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Le relié et le délié : le document comme dispositif techno-sémio-pragmatique

1 Le « numérique », perturbation et reconfiguration des ordres documentaires

1.2 Faire document et/ou documentariser : désigner la valeur informationnelle informationnelle

1.2.1 Le relié et le délié : le document comme dispositif techno-sémio-pragmatique

Mesurer la valeur info-documentaire, comprendre comment elle prend corps au cours des processus de production et circulation des documents, comment elle incarne des normes implicites ou explicites des pratiques de savoir, c’est donc dans un premier temps identifier le document comme une forme d’inscription des énoncés, comme un régime matériel d’existence des énoncés. Pour parvenir à cela, il est nécessaire de définir au moins quatre concepts : celui de texte, celui d’énoncé, celui de genre de discours et celui de forme documentaire, sachant que seul le dernier nous semble appartenir pleinement aux SIC alors que les autres connaissent de multiples acceptations notamment en littérature, en linguistique et en analyse du discours. C’est pourquoi, plus qu’en eux-mêmes, ces concepts seront avant tout travaillés pour définir la relation entre eux et le document.

1.2.1.1 Le texte

Partons de la définition du texte qu’en donne Roland Barthes à l’entrée de son article de l’Encyclopaedia Universalis « Théorie du texte »151 :

« Qu'est-ce qu'un texte, pour l'opinion courante ? C'est la surface phénoménale de l'œuvre littéraire ; c'est le tissu des mots engagés dans l'œuvre et agencés de façon à imposer un sens stable et autant que possible unique. […] Lié constitutivement à l'écriture (le texte, c'est ce qui est écrit), peut-être parce que le dessin même des lettres, bien qu'il reste linéaire, suggère plus que la parole, l'entrelacs d'un tissu (étymologiquement, « texte » veut dire « tissu ») il est, dans l'œuvre, ce qui suscite la garantie de

151 Barthes Roland. Théorie du texte. In Encyclopaedia Universalis : édition numérique pour la recherche

documentaire et l’enseignement. Consulté le en octobre 2012 et en mars 2015. Disponible sur :

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la chose écrite, dont il rassemble les fonctions de sauvegarde : d'une part, la stabilité, la permanence de l'inscription, destinée à corriger la fragilité et l'imprécision de la mémoire ; et d'autre part la légalité de la lettre, trace irrécusable, indélébile, pense-t-on, du sens que l'auteur de l'œuvre y a intentionnellement déposé ; le texte est une arme contre le temps, l'oubli, et contre les roueries de la parole, qui, si facilement, se reprend, s'altère, se renie. La notion de texte est donc liée historiquement à tout un monde d'institutions : droit, Église, littérature, enseignement ; le texte est un objet moral : c'est l'écrit en tant qu'il participe au contrat social ; il assujettit, exige qu'on l'observe et le respecte, mais en échange il marque le langage d'un attribut inestimable (qu'il ne possède pas par essence) : la sécurité. »152

Un des avantages de cette introduction barthésienne à une théorie du texte c’est de partir de l’opinion commune du texte et de son auteur, qui consiste à rattacher ces concepts non seulement au monde du livre mais plus précisément à l’univers littéraire. De la même façon que les enseignants, les professeurs documentalistes, les élèves, les étudiants renvoient encore souvent l’idée de document au canon du livre imprimé, la recherche comme l’opinion commune autour du texte prend racine dans celle sur le texte littéraire. Et il est nécessaire pour construire une théorie communicationnelle du document de comprendre et de critiquer ces liens entre texte et littérature, de la même façon qu’entre livre et document. Et c’est en grande partie ce que fait Barthes, en tant que sémiologue, en reprenant pour l’essentiel le travail de Julia Kristeva et en posant le texte à la fois comme un tissu de signes et comme un objet social dont les fonctions sont très proches de celles que les SIC donnent au document : la stabilité, la synchronie, la formalisation des énoncés, ses liens avec le pouvoir des institutions sur la production et la circulation des énoncés. Nous retrouvons ici quelques-uns des points fondamentaux posés par Escarpit, Meyriat et le groupe RTP-doc. Le caractère social du texte, comme inscription matérielle et sémiotique des énoncés, est abordé de manière plus aboutie dans la suite de l’article, en abordant là-aussi des aspects déjà abordés plus haut pour le document : notamment celui de la matérialité, celui de l’agencement, celui de la signification à la croisée de l’Écrire et du Lire, qui font du texte une pratique, une signification en acte qui à la fois existe par les règles

