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1 Le « numérique », perturbation et reconfiguration des ordres documentaires

1.1 Pour une économie politique des documents

1.1.2 Une économie politique du document

En conséquence, comprendre les « stratégies » et « tactiques »78 des collégiens pour répondre à la demande scolaire, pour faire vivre un apprentissage autonome mais sous contraintes, passe notamment par une observation et un recueil des pratiques de réécriture, des moyens de dissémination : répétition écrite de l’oralité enseignante ; composition, décomposition et recomposition de documents ; prise de notes dans le

77 Ibid. p. 60-61

78 Les termes sont volontairement ceux de Michel de Certeau pour ce qu’ils évoquent en termes de rapports de pouvoir dans la Culture. Nous les redéfinirons plus loin. De Certeau, Michel. L’invention du quotidien :

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continu de la lecture, méthodes de recherche et de sélection de l’information dans les lieux de savoir, au sein des documents et sur Internet, copié-collé des ressources documentaires, croisement des sources et assemblage de fragments textuels ; réponses commentées aux exercices du manuel ou de l’enseignant etc.

Faire une économie politique des documents et des textes, qu’est-ce que cela veut dire ? C’est comprendre que les documents, en mettant en scène les textes, en inscrivant les énoncés sous une certaine forme, organisent une hiérarchie des textes. Et c’est comprendre que les modalités de production et d’échange de ces documents participent pleinement à la constitution de leur valeur. Il y aurait alors, dans le processus même de la communication des textes par les documents deux strates de valeurs qui fonctionnent ensemble : la valeur que la forme documentaire assigne au texte, et la valeur que les pratiques d’écriture et de lecture donnent au document (et à son texte) dans l’échange. Ces deux couches de valeur qui s’articulent entre elles sont clairement évoquées par Roger Chartier dans son introduction générale à l’ouvrage « L’Ordre des livres : lecteurs, auteurs et bibliothèques en Europe. Entre XVI° et XVIII° siècles » :

« Les sens attribués à leurs formes et à leur motifs [aux œuvres] dépendent des compétences ou des attentes des différents publics qui s’en emparent. Certes les créateurs, ou les pouvoirs, ou les « clercs », aspirent toujours à fixer le sens, à énoncer l’interprétation correcte qui devra contraindre le lecteur (ou le regard). Pourtant toujours aussi, la réception invente, déplace, distord. »79

Dans ce livre, il est pour lui question de comprendre comment entre le XVI° et le XVIII°, le livre imprimé a été au cœur, a incarné matériellement, une série de transformations sociales dans l’économie de l’écrit, en bouleversant les formes de réception et d’appropriation des textes, en étant pris et partie prenante (sans qu’il soit vraiment possible de distinguer la poule et l’œuf) dans la trame d’une série de transformations des

79 Chartier Roger. L’Ordre des livres : lecteurs, auteurs et bibliothèques en Europe. Entre XVI° et XVIII° siècles. Paris : Alinéa, 1992. p. 9

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modes de partage des savoirs : marchandisation des textes à grande échelle, vulgarisation des connaissances, développement des bibliothèques, cristallisation de la notion d’auteur. S’il part des spécificités techniques et matérielles de l’objet-livre, et plus particulièrement du codex imprimé, Roger Chartier, et je vais essayer de le suivre dans cette voie, ne fait jamais l’erreur de dissocier les objets de leurs pratiques sociales et des représentations qui y sont liées. Il donne notamment une place fondamentale :

à l’ « activité liseuse » que je peux après lui et avec Elisabeth Schneider et Michel Dabène faire entrer dans le « continuum de l’écrit » ;

 aux modes de production et distribution des textes dans les lieux de pratique (comme les bibliothèques, les librairies, le colportage etc.) ;

 aux notions d’auteur, des savoirs comme bien commun, et d’originalité des textes débattus à l’époque moderne.

