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Je remercie du fond du coeur

Alice, Benjamin, Christelle, Fabienne et Julie pour leur témoignage et leur confiance ;

Mon père, pour son inestimable soutien et la correction de l’orthographe ;

Jaqueline, pour la relecture assidue ;

Christophe, pour la relecture des entretiens ;

Héloïse, Noémie, Virginie et Yohan pour m’avoir offert des aides ponctuelles précieuses ;

Enfin, Bessa Myftiu pour m’avoir aussi bien dirigée.

2. Table des matières

1. Remerciements ... 2

2. Table des matières ... 3

3. Dédicace ... 6

4. Lien personnel avec la thématique ... 7

5. Le journal de bord de la démarche méthodologique ou l’art de l’agriculture... 10

6. Cadre théorique ou petite mise en bouche historico-psychologique... 24

6.1. Définition du bouc émissaire... 24

6.2. Petit laïus à propos du bouc émissaire, vu sous l’angle de la théorie de René Girard . 25 6.2.1. Les victimes émissaires au travers des âges ... 25

6.2.2. Du point de vue des persécuteurs ... 27

6.2.3. Les stéréotypes de la persécution ... 28

6.3. Les mythes sacrificiels freudiens... 31

6.4. Petit laïus historique de l’enfance... 32

6.5. La mémoire épisodique ... 37

6.6. Présentation des personnes interviewées... 39

6.6.1. Succincte présentation d’Alice... 39

6.6.2. Succincte présentation de Fabienne ... 40

6.6.3. Succincte présentation de Christelle ... 41

6.6.4. Succincte présentation de Julie ... 42

6.6.5. Succincte présentation de Benjamin ... 43

7. L’analyse ... 45

7.1. La mémoire et les souvenirs ... 45

7.1.1. Les souvenirs d’événements émotionnels ... 46

7.1.2. La répression de souvenirs négatifs ... 47

7.1.3. Les souvenirs traumatiques et la résilience ... 49

7.2. La transmutation de la souffrance ... 52

7.2.1. Les mots et la puissance du signifiant ... 52

7.2.2. La résilience ... 55

7.2.3. Le refoulement ... 58

7.2.4. L’angoisse ... 60

7.2.5. Le transfert en milieu scolaire ... 61

7.3. La culture enfantine ... 63

7.3.1. Les jeux enfantins... 64

7.3.2. Le déni de la culture enfantine ... 66

7.3.3. Un double système normatif ... 67

7.3.4. La violence de l’école ... 70

7.4. Le groupe et son fonctionnement ... 73

7.4.1. Le groupe, la bande, la foule ... 76

7.4.2. Le groupe et les affinités entre les êtres ... 79

7.4.3. L’illusion groupale ... 81

7.4.4. Le groupe, l’imaginaire et le fantasme... 83

7.4.5. Le groupe et l’angoisse ... 85

7.5. Les phénomènes de violences et de victimisations au sein de l’institution scolaire .... 87

7.5.1. Violences directes et indirectes ... 90

7.5.2. Sélection victimaire... 91

7.5.3. Environnements scolaires et familles ... 96

7.5.4. Un autre regard sur les victimes et leurs bourreaux ... 98

8. En guise de conclusion : au bout de la souffrance ... 101

8.1. La souffrance en milieu scolaire... 102

8.2. Le pourquoi du phénomène du bouc émissaire selon les personnes interviewées ... 107

8.3. Après la pluie le beau temps... 110

9. Bibliographie ... 113

10. Annexes ... 118

10.1. Entretien n°1du 11 janvier 2008 avec Alice sur le thème du bouc émissaire 118 10.2. Entretien n° 2 du 11 mars 2008 avec Fabienne sur le thème du bouc émissaire ……….135

10.3. Entretien n°3 du 12 mars 2008 avec Christelle sur le thème du bouc émissaire ……….157

10.4. Entretien n°4 du 8 juin 2008 avec Julie sur le thème du bouc émissaire ... 181 10.5. Entretien n° 5 de juin 2008 avec Benjamin sur le thème du bouc émissaire . 206