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linguistiques et par leur individuation, leurs écarts et par leurs inventions dans l’écriture et la lecture :

« Le texte est une pratique signifiante, privilégiée par la sémiologie parce que le travail par quoi se produit la rencontre du sujet et de la langue y est exemplaire : c'est la « fonction » du texte que de « théâtraliser » en quelque sorte ce travail. […] elle (la pratique signifiante) implique que la signification ne se produit pas de la même façon non seulement selon la matière du signifiant (cette diversité fonde la sémiologie), mais aussi selon le pluriel qui fait le sujet énonciateur (dont l'énonciation – instable – se fait toujours sous le regard – sous le discours – de l'Autre). C'est ensuite une pratique ; cela veut dire que la signification se produit, non au niveau d'une abstraction (la langue), telle que l'avait postulée Saussure, mais au gré d'une opération, d'un travail dans lequel s'investissent à la fois et d'un seul mouvement le débat du sujet et de l'Autre et le contexte social. » 153

Le texte est donc toujours une production sémiotique originale mais prise dans le tissu des autres textes et dans ses contextes sociaux de production et de réception. La signification du texte se construit donc à la rencontre de sa matérialité signifiante, de son énonciateur et de son lecteur. Inscription des énoncés, il est un travail concret de la langue abstraite, sa mise en scène pour assurer la stabilité, dans le temps et l’espace, d’un énoncé, le tout dans une situation de communication réifiée par l’acte même de l’inscription. Se retrouve alors une définition du texte qu’avec Annette Béguin-Verbrugge nous allons retenir comme particulièrement opératoire en SIC :

« Unité sémiotique définie par son autonomie et sa ‟clôture’’. Le texte se caractérise à la fois comme ‘’un objet empirique et une unité complexe hétérogène’’ » 154

153 Ibid. p. 3 de la version pdf.

154 Ducrot Oswald, Schaeffer, J.M. Nouveau dictionnaire encyclopédique du langage. Paris : Seuil, 1995. P. 494. Cité par Béguin-Verbrugge, Annette. Images en texte, images du texte : dispositifs graphiques et

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Unité cohérente donc, se clôturant dans l’interruption des communications directes pour inscrire de manière permanente un énoncé quitte à ne pas considérer cet énoncé seulement dans son inscription linguistique mais dans toutes ses « matières de l’expression »155 : image, écrit et son. Ce qui peut amener, dans cette thèse, comme dans de nombreux écrits sémiologiques ou du ressort des SIC, à naviguer, selon les paragraphes, la progression des idées, entre une notion du texte ramené au texte linguistique, ou une notion du texte élargi à toute unité sémiotique combinant, entrelaçant des signes de toute matière : ce qui permet de penser le texte multimédia, et ceci même dans le littéraire. Il n’est pas d’ailleurs inutile de rappeler que Roland Barthes et Oswald Ducrot sont deux des chercheurs qui ont participé à la naissance des SIC en France156 ; et de réfléchir, avec Oriane Deseilligny et Serge Bouchardon157, à la manière dont les concepts travaillent entre littérature et SIC lorsqu’il s’agit de construire la théorie du document. Il est pertinent de redonner ici leur schéma158 des dynamiques convergentes et divergentes entre SIC et littérature car il contribue à éclairer le point de vue communicationnelle des SIC sur le texte, tout en montrant que les SIC ne peuvent pas pour autant faire totalement l’économie des apports des études littéraires et linguistiques.