Comme lui, mais aujourd’hui, dans le lieu qu’est l’école, il va falloir relier l’analyse techno-sémiotique des formes documentaires, aux pratiques info-documentaires et aux représentations(aux notions de savoirs scolaires, de disciplines ou de sources telles qu’elles sont régulièrement évoquées par les programmes ou dans les discours des enseignants). De plus, cette citation montre à nouveau que la production et la circulation des documents sont des processus où se joue du pouvoir : pouvoir de ceux qui sont en position de produire et de diffuser des savoirs par les textes, pouvoirs des lecteurs dans leur sélection et appropriation de ces textes, pouvoirs des institutions de savoirs sur les modes de production et de circulation des textes en leur sein, pouvoirs des autorités politiques sur la légalité des textes, pouvoir des communautés de lecteurs-auteurs sur quoi et comment commenter, gloser etc.

Établissons déjà, que dans cette économie politique du document, il est obligatoirement question de temporalités dans l’existence sociale du document, dans les pratiques de l’écrit, et dans le partage du pouvoir entre institutions ou individus. Qui détient du pouvoir sur les deux premiers (existence sociale du document et pratiques de l’écrit) pour leur assigner une valeur ?

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Ainsi, dans l’existence sociale du document, il est question des temps de production, de circulation, de réception et d’appropriation des documents et de leur texte. Pour rapprocher ces temporalités des notions ayant cours en économie, il est possible de placer la production du côté du travail, la circulation et la réception du côté de l’échange et la réception et l’appropriation du côté de l’usage. Avec comme problématique, faisant d’ailleurs du document un objet qui encore aujourd’hui échappe, régulièrement et en partie, aux règles « classiques » de l’échange, que le document participe, à tous moments et dans tous ses états, aux processus de l’inscription techno-sémiotique des activités humaines, au moins pour ce qui est des sociétés donnant une place prépondérante à la culture écrite. Pour le dire autrement, les processus de réécriture, au moins pour ce qui est des documents qui n’entrent pas dans des formes closes (les chier, les classeurs, les fichiers bureautiques etc.), font du document un objet vivant qui se transforme, évolue et involue (change de valeur) au fil des temporalités et spatialités de ses usages. Cette participation aux activités humaines fait du document un objet de pratiques continues, puisque s’insérant dans la continuité entre le Lire et l’Écrire. Il est possible de rapprocher cette idée de celle qu’Alain Milon pose dans son ouvrage « La valeur de l’information »80 : il y insiste sur le fait que la valeur de l’information serait avant tout une valeur réseau, et ceci en rapprochant la circulation de l’information dans l’espace public de l’idée du rhizome chez Gilles Deleuze. L’information prend de la valeur en circulant, non de manière absolument hiérarchique, normalisée, mais dans l’épaisseur et les surprises des échanges sociaux.

Ce retour vers la notion de rhizome se retrouve aussi dans le livre dirigé par Alain Milon et Marc Perelman s’intitulant « Le livre et ses espaces »81, dans une contribution d’Hélène Campaignolle-Catel qui analyse comment, chez Deleuze et Guattari, sont explorées les idées de réseau et de rhizome justement en dynamitant les modes de lecture et d’écriture du livre et en en sapant le fonctionnement unificateur. Si l’école a souvent, dans les discours au moins, privilégié une forme canonique du texte, le livre (forme qui a pour fonctionnement la reliure, l’assemblage des fragments textuels), il y a dans le travail

80 Milon Alain. La valeur de l’information entre dette et don : critique de l’économie de l’information. Paris : PUF, 1999.

81 Milon Alain et Perelman Marc (dir.). Le livre et ses espaces. Paris : Presses Universitaires de Paris ouest, 2007. Disponible sur : <http://books.openedition.org/pupo/484?lang=fr>.