10.6. Concepts théoriques psychologiques et psychanalytiques ... 224

10.6.1. Résilience selon Boris Cyrulnik ... 229

10.7. Fonctionnement général de la mémoire ... 233

10.8. La dynamique des groupes ... 235

3. Dédicace

A tous les intrus, les têtes à claques, les détestés, les moutons noirs, les évincés, les mal aimés, les brimés, les martyrs, les écartés, les têtes de turcs, les souffre-douleur, les ostracisés, les exclus, les honnis, les vilipendés, les poils de carottes, les maltraités, les exécrés, les opprimés, les raillés, les maudits, les haïs, les ridiculisés, les moqués, les abhorrés, les victimes… à tous les boucs émissaires, voici votre sempiternelle histoire, la plus vieille du monde, celle qui recommence indubitablement et sans lassitude, à croire que les hommes n’apprennent jamais rien. Bienvenue dans l’étrange histoire de l’humanité. Je vais vous expliquer les balbutiements du mystère du bouc émissaire, son système de fonctionnement intrinsèque, pernicieux et obscur. Nous allons voir par quel moyen ce phénomène est rendu possible et le pourquoi profond de sa raison d’être. Merci aux boucs émissaires et au cher sentiment de culpabilité d’exister, car sans eux il n’y aurait pas de société, de religion et nous nous serions certainement déjà tous entretués.

4. Lien personnel avec la thématique

Prémisse d’une étincelle de vie

Une seule intime certitude dans les balbutiements fantasmagoriques de mon mémoire : il portera sur l’enfance. Elle m’a toujours passionnée, même lorsque elle représentait la réalité de mon être. Un autre désir a commencé à m’habiter, plus tard, celui que mon écrit de master s’attarde sur le mystère de la condition humaine et le pourquoi de son inextirpable vague à l’âme qui m’interroge depuis un temps infini. Quels sont les desseins de la liane souffrance ? Peut-on grandir lorsqu’elle nous a attaché à elle alors que nous n’étions encore qu’une jeune pousse, qu’elle a attaqué nos racines? De multiples idées se sont entrechoquées dans mon esprit, je souhaitais tour à tour m’intéresser à l’enfance frappée par la mort, par le viol, par l’abandon, m’envoler au Brésil à la rencontre des enfants de la rue. Tout trop lourd, tout au dessus de mes forces, je suis encore parfois une éponge de mer excessivement passionnée qui s’investit sans retenue, corps et âme, dans toute entreprise. La thématique du bouc émissaire durant l’enfance me sembla idéale, elle était peu traitée et me touchait de près tout en étant suffisamment loin pour ne pas m’être douloureuse outre mesure.

L’expérience du bouc émissaire

Lorsque j’étais enfant, j’ai connu dans une mesure supportable les affres et les misères du bouc émissaire de la première à la troisième primaire. D’une façon générale, la couleur dorée n’était pas dominante sur la toile du tableau de mon enfance. Ma situation familiale et scolaire n’étant pas des plus heureuses. Pour de multiples raisons, le monde que j’habitais me semblait sibyllin, tinté d’étrangetés, d’incohérences, de non-dits, de malveillances. Ce faisant, j’éprouvais des méfiances par rapport aux autres, ne les comprenais pas aisément. J’étais souvent choquée et dubitative face aux réactions et attitudes humaines. Mais fort heureusement, il m’est aussi arrivé de me sentir émerveillée par certains actes de bravoure ou de gentillesse.

Ma classe comportait un petit noyau central de fillettes qui s’agglutinaient autour d’une meneuse qui s’amusait à manipuler son petit monde. La morgue princesse de la pluie et du beau temps était une très jolie petite fille au caractère outrecuidant. Ses suivantes tournaient

autour d’elle comme des papillons attirés par une chatoyante lumière. Elles se brûlaient les ailes mais ne le remarquaient guère, aveuglées qu’elles étaient par le leurre de la lumière et rendues muettes par leur complicité. La souveraine amplifiait son illusoire pouvoir en l’asseyant sur les autres.

Du noyau central se détachaient des électrons libres qui, pour diverses raisons, ne faisaient partie du royaume qu’à de rares occasions. Selon les besoins ou le bon vouloir de la princesse, nous étions utilisés ou rejetés. Ce phénomène étant encore renforcé en troisième primaire par le jeu particulièrement pernicieux et abject d’une enseignante qui semblait éprouver du plaisir à déverser son poison humiliant sur certains enfants.