155 Hjelmslev Louis. Prolégomènes à une théorie du langage : la structure fondamentale du langage. Paris : éditions de minuit, 2000. (Arguments).

156 Boure Robert et al. Les origines des sciences de l’information et de la communication : regards croisés. Villeneuve d’Ascq, Presses Universitaires du Septentrion, 2002.

157 Bouchardon Serge et Deseilligny Oriane. SIC et littérature. In Actes du XVII° congrès de la SFSIC : au cœur

et aux lisières de SIC, 23-25 juin 2010. Dijon : SFSIC, Université de Bourgogne, 2010. p. 168-177

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Figure 3 : Les concepts en études littéraires et en Sciences de l'Information et de la Communication

Il est dommage que le concept de document ne soit pas abordé dans ce schéma et cet article comme le noyau possible des notions qui traversent études littéraires et SIC même si par contre est très visible un ensemble de notions particulièrement travaillées dans cette thèse : pratiques, usages, dispositif, trivialité, forme, média, valeur informationnelle, le tout sous l’égide d’une approche communicationnelle. Et cette approche communicationnelle fait la spécificité des SIC dans leur abord du texte :

« […], l'accent sera également mis en SIC sur le texte comme « objet communicationnel », comme « un objet symbolique qui circule et participe des échanges sociaux » (Jeanneret, Souchier, Le Marec, 2003, p.37)159. Le texte n'existe pas en soi, dans une approche communicationnelle, mais en tant qu'il est d'abord feuilleté (porté par un support et déployé à travers des couches autant sémiotiques que techniques) et inscrit dans des processus de circulation sociale. C'est la manière dont le texte circule et se

159 Jeanneret Yves, Souchier Emmanuel, Le Marec Joëlle (dir.) Lire, écrire, récrire : objets, signes et pratiques

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transforme d'un média à l'autre, dont l'intertexte construit l'environnement médiatique, dont les formes journalistiques, poétiques, symboliques, rhétoriques sont travaillées par une situation de communication appareillée par un dispositif singulier qui sera étudié. »160

Le jugement sur les études littéraires est sans aucun doute un peu sévère (voire hors de propos : à chaque discipline son regard sur un même objet ?) et occulte en partie à quel point la sémiologie est parente à fois de celles-ci et des SIC. Je retiendrai donc l’idée du texte comme entrelacement de signes qui dans l’acte de leur inscription matérielle stabilise et met en scène les énoncés, et ceci pour circuler, être lu, feuilleté, cité, découpé, transformé etc. Il est donc un des composants fondamentaux du document, indissociable d’une compréhension de sa valeur si, bien sûr, on ne le coupe pas de ses pratiques, pratiques de production, pratiques de circulation et pratiques de réception. Se retrouve à nouveau le caractère éminemment politique d’une économie des documents, comme le soulignent Yves Jeanneret et Emmanuel Souchier en partant du discours de Paul Valéry sur la valeur littéraire161 pour la revisiter en une réflexion sur la médiation littéraire et cet objet social qu’est la littérature :

« La littérature elle-même, en elle-même, ne se définit pas comme une collection morte de productions, aussi élaborées soient-elles, mais comme un ensemble disparate de pratiques, de valeurs, de représentations d’objets. La littérature est une réalité matérielle, symbolique, éminemment vivante, en permanente métamorphose…

Défendre cette position ne signifie pas araser les discours et les formes, mettre en équivalence tout type de texte ou de commentaire, mais essayer de comprendre comment certains rapports singuliers d’écriture et de lecture se déploient dans un espace social. »162

160 Bouchardon Serge et Deseilligny Oriane. SIC et littérature. In Actes du XVII° congrès de la SFSIC : au cœur

et aux lisières de SIC, 23-25 juin 2010. Dijon : SFSIC, Université de Bourgogne, 2010. p. 172

161 Valéry Paul. Première leçon du cours de poétique. In Œuvres, vol 1. Paris, Gallimard, [1937] 1957. (Bibliothèque de la Pléiade). p. 1340-1358.

