âme et d’Agnès (en ce qui concerne Hano) dans La table des enfants.

Pour William, c’est le hasard qui lui a fait rencontrer Elise. Avant de partir en France, il ne voulait que passer son année sabbatique chez William pour pouvoir travailler tout seul, rechercher son équilibre ainsi que sa tranquillité après la mort de sa femme. Son départ peut être considéré comme une fuite des Etats-Unis - le pays où il a quasiment tout perdu- et une fuite par rapport à ses souvenirs douloureux. Mais, la rencontre avec Elise a bouleversé sa vie.

Tout d’abord, c’est le changement de son sentiment pour elle. Au début de cette rencontre, Elise a laissé une impression forte sur William ‘’une voiture déboucha du chemin, dépassa la sienne et fonça droit sur lui. Elle s’arrêta pile à sa hauteur. Désemparé, il n’avait pas bougé pour l’éviter’’210, et l’image d’une femme ‘’à peu près le même âge que lui, visage fin sans maquillage, coiffée à la va-vite et décoiffée tout aussi vite’’211 l’a beaucoup frappé. Son originalité est encore soulignée dans la façon avec laquelle elle donne des instructions à William en lui faisant faire une visite de la maison de Guillaume. Au début, William a effectivement dû supporter son inconfort en écoutant les conseils très détaillés de cette femme singulière et ‘’Il n’arrivait pas à savoir si elle l’amusait ou si elle le fatiguait’’212. Tout ce qu’il veut c’est se reposer après un long voyage si fatigant. Leur rencontre a commencé d’une façon normale grâce au courage qui est le sien de ‘’résister à sa fatigue pour déclarer qu’il voulait rester seul, à une femme qu’il ne connaissait pas’’.

Malgré ce commencement et cette réserve première, les rencontres suivantes pendant son séjour chez Guillaume ont renforcé leur relation. Pour William, la première impression d’étrangeté en face d’Elise n’existe plus. Ils se sont mieux connus et deviennent des amis. Existe entre eux un lien qui est de plus en plus profond et intime, notamment quand ils jouent de la musique ensemble :

‘’Il s’était d’abord réjoui de la complicité naissante entre les deux personnes dont il se sentait le plus proche. Il l’avait encouragée, persuadée qu’aillait se tisser entre eux un lien spirituel dont la musique serait la matérialisation’’213.

Ce sont ainsi des rencontres qui ouvrent petit à petit le monde intérieur de chaque personnage loin de leurs identités d’emprunt, de leurs enveloppes identitaires de circonstance, loin de toute représentation ou comédie en société ou en famille.

Le changement de William s’est effectué donc non seulement dans son regard envers Elise mais encore dans celui qu’il porte sur lui-même. Il ne vient en France ni pour chercher une femme ni pour se trouver lui-même. Tout ce qu’il veut faire c’est travailler tranquillement en

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Isabelle Hausser, le passage des ombres, op.cit., page 22

211 Idem., page 22 212 Idem., page 26 213 Idem., page 282

oubliant son passé triste. Mais, il n’a pas pu faire ce qu’il voulait, car la rencontre avec Elise fait surgir en lui des sentiments étranges. Il a tout d’un coup découvert qu’il étai tombé amoureux d’elle. Il l’admet en se tourmentant parce qu’il ‘’était trop hanté par le souvenir de Béatrice et son sentiment de culpabilité pour être l’amant qu’Elise méritait. Il aurait eu le sentiment de la trahir bien plus que celui d’être fidèle à Béatrice’’214. Evidemment, par la relation avec Elise, les rencontres entre eux lui ont fait découvrir un ‘’autre’’ William, bien enfoui au fond de lui, celui qui peut aimer de nouveau, malgré sa douleur et le fait que les souvenirs tristes de sa femme sont encore vivants.

Certes, aimer une autre femme n’est évidemment ni cynique ni criminel, mais l’amour qu’il a pour Elise le surprend à son tour. Parce qu’il n’a jamais pensé qu’il pouvait recommencer à aimer une autre femme alors qu’il aimait encore autant sa femme Béatrice et surtout que leurs souvenirs agréables étaient encore intacts. Certainement, ce n’est pas une illusion que l’amour pour Elise. Au contraire, William se sent très amoureux d’elle : ‘’Une fois prise sa résolution de pousser Guillaume dans les bras d’Elise, fût-ce en laissant croire qu’il était, lui aussi, amoureux d’elle’’215, en avouant ‘’son sentiment de culpabilité’’. Le sentiment compliqué de ce personnage reflète exactement la complexité de son âme ainsi que la partie énigmatique qu’il ya en tout homme. L’amour qui lui apparaît ‘’éternel’’ pour sa femme, celui qui le tourmente sans cesse, est vite remplacé par un autre216. La permanence de son amour pour Béatrice ainsi que la permanence de soi-même deviennent ‘’illusion de stabilité’’217. Il découvre que son identité personnelle ‘’se métamorphose et s’ouvre sur un mystère (…), un mystère qu’aucun des personnages n’aura à faire reconnaître officiellement’’218. Ce personnage devient perplexe en ce qui concerne ses sentiments intimes pour Elise. Il est incapable de comprendre complètement qui il est et pourquoi existent toujours en lui deux sentiments contradictoires, et tous deux extrêmes. Il est ainsi tombé sans doute dans une crise d’identité personnelle.