J’étais bouc émissaire en second, une autre petite fille remplissant le premier rôle, plusieurs autres enfants étaient aussi parfois ostracisés. Nous étions toutes deux des fillettes un peu hors norme. J’étais une enfant dans la lune, éprouvant de grandes difficultés face aux apprentissages scolaires. J’étais secrètement éprise d’un garçon de la classe parallèle qui avait un physique considéré comme ingrat et qui me semblait tellement triste et doux à la fois, il me touchait au plus profond de mon être. Les autres filles étaient amoureuses du plus beau, elles m’apparaissaient comme futiles, manquant de personnalité propre. Contrairement aux starlettes de l’école, j’étais fréquemment vêtue d’habits surannés et ne possédait guère de jouets « derniers cris ». Gare à moi si j’avais l’audace de déroger à cette règle. Soit elles s’arrangeaient pour détruire mon bien, soit elles me poursuivaient dans toute la cour de récréation et me vilipendaient. Il m’était interdit de briller, l’ombre que je projetais sur elles leur était insupportable.

J’ai souvenance que de temps à autre l’on me proposait de rejoindre le royaume. Mais mon immersion en terre étrangère se soldait habituellement par mon rejet. Je n’étais souvent qu’un objet sur lequel il était agréable de tester l’humiliation. Le comportement « offusquant » dont je faisais montre était parfois mis en cause. D’autres fois, c’est mon refus de prendre part aux brimades contre la fille la plus maltraitée de la classe qui me valait d’être ostracisée à mon tour. Certaines fillettes, prises à part, hors du joug de la souveraine, jouaient avec moi après l’école. D’autres filles de la classe, plus ou moins mal-aimées, étaient parfois mes copines.

Les garçons, quant à eux, ne m’ont jamais maltraitée. Ils appartenaient à un monde parallèle qui avait très peu de connections avec celui des filles.

Cet état d’ostracisme, de moquerie et de brimade prit fin en troisième primaire. Je devais doubler et en éprouvais une honte profonde. Je désirais que les autres enfants ne soient pas informés de la situation dans laquelle je me trouvais et n’en parlais donc à personne. Suite à

une sournoise et rusée trahison d’une fille mon douloureux secret fut révélé au grand jour.

Cette fillette, qui était la plus brillante, était aussi parfois maltraitée. Elle me demanda si elle pouvait voir mon carnet tout en m’assurant qu’elle ne regarderait pas mes notes. Elle pensait que son livret comportait une anomalie et désirait juste consulter la dernière page. Je ne savais pas que, sur ladite page, il était écrit « non promue » et lui donnais mon carnet en lui faisant une confiance naïve. C’est alors qu’elle s’écria « ouais y a Evelyne qui double ! ». Toute la classe reprit ce litanique slogan en chœur et l’entonna avec une joie non dissimulée. Les enfants tapaient dans leurs mains un rythme endiablé et dansaient. J’étais prostrée au fond de la classe attendant que la maîtresse interrompe cette sordide et douloureuse scène, la suppliant d’un regard effaré. Elle ne fit rien.

Mon désarroi fut total. Je me suis sentie trahie par cette fillette, par la maîtresse. Mais aussi par mes parents et Dieu qui n’avaient pas su empêcher mon redoublement. Ne croyant plus en rien ni en personne, étant incapable de faire confiance à quiconque, je pensais ne pouvoir compter que sur moi seule. Lorsque la nouvelle année scolaire débuta, j’étais fermement résolue à ne pas me laisser malmener par des camarades plus petits. Je me suis transformée en un drastique cactus. Il me fallut quelques années encore pour parvenir à faire tomber les épines.

5. Le journal de bord de la démarche méthodologique ou l’art de l’agriculture

Le présent mémoire s’inscrit dans un courant interprétatif qui envisage le rapport du chercheur au terrain et de la théorie au terrain sous d’autres modalités que celles qui sont offertes par la posture explicative.

Mon être est totalement imprégné des parfums de la culture de laquelle je suis issue. Ayant vécu moi-même l’expérience du bouc émissaire, je suis mon premier informateur de la thématique de cet ouvrage. De par cela même, je ne peux nullement prétendre à une objectivité absolue. Les sucs de mon expérience de vie me nourrissent constamment et changent les filtres de ma vision de la vie et de son interprétation. Pour prétendre à une quelconque scientificité, je ne puis pas me baser uniquement sur mon sens commun. Je confronte donc le sens que je donne à cette expérience avec les autres. Ce faisant, je laisse place à la découverte et je l’enrichis. Mon sens commun se voit devenir plus riche, il s’organise en fonction de théories préexistantes.