162 Jeanneret Yves et Souchier Emmanuel. La « valeur » de la médiation littéraire. Communication &

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Ce détour par le texte littéraire et sa valeur permet de travailler la genèse de la notion de texte en SIC mais aussi de rappeler à nouveau à quel point les régimes de production et de circulation des textes sont d’ordre social et s’incarnent dans une échelle de valeurs, une hiérarchie de pratiques, de formes et de représentations. Et, comme le dit si bien la citation, il ne s’agit pas de dénigrer cette échelle, de vouloir mettre toutes les pratiques du Lire et de l’Écrire et tous les textes ou documents au même niveau. Il est question de comprendre que, par les documents, se produit et se reçoit une valeur des textes, se déploie un ordre documentaire ; et que dans leurs lieux de circulation, se produisent et se reçoivent des normes sur les manières de faire avec les documents et leurs textes ; et ceci afin de générer une denrée « information-connaissance-savoir » correspondant à un certain régime de validité. Dans cet article, c’est celui de la littérature qui est analysé. Pour en revenir à notre terrain de thèse, cet ordre documentaire semble participer lui-aussi d’une norme implicite de la valeur info-documentaire à l’école comme chez les élèves. Nous verrons que bien souvent, au CDI comme à la maison, quand il s’agit d’auteur, il s’agit d’auteur littéraire. Et toujours dans cette même séance d’initiation CM2-6°, la professeure documentaliste est aux prises avec la complexité du mode d’existence des objets littéraires au point d’être obligée, avec les élèves, poussée par eux, de questionner l’identité facile entre littérature et fiction. Ce questionnement se fera en deux temps, d’abord lorsqu’elle explique le classement des documentaires, puis lorsqu’elle revient vers la découverte du classement des fictions. La très grande majorité des CDI de collège (comme la plupart des bibliothèques municipales) exclut les livres de littérature du classement Dewey et répartissent les livres entre deux espaces séparés, un espace « fictions » et un espace « documentaires ».

C’est le cas ici et c’est là que les choses se compliquent : en sortant la littérature du système général de classification des textes, ce type de classement physique fait des documents donnant à lire les textes littéraires, des documents à part, avec un régime d’existence sociale normalement (selon une norme) hétérogène, irréductible à ceux de tous les autres textes. Mais est-ce si clair ? Quelles sont les significations de cette norme implicite, quelles en sont les représentations sous-jacentes ? D’ailleurs, la répartition spatiale de ce CDI marque très fortement la séparation au point d’en faire une opposition entre ces deux secteurs du CDI.

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Séance liaison CM2 – 6° : littérature, fiction, documentaire et réalité

Prof doc : Vous pouvez me donner des exemples de sujet ? De ce côté, de ce côté (désignation) Elève 1 et 2 : Sport

Prof doc : Les livres qui parlent du sport sont ensemble Elève 3 : Littérature

Prof doc : Les livres qui parlent de la littérature… Alors là faudrait qu’on explique un peu plus… Tu sais ce que c’est la littérature ?

Elève 3 : Oui

Prof doc : Qu’est-ce que c’est ?

Elève 3 : Ben je ne saurais pas l’expliquer

Prof doc : Est-ce que quelqu’un peut dire quelque chose ? On va aller s’approcher. On va tout de suite aller dans les choses compliquées

Elève 3 : Ouais ! (chuchotis)

Prof doc : Alors qu’est-ce que c’est la littérature ? Elève 2 : On va imaginer (chuchotis)

Prof doc : Non. Alors je regarde comme ça, je vois : [rayon documentaire sur la littérature]: Molière, la littérature française, le XVII° siècle, le français…

Elève 4 : Ah du théâtre ?

Prof doc : Alors c’est pas seulement le théâtre. La littérature c’est tout ce qui a été écrit par des…

Elèves : Auteurs

Prof doc : Des écrivains voilà… mais pas forcément des écrivains français, tout ce qui a été écrit par des écrivains : la poésie, le théâtre, le roman. Alors, on pourrait ranger ici tout ce qui se trouve là-bas… Oui, parce qu’est-ce qu’il y a de l’autre côté ?