Dans la même situation que William, grâce aux rencontres avec cet homme, Elise peut, pour la première fois de sa vie, reconnaître une Elise plus profonde, plus compliquée que jamais.

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Isabelle Hausser, Le passage des ombres, op.cit., page 286

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Idem., page 287

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Lire à ce sujet Clément Rosset, Loin de moi, : « La perte de l’objet aimé/possédé (ou perçu comme tel) entraîne en effet automatiquement le naufrage d’une identité qu’on considérait comme un bien personnel alors qu’il n’était qu’un bien d’emprunt, entièrement tributaire de l’amour de l’autre », Les éditions de Minuit, 1999, p.69

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Gérard Peylet, L’identité en fuite et en question dans les romans d’Isabelle Hausser, page 2

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À l’évidence, sans ses rencontres avec William, Elise aurait continué à dérouler sa vie comme elle le faisait depuis toujours, prise par son métier de médecin de campagne qui ne lui donne pas le temps de penser à elle. Le hasard de la vie les a réunis et leur a fait découvrir une partie cachée de leur personnalité.

Avant l’arrivée de William, comme pour tant d’autres habitants à Malemort, rien de particulier ne s’était passé dans la vie d’Elise. En tant que médecin dans cette petite ville, donc ‘’en dehors de la musique, elle ne s’intéressait qu’à ses patients’’219. En effet, son travail occupait toute sa vie, même sa vie privée. Sa vie se déroule de la manière le plus simple possible, même pendant la trahison de son mari, ‘’Elise l’a vite sue mais elle fermait les yeux’’220. Après la disparition de son mari et avant sa rencontre avec William, il semble qu’elle vivait tranquillement, sans se poser de questions et sans se soucier de la vie ni de soi. Elle ‘’seule expliquait son existence sacrifiée, dont elle ne se plaignait jamais, son ardeur juvénile à près de cinquante ans, toutes les facettes incompréhensibles de sa personnalité’’221

Bien évidemment, l’apparition par hasard de William a plus ou moins changé la vie d’Elise. Car la ‘’présence de William et la nature de leurs conversations, impensables avec tout autre que lui, l’avaient profondément troublée’’222 Elle commençait à s’intéresser à l’état d’âme de ses amis ainsi qu’au sien. L’image d’une femme assez simple est remplacée par une autre image plus profonde et plus sensible. La douleur de William réveille non seulement en Elise la sienne, celle qu’elle a cachée de toutes ses forces mais lui fait penser aussi à l’amour et à sa solitude. Cela constitue un grand changement pour cette femme car c’était la première fois dans sa vie qu’elle ‘’eut la tentation, au retour de ses visites, de passer voir William. Elle avait envie de parler à quelqu’un, de ne pas rentrer toute seule dans sa grande maison vide. Mais elle redoutait désormais de se laisser entraîner dans des conversations douloureuses avec lui. Elle eût préféré qu’il les fuie, comme Guillaume’’223

C’est à l’évidence un sentiment compliqué pour Elise. Elle prend conscience que d’un côté, la rencontre avec William a ressuscité ou même fait naître vraiment en elle l’amour, celui qui dormait depuis longtemps ; elle ne veut donc plus être toute seule, elle a envie de partager la vie, l’amour et même la douleur avec William. Mais d’un autre côté, elle ‘’se méfiait trop

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Isabelle Hausser, Le passage des ombres, op.cit, page 34

220 Idem., page 34-35 221 Idem., page 234 222 Idem., page 247 223 Idem., page 221

d’elle-même pour s’abandonner à ses sentiments’’224. Ainsi, dès que ses sentiments amoureux s’éveillent, sa tranquillité disparait et sa vie est bouleversée.