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d’écriture de Deleuze et Guattari, la volonté de mettre à jour les normalisations de l’Écrire et du Lire par l’objet-livre, alors même que d’autres « livres » seraient possibles. Normalisations auxquelles échappent souvent les textes lorsqu’ils sont lus, annotés, décomposés, recomposés par le lecteur-scripteur qu’est l’élève ou l’enseignant. Mais peut-être pour en amener ou en taire d’autres lorsqu’il s’agit des enseignants ?82

Plus que simple dispositif mécanique du texte (des pages reliées de manière linéaire dans l’objet-livre), Deleuze et Guattari approchent l’espace du texte par la notion d’« agencement », notion qui apporte l’idée d’une dynamique du texte, de temporalités de lecture venues par le texte et son déploiement dans le livre. Si la forme documentaire du texte (ici le livre) organise des modèles de production et de réception, une liberté du lecteur et du scripteur est possible dans la déstabilisation des agencements canoniques, comme celui de l’Arbre :

« Au modèle aristotélicien de l’œuvre close et de structure fermée s’oppose le modèle « nouveau » de la « carte » (modèle miniature et rénové par la technique du discours embranché, ramifié, et ouvert) : ‘’La carte est ouverte, elle est connectable dans toutes ses dimensions, démontable, renversable, susceptible de recevoir constamment des modifications. [...] C’est peut-être un des caractères les plus importants du rhizome, d’être toujours à entrées multiples. ‘’ 83‘’Rhizome’’ appelle à une mobilité nouvelle des structures de pensée et de discours, à une déstabilisation des formes hors de l’unification, forme morte, sans ‟désir” […]

Du concept rhizomatique en tant que forme qui déplace les critères fondamentaux du livre, nous passons à son effectuation dans le livre qui le porte, l’énergétique qui s’y déploie. Si, comme l’affirment Deleuze et Guattari, ‟il n’y a [...] pas de différence entre ce dont un livre parle et la manière dont il est fait″84, le livre lui-même devrait être ‟constitué” de ‟plateaux″ qui communiquent entre eux, être ‟ouvert”. La méthodologie de

82 Nous verrons ainsi que les enseignants, dans le travail de recomposition des documents au service de leur cours passent sous silence et font disparaître les dispositifs documentaires originels pour en construire un nouveau « celui du maître » qui souvent ne se dit pas comme tel.

83 Deleuze Gilles et Guattari Félix. Rhizome. In Deleuze, Gilles et Guattari, Félix. Capitalisme et schizophrénie

2. Mille plateaux. Paris, Les Éditions de Minuit, 1980. (Critiques) p. 20.

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lecture impliquée dans l’écriture même du livre transporte son objet (transgresser le livre) dans sa facture »85

En somme, comprendre comment se construit la valeur info-documentaire passe par l’acceptation d’une tension entre l’analyse des inscriptions normalisées des textes dans des formes documentaires (incarnant les régimes de hiérarchisation des textes) et l’analyse de ce que les scripteurs et les lecteurs en font pour les ouvrir, les décloisonner, les réinventer, les transformer dans d’autres formes ou fragments documentaires, participant ainsi de leur circulation, de leur trivialité.

Ce n’est sûrement pas un hasard que la métaphore du rhizome soit utilisée à deux reprises lorsqu’il s’agit de rendre visible les croisements entre la mise en scène du texte dans le livre, et la circulation de l’information dans l’espace public. Dans les deux cas, il s’agit bien de comprendre comment se déploient les textes dans l’espace du document et entre les espaces sociaux et ceci dans le tissage incessant des lectures, des écritures et des réécritures. Apparaît ici une autre notion qui va revenir tout au long de la thèse, elle-aussi intimement liée à la manière dont les individus produisent et interprètent des valeurs info-documentaires : celle de l’espace, voire peut-être même du lieu. Marie Després-Lonnet dans son HDR a bien montré en quoi le lieu est un endroit qui incarne matériellement (par des places, des distances entre les places, des règles d’usages de ces espaces, des écritures de ces places et de ces espaces) les rôles sociaux des objets et des individus. Ainsi la place d’un objet dans une collection patrimoniale lui sera notamment assignée par sa notice documentaire qui sera là pour dire à la fois son origine et sa place dans la collection, le différenciant et le reliant alors aux autres objets de la collection. De la même manière que la vitrine muséale assigne des places aux objets, les catégorise tout en les agrégeant aux objets voisins pour fabriquer du patrimoine, les notices documentaires le font pour tous les objets de l’institution au-delà même de leur exposition. Et finalement, un même objet

85 Campaignolle-Catel Hélène. Le livre : réflexions/réfractions dans Glas de Derrida et Rhizome de Deleuze et Guattari. In Milon, Alain et Perelman, Marc (dir.). Le livre et ses espaces. Paris : Presses Universitaires de Paris ouest, 2007. Disponible sur : http://books.openedition.org/pupo/484?lang=fr>.