Elèves : Des romans

Prof doc : Oui mais un ensemble, qu’est-ce qu’il y a de l’autre côté ? Qu’est-ce que vous avez-vu ?

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Séance liaison CM2 – 6° : littérature, fiction, documentaire et réalité (suite)

Elèves : Silence

Prof doc : Ah t’as parlé de littérature, alors voilà on est embarqué maintenant. Les livres qui se trouvent de l’autre côté qui contiennent quel genre de choses ? Ici c’est pour faire des

recherches. Ici ce sont les livres qu’on va utiliser pour apprendre quelque chose et les livres qui sont là-bas on va les lire pour quoi ?

Elèves : C’est quand. . . C’est une occupation [hésitation]…

Prof doc : C’est une occupation si on veut. C’est des livres qu’on lit pour le plaisir. Qu’est-ce qu’il y a dans ces livres ?

Prof doc : Des rom… Prof doc : des romans… Et ? Elèves : silence

Prof doc : On ne lit que des romans ? Vous ne connaissez que les romans ? Comme livres qu’on lit pour le plaisir ?

Elève 3 : La science-fiction.

Prof doc : Les romans de science-fiction. Elève 4 : Ben des animaux…

Prof doc : Des romans fantastiques !

Elève 4 : Nature et animaux (chuchotis en parallèle)

Prof doc : Des romans qui parlent des animaux et de la nature. Ensuite ? Elève 3 : Policiers

Prof doc : Des romans policiers

Prof doc : Tout ce que vous venez de dire … Elève 5 : Histoire (chuchotis)

Prof doc : Des romans historiques. Tout ce que vous venez de dire ce sont des genres littéraires…Tout ça c’est de la littérature : on aurait pu la ranger là, mais ces livres qui se trouvent rangés là-bas, ce sont les livres que vous pouvez emprunter, que vous lisez pour le plaisir, qui racontent des histoires, qui sont dans le monde de l’imaginaire. Alors qu’ici, ce sont Elève 3 : La réalité

Prof doc : Voilà, c’est la réalité. Ce sont les livres documentaires ; Et ici les livres qui parlent de la littérature ce sont les livres qui vont vous parlez des écrivains et des genres littéraires que vous trouvez de l’autre côté. Bon ben ça ne va pas vous arriver, vous entrez en 6° mais si vous avez besoin de travailler sur le roman policier, vous allez là-bas pour lire un roman policier et ici vous allez apprendre ce que c’est qu’un roman policier

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A la fin de ce premier temps d’échange, initié par un élève, sur la littérature, l’ordonnancement est posé clairement : d’un côté les documentaires, de l’autre la littérature, avec, « petite » complexité, dans les documentaires, l’existence de livres sur la littérature. Mais surtout, pour chacun de ces types de textes et/ou de documents une définition de leur régime social d’existence, au moins pour ce qui est du collège et de son CDI. Pour la littérature, quatre piliers fondamentaux : des textes d’écrivains, des textes à lire pour le plaisir (et donc que l’on emprunte), des textes de l’imaginaire (qui racontent des histoires), des textes qui se répartissent en genres. Pour ce qui est des documentaires : des textes qu’on ne lit pas ou en tous les cas pas pour le plaisir (et donc qu’on n’emprunte pas ?), des textes dans lesquels on fait des recherches, des textes qui se répartissent par « sujet » et non par genre, et surtout des textes qui parlent de la réalité. Derrière ces assertions, et c’est très audible dans l’échange entre les élèves et la professeure documentaliste, apparaît déjà clairement la complexité des régimes de validité des textes, les plis et replis de la définition des objets textuels et documentaires et donc l’épaisseur socio-historique de plusieurs siècles de culture écrite incarnés dans ces si « simples » objets que sont les livres.

Voyons les points d’achoppement :

 Le premier glissement est celui entre littérature et fiction comme si toute fiction