Nous pouvons constater qu’il existe une grande différence au niveau de ce personnage entre les deux périodes. Avant, pour elle, l’amour ne la tourmentait en rien. Pour une femme qui avait plus de quarante ans et qui ne voulait pas finir vieille fille, elle était tombée ‘’dans les bras’’ d’un homme qui était plus jeune qu’elle et qui, l’épousait de manière inexplicable que ‘’personne n’a compris[e], elle encore moins’’225. Tout ce qui compte pour elle, à ce moment là, c’était son travail, rien d’autre. Cependant, après la rencontre avec William, cette femme nous apparait complètement différente. Cette rencontre lui fait reconnaître qu’elle peut et qu’elle a envie de refaire sa vie, en regrettant de ne pas avoir rencontré William ‘’quinze ans plus tôt’’. La rencontre lui a fait de toute évidence découvrir son identité véritable : ce n’était pas une femme indifférente et simple, au contraire, c’était une femme très profonde et compliquée.

Ainsi, le hasard de la vie exerce son pouvoir dans les rencontres des personnages hausseriens. Mais, dans ses romans, Isabelle Hausser a également décrit les rencontres que ses héros ont eux-mêmes organisées. Ils les organisent avec toute leur conscience, en souhaitant avoir une vraie réponse sur leur identité ambiguë et sur leur histoire familiale floue, comme dans les cas de Wolf dans ‘’Les magiciens de l’âme’’ et de Rachel dans ‘’Une comédie familiale’’

Pour Wolf, en effectuant sa mission en Russie, il en profite pour retrouver sa mère, celle qui l’a abandonné alors qu’il était tout petit. Hidda, avant son trépas, lui a révélé qu’elle n’était pas sa mère. Il ‘’s’était senti intimement blessé’’ après avoir appris cette nouvelle terrible pour lui, car il ne connaissait pas ses parents et il n’avait pas non plus de famille. Cette histoire douloureuse de sa propre famille pèse sur lui et provoque beaucoup de doutes. Il découvre qu’il est exilé et qu’il n’a aucun lieu fixe pour lui. Il n’appartient plus à aucune maison et il ne peut pas vérifier l’identité de son père, ce qui affecte beaucoup la sienne. C’est la raison pour laquelle il a essayé de toute sa force d’organiser une rencontre avec sa mère russe.

Cette rencontre représente celle du passé et du présent. C’est aussi la rencontre de celui qui n’a pas de passé avec celle qui connait tout mais ne veut pas en parler. De ce point de vue,

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Idem., page 247

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Isabelle Hausser a insisté sur la parole ainsi que sur les réactions de ces deux personnages, pour qu’ils puissent montrer l’image profonde et intime de leur personnalité.

Dans cette rencontre, Wolf voulait être très positif : il a contacté sa mère pour demander un rendez-vous. Mais il a vite perdu son rôle positif et est devenu passif devant une dame très déterminée dont la parole s’est exprimée avec force:

‘’ - Je souhaiterais vous rencontrer. J’ai bien connu votre mari, Dimitri Alexandrovitch Aparaxine. Alors inutile de vous déplacer. Je ne veux plus entendre parler de lui. (…)

Oui, je le sais. Pourtant Varvara Léonidovna, je me permets d’insister. Je suis également un ami du fils de Dimitri Alexandrovitch.

Vous êtes un ami de Wolf ? Bon, alors d’accord, venez. - Quand puis-je vous rendre visite ?

Voyons, nous sommes aujourd’hui lundi. Pas demain, je dois allez à l’hôpital. Alors, disons mercredi. Mercredi après-midi. Au revoir’’226

Si nous regardons les phrases qu’elle a utilisées en communiquant avec Wolf, cette femme employait souvent des phrases courtes et impératives comme ‘’inutile de vous déplacer’’ où ‘’alors, d’accord, venez’’, par rapport à celles de Wolf. Ses paroles dessinent un caractère. ‘’Son caractère spontané, imprévisible, [fait] naître des sentiments, jaillir des idées et transforme le paysage intérieur’’227 de cette femme. Elle n’a pas non plus éprouvé ‘’un peu de timidité et de réserve devant cet homme qui faisait irruption dans sa vie en lui annonçant qu’il était son fils’’228. Alors, c’est elle qui, au début, contrôle la rencontre avec Wolf.

C’est certainement que, dans cette rencontre, Wolf, celui qui représente le présent, n’a rien gagné. Après avoir passé tant d’années tout seul, Wolf est allé voir sa mère avec beaucoup d’espoirs. Il ‘’s’était souvent représenté ses retrouvailles avec sa mère. Il n’avait pas exclu qu’elle pût être morte, mais il n’avait jamais envisagé qu’elle ne lui tombe pas dans les bras en pleurant ou en manifestant une certaine émotion’’229 .Mais tout ce qui s’est passé a trahi son espoir. Pendant la rencontre, il ‘’ne vit que le détachement de sa mère’’, il a donc été

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Isabelle Hausser, Le magicien de l’âme, op.cit., page 192

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R. Bourneuf et R. Oullet, L’univers du Roman, Presses Universitaires de France, Paris 1972, page 196

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Isabelle Hausser, Le magicien de l’âme, op.cit., page 194

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vraiment déçu, et il a senti ‘’son cœur se gonfler de rage’’, après cette rencontre. Encore une fois, Wolf avait définitivement perdu l’illusion d’avoir retrouvé sa mère. La rencontre a mis un terme à son rôle. Il a complètement perdu son passé, et perdu l’espoir de rencontrer un jour une image positive de la mère absente.