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dans deux lieux différents (ici la BNF et l’INA pour une VHS) aura une place et un sens différents :

« Comme on le voit, la description de l’objet initial (la cassette VHS) dans chaque contexte institutionnel aboutit à la production d’un texte qui l’inscrit fortement dans son institution de rattachement. Le respect des normes professionnelles en vigueur dans le secteur concerné, la recherche d’une cohérence avec la mission dévolue à l’organisme et une anticipation des usages de la base ainsi constituée vont conduire l’indexeur à produire un nouvel objet documentaire qui appartient à l’INA ou à la BNF. Cet objet conservera la trace d’une partie des attributs de l’objet premier ; il en aura oublié certaines caractéristiques et il en aura acquis d’autres qui le rendront notamment plus facilement comparable et associable aux autres objets ainsi créés dans la logique d’ensemble qui fonde chaque catalogue et le situe dans son propre lieu de pratique. »86

D’ailleurs, Roger Chartier parle du livre comme lieu du texte87 et Christian Jacob, tout au long de son travail d’anthropologue des savoirs et d’historien, a construit les idées de « savoirs comme lieux » et de « lieux de savoir » comme des notions indispensables pour analyser la construction et la circulation socio-historique des connaissances par leurs inscriptions matérielles :

« Les savoirs sont envisagés comme un lieu social qui assigne des positions et des tâches, qui attribue des fonctions et qui reconnaît des spécialités, contribuant de ce fait à la définition de la norme et des programmes. […] Cet objet symbolique [le savoir] se manifeste dans une société par des dynamiques spatiales spécifiques, un mode particulier d’inscription territoriale, déclinant une grande variété de scénarios entre les deux pôles de la fixation et de la circulation. […] Mais simultanément les mots « font

86 Després-Lonnet Marie. Temps et lieux de la documentation : transformation des contextes interprétatifs

à l’ère d’Internet. HDR en Sciences de l’Information et de la Communication. Lille : Université Lille Nord

de France, 2014.p. 115.

87 Chartier Roger. L’Ordre des livres : lecteurs, auteurs et bibliothèques en Europe. Entre XVI° et XVIII° siècles. Paris : Alinéa, 1992.

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lieux » à travers des institutions qui les enracinent et déterminent leur sphère d’influence sur le double mode de l’attraction et de la diffusion. »88

Pour comprendre comment le document en étant le lieu d’inscription des savoirs fabrique de la valeur, comparons à nouveau le document à l’exposition. Cette comparaison semble, en effet, féconde pour en faire surgir « le relief politique des pratiques médiatrices ».89 Toujours dans le numéro 19 de MEI sur « Médiations et médiateurs », un extrait de l’entretien avec Bernard Darras énonce clairement comment les dispositifs info-communicationnels que sont les médias fabriquent de la valeur, et comment l’école sous-estime cette chaîne de la valeur au cœur des processus médiatiques de réécriture.