En parlant du chercheur et de l’épistémologie de la compréhension, Schurmans (sous presse) nous explique que le chercheur :

[…] est marqué par les institutions qui, forgées par l’Histoire, structurent cette collectivité et il participe, au présent, aux interactions structurantes qui s’y développent. […] L’identité du chercheur est le fruit de son « expérience vécue » tout au long de sa trajectoire biographique. Cette expérience vécue se construit dans un double mouvement : l’extériorité affecte la personne, participant ainsi de la constitution de l’intériorité ; et l’intériorité, se constituant en permanence, affecte la personne. […] Le mouvement d’intériorisation de l’extériorité affecte à son tour l’extériorité par le fait de la participation de la personne à l’interaction : celle-ci est, pour autrui, un autrui qui affecte.

Ce mémoire prend la forme du va-et-vient entre le terrain, la théorie et l’analyse. Une section centrale est allouée à la méthodologie, notamment autour des entretiens, de la production et de l’analyse des données. Cette logique, suivie dans la réalisation de mon étude, organise la structuration de mon texte.

La méthodologie du présent mémoire s’inscrit donc dans une démarche « en spirale » ou « de triangulation » entre terrain, théories et réflexion personnelle. Comme l’expose Rougemont (2006), la construction en spirale est issue des courants compréhensifs.

Ces courants ont modifié les modes d’emploi des recherches et aplani les hiérarchies construites entre le sens commun et la légitimité scientifique. La démarche en spirale est appelée aussi « de triangulation » car elle implique de constantes allées et venues entre pôles : le terrain, la théorie et la réflexivité du chercheur (sa manière de réagir, d’intégrer les nouveaux éléments recueillis sur le terrain et au niveau théorique). (p.

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Naissance d’un petit rien plein d’espoir

Choisir avec soin une graine, la planter, l’arroser, espérer qu’elle pousse, imaginer à quoi elle va ressembler, l’irradier de lumière, surtout être patiente, la regarder grandir, aimer la voir prendre des formes inattendues, lui apposer quelques tuteurs, se laisser porter au gré de ses détours, récolter le fruit mûri grâce à un doux mélange de labeur et de gourmandise ; enfin, espérer qu’il saura tous vous sustenter.

Le choix du tuteur parfait

Lorsque j’ai rencontré Bessa Myftiu, par le biais d’un cours qu’elle dispense en sciences de l’éducation, le désir de tenter l’aventure du mémoire avec elle est né dans mon esprit. Son approche littéraire, l’originalité et la richesse de son cours, ainsi que de sa personnalité, m’ont séduite. De plus, je savais qu’elle était une ancienne assistante du professeur Cifali dont les enseignements m’avaient au plus haut point captivée tant dans l’apport direct de leurs contenus que dans l’émergence des questionnements intimes induits subtilement. Tout en étant distinctes, Mireille Cifali et Bessa Myftiu me semblaient sortir de la même sorte de graine et, si je puis me le permettre, pas de la mauvaise. Je savais, suite à une discussion que j’avais eue avec Madame Cifali, qu’elle et Madame Myftiu avaient récemment écrit un ouvrage sur la thématique du bouc émissaire. Pourquoi ne pas rédiger mon mémoire sur ce sujet qui taraudait mon esprit depuis l’enfance et qui rassemble tous les intérêts qui m’habitent ? Lorsque le temps fut arrivé, en fin de mon cursus universitaire, d’arrêter un choix, il se porta tout naturellement sur le bouc émissaire. A la sortie de mon tout dernier cours en sciences de l’éducation, en juin 2007, qui avait lieu avec Bessa Myftiu, je pris mon courage à deux mains et lui fit la demande d’être ma directrice de mémoire en lui exposant brièvement mon sujet.

Explorer toutes les invisibles promesses de la graine

Bessa Myftiu manifesta de l’intérêt pour ma démarche et me proposa de lui faire parvenir un mail afin de lui exposer mes idées de façon plus approfondie et formelle. Je lui écrivis que comme étant un microcosme de notre société et voulais comprendre comment le phénomène du bouc émissaire pouvait être influencé par cela. Enfin, je désirais saisir en quoi le fait de malmener un camarade pouvait apporter quelque chose aux autres élèves.