Semblable à Wolf, Rachel dans ‘’Une comédie familiale’’ a aussi choisi la rencontre comme issue pour sortir du doute qui la tourmente sur la disparition de sa mère. Elle s’interrogeait sans cesse sur cette disparition et la réponse lui permettra, non seulement de sortir de son passé ambigu, mais donnera aussi un sens à sa vie. Au début de sa recherche, elle s’interrogeait toute seule, se tourmentait avec des questions sans réponse. Elle va provoquer des rencontres avec elle et avec les autres membres de sa famille.

Pendant ses rencontres avec elle-même, Rachel est toujours perturbée et se sent bien trahie par l’angoisse d’être abandonnée. Isabelle Hausser a souligné son état d’âme déséquilibré à travers des conservations muettes devant la photo de sa mère :

‘’Je regarde sa photo, la manière dont elle me tient, l’autre main posée les épaules de Béatrice et de Benjamin, son regard doux qui ressemble au mien. Elle irradie de tendresse. Il est impossible qu’elle ne nous ait pas aimés. Si la passion lui a fait perdre la tête, elle ne peut pas nous avoir oubliés. Elle aurait dû nous faire signe un jour ou l’autre, revenir nous chercher’’230

Toute sa pensée est dominée par des questions insupportables ‘’où était ma mère aujourd’hui. Dans quel pays ? Qu’avait-t-elle fait durant toutes ces années’’231. Evidemment, plus elle se pose des questions, plus elle se sent malheureuse. Elle voit se dérouler sa vie en discutant sans cesse avec elle-même, en se posant des questions et en même temps en se méprisant: ‘’J’expie mes trahisons en vivant avec moi-même, c’est-à-dire avec un être que je méprise’’232. Elle est vraiment perturbée.

Pourtant, elle sent toujours qu’elle est seule dans sa famille. La rencontre avec sa tante Agathe, celle qui a consacré toute sa vie à s’occuper d’eux, ne peut pas l’arracher à son histoire. Elle ne peut se libérer de sa douleur que quand elle fait une vraie rencontre, celle de la vérité, au cours d’une conversation avec son fils François. C’est la rencontre la plus dure

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Isabelle Hausser, Une comédie familiale, op.cit., page 52-53

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Idem., page 321

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de sa vie parce qu’elle comprend pour la première fois que sa mère n’est pas partie sans rien dire en l’abandonnant, mais parce qu’elle est morte.

C’est une nouvelle décisive qui la frappe et la bouleverse. Ce personnage se sent poussé à la limite de sa résistance :

‘’sa réponse me coupa le souffle. Mon cœur cessa de battre. Le temps inversa son cours. La nuit s’abattit sur moi. Je vacillais. Je mourais. Puis, dans un battement d’ailes, la lumière m’aveugla, le présent engloutit le passé, le sang se précipita, trépidant, douloureux, dans mes veines. Je ne mourais pas cette fois. Mais, transparente comme un cristal, une partie de mon être se détacha de moi’’233.

Nul doute que Rachel atteint ici la limité du supportable pour un être humain sur le plan moral. L’héroïne se sent mourir, elle a franchi un seuil à partir duquel la vie n’aura plus le même sens pour elle, à partir duquel son regard sur elle-même ne pourra plus être le même. Elle ne sait pas si une renaissance pourra sortir de cette mort symbolique mais ce qu’elle sait c’est qu’une partie d’elle est définitivement morte : « une partie de mon être se détacha de moi’’.

Elle a touché la vérité, et est sortie de sa douleur intime malgré sa peine et son mal. C’est cette rencontre qui lui a arraché son illusion sur sa mère et le sentiment d’abandon qui la torturait depuis longtemps. C’est la raison véritable de la disparition de sa mère qui a ressuscité sa vie. Grâce à cette rencontre, ce personnage peut retrouver son existence et mieux se comprendre lui-même. C’est le seul personnage dans les romans d’Isabelle Hausser qui soit à peu près arrivé à se sortir de son problème identitaire.

Dans les rencontres, ce ne sont pas que les paroles, les situations et le lieu qui révèlent