« Pour bien utiliser un musée, il ne faut pas hésiter à transformer l’exposition et sa visite en débat sur les discours et idéologies qui président au choix muséologique et aux enjeux de société qu’ils mettent en scène. Ce sont de formidables machines à valeurs qui sont très largement sous exploitées. Je suis toujours surpris de constater que les médias qui constituent une si grande part de notre environnement sont si peu étudiés dans le système éducatif. Mais en ce domaine c’est probablement le musée qui est le plus mal connu. L’école est très naïve par rapport au musée et les enseignants ne sont absolument pas préparés à utiliser ces impressionnantes machines sémiotiques qui cachent leurs signes et leurs discours derrières les objets. »90

Cette sous-estimation d’une fabrication de la valeur par les objets concrets de la communication est d’ailleurs une des amorces lointaines de cette thèse. J’ai très tôt été frappée, comme professeur documentaliste, par l’ensemble des implicites voire des naïvetés de mes collègues (même chez des historiens), dans leur rapport aux documents et aux espaces documentaires, implicites qui font de l’espace documentaire du texte (ou de l’espace des bibliothèques, des CDI) des lieux transparents donnant directement accès aux

88 Jacob Christian. Introduction : faire corps, faire lieu. In Christian Jacob (dir.). Lieux de savoir : espaces et

communautés. Paris : Albin Michel, 2007. p. 20-21.

89 Jeanneret, Yves. Penser la trivialité vol. 1 : la vie triviale des êtres culturels. Paris : Hermès Lavoisier, 2008. p. 61.

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textes. Ma perception de cet implicite a été d’autant plus forte que j’avais eu la chance de recevoir les enseignements d’Annette Béguin-Verbrugge sur l’image du texte91 et sur sa lecture de la contribution de Bruno Latour aux « Pouvoirs des bibliothèques », « Ces réseaux

que la raison ignore : laboratoires, bibliothèques, collections »92. Finalement, je pars entre autres de l’hypothèse qu’une bonne part des enseignants du secondaire, comme des chercheurs français continuent à vivre leur rapport aux œuvres d’art, aux textes dans le vertige d’un « empire des signes ».

« […]mais il y a quelque risque à limiter l’écologie des lieux de savoirs aux signes ou à la seule matière de l’écrit, un risque que Borges a bien illustré par sa fable d’une bibliothèque totale ne renvoyant qu’à elle-même. Dans cette fable très littéraire, l’empire de signes apparaît comme une forteresse d’intertextualité. Pleine et solide aussi longtemps qu’on s’intéresse aux seules gloses de l’exégèse, elle semble vide et fragile dès que l’on cherche à relier les signes au monde qui l’entoure. […] mais il [le voyage auquel Latour nous invite] permettra peut-être de sortir de l’univers des signes où l’on veut parfois – par mépris comme par respect – confiner la culture et son instrument privilégié. »93

Et c’est parce que Latour comprend la fabrication de l’information comme un rapport entre deux lieux, et fait surgir tout la puissance réseau des lieux que sont les bibliothèques et les laboratoires, qu’il permet à son lecteur de sortir du vertige des signes pour entrer dans l’analyse de l’épaisseur concrète des communications94.

Et cet idéalisme, dans le rapport aux œuvres et aux documents, serait sans importance si cela n’entraînait pas peut-être une sous-estimation du rôle de document et des lieux de savoir comme conditions de la production et du partage des connaissances,

91 Béguin-Verbrugge, Annette. Images en texte, images du texte : dispositifs graphiques et communication

écrite. Villeneuve d’Ascq : Presses du Septentrion, 2006.

92 Latour Bruno. Ces réseaux que la raison ignore : laboratoires, bibliothèques, collections. In Christian Jacob et Pascal Baratin (dir.). Le pouvoir des bibliothèques : la mémoire des livres en occident. Paris : Albin Michel, 1996.

93 Ibid. p 23-24.

94 Nous reviendrons plus loin sur la manière dont Bruno Latour définit l’information et établit la notion de « centre de calcul ».

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estimation qui se transforme en normes implicites, mais qualifiantes ou disqualifiantes, apposées abruptement sur les pratiques info-documentaires des élèves.

Dans une économie politique du document, qui analyse la valeur du document dans son articulation entre le lieu du texte et les lieux de pratique des documents, entre l’inscription documentaire et ses lectures, dans la trame continue de l’Écrire et du Lire, il est question non pas d’une économie au sens classique, mais d’une économie anthropologique telle qu’a pu la concevoir Karl Polanyi dans « La grande transformation »95 même sans l’énoncer