Madame Myftiu fut, selon toute vraisemblance, séduite à son tour car elle accepta ma requête et se trouva par là même promulguée directrice de mon mémoire. Les courriels devinrent notre mode de communication privilégié.

Je commençai tout d’abord par lire quelques ouvrages clefs tels que Cyrulnik, B. (2001) : Les vilains petits canards. Cifali, M. & Myftiu, B. (2006) : Dialogues & Récit d’éducation sur la différence. Jubin, P. (1988) : L’élève tête à claque. Et Girard, R. (1982) : Le bouc émissaire.

Je m’attelai aussi à la recherche de personnes à interviewer, car cela prenait du temps.

Démarche que je fis simplement en parlant autour de moi. Je fus très étonnée du nombre considérable d’individus qui avaient été touchés par la problématique du bouc émissaire durant leur enfance. Beaucoup de femmes étaient prêtes à témoigner, à se confier, à se raconter. Les hommes semblaient plus sur la réserve. Je cherchai donc pendant plusieurs mois des personnes pouvant satisfaire à un maximum de critères. Il fallait que je trouve au moins un homme, que dans mes entretiens soient aussi représentés des êtres qui avaient eu une forte ascension sociale, des élèves présentant un profil scolaire diversifié en termes de notes, que les classes sociales soient variées, que je n’interroge pas que des personnes de mon âge. Je désirais avoir des entretiens représentatifs de la variété des possibles profils des boucs émissaires. Les interviewés devaient aussi être à même de m’offrir une connaissance de la pluralité des expériences tout en m’informant sur une problématique précise.

La récolte des perles de rosée des entretiens compréhensifs

Entre février et juin 2008, j’ai interviewé séparément et pendant environ une heure et demie, quatre femmes et un homme. Agés entre vingt et cinquante ans, ils ont tous des profils scolaires, sociaux, humains et professionnels différents. Les entretiens ont été menés sur six mois, au fur et à mesure que de nouvelles personnes acceptaient d’être interviewées. Je désirais interroger des êtres ayant été des victimes émissaires uniquement durant leur enfance.

Un seul entretien ne correspond pas totalement à ce profil, celui de Benjamin. Je n’ai en effet compris qu’il avait vécu cette situation à la préadolescence que lorsque nous étions en plein interview. Les personnes que j’ai choisies me sont toutes connues et pour certaines mêmes extrêmement chères et proches. J’éprouve pour chacune d’elles un respect et une reconnaissance infinie.

Je me suis intéressée à la vision et l’interprétation que les personnes interviewées donnaient aux événements qu’elles avaient vécus. La possibilité de procéder à des entretiens du type directif a été exclue car je ne n’ai pas souhaité déterminer des catégories à priori. J’ai donc décidé d’employer la méthode des entretiens semi directifs car « ils se basent sur une négociation du sens donné à la réalité entre l’intervieweur et l’interviewé » (Rougemont, 2006, p. 19).

Voici la grille d’entretien constituée pour les interviews :

Questions d’entretien semi directif sur le thème du bouc émissaire

Questions dressant un portait socio-démographique de la famille de la personne interviewée :

1. D’où viennent tes parents ?

2. Quelle profession exerçaient-ils lorsque tu étais enfant ? 3. As-tu des frères et sœurs ?

4. Si la réponse est positive : que font-ils dans la vie actuellement ?

5. Quelle était ta situation familiale, comment étaient tes parents, (divorce, naissances, frère ou sœur, maladie...) ?

6. Te sentais-tu en sécurité au sein de ta famille, est-ce que tu y étais bien ?

7. Quelles relations avais-tu avec les adultes, est-ce que tu t’entendais bien avec eux ou pas (parents, famille élargie, enseignants) ?

8. Quel type d’établissement scolaire fréquentais-tu (ville, campagne, aisé, populaire…) ?

Questions dressant un portrait actuel de la personne interviewée : 9. Quel âge as-tu ?

10. Que fais-tu actuellement dans la vie ?

11. Quel a été, en bref, ton parcours scolaire puis professionnel ?

Questions sur la problématique du bouc émissaire, portrait de la personne interviewée

Questions sur la problématique du bouc émissaire, portrait de la personne interviewée